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L’œcuménisme est un mouvement qui cherche à rétablir l’unité visible des chrétiens en dépit des divergences doctrinales (à différencier du dialogue interreligieux qui encourage les échanges avec les autres religions).

La culture du postmodernisme dans laquelle nous vivons encourage le dialogue et l’ouverture d’esprit. Il y a des côtés très positifs à cela. On a tous à apprendre des autres. On porte souvent des œillères. On peut se décourager quand on pense être les derniers défenseurs de l’Evangile, alors que Dieu agit souvent de manière puissante là où on ne l’imaginerait jamais.

Le dialogue est essentiel. En tant que responsable d’Eglise, je trouve les réunions œcuméniques aussi intéressantes qu’enrichissantes. Cependant, je reste extrêmement prudent d’encourager les gens de mon assemblée à participer à ce genre de réunions. Voici pourquoi en quelques lignes.

Le vocabulaire chrétien est utilisé différemment d’une assemblée à l’autre

On peut utiliser les mêmes mots et vouloir dire des choses complètement différentes. Eglise peut vouloir dire « communauté » ou à l’inverse « institution ». La croix au centre  peut vouloir dire « le sacrifice de Jésus qui a porté nos péchés » ou à l’inverse pour d’autres simplement « un bel exemple d’amour ». Pureté pour certains, signifie les relations sexuelles dans le cadre du mariage, pour d’autres la définition inclut aussi le concubinage. La Bible comme autorité peut vouloir dire « infaillibilité » ou simplement « code de conduite ». Tous ces exemples proviennent d’échanges que j’ai eut avec des responsables d’Eglises dans des cadres œcuméniques l’année dernière. Même avec les mots les plus courants du langage chrétien, quand on approfondit, on réalise que certaines valeurs sont diamétralement différentes.

Les convictions communes sont souvent morales plus que théologiques

Les divergences théologiques sont tellement variées entre les mouvements chrétiens (même sur la définition du salut) que finalement, les actions communes les plus efficaces sont d’ordre social ou politique, comme les combats contre la pauvreté, la lutte pour la justice sociale ou la défense des valeurs traditionnelles de la famille, etc. Ces actions communes sont importantes, seulement, quand elles deviennent le visage de l’Eglise unie, celle-ci n’est plus connue pour son Evangile mais pour sa moralité. Or, personne n’a besoin d’être chrétien pour être moral et avoir des valeurs.

L’œcuménisme ferme l’œil à des hérésies dangereuses

Dans la pensée occidentale, on aime créer des systèmes et des catégories. Le problème est qu’en créant des « boîtes » on tombe facilement dans des généralités et dans le jugement. Le courant œcuménique a raison de regarder au-delà des « boîtes » dénominationelles. Le salut de Dieu et son œuvre ne sont pas limités à des catégories humaines. Cependant, encourager une confiance presque aveugle vers une large unité, minimise les avertissements de Jésus et des apôtres que les faux enseignants viennent principalement de l’intérieur (Marc 13.22-23 ; Act 20.29-30 ; 2 Tim 4.3-4 ; 2 Pi 2.1-3). De nombreuses Eglises dites chrétiennes enseignent et pratiquent de graves erreurs, comme l’évangile de prospérité ou l’évangile social, le salut par les œuvres ou par les miracles, le libéralisme, le culte des hommes, etc. Aucune Eglise n’est protégée de ces hérésies, peu importe sa dénomination. Par contre, l’apôtre Jean interdit formellement les croyants de s’associer aux prédicateurs qui s’écartent de l’enseignement de Christ (3 Jean 9-11).

L’œcuménisme est idéaliste mais peu réaliste

Dans la parabole du blé et de l’ivraie, Jésus avertit que le royaume des cieux ressemble à un champ où la bonne semence et la mauvaise semence poussent ensemble (Mat 13.24-30). Peu importe l’Eglise locale, la dénomination ou le mouvement, il y aura toujours un mélange de vrais et de faux croyants parmi ceux qui revendiquent le nom de Dieu. Les eaux du royaume des cieux sont difficiles à naviguer ! L’Eglise universelle est invisible, seul Dieu connait ceux qui sont réellement à lui.

Cultiver l’unité dans le cercle rétréci de l’Eglise locale demande beaucoup de persévérance et de discernement, l’Evangile doit constamment être prêché et reprêché. C’est aussi dans le cadre privilégié de l’Eglise locale que les responsables doivent être testés (1 Tim 3.1-13) pour gagner la confiance de l’assemblée. Toutes les Eglises ne suivent pas forcément les qualifications bibliques pour leurs responsables, il est par conséquence normal d’être prudents dans les échanges avec des leaders ou des fidèles que l’on connait peu.

L’œcuménisme peut être une occasion de chute pour les nouveaux croyants

Pour entrer dans le dialogue œcuménique il faut du discernement, du recul et faire preuve d’une maturité dans la foi que les nouveaux croyants n’ont pas toujours. De plus, certaines personnes ont rencontré Christ après avoir quitté des Eglises chrétiennes où l’Evangile n’était pas clairement annoncé. Encourager une association libre avec des mouvements où l’on retrouve autant de mal que de bien (ou pire encore) peut perturber des nouveaux croyants.

Conclusion

Travailler avec des Eglises d’autres mouvements chrétiens peut être extrêmement enrichissant. Grâce à un partenariat avec une Eglise d’une autre dénomination, notre assemblée a participé à l’implantation de deux Eglises filles dans notre région en 4 ans. Mon avis personnel est que la meilleure association se fait entre Eglises locales qui se connaissent et dont les convictions ont été testées plutôt qu’entre grands mouvements où les convictions sont diluées. L’amour et le dialogue sont importants. Cependant, l’Eglise locale reste l’entité privilégiée où Dieu agit et où l’unité doit impérativement être préservée (1 Cor 1.10 ; 12.25-27 ; Phil 1.27 ; Rom 15.5-6 ; Ep 4.11-16).

Trouver une Eglise locale solide n’est pas toujours facile. Cela demande du temps, de l’engagement, de la réflexion, du discernement. S’investir dans une Eglise locale s’est s’ouvrir, faire preuve de vulnérabilité, faire des sacrifices. L’unité qui est obtenue par l’engagement d’individus dans une Eglise locale est unique ne peut être imitée à la hâte.

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