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L’Église : êtes-vous acteurs ou spectateurs ?

Plus par Nathanaël Bourgeois

Samedi soir, 22 acteurs s’apprêtent à entrer dans un stade comble et à jouer devant des milliers de spectateurs. Chacun de ces spectateurs a son avis sur le onze idéal à aligner, sur la tactique à appliquer, tous se sentent à la fois un peu journaliste, arbitre et sélectionneur. Pourtant aucun d’entre eux ne jouera une seule minute de ce match capital… N’en est-il pas parfois ainsi dans l’église ? Quelques acteurs s’époumonent devant beaucoup de spectateurs qui ont tous leur idée sur ce que l’église devrait faire ou ne pas faire, mais si peu s’engagent dans l’arène… La pression de la société devient toujours plus forte sur l’église… Les joueurs vont-ils craquer ?

Un constat

De plus en plus de chrétiens, sans pour autant se détourner de la foi, ne voient plus l’utilité de se réunir avec d’autres. Peut être déçus par l’Eglise… D’autres encore viennent volontiers au spectacle du dimanche matin, mais n’ont pas du tout envie de s’engager d’une manière ou d’une autre pour la communauté. Sitôt le culte terminé, ils disparaissent… Ils ont d’autres priorités. Certains se sentent trop nuls, incapables d’amener quoi que ce soit aux autres. D’autres ruminent leur amertume. D’autres encore ont été blessés par leurs frères et sœurs. Que faire ? 

La base biblique

Peut être est-il bon de rappeler que l’Eglise est une part très importante du projet de Dieu pour les humains. Dès les premiers chapitres de la Bible, un principe est donné : “Il n’est pas bon que l’homme soit seul” (Gen 2.18). A cela s’ajoute le constat : “Qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble” (Ps 133.1). L’Evangile nous apprend également que “Jésus allait mourir pour la nation (…), mais aussi pour rassembler en un seul (corps) les enfants de Dieu dispersés” (Jn 11.51-52). L’Esprit de Dieu est désormais ce liant entre tous ceux qui ont reçu Christ comme Sauveur ; ensemble, ils forment un organisme vivant : “Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps” (1 Cor 12.13). Ainsi, “vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part” (1 Cor 12.27). Habitants de la même maison, frères et sœurs de la même famille, membres du même corps, nous sommes appelés à vivre ensemble. Pourquoi ? Pour l’adoration de notre Dieu, la communion fraternelle, l’évangélisation, la prière et l’enseignement (Mat 28.19, Jn 4.23-24, Ac 2.42).

