Le jour du Seigneur
Définition
L’expression « le jour du Seigneur [Yahvé] » renvoie à la fois au temps de la fin, lorsque Yahvé punira puis restaurera le monde entier – par la première et la seconde venue de Christ – et à la période précédant les derniers jours qui annonce clairement cette seconde venue et l’anticipe. Les pécheurs non repentis devraient craindre le jour du Seigneur, mais ceux qui sont pardonnés et rachetés peuvent s’y attendre – l’anticiper – avec espoir.
Résumé
L’expression « le jour du Seigneur [Yahvé] » renvoie à la fois au temps de la fin, lorsque Yahvé punira puis restaurera le monde entier – par la première et la seconde venue de Christ – et à la période précédant les derniers jours qui annonce clairement cette seconde venue et l’anticipe. L’Ancien Testament le décrit comme un châtiment, livrant une superposition d’images et de scènes de cataclysme, de guerre et de sacrifice. Il présente ce moment comme un renouveau, insistant sur la manière dont la présence de l’Éternel ne quittera plus les élus au cours d’un règne davidique et messianique. Le Nouveau Testament identifie Jésus-Christ comme celui qui achève le dernier jour du Seigneur, d’abord en l’inaugurant par sa mort et sa résurrection, puis en l’accomplissant lors de sa seconde venue. Pour les élus, la mort de Jésus signifie que la justice de Dieu est satisfaite – que sa colère vis-à-vis du péché est apaisée – et sa résurrection marque le commencement de la nouvelle création. En revanche, pour les non-croyants, le jour de la colère du Seigneur est à venir. Il se produira avec cataclysme, guerre et sacrifice au moment où le Dieu guerrier pénétrera dans l’espace et le temps pour détruire son ennemi et pour rétablir le bon ordre en vertu duquel il est exalté au-dessus de tout. Les pécheurs non repentis devraient craindre le jour du Seigneur, mais ceux qui sont pardonnés et rachetés peuvent s’y attendre – l’anticiper – avec espoir.
L’expression « le jour du Seigneur » – ainsi que ses abréviations (« ce jour », « le jour ») – désigne, d’une part, les temps de la fin, lorsque Yahvé punira et restaurera/recréera le monde entier, et, d’autre part, la période précédant les derniers jours qui annoncent clairement cette seconde venue et l’anticipent. Dans ce contexte, le mot « jour » fait davantage référence à un événement temporel, plutôt qu’à une durée temporelle. D’un côté, les prophètes de Dieu et les apôtres l’identifient comme le moment paroxystique, c’est-à-dire l’instant où Dieu établit sa souveraineté, éradique tout mal et apporte une paix durable à l’échelle universelle (par exemple : So 1.14-18 ; 3.8-10 ; 2 Th 1.9,10 ; 2 Pi 3.10). Cette réalité est inaugurée par la première venue de Christ, mais ne sera accomplie qu’à sa seconde. De l’autre, on s’aperçoit que certains personnages bibliques utilisent eux aussi un vocabulaire se rapportant au « jour du Seigneur » lorsqu’ils renvoient aux diverses irruptions de Yahvé dans le temps et l’espace pour reconstituer le bon ordre par la punition de la méchanceté. Cela ne concerne pas seulement le monde au sens large (Jé 46.10-12 ; Ab 15 ; So 3.8 ; voir És 2.10-22 ; 13.1-22 ; Éz 30.1-9 ; Joë 3.9-16), mais aussi Israël et Juda (Éz 13.5 ; Am 5.18 ; Za 14.1 ; voir És 3.1 – 4.1 ; Joë 1.15 ; 2.1-11,31 ; Am 5.18 ; So 3.7 ; Mal 4.5 ou 3.23, selon la version).
