×
Parcourir

Définition

La glorification des chrétiens consiste à prendre part à la gloire de Dieu lorsque nous serons dans nos corps ressuscités, dans le nouveau ciel et sur la nouvelle terre, et que nous vivrons dans une communion plus profonde avec Dieu, sans aucun risque de tomber dans le péché, car la gloire de l’Éternel sera enfin « tout en tous ».

Résumé

Pour comprendre le concept de la glorification du chrétien, il faut tout d’abord comprendre celui de la gloire de Dieu, c’est-à-dire l’état de grandeur incomparable qu’est le sien et à travers lequel ses créatures le perçoivent. En tant que créatures entachées par le péché, nous sommes doublement séparés de cette gloire : nous sommes des créatures et non le Créateur, et notre nature porte les conséquences de notre péché. La première étape de notre glorification consiste donc à mourir au péché dans cette vie, puis à mourir dans ce corps terrestre. La seconde étape consiste à ressusciter dans une nouvelle vie et un nouveau corps, et à résider avec le Christ dans le nouveau ciel et sur la nouvelle terre. Il ne s’agit pas d’un simple retour au jardin d’Éden. Nous vivrons avec Dieu et partagerons sa gloire pour toujours. Nous pourrons jouir d’une communion plus profonde avec lui et nous aurons plus d’occasions de le louer que nous en avons aujourd’hui. Cette gloire n’est pas la nôtre, elle appartient à Dieu ; nous ne faisons qu’y prendre part en tant que créatures résidant dans sa lumière éternelle.

La gloire

La doctrine chrétienne de la condition éternelle des rachetés est enracinée dans le concept de la gloire divine, que le peuple élu partagera avec Dieu dans l’éternité. La gloire n’est pas un attribut divin comme la sainteté, mais la condition dans laquelle se trouve Dieu et à travers laquelle les hommes le perçoivent. L’image biblique de la gloire de Dieu est généralement inspirée des rituels antiques de la cour, durant lesquels les monarques se présentaient en grande pompe, et étaient même considérés comme des divinités à part entière. Les auteurs bibliques s’inspirent de cette analogie, mais stipulent clairement que la gloire du Seigneur est incomparablement supérieure à tout ce que l’on peut contempler sur terre. Les cieux racontent sa gloire (Ps 19.2) et la terre n’est que le marchepied qui mène à son trône céleste (És 66.1).

La gloire de Dieu contraste aussi fortement avec la condition humble des êtres humains. Il y a deux raisons pour lesquelles sa condition et la nôtre son différentes. Premièrement, il est le Créateur, nous sommes ses créatures, et cela creuse un fossé qu’aucun effort humain ne peut combler. Deuxièmement, le péché humain a des conséquences : il a entaché la gloire de l’image de Dieu en nous, ce qui fait que nous lui ressemblons beaucoup moins qu’avant la chute. Prendre part à la gloire de Dieu est alors un processus en deux étapes. Nous devons d’abord pallier les dégâts causés par le péché, puis passer du monde matériel à celui de la résurrection. Ces deux étapes sont distinctes et ne sont jamais simultanées, même si elles sont proches l’une de l’autre d’un point de vue temporel. Par exemple, sur la croix, Jésus dit au brigand repenti qu’il sera avec lui au paradis le jour même ; cette promesse porte sur un événement futur, bien qu’il n’y ait que quelques heures d’intervalle (Lu 23.43).

Peu de temps avant sa crucifixion, Jésus prie son Père de le revêtir de la gloire qu’il avait en sa présence avant son incarnation. C’est là la preuve que la vie sur terre nous sépare de la gloire de Dieu, même sans l’incidence du péché (Jn 17.1‑5). Dans ce même passage, Jésus déclare qu’il a glorifié le Père sur terre ; une expression qui signifie clairement qu’il a révélé le Père tel qu’il est vraiment. Cette interprétation est confirmée par les propos de Jean lorsque celui-ci affirme que, par l’incarnation, les disciples de Jésus ont pu contempler la gloire de Dieu en lui (Jn 1.14). La gloire est donc une qualité spirituelle non déterminée ou limitée par des éléments matériels comme la chair qui, pour ceux faisant preuve de discernement spirituel, peut devenir un moyen de révéler cette gloire plutôt qu’un voile la dissimulant.