  • A toi qui es blessé : un jour, quelqu’un de ton église t’a peut-être dit des paroles blessantes ? Tu lui en veux… Et tant qu’il ne vient pas te demander pardon, tu ne mettras plus les pieds dans cette église. Dieu voit ta douleur et la comprend. Je ne la minimise pas non plus, mais je pense à Jésus, blessé par ses frères, dans son pays, condamné injustement, qui, dans d’affreuses souffrances, arrive encore à dire : “Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font” (Lc 23.34). Et je me rappelle son enseignement où je suis toujours appelé à faire le premier pas, si un frère pèche contre moi (Mat 18.15). L’évangile est exigeant, mais toujours Dieu veut te donner la force d’aller, de prendre l’initiative et de rencontrer ton frère pour lui dire ce que tu as sur le cœur. Vivre le pardon, c’est quelque chose de magnifique : pourquoi ne pas essayer ?
  • A toi qui te sens trop nul : mes oreilles raisonnent encore de paroles et de pensées injustifiées que certains de mes frères et sœurs s’infligent : “Je n’ai pas la facilité de parole de celui-ci”, “je n’ai pas de don aussi manifeste que celle-ci”. Alors la pensée qu’ils sont nuls les envahit, certains allant même jusqu’à s’en convaincre et se le répéter inlassablement. Un prophète a eu les mêmes pensées et l’Eternel, avec amour, a repris Jérémie : “Ne dis pas : je suis un enfant” (Jér 1.7). Non ! Ne dis pas : “Je suis nul”… Mon frère, ma sœur, refuse ces pensées que Satan se plaît à te susurrer ! “Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune” (1 Cor 12.7). Tous ont reçu un don, tous les membres du corps sont nécessaires, même ceux qui paraissent les plus faibles (1 Cor 12.22). Que ces paroles raisonnent dans ton cœur et te permettent de surmonter ta crainte, ton sentiment d’inutilité, pour être un membre actif dans l’Eglise. Certains sportifs, lorsqu’ils sont légèrement blessés, compensent en mettant, par exemple, plus de poids sur une jambe. Il peut s’en suivre de graves séquelles allant jusqu’à la déformation du squelette. C’est tellement dommage de voir, parfois, certains membres se démener pour compenser ce que d’autres ne font pas…
  • A toi qui as d’autres priorités : Une place de travail en vue vaut bien tous les sacrifices, dont celui de travailler tous les soirs jusqu’à 20 h 00 et de ne jamais avoir le temps de fréquenter une réunion de prières ou une cellule de maison… Effectivement, certains n’ont pas le choix… Mais si cet état perdure, es-tu sûr que c’est bien le plan de Dieu pour ta vie ? Dieu veut avoir la première place dans nos vies ! (Col 1.18). Quelle place a-t-il dans ta vie ? Et l’Eglise pour laquelle il a payé très cher ? Ne passe pas à côté des choses essentielles… Vivre ses peines et ses joies avec ses frères et sœurs, engager ensemble notre cœur à prier et louer Dieu, à le servir : tu y trouveras une bénédiction que rien d’autre ne pourra t’apporter.
  • A toi qui es membre d’une église : fais-tu partie des 80 % de membres de l’église qui vont au spectacle le dimanche matin ? Les joueurs sont nuls, l’entraîneur devrait faire autrement… Alors tu ne t’impliques pas, ou plutôt pas trop. Et les responsables s’époumonent… Prendre soin les uns des autres, pleurer avec ceux qui pleurent, se réjouir avec ceux qui se réjouissent, être actif et pas paresseux dans le service, se recevoir les uns les autres, encourager, aider, donner un peu de son temps : ce ne sont pas des tâches réservées à une élite. Tous, à notre mesure, sommes appelés à nous impliquer… La moisson est grande, mais les ouvriers peu nombreux. Vas-tu relever le défi ?
  • A toi qui es responsable dans une Eglise : tes forces s’amenuisent… Tu aimerais bien que la relève prenne le relais. Mais… as-tu tout fait pour la former, la préparer et la mettre en confiance ? Combien de fois as-tu invité un Timothée à servir avec toi ? Il me semble que chaque chrétien mature, assurant sa part de responsabilité devrait, comme Paul, avoir son Timothée, un jeune qu’il « coache », forme, encourage et suit de près. Oui, parfois, tout a été fait et les choses mises en place pour que les différents services soient remis à la jeune génération… Mais combien de fois, rien n’a été préparé… Dommage. Peut-être avais-tu un style trop individualiste ? ou étais-tu inaccessible pour un jeune plein de doutes qui ne demandait qu’à être régulièrement encouragé dans son service naissant ? Et faute d’un pasteur attentif, il a tout lâché (Ez 34) ! “Nous qui sommes forts, nous devons supporter les faiblesses de ceux qui ne le sont pas et ne pas chercher ce qui nous plaît” (Rom 15.1). Dans le NT, l’autorité est toujours liée au service. Or on voit des responsables d'églises monter facilement en chaire, mais manquer d'humilité, éviter les basses tâches, négliger les visites et oublier d'encourager les faibles ; alors lorsque la jeune génération se rebiffe quelque peu devant de tels responsables, je me demande si elle n'a pas raison… Les blessés de ta communauté, ceux qui n’y sont plus revenus depuis quelque temps, ceux qui ont besoin d’être encouragés pour que leur don éclose, qu’en as-tu fait ? Je t’encourage, sans attendre, à te lancer à servir, aider, aimer et accompagner les faibles, ceux qui ne sont pas encore convaincus par le magnifique projet que Dieu a eu en formant l’Eglise et peinent à s’y insérer !

Un témoignage

Voilà bientôt plus de dix ans que j’ai pris la décision de m’engager dans une église locale. J’ai fait des choix, notamment en privilégiant toujours dans mon agenda les rencontres de l’église. J’ai eu la chance de fréquenter deux communautés différentes durant ce laps de temps. Nous n’avons pas été épargnés par les épreuves et les coups durs… Plusieurs fois, j’ai été à deux doigts de tout lâcher… La pression du monde, les attentes des uns et des autres, la difficulté à concilier des catégories d’âge bien différentes, la difficulté à partager une vision commune, le ronron spirituel m’ont parfois découragé. Mais, indéniablement, l’Eglise est le lieu où j’ai appris à être patient, à pleurer, à me réjouir, à connaître mes limites, mes dons, à connaître, louer et servir Dieu. Je t’encourage à t’y engager !

Cela en vaut la peine… et c’est précisément le dessein de Dieu pour toi.


Note éditoriale : cet article a d’abord paru dans la revue Promesses n°147, 2004, p. 26-28 sous le titre “acteurs ou spectateurs”Reproduction autorisée. 

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