En plus d’être un temps de colère divine, le jour du Seigneur permet en outre l’espoir d’un sabbat eschatologique et reconstitué (Hé 4.9,11). Lors du septième jour de la Création, Dieu, Yahvé, s’est en effet reposé de tout son travail (Ge 2.1-3). Cela souligne que l’existence d’un bon ordre des choses dans le monde n’est possible que lorsque la création célèbre le Dieu qui règne souverainement au-dessus de tout, dans son temple (Ps 132.7,8,13,14). La rébellion de l’humanité dans le jardin d’Éden a interrompu la paix du royaume. En conséquence, le roi Yahvé, le Créateur, s’est levé comme un guerrier. À nouveau au travail (voir Jn 5.17 ; 9.3 ; 14.10), il s’engage à rétablir, tôt ou tard, le repos et la logique naturelle de son empire grâce à un libérateur messianique qui vaincra le péché (Ge 3.15 ; Za 3.9 ; 13.1 ; Mt 11.28-30). Dans la perspective de l’histoire de la rédemption, le jour où Dieu, le souverain, se repose à la fin des sept jours de la Création ne constitue pas seulement un témoignage de ce qui était. Il y est également dépeint ce qui devrait être et ce qui sera. Le but vers lequel l’histoire se dirige, c’est le jour du Seigneur, dont l’apogée sera la nouvelle Création qui fera suite au châtiment. Alors Yahvé sera glorifié à travers son roi messianique issu de la lignée de David (par exemple, És 9.6,7 ; 11.1-10 ; Jé 23.5 ; Éz 37.24) ; et le reste du peuple, dont la présence et l’existence ne connaîtront pas non plus de fin, jouira à jamais de sa présence. Ils seront saints et dans la paix (par exemple, És 4.2-6 ; So 3.11-20 ; Za 14.1-21 ; voir Joë 2.28-32 ; Am 9.11-15).
Comment l’Ancien Testament représente-t-il le jour du Seigneur ?
Le jour du Seigneur, imminent, implique à la fois le châtiment et le renouveau.
Le jour du Seigneur : un châtiment
Au jour de Yahvé, les éléments destructeurs sont la conséquence directe de sa juste colère vis-à-vis de ceux qui sont rebelles à l’alliance. « Car il y a un jour pour l’Éternel des armées contre tout homme orgueilleux et hautain, contre quiconque s’élève, afin qu’il soit abaissé » (És 2.12 ; voir 13.9 ; Ma 4.1 ou 3.19, selon version). Ce jour-là, ces rebelles ne trouveront aucune aide ni aucun secours (És 10.3,4 ; 24.5,6 ; 33.14 ; Joë 2.11).
Pour décrire ces temps imminents du courroux céleste, l’Ancien Testament parle de châtiment, superposant les images et les événements suivant : un cataclysme, une conquête guerrière et un sacrifice. Tandis que le premier évoque un désastre à venir dans la nature et l’humanité, les deux derniers dépeignent Yahvé comme Juge, punissant ses ennemis. C’est le seul moyen de rétablir le juste et bon ordre au sein de son monde. La justice exige la sanction de Dieu, car seule l’effusion de sang garantit l’expiation des péchés, qu’il s’agisse du sang du pécheur ou d’une victime expiatoire (Lé 17.11 ; No 35.33 ; 2 S 21.3 ; És 22.14).
Le cataclysme
Les auteurs bibliques associent souvent le jour de Yahvé aux ténèbres, au vent, à un tremblement de terre ou à la nuée, faisant ainsi écho à l’intervention divine auprès d’Adam et Ève suite à leur péché (Ge 3.8) ainsi qu’au moment où Dieu apparaît devant Israël au mont Sinaï pour inaugurer l’ancienne alliance (Ex 19.16). « C’est de l’Éternel des armées que viendra le châtiment, Avec des coups de tonnerre, des tremblements de terre et un bruit formidable, avec l’ouragan et la tempête, et avec la flamme d’un feu dévorant » (És 29.6 ; voir 30.30 ; Joë 2.30,31). Les images annonciatrices de la tempête, de l’obscurité et des séismes révèlent la fureur et la présence de Yahvé, soulignant également l’imminence de cet instant où il détruira autant des hommes (2 S 22.12 ; Job 15.22) que des nations (És 13.10 ; 30.30 ; voir És 30.33 ; Éz 30.3 ; Joë 3.15 ; So 1.15), parmi lesquelles se trouvent Israël et Juda (És 5.30 ; 8.22 ; 29.6 ; voir Joë 2.2,30,31 ; Am 5.18,20 ; 8.9).
