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« Maris, aimez votre femme ! » : cette exhortation de l’apôtre Paul, en Colossiens 3.19 et Éphésiens 5.25, paraît a priori moins choquante et plus compatible avec la vision du monde de notre société que celle adressée aux épouses : « Femmes, soyez soumises à votre mari ! » [cet article est la suite logique de l’article qui se trouve ICI]. Mais, comme se plaisent souvent à le rappeler les pasteurs lorsqu’ils prêchent sur ces passages, la tâche dévolue aux maris paraît finalement bien plus exigeante que celle des épouses : aimer comme Christ a aimé l’Église, ce n’est pas une mince affaire…

Christ transforme nos relations

Mission impossible ? Pas dans la logique de Paul, et ce, pour deux raisons au moins. D’une part, ses épîtres ont montré que nous avons « tout pleinement en Christ » (Colossiens 2.10) : notre union avec lui rend possible une transformation de nos relations, y compris de nos relations de couple. D’autre part, l’apôtre a en tête un cercle vertueux : plus une épouse remplit son rôle de se soumettre joyeusement à son mari, plus celui-ci sera stimulé à aimer sa femme ; et vice-versa ! Mais finalement, de quel amour est-il question ? A quoi ressemble l’amour de Christ pour son Église ?

1. Un amour exclusif

L’amour dont parle Paul ici peut se décliner en au moins six caractéristiques. Il est, tout d’abord, exclusif. Paul écrit « Maris, aimez chacun votre femme, comme le Christ a aimé l’Église » et non pas « Maris, aimez chacun toutes les femmes comme le Christ aime l’Église ». Seule notre épouse doit être aimée comme notre épouse. Se marier, c’est renoncer à toutes les autres. De tout temps, Dieu a insisté sur la fidélité qui doit exister dans la relation d’alliance entre lui et son peuple, et il a particulièrement rappelé que sa fidélité à lui est garantie : son amour est immuable. Christ ne divorcera jamais de son Église et il lui manifestera au contraire un amour inconditionnel et exclusif. Voilà le modèle de l’amour que le mari est appelé à démontrer à son épouse.

2. Un amour qui s’identifie et compatit

L’amour du mari pour sa femme, deuxièmement, est un amour qui s’identifie à elle et la considère comme faisant partie d’elle. Paul écrit que « les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps » (Éphésiens 5.28), puis il renvoie à Genèse 2.24 et à cette notion de « devenir une seule chair ». Que fait-on avec son propre corps ? On en prend soin, on veille à sa bonne santé : les hommes prennent-ils soin de leur épouse comme d’un membre précieux de leur corps ? Est-ce qu’ils souffrent avec elle lorsqu’elle passe par des difficultés, au même titre qu’ils souffrent et gémissent lorsqu’un membre de leur corps est malade ou blessé ? La compassion n’est probablement pas la qualité première de beaucoup d’hommes. Face aux difficultés que traversent nos épouses, c’est trop souvent la lassitude ou l’irritation qui s’expriment en premier.

La compassion n’est probablement pas la qualité première de beaucoup d’hommes.

3. Un amour qui prend soin avec tendresse

Troisième caractéristique de l’amour d’un homme pour son épouse : c’est un amour qui prend soin. « Jamais personne en effet n’a haï sa propre chair ; mais il la nourrit et en prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église » (Éphésiens 5.29). Christ nourrit son Église et il veille à faire concourir toutes choses à son bien. Refléter Christ dans le couple implique d’être attentif aux besoins physiques et spirituels de l’épouse. Et, plus difficile encore, c’est être attentif… avec tendresse. La tendresse est ce qui nous amènera à prendre notre femme dans les bras si elle n’a pas le moral, à l’écouter si elle a besoin de parler, à être soucieux de ses besoins et attentes pour anticiper ce qui lui ferait du bien avant même qu’elle doive le demander. Prendre soin, c’est aussi respecter, valoriser et encourager, avec la conscience qu’il y a dans la féminité une certaine fragilité, comme l’exprime Pierre dans sa première épître (1 Pierre 3.7).