Le fait que la gloire de Dieu puisse être contemplée chez un humain est démontré par la transfiguration de Jésus, lorsque son caractère divin est révélé à Pierre, Jacques et Jean (Mt 17.1‑8 ; Mc 9.2‑8 ; Lu 9.8‑36). On ne sait pas exactement comment, ni dans quelle mesure, la transfiguration reflète la gloire éternelle de Dieu. En revanche, cela nous donne des indications sur la vie au ciel, car les personnages emblématiques que sont Moïse (la loi) et Élie (les prophètes) se trouvent aux côtés de Jésus et en communion avec lui (mais pas avec les disciples). Ils partagent sa gloire et y prennent part, ce qui nous donne une indication sur la condition exaltée dont nous bénéficierons lorsque nous irons les rejoindre dans le nouveau ciel et sur la nouvelle terre.

La transformation

La première étape de la glorification de l’humanité rachetée est un processus de transformation qui nous est décrit dans 1 Corinthiens 15.35‑58. Paul y déclare que la condition à venir s’obtient par la mort et la résurrection qui mènent à une vie nouvelle, et c’est dans ce passage qu’il donne l’explication la plus détaillée de ce que cela implique. Il nous dit que le corps matériel que nous possédons actuellement va mourir et que nous allons ressusciter dans un corps spirituel qui ne sera pas soumis aux lois actuelles de la nature humaine. Nous ne savons pas si ce corps sera comme celui de Jésus après sa résurrection, à savoir à la fois suffisamment matériel pour manger et être touché et suffisamment spirituel pour pouvoir apparaître et disparaître inopinément. Il est plus probable que notre corps spirituel passe par une autre étape  caractérisée par l’ascension du Christ. En d’autres termes, il ne contiendra plus aucun élément de notre condition matérielle actuelle, mais tout ce qui nous constitue sera élevé à un plan spirituel supérieur, comparable à celui des anges. La meilleure preuve que nous ayons de cela est la déclaration de Jésus selon laquelle, une fois que nous aurons ressuscité, il n’y aura plus de mariage. Cela implique que les désirs et besoins actuels des êtres humains disparaîtront (Mt 22.30). Nous avons aussi l’assurance qu’il n’y aura plus de douleur et de souffrance terrestre (Ap 21.4), ce qui signifie que nos corps spirituels transformés seront immunisés contre les choses qui nous affligent à l’heure actuelle.

Il est important de prendre conscience de cette transformation à venir, car elle nous rappelle que l’état glorifié au ciel ne sera pas un retour au jardin d’Éden. En effet, il est écrit que l’arbre de vie, qui était autrefois dans le jardin, sera alors au milieu de la nouvelle Jérusalem (Ap 22.2). Les conditions qui ont permis la tentation et la chute d’Adam et Ève n’existeront plus, de sorte que les croyants auront l’assurance de ne plus jamais être trompés et de ne plus jamais chuter. Il y aura un nouveau ciel et une nouvelle terre, un environnement totalement transformé dans lequel les rachetés s’épanouiront.

On ne sait pas exactement si les réalisations humaines de cette vie terrestre seront également rachetées. La question se pose parce que l’univers glorifié est décrit comme une ville céleste, et que les villes sont généralement bâties par les êtres humains. Il est logique de penser que, si Dieu a placé l’homme sur terre pour qu’il développe son potentiel, alors les fruits de ce travail seront également manifestés au ciel, mais il faut admettre qu’il s’agit là d’une simple spéculation. Nous ne pouvons pas non plus prédire à quoi nous ressemblerons dans l’éternité. Nous reconnaîtrons-nous les uns les autres, par exemple ? Notre âge sera-t-il le même que lors de notre mort ou n’aura-t-il aucune importance ? Dans ce dernier cas, pourrons-nous nous reconnaître ? Il est impossible de répondre à ce type de questions, mais nous savons qu’il y aura une continuité directe entre qui nous sommes dans cette vie et qui nous serons dans la prochaine. C’est inévitable, sinon le salut n’aurait aucun sens. En effet, si je deviens une autre personne, je peux difficilement prétendre être celle qui a été sauvée.