Alors que beaucoup en Israël envisageaient le jour du Seigneur comme un jour de lumière, les prophètes ont dévoilé que, pour les impénitents du moins, ce serait bel et bien la nuit. « Qu’attendez-vous du jour de l’Éternel ? Il sera ténèbres et non lumière » (Am 5.18 ; voir Mi 3.6). « Quand je t’éteindrai, je voilerai les cieux et j’obscurcirai leurs étoiles, je couvrirai le soleil de nuages, et la lune ne donnera plus sa lumière. J’obscurcirai à cause de toi tous les luminaires des cieux, et je répandrai les ténèbres sur ton pays, dit le Seigneur, l’Éternel » (Éz 32.7,8 ; voir Joë 2.2,10,31 ; 3.15 ; Am 8.9 ; So 1.15).Lorsque Dieu franchit notre espace-temps, les forces de la nature réagissent : les ouragans se réveillent et le sol tremble. De telles figurations du jour de Yahvé devraient faire aussi trembler les cœurs.
La conquête
L’obscurité du jour de l’Éternel peut, parfois, renvoyer à bien plus qu’un déchaînement cataclysmique. En effet, il peut également s’agir de vivre l’expérience sensorielle de mourir en tant que victime d’une guerre divine. Au jour de Yahvé, les lumières de la vie s’éteignent bel et bien pour les ennemis de Dieu. C’est pour cela que Sophonie assimile le jour du Seigneur à un jour de « détresse et d’angoisse… de ravage et de destruction… de ténèbres et d’obscurité… de nuées et de brouillard… », oui, « un jour où retentiront la trompette et les cris de guerre contre les villes fortes et les tours élevées » (So 1.15,16). Représentations qui ne sont pas sans rappeler la façon dont Yahvé a conquis Canaan (voir No 13.28 ; De 1.28 ; 3.5 ; 9.1 et De 6.10,11 ; Jos 6.5,20), mais décrivant le jour de sa colère comme une victoire encore plus définitive par laquelle il restaure un peuple nouveau sur une terre transformée (voir So 1.13 et De 6.10,11 ; 28.30,39).
Yahvé est un lion rugissant (Os 11.10 ; Joë 3.16 ; Am 1.2), un guerrier qui combat ses adversaires pour délivrer ceux qui lui sont restés fidèles (voir Ex 15.3 ; Ps 24.8). « L’Éternel fait entendre sa voix devant son armée ; car son camp est immense, et l’exécuteur de sa parole est puissant ; car le jour de l’Éternel est grand, il est terrible : qui pourra le soutenir ? » (Joë 2.11.) « Voici, le jour de l’Éternel arrive, Et tes dépouilles seront partagées au milieu de toi. Je rassemblerai toutes les nations pour qu’elles attaquent Jérusalem […] L’Éternel paraîtra, et il combattra ces nations, comme il combat au jour de la bataille » (Za 14.1-3 ; voir Jé 46.10). Quelquefois, le texte démontre clairement que d’autres puissances serviront d’instruments de sa rétribution, comme « la verge dans sa main, l’instrument de fureur » (És 10.5 ; voir Mi 6.9) ; et ces « armes » de guerre appartiennent à Dieu (És 13.5 ; Jé 51.20).
Les trompettes étaient souvent utilisées comme signaux d’appel aux combats, que ce soit dans le but d’attaquer (No 10.9 ; Job 39.24) ou pour se défendre (Jé 42.4 ; Am 3.6 ; Né 4.20). Puisant dans cette réalité, les auteurs vétérotestamentaires font régulièrement le lien entre les retentissements de la trompette et l’avant-dernier – ou le dernier – jour de bataille de Yahvé, qu’il s’agisse de fondre sur l’agresseur (Jé 51.27 ; So 1.16 ; Za 9.14) ou pour avertir la cible de l’agression (Jé 6.1 ; Éz 33.3,4 ; Joë 2.1 ; voir Jé 4.19 ; Éz 7.14 ; Os 5.8). En un tel jour, le son des trompettes semble plutôt « amer » (So 1.14).
