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Préalable

Le mentorat spirituel est une relation d’accompagnement à long terme. Il s’intéresse à la vie spirituelle du mentoré, comme au développement de son ministère. Il se trouve ainsi concerné par le respect du secret professionnel  des ministres du culte, tel que la loi le définit. Le CNEF le formule ainsi : « Les ministres du culte sont astreints au secret professionnel (art. 226-13 et suivants du code pénal). S’ajoute à ce devoir de conserver le silence concernant les informations confiées dans le cadre de leur fonction cultuelle, l’obligation de préserver la vie privée des personnes (art. 9 du code civil). [1]» Voilà pour la partie juridique. Allons un peu plus loin.

La confidentialité clé du mentorat

Elle est la condition essentielle à l’établissement d’une relation de confiance. Hier encore un de mes protégé, confronté à une violente situation de crise, souhaitait me partager son fardeau. Il m’a dit : « Je peux t’en parler librement parce que je sais que ce que je vais te dire restera strictement confidentiel ! »

Cette confidentialité est indispensable, comme pour toute forme d’accompagnement spirituel. Même au sein du couple du mentor. Cette précision peut sembler sévère. J’ai averti une équipe d’anciens d’une église, qui souffrait d’une crise de confiance ; ce qui avait été dit dans la confidentialité aux responsables était devenu public dans l’église.

Lors d’un entretien avec une jeune femme, mon épouse s’est trouvée libérée de soupçons concernant le manque de confidentialité. Son interlocutrice, sachant que j’étais le mentor d’une tierce personne lui a demandé :

  • Mais, tu es au courant, Alain t’en a parlé ?
  • Non, Alain ne m’a rien dit du tout ! Je ne suis pas au courant.

La porte était ainsi grande ouverte pour la poursuite de l’entretien ! Et ma femme, soulagée. Notez que cette confidentialité s’applique aussi à la transmission d’informations – même pour la prière ! (Cf Note 1) C’est pourquoi, avant de parler d’un de mes mentorés à mon réseau de prières, je demande systématiquement sa permission.

Sans outrepasser l’église locale

Autorité, confidentialité, secret professionnel peuvent converger lors d’une crise vécue par un protégé – surtout si elle implique d’autres personnes, et concerne l’église ou l’œuvre dans laquelle exerce le leader. Il y a un principe auquel je suis attaché. Je l’ai ajouté à la Charte des valeurs que je propose lors du lancement d’une Communauté d’apprentissage de mentors. Le mentor ne peut se substituer, ni outrepasser l’autorité de l’église locale. L’autorité des organisations qui emploient les mentorés doit être également être respectée. J’avoue ne jamais avoir recueilli de confession grave ou délictuelle. Ni m’être trouvé dans un conflit d’intérêts. Si tel était le cas, violences conjugales, par exemple, les obligations légales s’imposeraient au mentor. Le cas le plus probable serait un péché appelant une discipline d’église. Le mentor doit renvoyer son protégé vers son église locale, pour laisser l’autorité à celle-ci et s’aligner sur sa position. – Cette règle déontologique devrait être une règle générale, entre églises et/ou œuvres. Ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. – J’ai connu de rares cas où l’église locale a observé des attitudes inadéquates de la part de protégés. Chaque fois, interrogé par les responsables d’églises, je les ai invités à prendre les mesures de discipline qu’ils jugeaient opportunes. Soulignant l’importance de l’autorité spirituelle de l’église.

Et l’échange d’informations ?

Le mentor est-il tenu au secret professionnel au point de conserver pour lui ses convictions spirituelles, vis à vis de l’employeur de son protégé ? Oui. J’ai aidé à installer une Communauté de mentors, qui devait d’être un réservoir de mentors pour une école biblique. J’ai défendu fermement l’idée de l’étanchéité complète entre les mentors et l’école. En clair, le contenu de la relation mentorale devait être totalement dissocié de l’évaluation pédagogique. Donc : secret professionnel !

Pour terminer

Et si l’église et/ou la structure, interroge le mentor ? Là aussi, la confidentialité ou le secret professionnel, s’impose. Je dois à la vérité de dire, qu’une seule fois j’ai répondu à un président d’église qui m’interrogeait sur mon discernement concernant l’avenir de leur pasteur – mon protégé. Connaissant bien le contexte, et sur la base d’une profonde confiance mutuelle, j’ai donné mon avis, reçu comme un conseil. Ce qui, dans les faits, a grandement facilité les décisions à prendre. Cependant, lors d’une formation au mentorat, à laquelle participaient des professionnels de l’accompagnement, j’ai cité cet exemple. Certains m’ont reproché d’avoir donné mon avis à cette église, estimant que je n’avais pas respecté le secret professionnel.

Une remarque qui m’a fait réfléchir, et mesurer le périmètre difficile à établir en la matière.

Et la nécessité d’une grande vigilance dans ces domaines.

 

Sur le même sujet : L’Église et la confidentialité


[1]https://www.lecnef.org/articles/53185-covid-19-vie-privee-et-secret-professionnel

Consulté le 15 avril 2020. Ce rappel du CNEF, très pertinent, précise : « Les informations liées à l’état de santé des personnes sont couvertes à la fois par le secret professionnel et par le respect de la vie privée des personnes. Il est ainsi recommandé, dans les informations partagées au sein des Églises mais également dans toute communication publique (réseaux sociaux, sites internet, lettres de nouvelles…), de veiller à préserver la discrétion quant à l’intimité des personnes et des familles. Avant tout partage d’information nominative sur une personne, il convient d’avoir dûment obtenu son consentement exprès, en particulier concernant son état de santé. Il est recommandé d’éviter de transmettre ces informations de manière publique. »

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