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Pasteur, quand tu veux abandonner, prêche-toi à toi-même

Les prescriptions du Psaume 42 pour les pasteurs en pleine dépression spirituelle

En 2020, j’ai ressenti une lassitude sans issue qui m’a terrifié. Je n’arrivais pas à m’en défaire. Pour la première fois en 20 ans de ministère pastoral, j’ai envisagé de quitter le ministère.
Je sais que je ne suis pas le seul dans ce cas-là. Mais la Bible nous apporte de l’aide. Dans le Psaume 42, nous trouvons des causes potentielles de dépression spirituelle et plusieurs prescriptions pratiques pour la guérison.

Les raisons pour lesquelles les pasteurs quittent le ministère

Je vois au moins trois raisons pour lesquelles les pasteurs quittent le ministère.

1) L’état physique

Pourquoi êtes-vous accablé par la dépression, l’anxiété et la mélancolie ? Dans son ouvrage La dépression spirituelle, le pasteur Martyn Lloyd-Jones a commencé par ces questions :

Y a-t-il une personne qui pense que, puisque vous êtes chrétien, l’état de votre corps importe peu ? Vous serez vite désillusionné si vous croyez cela. … [Mais si] vous reconnaissez que l’état physique peut être en partie responsable de l’état spirituel et que vous en tenez compte, vous serez mieux à même de traiter les questions spirituelles.

Certaines personnes sont biologiquement prédisposées à la dépression. Ce n’est pas seulement une question spirituelle, mais une question de tempérament. Votre guérison commencera par l’abandon d’une approche simpliste, trop spiritualisée, culpabilisante et honteuse qui ne tient pas compte de votre état physique.

Dans le verset 4 [version Segond 21], le psalmiste, l’un des fils de Koré, dit que son régime alimentaire se composait de larmes. Il n’est pas question d’un sommeil adéquat lorsqu’on se lamente nuit et jour. Si vous ne dormez jamais, vous ne vous sentirez pas bien, car vous ne pouvez pas séparer votre corps de votre âme. Rappelez-vous que Satan a tenté Jésus quand il était physiquement le plus faible.

2) Le COVID spirituel

Le psalmiste n’a pas perdu la foi en Dieu, mais il a perdu son goût et son odorat spirituels – son expérience sensorielle de Dieu. Comme un cerf haletant, il a besoin de voir, de goûter et d’apprécier Dieu à nouveau. Les vagues rugissantes qu’il décrit dans le verset 8 sont une image appropriée de la dépression spirituelle qu’il est en train de vivre. C’est comme une noyade qui le dévore. Il pleure l’absence palpable de communion avec Dieu.

Parfois dans la Bible, au Psaume 32 par exemple, les malheurs surgissent comme le résultat direct du péché. Esaïe 30:15 offre le seul soulagement de cette culpabilité misérable : « En effet, voici ce qu’avait dit le Seigneur, l’Eternel, le Saint d’Israël: ‘C’est dans le retour à moi et le repos que sera votre salut, c’est dans le calme et la confiance que sera votre force’ ». Mais aucun péché n’est décrit dans le psaume 42. Comme dans le cas du COVID-19, le psalmiste a perdu ses sens spirituels. Il ressent un brouillard et une fatigue persistante sans qu’il y ait de défaillance morale.

3) La perte

Je ne compte plus les pasteurs qui ont déclaré avoir l’impression d’avoir perdu davantage pendant la pandémie que toutes les années précédentes réunies. Alors que les critiques, les défis sans précédent, les divisions et les conflits se multipliaient, les pasteurs ont subi toutes sortes de blessures. Il est douloureux de perdre ses idoles. Mais il est encore plus douloureux de perdre les personnes que l’on aime.

Prescriptions pratiques

Le psaume 42 donne également quatre prescriptions pratiques pour les prédicateurs qui sont sur le point d’abandonner.

1) La patience

Dans The Ruthless Elimination of Hurry [L’impitoyable élimination de la précipitation], John Mark Comer écrit :

Nous entendons si souvent le refrain « Je vais bien, je suis juste occupé » que nous supposons que l’agitation pathologique est acceptable. Après tout, tout le monde est occupé aussi. Mais si l’agitation n’était pas saine ? S’il s’agissait d’une contagion atmosphérique qui fait des ravages dans notre âme collective ?

Peut-être l’une des bénédictions de la pandémie est qu’elle nous a tous ralentis. Remarquez les cris répétés du psalmiste aux versets 6 et 12 : « Pourquoi être abattue, mon âme, et gémir en moi ? Espère en Dieu, car je le louerai encore ! Il est mon salut et mon Dieu. » Le psalmiste se répète ses mots parce qu’il prend du temps avec Dieu et avec lui-même.

