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Définition

Le jugement dernier fait principalement référence au jugement eschatologique qui aura lieu lorsque Jésus reviendra pour juger les vivants et les morts, et au prix (récompense ou rétribution) qui sera décerné ce jour-là.

Résumé

Cet article traitera de l’attente biblique du jugement eschatologique, de l’importance de la foi et des œuvres en ce dernier jour, et du verdict du jugement de Dieu pour les justes et les méchants. Nous aborderons le pertinent débat contemporain concernant la justification, l’exclusivité du « ciel » et la nature permanente du châtiment eschatologique, qui démontre que les preuves bibliques soutiennent une perspective évangélique conservatrice.

La date du retour du Christ nous reste inconnue (Mt 24.36), mais les événements qui entourent ce dernier jour sont clairement révélés dans les Écritures : les morts ressusciteront (Jn 5.28,29 ; Ac 24.15) ; toute l’humanité et les anges rebelles (2 Pi 2.4 ; Jud 6) seront jugés par Dieu (Ro 2.5-16 ; 2 Co 5.10 ; Ap 20.11-13) ; ainsi, chacun recevra la récompense ou le châtiment qu’il mérite (2 Co 5.10 ; Ap 20.14 – 21.8). Ces faits fondamentaux sont clairs, mais les détails plus subtils font l’objet de grands débats, par exemple sur la signification du jugement dernier pour les chrétiens, la façon dont leur destin final doit être compris et la nature permanente du châtiment eschatologique.

L’attente biblique du jugement eschatologique

Alors que l’Ancien Testament dépeint Dieu comme le juste juge de toute la terre (voir Ge 18.25 ; 1 S 2.10 ; 1 Ch 16.33) qui tient pour responsables de leurs actions à la fois les individus et les nations (voir De 32.41 ; Ps 110.6 ; Job 19.29 ; Ec 3.17 ; 12.1 ; Éz 33.20 ; Jé 25.31 ; Joë 3.2), ce jugement divin – souvent appelé « le jour du Seigneur » ou simplement « ce jour-là » – se limite généralement au domaine historique (c’est-à-dire la défaite militaire, la malédiction physique ou la mort) ; il ne s’agit que très rarement, voire jamais, d’un jugement ultime, eschatologique ou éternel. Certains textes y font sans doute allusion (par exemple, Ps 1.5 ; Ec 3.17 ; 12.1 ; 12.16), mais ce qui se rapproche le plus d’un jugement ultime dans l’Ancien Testament est la scène de Daniel 7. L’Ancien des jours y préside un tribunal céleste où des livres sont ouverts, la terrifiante quatrième bête est détruite dans un feu ardent, et le royaume éternel est donné au saint peuple de Dieu. On peut dire que le même scénario est dépeint de manière légèrement différente dans Daniel 12, où ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveillent, certains pour la gloire et la vie éternelle, d’autres pour l’opprobre et la honte éternelle. Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que ces deux textes nous donnent des informations sur la description de l’ultime jour du Seigneur et du jugement dernier dans le Nouveau Testament.

L’idée d’un tel « jour de jugement » culminant en une récompense ou un châtiment éternel est bien plus présente dans le Nouveau Testament et dans la plupart des écrits apocalyptiques juifs du ier siècle. La perspective d’un jugement ultime est très évidente dans l’enseignement de Jésus, en particulier dans le premier Évangile (voir Mt 7.21-23 ; 10.15 ; 11.22,24 ; 12.36,41,42 ; 13.40-43,49,50 ; 16.27 ; 18.35 ; 19.28,29 ; 25.31-46), et une insistance similaire est présente dans le reste du Nouveau Testament (voir Ac 10.42 ; 17.31 ; 24.25 ; Ro 2.5,16 ; 14.10 ; 1 Co 4.5 ; 2 Co 5.10 ; 2 Ti 4.1,8 ; Hé 6.2 ; 2 Pi 3.7 ; Ap 11.18 ; 20.11-15).

