Ichthus N° 2 Avril 1970 pages 2 et 3 : Sur la confession de Jean Chrysostome
Je te demande, je te supplie et je te conjure d’avouer sans cesse tes fautes à Dieu. Je ne veux pas t’amener à le faire, comme sur une scène, à la vue de tes compagnons de misère et je ne t’oblige aucunement à révéler tes fautes aux hommes. Dévoile ta conscience en présence de Dieu ; montre-Lui tes plaies et implore de Lui les remèdes ; adresse-toi à Lui non comme à un censeur, mais comme à un médecin. D’ailleurs il ne te servirait à rien de te taire puisqu’Il sait tout. Parle donc : c’est ton avantage. Parle afin que, déposant là tous tes péchés, tu te retires ensuite pur et délivré de tes fautes…
La puissance de la prière a vaincu la puissance du feu, elle a brisé la fureur des lions, terminé des guerres, arrêté des combats, apaisé des tempêtes, chassé les démons, ouvert les portes du ciel, brisé les liens de la mort, expulsé des maladies, éloigné les fléaux envoyés d’en-haut comme les embûches dressées par les hommes, en un mot tous les périls. Par prière, j’entends, non pas celle qui n’est que dans la bouche, mais celle qui jaillit du fond du cœur. En effet, de même que les arbres dont les racines s’enfoncent profondément, même si les vents déchaînent mille assauts contre eux, ne sont pas brisés ni arrachés, parce que leurs racines sont profondément enserrées dans la profondeur de la terre, de même les prières qui s’échappent du fond du cœur, ainsi enracinées, montent vers le ciel en toute sûreté et ne sont détournées par l’assaut d’aucune pensée. C’est pourquoi l’écrivain sacré dit : « Des profondeurs, j’ai crié vers Toi, Seigneur ! »…
C’est là justement ce que voulait montrer le Christ lorsqu’Il disait : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et Moi, Je vous soulagerai. » Ainsi Il nous appelle ; ne passons pas sans L’entendre. Il nous attire à Lui ; ne nous échappons pas. Si nos péchés sont innombrables, mettons d’autant plus d’empressement à courir à Lui, car ce sont de telles gens qu’Il appelle puisqu’Il dit : « Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs »…
Contentons-nous donc de nous abandonner, de courir à Lui et de ne pas Le quitter. Nous apprendrons alors par expérience la vérité de ces paroles et rien de ce qui existe ne pourra nous faire souffrir…
Afin donc de traverser avec bonheur la vie présente et de nous défaire des péchés dont nous sommes souillés, pour nous présenter avec confiance au tribunal du Christ, ménageons-nous continuellement ce remède, qui est à base de larmes, de ferveur, de persévérance et de force d’âme : ainsi nous jouirons d’une santé continuelle et nous obtiendrons les biens à venir. Puissiez-vous tous les obtenir, par la grâce et l’amour de notre Seigneur Jésus-Christ, avec qui gloire soit au Père, ainsi qu’au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
Jean Chrysostome, sermon « sur l’Incompréhensible », prononcé à Antioche en 387, traduction de Robert Flacelière (Sources chrétiennes, volume 28, 1951).