Le sacrifice
Après avoir mis en relief cette proximité du jour de l’Éternel, le prophète Sophonie étaie ses dires en pointant une vérité : Dieu a déjà « préparé le sacrifice » (So 1.7). Les sacrifices d’immolation sont les représentations de la guerre divine contre le péché. Par conséquent, après avoir présenté ce jour tel qu’il est, en cataclysmes et en guerres, Dieu insiste : « Je mettrai les hommes dans la détresse (…) parce qu’ils ont péché contre l’Éternel » (So 1.17). Il poursuit en employant les images sacrificielles qui conviennent pour préciser le sort qu’il réserve à ses antagonistes : « Je répandrai leur sang comme de la poussière, et leur chair comme de l’ordure. […] Par le feu de sa jalousie tout le pays sera consumé » (So 1.17,18 ; voir Ma 2.3). Remarquez que le feu est mentionné dans bien des passages traitant du jour du Seigneur. Il s’accorde parfaitement avec les scènes de calamité, de conflit et d’holocauste qui sont relatées (par exemple, Os 8.14 ; Mi 1.7 ; So 3.8 ; Ma 4.1 ou 3.19, selon version ; voir És 29.6 ; Joë 2.3,5,30 ; Am 5.6 ; Ab 18 ; Mi 1.4 ; Na 1.6 ; 3.15 ; So 2.2).
Jérémie et Ézéchiel comparent tous deux le châtiment infligé par Yahvé à ses ennemis à un grand sacrifice (Jé 46.10 ; Éz 39.17,20,21). De manière moins explicite, Zacharie établit un lien similaire, attirant l’attention sur cette affirmation divine : « J’enlèverai l’iniquité de ce pays, en un jour » (Za 3.9 ; voir 6.12,13), grâce à un souverain sacerdotal qui le représentera. Le sang d’une nouvelle alliance sera intimement associé à ce sacrificateur (Za 9.9-11) et sa mort substitutive sauvera le peuple de Dieu (Za 14.7-9). Bien naturellement, tout cela fait écho à Ésaïe 52.13 – 53.12.
Cette combinaison de guerres et de sacrifices dépeint la manière dont Yahvé assure, avec justice, l’expiation des péchés et le rétablissement du bon ordre de sorte que les rachetés puissent célébrer sa suprématie et mettre en valeur l’image de Dieu (voir És 22.14 ; 34.2,6). C’est là le dessein du jour de l’Éternel.
Si proche et pourtant si soudain
Les affirmations vétérotestamentaires à propos du jour de l’Éternel manquent souvent de clarté quant aux les éléments d’une vision : concernent-ils l’immédiat ou l’avenir ? Le temps qui passe rend certes les choses plus limpides, et les accomplissements initiaux et partiels démontrent que l’accomplissement de ces événements est à venir (voir Jé 28.9 ; Éz 33.33).
Dans l’Ancien Testament, de nombreux Israélites ont sans doute perçu chaque ingérence de la colère divine comme la réalisation potentielle du jugement des siècles (par exemple, à l’encontre de Juda, La 2.21 ; ou à l’encontre de Babylone, És 13.13,19). Toutefois, avec le temps, les fidèles reconnaissent qu’il s’agit plutôt d’une préfiguration du châtiment final et du salut (voir Éz 38.17 ; 39.8 ; voit aussi Jé 6.22,23 ; Ap 20.7-10).
Les prophètes ont souvent caractérisé cet instant en affirmant qu’il « est proche, [qu’]il arrive en toute hâte » (So 1.14 ; voir És 13.6 ; Éz 30.3 ; Joë 2.1 ; 3.14 ; Ab 15 ; So 1.7). En vérité, pour tous ceux qui ne se repentent pas et qui vivent encore dans l’obscurité, le jour de l’Éternel viendra comme un voleur, faisant des victimes qui n’auront pas prêté attention aux avertissements (Joë 2.9 ; voir Jé 48.11,12 ; Am 9.10 ; Mi 3.11 ; So 1.12). A contrario, nous sommes donc appelés à rester spirituellement éveillés (Joë 1.5). Alors que la venue de Dieu n’est parfois imminente qu’au regard de l’éternité et de sa propre chronologie, le but des prophètes est de faire comprendre qu’une réponse immédiate est nécessaire. Seuls ceux qui s’humilient, qui se reconnaissent coupables et qui cherchent le Seigneur ont l’espoir de trouver refuge lorsque les tempêtes de la colère souffleront (Joë 2.14 ; Am 5.15 ; Jon 3.9 ; So 2.3 ; voir És 33.14-16).
