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Il y a quelques semaines un « fait divers » s’est produit dans l’un des aéroports de Londres :

« Alors qu’il attendait tranquillement le décollage de son avion à l'aéroport de Luton, un chrétien londonien a été contraint de redescendre de l'avion et a été interrogé par la police. En effet, en apercevant le mot «prière» sur son téléphone, son voisin s’est imaginé qu’il était musulman et l’a dénoncé comme menace pour la sécurité. » 

Après vérifications, les policiers l’ont laissé partir, satisfaits des explications apportées. Et pourtant le capitaine de l’avion ne l’a pas autorisé à embarquer et notre pauvre passager a été obligé d’attendre le prochain vol. 

Des titres médiatiques

Cette histoire n’aurait pas pris un tour aussi médiatique si de nombreux chrétiens n’en avaient pas immédiatement fait une sorte d’affaire d’État. Nous avons « re-posté » l'article en question dans tous nos réseaux sociaux. Les réactions ne se sont pas fait attendre : « dramatique ! », «  du grand n’importe quoi », « stupidité », et autres adjectifs manifestant un choc certain à la lecture des titres relatant cet épisode.

Malheureusement, nous pouvons nous demander si le plus souvent les réactions n'ont pas été motivées par une lecture « en diagonale » des articles en question, voire même des seuls titres. Il faut dire que ces derniers se veulent toujours explicites. Je vous en donne deux : 

« Un chrétien débarqué d'un avion pour le mot 'prière' sur WhatsApp »

« Grande-Bretagne : Un chrétien débarqué d’un avion parce que son voisin a lu le mot 'prière' sur son téléphone »

Le problème avec la manière dont les médias, en particulier chrétiens, ont rendu compte de cette affaire, c’est précisément leurs gros titres. Après tout, quel besoin d'aller lire les détails de cette affaire ? Clairement le titre vous dit tout ce dont vous avez besoin. Un chrétien s'est fait arrêter à cause de son emploi du mot « prière » ! Certains y verront un abus d'autorité du capitaine de l'avion et de la police de l'aéroport. D'autres y verront même explicitement une attaque à la liberté chrétienne. Plus rarement même, le début de la grande persécution ! 

Mais à la lecture de l'article, en son entier, nous voyons que les choses sont un peu plus complexes. Nous remarquons notamment que le voisin du passager chrétien a pris peur à la lecture d'un mot : ISI. Cela, ajouté à l'emploi de « prière », et malheureusement même à cause de l'origine ethnique du passager chrétien, a conduit son voisin à alerter la sécurité de l'aéroport. Je ne dis pas qu'il a eu raison. Je me contente de souligner que les titres des articles mentionnés sont trompeurs. Pas volontairement, sans doute. Mais pour beaucoup de lecteurs les titres communiquent l'essentiel du contenu de l'article. Ce qui est souvent faux, et manifestement dans le cas qui nous occupe.

Pour beaucoup de lecteurs les titres communiquent l'essentiel du contenu de l'article. Ce qui est souvent faux…

Un premier rappel me semble ici nécessaire. Encore, toujours, trois fois même, vérifions nos sources. Plus encore ! Même si notre « source » française paraît sérieuse, renseignons-nous, lisons les articles « originaux ». Pourquoi dans ce cas précis ne pas lire des articles anglais aux titres parfois révélateurs : « Armed police removed a Christian man from an easyJet flight after a fellow passenger saw a WhatsApp 'prayer' group called ISI on his mobile 'and assumed he was Muslim' ».

Dans un monde médiatique il en va de la crédibilité chrétienne. Se contenter de republier un article trouvé au détour de votre fil d'actualité Facebook (Twitter, ou autre) sans plus de questions c'est prendre le risque de devoir apporter de multiples « corrections » et « précisions » au cours des jours et des semaines suivantes. Soyons, comme l'apôtre nous y encourage, pleins de douceur, de bonté, de tempérance, et de magnanimité. 

La sagesse chrétienne

Deuxième leçon qui me semble importante. Faisons preuve de sagesse. Le chrétien est tout aussi libre que n'importe quel citoyen. Rien n'est plus certain. Cependant, dans le contexte géopolitique d'aujourd'hui, est-ce vraiment sage de nommer son groupe de prière ISI ? Le voisin de notre frère chrétien a-t-il fait preuve d’une peur irrationnelle ? Je ne crois pas. Est-il tombé dans la paranoïa ou le fanatisme. Non plus. Il n'y a rien d'irrationnel à rapprocher ISI et ISIS. La sagesse chrétienne demanderait-elle à notre frère de renommer son groupe de prière. Personnellement, c'est ce que je pense. Et ce n'est pas céder à la peur que de faire cela. C'est ne pas l'encourager en ne devenant pas une occasion d'anxiété – surtout que l'Évangile n'est pas en jeu ici ! 

Encore, toujours, trois fois même, vérifions nos sources.

Cette sagesse chrétienne peut aussi devenir un point apologétique important. Elle peut démontrer la bienveillance et l'intégrité chrétiennes. Au détour des commentaires en ligne, je suis tombé sur ce dernier, s'adressant aux chrétiens : « c'est marrant comment lorsqu'un musulman est escorté hors d'un avion simplement parce qu'il est musulman, tous les commentaires disent 'il vaut mieux prévenir que guérir' mais quand quelqu'un est pris par erreur pour un musulman, alors tout le monde prend les armes. Hypocrites. » Je ne lui donne pas vraiment tort. Nombreux sont nos concitoyens qui auraient la même attitude de méfiance naturelle. Y compris les chrétiens, avouons-le ! 

C'est là que notre sagesse chrétienne devrait se muer en amour et bonté. Mais pas seulement pour notre frère chrétien. Pour ceux des passagers qui ont eu peur. Au lieu de les blâmer, comment pouvons-nous les aider à « ne pas craindre » ? Cela me semble une meilleure attitude dans ce genre de cas. 

Enfin, je termine sur un point concernant notre unité avec nos frères et sœurs persécutés. Si effectivement ce frère a été privé d’un droit de circulation, nous avons parfois fait de cet épisode une sorte de persécution. Or, ce genre de focalisation maladive sur les problèmes qui peuvent nous survenir nous font facilement oublier que certains de nos frères et sœurs sont vraiment persécutés. Et que oui, vraiment, ils sont maltraités, battus physiquement à cause de leur foi. Ce n'est pas le cas ici. 

Soyons sages, mesurés, posés. Ne cédons ni à la peur ni à la pression émotionnelle des « gros titres ». Vivons la confiance qui vient de la paix de Christ, celle qui attirera à lui nos concitoyens. 


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