Charles SPURGEON, la grâce aux 1000 facettes, sermons sur la grâce souveraine de Dieu. Europresse, Chalon-sur-Saône, 1992
Charles Spurgeon prêcha à Pâques en 1891 avec force et conviction, cherchant à redonner toute sa place aux doctrines de la grâce.
« Chers frères, ne cherchons pas à accorder l’Évangile à l’esprit charnel; ne cachons pas l’offense de la croix, ou elle perdra son effet. Les arêtes et les angles de l’Évangile en forment la solidité; enlevez-les et vous l’affaiblirez.
La grâce aux 1000 facettes
Charles Spurgeon
Qu’ils sont beaux sur les montagnes
Les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie la paix !
De celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie le salut !
De celui qui dit à Sion : Ton Dieu règne Ésaïe 52.7
Tout autour du globe et dans toutes les cultures, vous trouverez des gens de diverses langues qui aiment lire les sermons de Charles Spurgeon. D’où vient ce phénomène ? Celui qui s’attable à ces « banquets de l’Évangile » comprendra leur immense attraction sur les âmes.
Spurgeon dispense une nourriture solide, à la doctrine robuste, mais il n’oublie pas pour autant que l’Évangile de la grâce apporte le salut au pécheur perdu. Hardiment et résolument, il prêche l’Agneau de Dieu, élu depuis la fondation du monde pour le salut de quiconque croit.
Plonge-t-il dans les profondeurs du conseil de Dieu ? C’est pour en ressortir Christ ! Se tend-il comme à se rompre en des appels vibrants de compassion ? C’est parce qu’il présente Christ, en qui la grâce divine brille de ses mille facettes !
Ce n’est pas en diluant que l’on rend puissant… ôtez Christ de la foi chrétienne, et elle meurt; enlevez la grâce souveraine de l’Évangile, et il disparaît.
Si l’on ne veut pas de cette doctrine, proclamons-la davantage. Quand l’ennemi enrage en présence d’une certaine arme, le sage général l’utilisera davantage. »
Spurgeon, son témoignage
Dans son témoignage, Spurgeon disait que :
« Si le salut dépendait de quelque résolution de ma part, je ne l’obtiendrais certainement jamais. Mais il repose entre les mains de Dieu et sa réalisation est arrêtée 1
J’ai la certitude que, si Dieu ne m’avait choisi, je ne l’aurais jamais fait moi-même. Je ne doute pas qu’il m’ait choisi avant ma naissance, car il ne l’aurait pas fait après, et il l’a fait pour des motifs inconnus de moi, car je ne peux voir en moi la moindre justification pour son amour particulier. Je dois aussi accepter la corruption totale du coeur humain, car le mien me prouve chaque jour qu’il ne réside en moi rien de bon.
Je compris, tout d’un coup, que Dieu se trouvait à l’origine de tout, qu’il était l’auteur de ma foi. Je crois en l’élection divine sans condition car je sais que, sans ce choix divin, je ne l’aurais jamais choisi par moi-même. » (p. 39)
Spurgeon, son zèle et son ministère d’évangéliste
Spurgeon savait que son ministère ne valait rien, sans l’accompagnement de Dieu et la puissance du Saint-Esprit. Dans ses campagnes d’évangélisation, Spurgeon se savait totalement dépendant de l’action de l’Esprit lorsqu’il prêchait la Parole de Dieu. Il savait très bien que sans l’action efficace de l’Esprit, son message sonnerait comme une “coque creuse”.
Ce qui permet à l’Église de grandir et de se développer, c’est l’action secrète du Saint-Esprit, comme une graine plantée en terre qui pousse toute seule. La croissance spectaculaire de l’Église primitive illustre bien cela dans les Actes des Apôtres :
« L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie, s’édifiant et marchant dans la crainte du Seigneur, et elle s’accroissait par l’assistance du Saint– Esprit. » (Actes 9.31)
« Les Églises se fortifiaient dans la foi, et augmentaient en nombre de jour en jour. » (Actes 16.5)
C’est la puissance de l’Esprit qui convainc de péché et qui conduit au salut …
« Notre Évangile ne vous a pas été prêché en paroles seulement, mais avec puissance, avec l’Esprit-Saint. Celle-ci ne dépend pas de l’éloquence du prédicateur, sinon l’homme lui-même convertirait les âmes à volonté. Elle ne repose pas non plus en son érudition, sinon elle proviendrait de la sagesse de l’homme. Elle ne réside même pas dans la capacité du prédicateur d’adapter l’Évangile à ses auditeurs. Il s’agit là seulement d’un élément secondaire. En réalité, nous prêcherons jusqu’à l’épuisement sans voir une seule conversion si la puissance du Saint- Esprit ne nous accompagne pas. »
Et comme on le sait, Spurgeon devait lutter parfois contre des accès de dépression. Mais comment ne pas voir du positif dans ce que cet homme vivait quand il dit:
« Certains ici jouissent d’une foi très solide et se rient des difficultés. Ils chantent au sein de la tempête comme sous la brise. Tel autre au contraire, avec sa petite foi, menace de trébucher au moindre courant d’air. L’un vient au monde avec un tempérament mélancolique et craint le typhon même quand le ciel est vide. L’autre voit tout de suite le bon côté des choses, même au sein des ténèbres. Pourquoi? Parce que tous ces dons viennent de Dieu. » (p.31)