Le jour du Seigneur : un renouveau
Le jour même où Yahvé se lèvera pour juger la terre, il jure non seulement qu’il rassemblera les nations afin d’assouvir sa vengeance, mais aussi qu’il rachètera une communauté multiethnique et transformée d’adorateurs qui invoquera son nom (So 3.8-10). Ce jour-là, il éradiquera et le péché et les pécheurs de sa présence, mettra un terme à la malédiction, vaincra ses ennemis et créera un environnement au sein duquel ceux qui lui seront restés fidèles n’auront plus jamais à craindre la rétribution (So 3.11-20). Lorsque Dieu aura pardonné leurs transgressions et qu’il les considérera comme justes (És 53.11 ; Jé 31.34), leur révérence et leur joie en lui seront complètes, et sa joie en eux fera jaillir un chant de louange (És 65.19 ; So 3.14,17 ; Ma 4.2 ou 3.20 selon la version).
Le retour de sa présence au milieu des siens est un élément clé du jour de l’Éternel. « Et soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez […] Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? Qui restera debout quand il paraîtra ? » (Ma 3.1.2.) Joël explique clairement que Dieu sauvera et déversera son Esprit sur tous ceux qui se repentent et qui font appel à son nom (Joë 2.11-13,28,29 ; voir Éz 36.27 ; 37.14 ; So 3.9). Ce jour-là, Dieu accomplira les promesses faites à David pour son royaume et le règne du nouveau David provoquera alors un épanouissement de toute la terre (És 11.1-10 ; Éz 37.24-28 ; Am 9.11-14). Yahvé sera l’unique roi exalté et toute la création révélera et manifestera sa sainteté (Za 14.7-9,20).
Comment le Nouveau Testament révèle-t-il l’accomplissement du jour de l’Éternel ?
Le jour de l’Éternel : un cataclysme, une guerre et un sacrifice
Le Nouveau Testament fait appel à des visions de cataclysme, de guerre et de sacrifice pour décrire l’avènement du jour du Seigneur et l’associe le plus souvent à la seconde venue de Jésus. Les apôtres continuent d’insister sur l’imminence de cet instant (Ph 4.5 ; Ap 1.3 ; 22.10), tout en rappelant à maints égards que Dieu est fidèle et qu’ainsi toute perception d’un délai n’est due qu’à son seul désir patient de voir davantage de personnes sauvées (2 Pi 3.8,9). Quant aux personnes qui ne se seront pas repenties, le jour de la colère demeurera pour eux une surprise totale, survenant « comme un voleur dans la nuit » (1 Th 5.2 ; voir Joë 2.9 ; Mt 24.43 ; 1 Th 5.4 ; 2 Pi 3.10 ; Ap 3.3 ; 16.15). À l’inverse, pour ceux qui seront restés spirituellement éveillés et qui vivront dans la lumière, ce jour n’aura rien d’inattendu (1 Th 5.4 ; voir Mt 24.42,43 ; Mc 13.33-37 ; Ép 5.14 ; 1 Th 5.6 ; Ap 3.2,3).
Toute la terre verra alors « le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire » (Mt 24.30 ; voir Ac 1.9-11). En ce temps-là, « il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus » (Mt 24.31 ; voir 1 Th 4.16 ; Ap 8.7) ; il séparera le bon grain de l’ivraie et brûlera cette dernière « dans un feu qui ne s’éteint point » (Mt 3.12 ; voir 2 Th 1.7-10 ; 2 Pi 3.7,10). Jean envisage que cette guerre ultime contre le mal se terminera par un festin sacrificiel pour les oiseaux : « Venez, rassemblez-vous pour le grand festin de Dieu, afin de manger la chair des rois, la chair des chefs militaires, la chair des puissants, la chair des chevaux et de ceux qui les montent, la chair de tous, libres et esclaves, petits et grands » (Ap 19.17,18).