Même si Jésus a pleinement subi la colère de Dieu à la place de ceux qui croient (1 Th 1.10), les chrétiens ne sont pas exemptés de ce jugement dernier (voir 2 Co 5.10 ; Ro 14.10,11 ; Hé 10.30 ; Ja 3.1l ; 1 Pi 4.5). Cependant, ils peuvent attendre ce jour avec confiance (1 Jn 4.17 ; voir Ro 8.1), sachant qu’ils ne viendront pas « en jugement » dans le sens de la condamnation éternelle (Jn 5.24). Malgré tout, il est manifeste que ce jour-là, en tant que juge, Jésus fera la distinction entre les vrais croyants et ceux qui auront simplement prétendu être ses disciples et ses serviteurs (Mt 7.21-23 ; Lu 12.46). Comme le soulignent ces textes bibliques et d’autres encore, être déclaré juste lors du jugement dernier requiert plus qu’une simple acceptation intellectuelle ou un engagement verbal envers le Christ en tant que roi. Cela soulève l’une des questions controversées du débat contemporain, à savoir l’importance des œuvres pour être déclaré juste le dernier jour.

Le rôle de la foi et des œuvres dans le jugement eschatologique

Si la relation entre la foi et les œuvres est débattue depuis les temps apostoliques (voir Ro 3 – 4 ; Ga 3 ; Ja 2.14-26), c’est plus récemment qu’elle est devenue un sujet de discorde parmi les évangéliques. Cela est principalement dû aux approches dites de « nouvelles perspectives » qui remettent en question la pensée de la justification par la foi seule associée à la Réforme. Certains font désormais la distinction entre la « première » justification ou la justification « présente » (être déclaré juste par la foi) et la « seconde » ou « dernière » justification (être déclaré juste par les œuvres), considérant qu’il s’agit de deux étapes distinctes du salut et non simplement des deux faces d’une même pièce. Selon la pensée réformée traditionnelle, les « bonnes œuvres » chrétiennes sont simplement la preuve de la foi par laquelle Dieu nous a déjà déclarés justes – un verdict irrévocable qui sera simplement confirmé par le Juge divin au dernier jour. Les opposants à ce point de vue protestant traditionnel considèrent ces œuvres comme un facteur crucial faisant partie d’un processus en cours – confondant justification et sanctification – et estiment qu’elles jouent un rôle indispensable et, pour certains, instrumental dans l’obtention d’un statut de justes au dernier jour.

Le Nouveau Testament enseigne clairement que Dieu nous justifie par la grâce seule, par la foi seule en Christ seul (Ro 5.1,2 ; Ép 2.8,9). Cependant, il enseigne aussi clairement qu’au dernier jour, Dieu nous jugera selon les œuvres (Ro 14.10-12 ; 2 Co 5.10). Il doit donc y avoir un équilibre entre ces deux vérités, plutôt que de mettre l’accent sur l’une au détriment de l’autre. Dieu nous déclare justes par la foi, mais il est crucial de comprendre ce qu’implique une foi authentique : une telle foi ne se contente pas de faire confiance à Dieu, mais se concrétise par l’amour (voir Ga 5.6 ; 1 Jn 4.16,17) et la persévérance dans le bien (voir Mt 5.16 ; Ép 2.10 ; Tit 2.14). Par conséquent, avec les réformateurs, nous pouvons faire bon accueil à la fois aux assurances scripturales de la justification par la foi seule et aux exhortations scripturales à produire de bonnes œuvres en guise de témoignage de la grâce transformatrice de Dieu. Il serait faux de penser que de telles « bonnes œuvres », aussi imparfaites, puissent un jour nous justifier devant Dieu. Il serait tout aussi présomptueux de supposer, sans une telle preuve de foi authentique (voir Ph 2.12), que nos noms sont inscrits dans le grand livre de vie (voir Ap 20.12 ; 21.27).

La récompense eschatologique des justes

Communément appelée le « ciel », la destinée éternelle des justes est plus précisément liée aux termes de royaume de Dieu, de vie éternelle et de nouvelle création – chacun de ces éléments étant vécu en partie maintenant, mais plus pleinement dans l’ère à venir. Malgré ce que plusieurs cantiques chrétiens suggèrent, la demeure finale des chrétiens ne sera pas dans un royaume métaphysique ou lointain, mais plutôt dans la création renouvelée et perfectionnée de Dieu, « où la justice habitera » (2 Pi 3.13). Dans l’Ancien Testament, les représentations d’un tel bonheur eschatologique (par exemple, És 11.6-9 ; 65.17-25 ; 66.18) s’alignent avec cette pensée ; il n’est pas question d’un scénario céleste dans un monde imaginaire merveilleux, mais d’une représentation véritablement terrestre, bien que nettement différente de la situation dans laquelle se trouve le monde actuel. Cette transformation des nouveaux cieux et de la nouvelle terre dans la représentation du Nouveau Testament est encore plus frappante, car la mort elle-même est éradiquée (Ap 21.4). Encore une fois, l’image dominante est celle du bonheur sur terre et non celle d’une sorte d’existence extra-terrestre au ciel. Ainsi, l’espérance eschatologique des chrétiens est de jouir de la présence et du règne de Dieu sur la terre rendue parfaite (Ap 21.2,3 ; 22.3-5) – une terre « nouvelle » en termes de qualité plutôt que de chronologie (Ap 21.5). C’est dans ce sens de transformation radicale que Jean parle de la disparition de la première terre (Ap 21.1), et que Pierre parle de dissolution cosmique (2 Pi 3.1‑11). Tout ce qui pourrait ruiner ou corrompre cette création rendue parfaite sera éradiqué.