Beaucoup de questions se posent à ce sujet, mais il est extrêmement difficile d’y répondre. Le corps spirituel que nous recevrons sera vraisemblablement limité, mais où sera-t-il situé exactement ? Le ciel est-il un lieu définissable ? Si Dieu est infini, comment la distance qui nous sépare de lui sera-t-elle comblée ? Restera-t-il invisible à nos yeux comme c’est le cas à l’heure actuelle ? La gloire qui nous sera donnée sera-t-elle quelque peu comparable à la sienne, ou sera-t-elle définie et saisie différemment ? Nous nous aventurons ici dans un domaine qui dépasse notre niveau actuel de compréhension, et nous devons faire très attention à la manière de l’aborder. La Bible regorge de symbolisme, et l’Apocalypse tout particulièrement. Un lecteur imprudent risquerait de prendre certains passages au pied de la lettre ou de les interpréter de manière sentimentale, ce qui reviendrait à s’éloigner considérablement de la réalité. Quelle que soit la réalité au ciel, il ne s’agit certainement pas d’un endroit où des bébés chérubins dodus jouent de la harpe, en dépit du nombre d’artistes qui l’ont dépeint de cette façon.

La condition glorifiée

Pour les chrétiens, la vie au ciel sera l’aboutissement de la vie sur terre, d’abord dans ce que l’on appelle la condition intermédiaire (de la mort à la résurrection), puis dans la condition finale, éternelle ou glorifiée (la vie de résurrection). Ce qui nous est promis aujourd’hui nous sera accordé à ce moment-là. Au cœur de cette promesse, il y a une communion plus profonde avec Dieu et plus d’occasions de le louer que nous en avons aujourd’hui. Nous serons assis en compagnie de Christ, à côté du trône céleste, et nous siégerons avec lui en tant que souverains et juges du monde. Cela ne signifie pas que nous serons des acteurs indépendants, mais plutôt que nous serons si étroitement unis à Dieu en Christ que nous partagerons ses pensées et exécuterons sa volonté comme nous étions censés le faire à l’origine. Nous deviendrons tout ce qu’Adam et Ève ont été appelés à être, et plus encore.

La glorification doit être comprise avant tout comme l’honneur qui nous sera accordé lorsque nous serons dans notre état transformé éternel. Cet honneur nous préservera du péché et de la chute et exclura la possibilité de souffrir qui existe ici-bas. Ceux qui souffrent et meurent pour leur foi seront honorés comme il se doit, mais il est difficile de dire ce que cela implique concrètement. Jésus a dit à ses disciples que ceux qui seront allés travailler dans la vigne à la onzième heure recevront la même récompense que ceux qui y auront travaillé toute la journée (Mt 20.1‑16). Si cela est valable pour le ciel, nous n’avons aucune raison de supposer qu’il y aura dans les récompenses une hiérarchie rendant un croyant plus important qu’un autre.

Ce qui est certain, c’est que l’adoration de Dieu sera au cœur de notre expérience de la gloire. La Bible parle d’immenses foules qui se tiennent autour de son trône et le louent, mais il est impossible de dire si c’est tout ce que nous ferons. Peut-être serons-nous impliqués dans des tâches nombreuses et variées. Toutefois, si c’est le cas, elles seront toutes marquées par la présence de Dieu et la pleine conscience du fait que chacune de nos actions sera un acte de louange et de remerciement à son égard. Nous savons que nous vivrons dans la lumière éternelle, mais aussi que cette lumière ne viendra pas du Soleil ou de la Lune – les seules sources de lumière naturelle que nous connaissons actuellement –, mais de la gloire de Dieu, qui pourvoira à tous nos besoins (Ap 21.23). Nous pouvons en conclure que notre gloire sera une extension et un reflet de celle de Dieu, et qu’elle est inconcevable autrement. Comme le dit l’apôtre Paul, Dieu sera « tout en tous » (1 Co 15.28) et notre vie sera fusionnée à la sienne. Les détails précis dépassent notre niveau actuel de compréhension, mais nous avons l’assurance que, le moment venu, nous n’aurons aucun regret et nous ne regarderons pas en arrière avec nostalgie l’existence imparfaite que nous aurons laissée derrière nous.

Lectures complémentaires


Cet essai fait partie de la série « Concise Theology ». Tous les points de vue exprimés dans cet essai sont ceux de l’auteur. Cet essai est gratuitement disponible sous licence Creative Commons avec Attribution Partage dans les mêmes conditions (CC BY-SA 3.0 US), ce qui permet aux utilisateurs de le partager sur d’autres supports/formats et d’en adapter/traduire le contenu à condition que figurent un lien d’attribution, les indications de changements et que la même licence Creative Commons s’applique à ce contenu. Si vous souhaitez traduire notre contenu ou rejoindre notre communauté de traducteurs, n’hésitez pas à nous contacter.