Vous attendez-vous à ce que les gens aillent mieux tout de suite ? Votre swing de golf s’améliore-t-il après un seul trou ? Si vous êtes impatient avec les gens, vous ne serez pas pasteur longtemps. Si vous êtes impatient avec vous-même, vous ne serez pas pasteur longtemps. L’amour est patient (1 Cor. 13:4). Dieu est patient avec vous et votre église. Est-ce votre cas ?

Si vous êtes impatient avec les gens, vous ne serez pas pasteur longtemps. Si vous êtes impatient avec vous-même, vous ne serez pas pasteur longtemps.

2) Le rythme de travail

La plupart des pasteurs travaillent sans limites ou au-delà. Et de peur que vous ne pensiez que la solution réside dans un congé sabbatique périodique, Carey Nieuwhof a fait la remarque suivante : « Peu importe la quantité de vacances que vous prenez, [votre santé est liée à] la nature du travail que vous reprenez ».

Quel est votre rythme habituel ? Travaillez-vous régulièrement jusqu’à l’épuisement total ? Laissez-vous de la marge dans votre planification ? Accordez-vous la priorité au temps que vous passez avec votre famille et profitez-vous de ce temps-là ?

Souvent, notre rythme révèle que nous nous faisons passer pour Dieu au lieu de nous soumettre à son commandement répété de « se souvenir du sabbat » (par exemple, Ex. 20:8)

3) La pluralité

Le psalmiste avait autrefois adoré avec les gens du sud d’Israël. Mais pour une raison quelconque, il est séparé et isolé dans le nord (versets 5 et 7). Il aspire à la compagnie et au chœur des adorateurs.

De même, le grand prophète Élie est passé d’une situation littérale au sommet d’une montagne à une chute si dure qu’il ne voulait plus vivre (1 Rois 19). Qu’a fait Dieu pour Élie ? Élie a reçu de la nourriture et la compagnie d’anges. Nous aussi, nous avons besoin d’une compagnie, d’une communauté qui nous entoure.

4) La prédication

À bien des égards, le prédicateur le plus influent pour votre âme, c’est vous. Si vous deviez mettre par écrit ce que vous pensez, ressentez et déclarez régulièrement, seriez-vous à l’aise de le mettre en ligne ? L’exercice passerait-il les normes qui valident l’ordination ?

La plus grande pratique de vie que j’ai tirée du psaume 42 est la suivante : au lieu de vous écouter, prêchez-vous à vous-même. Au lieu de jouer la bande sonore habituelle du tout un chacun, saisissez-vous de vous-même pour jouer ce qui est vrai, beau et digne de la Parole de Dieu.
Chacun de nous est un prédicateur. Comment prêchez-vous pour vous ? Prêchez-vous jusqu’aux racines, jusqu’à la chose la plus traumatisante que vous ayez vécue (voir les versets 10-11) ?

Prêchez-vous avec la profondeur et l’honnêteté des psalmistes ? Car Celui qui est plus grand que les psalmistes est arrivé, pouvez-vous le prêcher à vous-même ? Jésus-Christ a choisi de subir la colère mortelle de Dieu pour vous apporter l’espoir.

Qui est porteur d’espoir ?

Comment l’espoir descend-il en Jésus ? Charles Spurgeon est célèbre pour ses prédications et sa mélancolie. Dans Sweet Stimulants for the Fainting Soul (Doux stimulants pour l’âme défaillante), il a écrit ces lignes : « Être abattu est souvent la meilleure chose qui puisse nous arriver ». Comment ça ? Parmi les avantages de l’abattement, citons le fait de se débarrasser des faux-semblants, de l’orgueil et de la vision banale de la maturité. Les moments où nous sommes abattus peuvent approfondir notre intimité avec Dieu et nous apprendre le courage et l’empathie.

Zack Eswine rapporte que Spurgeon chérissait une image gravée du Voyage du Pèlerin (1678) dans laquelle le personnage nommé Chrétien panique alors qu’il est englouti par les profondeurs d’une rivière. Le portrait montre le compagnon de Chrétien, Plein d’Espoir, le poussant vers le haut avec son bras autour de Chrétien tout en criant : « Prends courage, mon frère ! Je sens le fond ! »

Qui est rempli d’espoir ? Peu importe la profondeur et le caractère traître des eaux, Jésus a touché le fond pour vous. Peu importe où vous êtes et où vous allez, il n’existe aucun lieu où Jésus n’est pas déjà allé. Jésus vous rencontre là-bas. Du fond de l’eau, il vous retient. Il ne vous lâchera jamais. Il ne vous abandonne pas. Et parce qu’il s’est relevé de la mort, nous nous relèverons avec lui.

Note de l'éditeur : 

Cet article est adapté d’un sermon prononcé lors de la Asian American Leadership Conference et est publié en partenariat avec le réseau SOLA.

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