4. Un amour qui renonce à soi

En quatrième lieu, l’amour du mari pour son épouse est un amour qui se sacrifie et qui sert. Timothy Keller, dans son livre « Le mariage », constate que les mariages au 21e siècle ressemblent souvent à des « mariaJe » : on se marie pour ce que l’on va en retirer. Keller nous encourage à cette prise de conscience : je dois reconnaître mon propre égoïsme comme le problème principal de mon mariage… puis remplacer cet égoïsme par l’altruisme de Christ, qui « a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle ».

Se sacrifier, c’est davantage que renoncer momentanément à soi dans des situations d’urgence ou d’épreuves particulièrement intenses. Se sacrifier est un enjeu quotidien, qui se manifeste dans la routine de chaque journée : dans la participation à la bonne tenue du foyer, dans le renoncement à certaines préférences pour laisser le choix à l’autre, dans le temps consacré à l’écoute et au partage, etc.

Se sacrifier est un enjeu quotidien, qui se manifeste dans la routine de chaque journée.

5. Un amour qui fait grâce

On peut, cinquièmement, parler d’un amour qui fait grâce. Dans l’épître aux Colossiens, Paul ne consacre qu’un verset aux maris : « Maris, aimez chacun votre femme, et ne vous aigrissez pas contre elle ». Un peu surprenant, non ? Du moment que Paul ne résume les devoirs du mari en seulement un verset, on aurait pu s’attendre à quelque chose de plus positif : « Respectez votre femme », ou « Valorisez-la », ou « Faites-lui des câlins ». Non : « Ne vous aigrissez pas contre elle ! ». Ce verbe « s’aigrir » est lié à l’idée d’amertume. Cela sous-entend donc qu’un homme peut facilement tomber dans ce piège.

Pourquoi ? Il peut y avoir toutes sortes de raisons, à commencer par le cas où une épouse refuse de suivre sa « propre part », dont Paul a parlé au verset 18, en manifestant régulièrement une attitude d’insoumission. L’aigreur apparaîtra peut-être en réaction d’un côté querelleur ou capricieux chez l’épouse, ou si elle tend à manquer de respect envers son mari, ou si elle cultive certains défauts. Parfois, l’amertume vient simplement de l’insatisfaction du mari, qui se lasse de sa femme, ou qui ne voit plus chez elle ce qui le rendait tout amoureux au début comme des qualités, mais comme des sources d’irritation. Cette amertume peut conduire à la dureté, qui s’exprimera non seulement dans les paroles, mais aussi dans les regards, les allusions et le cynisme, une attitude générale teintée d’un certain mépris…

Penser à Christ nous interpelle. A quoi ressemblerait notre relation avec Christ s’il devenait amer ou rancunier chaque fois que nous ne sommes pas à la hauteur ? L’alliance conclue par Christ avec nous est une alliance inconditionnelle ; il ne nous aime pas plus ou moins en fonction de nos humeurs. Il nous aime, un point c’est tout !

6. Un amour qui rend l’autre meilleur

Sixième caractéristique de cet amour exigeant : c’est un amour sanctifiant (Éphésiens 5.26-27). Christ nous a sauvés non seulement pour nous justifier, mais pour nous sanctifier. La femme a été placée aux côtés de son mari pour qu’il contribue à la rendre meilleure, en prenant soin spirituellement d’elle. Le mari est le berger du couple. Joue-t-il un rôle capital dans la vie de son épouse pour la faire avancer ?

La barre est haute, les exigences sont nombreuses…. Mais pas insurmontables. Dieu a donné un modèle à imiter : celui de l’alliance entre Christ et l’Église. Et il a donné les ressources nécessaires : Christ lui-même. Dans la perspective biblique, la vie à deux ne devrait pas être un fardeau, un boulet à tirer, ni un défi pénible dans lequel chacun essaie de survivre tant bien que mal. « Femmes, soyez soumises à votre mari » et « Maris, aimez votre femme » ne sont pas des injonctions paralysantes ou tirées d’un autre temps : ce sont des cadeaux que Dieu fait aux couples pour vivre le mariage comme une aventure heureuse, qui reflète la glorieuse alliance entre Christ et son Église.

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