« Nous-mêmes changeons si souvent. Nous entretenons tel jour une relation bénie avec Dieu, comme si nous pouvions nous élancer vers le ciel, puis nous voici le lendemain privés du réconfort de sa présence. Faut-il se plaindre alors? Dieu n’est-il pas libre de faire ce qui lui plaît avec les siens et de reprendre ce qu’il a donné ? » (p.31)
« Aujourd’hui encore, quand les vagues déferlent sur toi, il poursuit son dessein éternel. Rien ne t’assaille par hasard, mais tout découle du conseil de sa volonté. Certains reçoivent leur pain quotidien saturé de la sueur de leur front. Ils ne portent pas de vêtements qu’ils n’ont tissés de leurs propres muscles. D’autres peinent tout autant avec leur cerveau pour servir Dieu ou leur prochain. Combien de missionnaires héroïques et de serviteurs de Dieu n’ont-ils pas usé corps et esprit à leur tâche ! » (p.31)
Spurgeon, sa prédication
Spurgeon avait un don de prédicateur remarquable, attirant les foules. Il était un pasteur attentionné également. Spurgeon attribuait ses dons à la seule grâce divine :
« L’éloquence n’est pas donnée à tous. Ce don d’enchaîner l’oreille des foules possède un pouvoir inégalé pour toucher leur cœur (…) Chrétien, si tu possèdes des dons, apprends à en rendre grâce à Dieu. Et si tu n’en possède pas ou peu, apprends à ne pas te plaindre. Dieu manifeste sa bonté par son refus comme par son don. » (p.30)
Spurgeon, sa conviction personnelle
S’agissant de son salut, Spurgeon savait qu’il dépendait complètement de Dieu et non de lui même, et encore moins de ses sentiments qui pouvaient constamment changer :
« Il a décidé de m’attirer à lui et écrit mon nom sur son livre, et il ne l’effacerait pas (…) Et depuis, quelle triste pensée, combien de fois vous et moi ne nous sommes pas éloignés du Seigneur! Je serais entré et sorti de l’alliance des centaines de fois par jour si Dieu m’avait rejeté à chacun de mes péchés et repris à chaque repentir. Heureusement, malgré mon péché, mon incrédulité, mes retours en arrière et mon indifférence à son égard, “sa résolution était arrêtée”. Et nous errerons encore et trébucherons souvent dans les sombres heures, mais son amour ne change pas. » (p. 39)
Spurgeon, la persévérance dans le ministère
Le pasteur britannique nous encourage à rester, malgré les peines, dans la course :
« Nous labourons et semons, mais parfois le sillon nous refuse son fruit. Nous construisons, mais la tempête renverse l’ouvrage. Combien de fois pleurons-nous d’avoir travaillé dur inutilement! Pourtant, ami chrétien, tu n’as pas œuvré en vain car tout ceci sert à l’accomplissement défini de son dessein, même si tu ne le vois pas. »
Et pour ceux et celles qui ont terminé leur course :
« Seul l’amour de Dieu expliquera leur présence au ciel, car il ne s’y trouve aucun mérite venant d’eux (…) Il a conçu une voie de salut sur la seule base de son amour souverain et de sa grâce infinie, sans rien en nous! Non seulement n’avons-nous pas mérité la miséricorde divine; nous ne l’avons pas même demandée! La libre grâce souveraine vous y a poussés. Si elle n’avait changé votre volonté, vous auriez toujours le cœur endurci. » (p. 95, 97, 99)2
Conclusion
La perspective réjouissante d’un Dieu qui offre le salut, conduit le chrétien et le soutien durant toute sa vie, constitue un très grand encouragement. Spurgeon l’exprimait en ces termes: “Pour celui qui réfléchit, l’assurance du succès procure le meilleur encouragement à l’action (…) Au ciel nous attend la couronne impérissable de vie. Dieu la réserve pour nous en particulier » (p. 160)3.
Spurgeon s’appuyait sur les textes suivants, qui relèvent que le Saint-Esprit œuvre continuellement dans le croyant dans le but de l’amener à la perfection lors de la manifestation finale de la gloire de Christ. (Proverbes 24: 16; Jean 10: 28, 29; Romains 11: 29; Philippiens 1: 6; 2 Thessaloniciens 3: 3; 2 Timothée 1: 12; 4: 18).
Dieu est pleinement souverain sur la vie d’un élu depuis le début et jusqu’à la fin de son existence. La grâce de Dieu préserve les élus le long du chemin. « Il ne permet pas à ses enfants de perdre leur héritage éternel (…) “. Car c’est son amour éternel qui le pousse à agir ainsi: « Si Dieu m’a aimé un jour, il m’aimera toujours … Rien sur la terre ou dans le ciel, l’enfer ne saurait le modifier. Une fois son dessein arrêté, il ne le change jamais. Ce que sa bouche a dit, sa main l’accomplit sans faille » (p. 10)4.
1 Charles SPURGEON, la grâce aux 1000 facettes, op. cit. p. 39
2 Charles SPURGEON, la grâce aux 1000 facettes, op. cit. p. 95, 97, 99
3 Charles SPURGEON, la grâce aux 1000 facettes, op. cit. p. 160
4 Charles SPURGEON, la grâce aux 1000 facettes, op. cit. p. 10