Cependant, cette merveilleuse image de béatitude finale est l’un des éléments qui ont conduit certains à remettre en question la conception traditionnelle du jugement dernier. Jusqu’à assez récemment, presque tous les évangéliques -conservateurs ou progressistes – considéraient que le verdict de Dieu au dernier jour serait définitif, et donc que le sort des méchants serait irréversible. Cependant, au cours des dernières décennies, un nombre restreint, mais croissant de personnes a soutenu que ce ne serait pas le cas, insinuant que le châtiment infligé aux méchants en enfer ne serait pas simplement une rétribution, mais qu’il aurait également un but de restauration. Dans cette conception, les personnes condamnées à l’enfer peuvent toujours se repentir de leur péché et faire appel au Seigneur pour être sauvées ; et lorsqu’elles le font – quel que soit le temps que cela prend – elles rejoignent le reste des rachetés dans la béatitude éternelle. Cependant, un des problèmes majeurs de cet « universalisme évangélique » est le fait que les Écritures rejettent explicitement la possibilité d’une repentance après la mort ou d’une sortie de l’enfer (Lu 13.24-28 ; 14.24 ; voir 16.26), et insistent sur le fait que personne ne peut entrer dans la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, à l’exception de « ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l’Agneau » (Ap 21.27 ; voir 20.15) – chose qui est déterminée avant la création (Ap 17.8). Compte tenu des graves lacunes de ces hypothèses théologiques et exégétiques, il est peu probable que l’universalisme se répande et soit accepté parmi les évangéliques.

Le châtiment eschatologique des impies

Le sort eschatologique de celui qui est réprouvé n’est jamais explicitement abordé dans l’Ancien Testament. Le mot « shéol » et la terminologie qui s’y rapporte font référence à « l’au-delà » prévu après la mort ou monde souterrain, et non au châtiment ultime des impies en enfer. Cependant, ce dernier est clairement annoncé dans des jugements cataclysmiques comme ceux qui ont eu lieu à Sodome et Gomorrhe (voir 2 Pi 2.6 ; Jud 7 ; voir aussi Lu 17.26-30). Cependant, c’est dans Ésaïe 66.24 et Daniel 12.2 que l’Ancien Testament évoque le plus explicitement le châtiment éternel : l’accent est mis sur le sort infâme des impies et sur la répulsion ou le mépris qu’il suscite. Cependant, si ces deux textes donnent des informations sur les représentations ultérieures de l’enfer, contrairement à ce dernier, ils ne disent pas grand-chose qui suggère un tourment éternel et vécu de manière consciente.

Le destin final des impies est décrit différemment dans le Nouveau Testament. S’inspirant de l’Ancien Testament, Jésus le qualifie le plus souvent d’enfer ou géhenne (Mt 23.33) – un destin pire que la douleur physique (Mt 5.29,30) ou la mort (Mt 10.28 ; Lu 12.4,5), et explicitement associé au feu inextinguible ou éternel (Mt 5.22 ; 18.8 ; voir aussi Mt 13.39,40 ; Ja 3.6). Il est difficile de voir la nécessité de ce dernier, à moins que la punition elle-même ne soit comprise comme étant sans fin. De plus, le fait qu’il induira « des pleurs et des grincements de dents » (Mt 13.42,50 ; voir aussi Mt 8.12 ; 22.13 ; 24.51 ; 25.30 ; Lu 13.28) suggère une punition ou un tourment vécu de façon consciente (voir Lu 16.23-25 ; Mt 8.29 ; Ap 20.10).

