« Femmes, soyez soumises à votre mari » : voilà une injonction biblique complètement irrecevable pour la plupart des femmes du 21e siècle… et qui fait potentiellement grincer des dents même des chrétiennes. Démodé, macho, excessif, rabaissant : toutes sortes de qualificatifs seront employés pour mettre de côté ou atténuer la portée de cette exhortation de Paul dans ses épîtres aux Colossiens et aux Ephésiens. Que voulait dire l’apôtre Paul ? Comment l’appliquer à aujourd’hui ? Qu’est-ce que la soumission et qu’est-ce qu’elle n’est pas ? C’est la question à laquelle nous essaierons de répondre dans cet article, avant de nous pencher, dans un second article, sur l’autre face de la médaille : « Maris, aimez votre femme ».
Etre un bon conjoint, c’est être spirituel
Il faut commencer par rappeler que ces deux exhortations ne sont pas de simples conseils tirés de l’imagination de Paul. Dans l’épître aux Colossiens, par exemple, elles arrivent après une riche description de la vie nouvelle « en Christ ». Paul veut faire comprendre à ses lecteurs qu’être chrétien a des implications sur tout : son couple, sa famille, son travail… Le chrétien n’a pas deux vies : sa vie « spirituelle » quand il ouvre sa Bible et va à l’Eglise, et sa vie « profane » quand il vit dans le monde Non, le chrétien est chrétien partout et spirituel partout : être un bon conjoint, un bon parent et un bon employé, c’est être spirituel. La soumission de la femme à son mari est donc une manière concrète de manifester son attachement à Christ. En Colossiens 3,18, Paul le signale d’ailleurs clairement : « Femmes, soyez soumises chacun à votre mari, comme il convient dans le Seigneur ». L’appartenance au Seigneur est la source et la motivation de cette soumission.
Le type de soumission dépend du type de relation
Que veut donc dire le verbe « se soumettre ». Comprenons que nous ne sommes pas soumis de la même manière à toutes les autorités que Dieu a établies sur nous. Une femme ne se soumet pas à son mari comme un enfant se soumet à son père, cette relation fils-père incluant bien plus la notion d’obéissance inconditionnelle, en tout cas lors des premières années de vie de l’enfant. Une femme ne se soumet pas non plus à son mari de la même manière qu’elle se soumet aux autorités civiles ou ecclésiales, qui sont des autorités plus impersonnelles – que l’autorité de son mari. Il y a dans sa relation conjugale une intimité et une complicité propres au couple. Le type de soumission dépend donc du type de relation.
La soumission se met « sous la mission » de l’homme
Ce que l’on retrouve par contre dans toutes ces soumissions, c’est l’importance de l’état d’esprit, qui est celui d’une soumission volontaire, mue par la conviction que ces relations établies par Dieu constituent ce qu’il y a de meilleur. L’épouse sait ainsi qu’elle ne pourra pas vivre un mariage heureux si elle décide de se rebeller contre l’autorité de son mari et de prendre une place qui n’est pas la sienne. On plaisante parfois à propos des couples dans lesquels la femme « porte la culotte », mais dans la perspective chrétienne, un tel constat amène plutôt à pleurer qu’à rire…
L’épouse sait ainsi qu’elle ne pourra pas vivre un mariage heureux si elle décide de se rebeller contre l’autorité de son mari et de prendre une place qui n’est pas la sienne.
La soumission biblique pousse bien plutôt l’épouse à se réjouir que Dieu l’ait placée aux côtés d’un mari ayant reçu l’autorité. Elle va encourager l’homme à prendre sa place et à assumer son rôle. Elle va se mettre délibérément « sous » l’homme et sous sa direction, et l’aider à accomplir sa mission, désireuse que sa relation avec son mari reflète la relation de l’Eglise avec Christ, modèle par excellence.