Le jour de l’Éternel : déjà là, mais pas maintenant
Le ministère de Jean-Baptiste, réalisant les prédictions de Malachie (Ma 3.1,2 ; 4.5,6 ou 3.23,24 selon la version), prépare le chemin pour le jour de la colère divine et le retour de Yahvé dans son temple (Mt 11.9-15). Il l’a annoncé à l’avance : en cet instant, la céleste fureur qui séparera les justes des méchants se manifestera dans une violence inouïe. Qui plus est, Jean-Baptiste voit Jésus à la fois comme l’offrande et le combattant au nom duquel Dieu apporterait non seulement la destruction, mais aussi la délivrance (Mt 3.11,12 ; Jn 1.29). Le regard lui aussi tourné vers le jour du Seigneur (So 3.8), le prophète Sophonie a exhorté « la fille de Sion », qui aura bénéficié de la protection, à se réjouir, car le « Roi d’Israël, le Seigneur » a détourné ses châtiments et règne au milieu d’elle, afin qu’il n’y ait plus aucun malheur à « éprouver » (So 3.14-16). Jean fait justement allusion à ce passage lorsqu’il décrit l’entrée triomphale de Jésus, « le Roi d’Israël », dont la victoire à venir est une assurance, pour « la fille de Sion » et qu’elle n’aura plus jamais à « craindre » (Jn 12.13,15 ; voir Za 9.9)[i]. En outre, Sophonie laisse entendre qu’au jour de l’Éternel les fruits de la nouvelle création – comme faire appel au nom de Yahvé ou le sacerdoce multiethnique – germeront dans les cendres du feu sacrificiel de Dieu, le feu de sa fureur contre les nations (So 3.8-10). Puis, lorsque Luc relate la Pentecôte et le salut de l’eunuque éthiopien, il révèle ainsi un premier accomplissement des révélations de Sophonie (Ac 2.4,21 ; 8.26-39).
Toutes ces réalités suggèrent que les auteurs bibliques ont considéré la mort et la résurrection de Christ comme un signal annonçant l’aube du jour du Seigneur – et, par la même occasion, de la nouvelle création. C’est probablement la raison pour laquelle chacun des Évangiles synoptiques, s’appuyant sur l’imagerie déjà associée au roi messianique dans le Psaume 18.7-15 (ou 8 à 16 selon la version), insiste sur les phénomènes cataclysmiques directement liés à la mort du Christ (Mt 27.45,51 ; Mc 15.33 ; Lu 23.44). Ce qui ne peut qu’éclaircir la façon dont Luc discernait déjà l’Esprit à l’œuvre à la Pentecôte comme le couronnement de la prophétie de Joël, tout en soulignant qu’il y aurait, « avant l’arrivée du jour du Seigneur », de nombreux signes dans le cosmos, tels que l’obscurité (Ac 2.16-21 ; voir Joë 2.28-31).
À la croix, Dieu a déversé son courroux eschatologique sur le Christ dans l’intérêt du plus grand nombre qui serait ainsi rendu juste (És 53.10,11). À la croix, Jésus a jugé le monde, chassé son infâme dirigeant et attiré tous les hommes à lui (Jn 12.31,32). Pour nous sauver, Jésus est devenu péché et malédiction (2 Co 5.21 ; Ga 3.13) et, par son sacrifice de substitution, Dieu « a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous ». De cette manière, il a « dépouillé les dominations et les autorités » qui auraient pu nous accuser (Col 2.14,15). Nous étions autrefois les ennemis de l’Éternel, voués à la destruction ; maintenant, nous sommes justifiés par le sang de Christ, nous avons été « sauvés par lui de la colère » divine qui approche (Ro 5.9). À la croix, Dieu a initié au milieu de l’histoire ce que les auteurs de l’Ancien Testament avaient annoncé et qui doit arriver à la fin de l’histoire. Aujourd’hui, les croyants sont préservés du dernier jour de la colère puisque Christ a porté sur lui le châtiment que nous méritions (Ro 3.24 ; 5.1,9-11 ; voir És 53.5 ; 1 Pi 2.24).
D’un autre côté, s’il nous faut regarder la mort de Christ comme l’immiscions de ce jour fatidique au beau milieu de l’histoire, nous devons aussi reconnaître que son accomplissement est toujours à venir. Paul a dit : « Pour ce qui concerne l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion avec lui », avant « le jour du Seigneur […], il faut que l’apostasie soit arrivée […] et qu’on ait vu paraître l’homme impie, le fils de la perdition » (2 Th 2.1-3 ; voir Mc 13.7).