Paul n’utilise jamais les termes « enfer » ou « géhenne » pour décrire le sort des méchants ; il emploie plutôt une série d’idées qui se recoupent, telles que la colère, la condamnation, la mort, le fait de périr, la destruction et la malédiction – ce qui pousse certains à conclure qu’il avait principalement l’annihilation à l’esprit. Cependant, ce n’est pas nécessairement ce que Paul voulait dire, et il est difficile d’accorder cette idée avec son discours plus détaillé sur la colère à venir de Dieu (2 Th 1.6-9). Il parle ici de « rendre l’affliction », de « flamme de feu », de « punir » et de « ruine éternelle » – une qualification tout à fait inutile si « ruine » signifie simplement être annihilé. Il en va de même pour l’expression suivante (« loin de la face du Seigneur… »), qui est tout aussi redondante, à moins qu’une telle ruine ne se limite pas à être consumée par le feu. Par conséquent, la pensée de Paul semble plus conforme au concept traditionnel de l’enfer que certains le suggèrent dans leurs déductions.

Il en va de même pour les épîtres universelles et l’Apocalypse. Par exemple, l’auteur de l’épître aux Hébreux comprend la destruction finale des impies comme étant un « pire châtiment » que la mort – peine infligée dans le contexte de l’ancienne alliance (Hé 10.29). Dans le même ordre d’idées, Pierre parle de l’enfer en le qualifiant de Tartare (le verbe grec tartaroôdans l’original, traduit par « précipités dans les abîmes », signifie littéralement « jetés dans le Tartare »), un royaume souterrain mythologique où les impies subissent des châtiments et des tourments (2 Pi 2.4). Mais les représentations les plus explicites de l’enfer sont de loin celles de l’Apocalypse, où les chapitres 14 et 19-20 se distinguent particulièrement. Dans Apocalypse 14, il est question des impies « tourmenté[s] dans le feu et le soufre, devant les saints anges et devant l’Agneau », « la fumée de leur tourment » montant pour toujours, et n’ayant « de repos ni jour ni nuit » (v. 10,11) – une imagerie qui suggère indubitablement une agonie sans fin. De même, les chapitres 19 et 20 décrivent la bête, le faux prophète et le diable jetés dans un étang ardent de feu et de soufre (Ap 19.20 ; 20.10), où eux aussi « seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles » (Ap 20.10). Il est significatif que ce même sort attende les impies (Ap 20.14,15 ; 21.8 ; voir aussi Mt 25.41). Les tentatives qui visent à interpréter ces textes de manière plus acceptable – en parlant d’un feu inextinguible qui finit par consumer ses victimes – sont loin d’être convaincantes ; dans les derniers chapitres de ce livre, les impies ne sont pas présentés comme étant éradiqués, mais bien exclus (voir Ap 21.27 ; 22.15,19). Par conséquent, si certains textes bibliques peuvent être utilisés pour soutenir l’idée de la peine capitale (c’est-à-dire l’annihilation), d’autres s’opposent obstinément à une telle interprétation.

Lectures complémentaires

En rapport avec la théologie biblique

  • COULSON, John,
    • The Righteous Judgment of God: Aspects of Judgment in Paul’s Letters
  • HOEKEMA, Anthony,
  • HELM, Paul,
  • The Last Things: Death, Judgment, Heaven and Hell

 

En rapport avec les débats contemporains sur le rôle des œuvres dans le jugement dernier

  • STANLEY, Alan,
  • STANLEY, Alan, éd.,
  • Four Views on The Role of Works at the Final Judgment
  • WILLIAMSON, Paul R.,

 

En rapport avec les débats contemporains au sujet du ciel et de l’enfer

  • MIDDLETON, J. Richard,
    • A New Heaven and a New Earth: Reclaiming Biblical Eschatology
  • MORGAN, Christopher et PETERSON, Robert A.,
  • Hell Under Fire: Modern Scholarship Reinvents Eternal Punishment
  • SPRINKLE, Preston, éd.,

MJTM

  • WILLIAMSON, Paul R.,

Cet essai fait partie de la série « Concise Theology ». Tous les points de vue exprimés dans cet essai sont ceux de l’auteur. Cet essai est gratuitement disponible sous licence Creative Commons avec Attribution Partage dans les mêmes conditions (CC BY-SA 3.0 US), ce qui permet aux utilisateurs de le partager sur d’autres supports/formats et d’en adapter/traduire le contenu à condition que figurent un lien d’attribution, les indications de changements et que la même licence Creative Commons s’applique à ce contenu. Si vous souhaitez traduire notre contenu ou rejoindre notre communauté de traducteurs, n’hésitez pas à nous contacter.