Soumission n’est pas synonyme d’infériorité
Quelques clichés doivent être déconstruits quand on évoque ces notions. Premier cliché : « La femme soumise est inférieure ». Le texte de Galates 3,26-28 rappelle qu’il n’y a plus « ni homme ni femme ». Ce verset n’annule ni les distinctions ni les rôles : il relève simplement que devant Christ et en Christ, il y a une parfaite égalité. C’est d’ailleurs le cas déjà sur le plan créationnel : l’homme et la femme ont été créés égaux mais différents.
Spirituellement, une femme n’est pas non plus inférieure. Elle peut être une aide formidable pour son mari, pour l’encourager dans sa foi et faire de lui un meilleur chrétien. Cependant, son objectif est de stimuler son mari à prendre ses responsabilités aussi dans ce domaine du « leadership » spirituel.
Une obéissance sans discussion et sans condition ?
Deuxième cliché : « La femme soumise est la servante de son mari ». Dans un mariage chrétien, l’épouse n’est pas celle qui accomplit systématiquement des tâches plutôt ingrates, tandis que son mari s’épanouit dans son travail et ses loisirs. La femme est une aide, pas une esclave. Et puis – et c’est notre troisième cliché à déconstruire – l’épouse n’est pas censée obéir sans discuter ou de manière inconditionnelle.
Dans un mariage chrétien, l’épouse n’est pas celle qui accomplit systématiquement des tâches plutôt ingrates, tandis que son mari s’épanouit dans son travail et ses loisirs.
La limite à est la même que dans toutes les relations faisant intervenir un rapport « autorité-soumission » : il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. De même qu’un chrétien ou une Eglise doit par exemple refuser d’obéir à une autorité civile qui s’ingérerait dans la vie chrétienne ou dans le culte, l’épouse chrétienne ne peut pas suivre son mari s’il lui demande de faire quelque chose que Dieu interdit ou lui interdit de faire quelque chose que Dieu lui demande. Une telle désobéissance n’est pas pour autant synonyme d’insoumission : il est possible de refuser de suivre l’autorité établie sur un sujet particulier, tout en ayant une posture générale de soumission.
Faire céder le mari à l’usure ?
Encore un dernier cliché dont il faut se débarrasser : « La femme se tait et son avis ne compte pas ». Dans un couple chrétien établi selon le modèle biblique, la femme a toute sa place pour dialoguer avec son mari, afin de parvenir à des décisions concertées. Mais dans tout ce processus, il est important qu’elle garde un sain respect envers son mari, aussi bien dans son attitude générale que dans ses paroles. Son but n’est pas d’avoir raison à tout prix, ni de faire céder son mari à l’usure, mais de chercher de manière constructive à apporter son soutien à la réflexion.
Un avertissement aux femmes querelleuses
Ce qui conduit à une mise en garde contre la tentation d’être une femme querelleuse. Le livre des Proverbes en parle beaucoup, ce qui signifie probablement que c’est là une tentation peut-être plus forte pour la gent féminine. « Un fils insensé est une calamité pour son père, et les querelles d’une femme sont une gouttière qui ne cesse de couler » (Proverbes 19.13). « Mieux vaut habiter à l’angle d’un toit que de partager la demeure d’une femme querelleuse » (Proverbes 19.9).
La soumission, une condition pour vivre des relations de couple heureuses
Le principe de soumission est-il donc un principe démodé, macho, excessif ou rabaissant ? Il montre au contraire l’extraordinaire valeur de la femme chrétienne et la beauté de ce qu’elle peut apporter à son couple. Ce principe de soumission fait partie de l’équation pour vivre une vie de couple harmonieuse. L’autre partie de l’équation engage les hommes, appelés à aimer leur femme comme Christ a aimé l’Eglise. Si chacun s’investit dans son appel, par amour pour le Seigneur et comme manifestation de sa vie en Christ, le mariage deviendra une alliance et un partenariat glorieux, au sein duquel chacun aidera l’autre à être à la place qui lui a été assignée et à remplir le beau rôle que Dieu lui a confié.
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