Ailleurs, Jésus a parlé du « jour du jugement », jour au cours duquel Dieu jugera tous les hommes selon leurs actes(Mt 12.36 ; voir Mt 7.23 ; 10.15 ; 11.22-24 ; Jn 12.48). Le Seigneur a établi un lien direct entre cet instant, sa seconde venue (Mt 24.36,42,50 ; 25.13 ; voir Mc 13.32 ; Lu 17.24), et la résurrection future (Jn 6.39,40,44,54 ; 11.24), événement totalement inattendu pour tous ceux qui demeureront dans l’obscurité (Mt 24.43,50 ; Lu 12.46 ; 17.30). En ce temps-là, Christ rassemblera toutes les nations auprès de lui-même et séparera les méchants des justes (Mt 3.12 ; 25.31,32 ; voir Mt 13.24-30 ; So 1.2 ; 3.8). Il punira les premiers d’une fureur éternelle (Mt 7.21-23 ; 25.41), mais accueillera favorablement les seconds, festoiera même avec eux (Mt 25.34 ; 26.29 ; Mc 14.25) et ils le connaîtront alors tel qu’il est(Jn 14.20).
Paul a révélé que « l’œuvre de chacun sera manifestée ; car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun » (1 Co 3.13 ; voir 2 Co 5.10). Il dit également que « ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus, auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force, lorsqu’il viendra en ce jour-là pour être glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Th 1.8-10). De même, Pierre a précisé que pour ceux qui seront dans les ténèbres « le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée » (2 Pi 3.10 ; voir 1 Th 5.2 ; Ap 3.3). Jean, pour sa part, a qualifié cette incommensurable bataille des siècles de « grand jour du Dieu tout-puissant » (Ap 16.14) et de « grand jour de sa colère », avant de s’interroger : « Qui peut subsister ? » (Ap 6.17.)
La période de chevauchement entre le jour du Seigneur déjà passé et le jour du Seigneur encore à venir est parfaitement exposée dans l’argumentation de Paul en la matière lorsqu’il affirme que tous les croyants sont « des enfants de la lumière et des enfants du jour. Nous ne sommes point de la nuit ni des ténèbres. » Il poursuit ensuite : « Mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, ayant revêtu la cuirasse de la foi et de l’amour, et ayant pour casque l’espérance du salut. Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à la possession du salut par notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Th 5.5,8,9). Dans un certain sens, les chrétiens ont déjà connu et vivent déjà le jour du Seigneur, car, dès maintenant, « nous sommes justifiés par son sang [de Jésus] », et nous sommes « sauvés par lui de la colère [de Dieu] […] nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son fils » (Ro 5.9,10). Lors de la première venue du Christ, le jour du Seigneur s’est insinué dans notre espace-temps, et « la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée » (Tit 2.11), et la nouvelle création a été activée. Quoi qu’il en soit, nous attendons toujours « la bienheureuse espérance, et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ » (Tit 2.13 ; voir Ro 8.18). En matérialisant les espoirs de l’Ancien Testament (Ge 3.15 ; És 66.8 ; Za 3.9), Jésus restaure le sabbat et il proclame le repos ainsi que l’ordre du royaume des cieux qui ne sera accompli qu’à son retour (Mt 11.28-30 ; Hé 4.9,11). À ce titre, « retenons fermement la profession de notre espérance […] Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à l’amour et aux bonnes œuvres. N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns ; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour » (Hé 10.23-25).
Notes de pied de page
Lectures complémentaires
- BARKER, J. D. « Day of the Lord », dans Dictionary of the Old Testament: Prophets, Mark J. Boda et J. Gordon McConville, éd., Downers Grove, Ill., InterVarsity Press, 2012, p. 132-143.
- BEALE, G. K., « Eschatology », DLNew Testament, p. 330-345.
- HIERS, Richard H., « Day of the Lord », Anchor Bible Dictionary, vol. 2, p. 82-83.
- LAROCCA-PITTS, Mark A., « The Day of Yahweh as a Rhetorical Strategy among Hebrew Prophets », Ph. D., diss., Harvard University, 2000.
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