Cet automne, avec mon mari, nous avons assisté au séminaire organisé par le RESAM, (Réseau de soutien aux ministères) à Lyon.
La conférence avait pour titre : « Quand la toute-puissance humaine s’invite dans l’Église », avec l’oratrice Mme E. Tartar Goddet. Auteure des livres :
Quand la toute-puissance humaine s’invite dans l’Église. Aux éditions Olivétan.
La toute-puissance à l’école. Comment la repérer, l’analyser, agir. Aux éditions Retz.
Qu’est-ce que la “toute puissance humaine ?
Avez-vous déjà ressenti les impressions suivantes ?
“ Mais quel imposant personnage !
Pour qui se prend-il (elle) ? Il (elle) envahit mon espace !
Il n’y a que son avis qui compte !
Je n’ai pas droit à la parole !
J’ai l’impression d’être inexistant(e) face à cette personne !
Je me sens perdu(e), sans valeur !
Je perds mes moyens, je suis déstabilisé(e)….”
Dans votre entourage (travail, voisins, etc.), êtes-vous confrontés à une personne qui croit savoir plus que quiconque, dont l’avis personnel semble prévaloir sur ceux des autres ? Avec laquelle vous avez l’impression de n’être qu’un pion faisant partie du décor ?
Dans l’affirmative, vous êtes peut-être en présence d’une personne en toute puissance !
Il est courant d’entendre parler de la toute-puissance humaine, de pervers narcissique. La personne qui fonctionne dans le registre de la toute-puissance pratique de manière récurrente de nombreux symptômes dont :
– L’omnipotence (tout lui est permis y compris la violence car elle se donne tous les droits ; droits qu’elle refuse Brittani Burns
La toute-puissance humaine a-t-elle libre cours dans nos Églises ?
Croyons-nous naïvement être épargnés par cette thématique ? Au motif que nous sommes chrétiens, faisant partie de la famille de Dieu, intégrés dans une Église ?
Ce genre de dérives existe-t-il dans nos milieux évangéliques ?
Mauvaise nouvelle, cela existe bien parmi le peuple de Dieu.
Sous couvert d’amour « évangélique », prônant les valeurs de l’acceptation inconditionnelle, le pardon, l’amour radical, nous laissons parfois des comportements abusifs prendre une place de plus en plus grande et saper la vie de l’Église.
Sous couvert d’amour « évangélique », prônant les valeurs de l’acceptation inconditionnelle, nous laissons parfois des comportements abusifs prendre une place de plus en plus grande et saper la vie de l’Église.
Peut-on laisser une personne qui se trouve montée en toute-puissance briser les autres et la communauté par ses propos, ses attitudes, ses paroles dévastatrices, son orgueil ?
Au prétexte que l’amour couvre une multitude de péchés ?
Comment y faire face ?
Repérer.
Commencer par repérer la personne en toute-puissance. C’est un chemin long et difficile car elle fait longtemps illusion. Elle est souvent repérée quand elle est déjà bien installée dans l’Église, quand elle a déjà bien tissé la toile dans laquelle elle a piégé les fidèles, les responsables, le pasteur, l’Église elle-même.
Reprendre.
La Bible nous parle d’exhorter, de reprendre celui qui fait mal, de secourir le faible, de défendre la veuve et l’orphelin. D’exercer une saine autorité pour le bien de tous.
Le pasteur et les anciens, les responsables spirituels ne sont-ils pas tenus d’exercer la discipline selon le cœur de Dieu ?
Amour et discipline sont-ils inconciliables ?
Le conflit, la confrontation, la mise à plat font souvent très peur. Peur de perdre les personnes qui font partie de l’Église, peur tout simplement de perdre la relation à l’autre.
La discipline exercée dans l’amour par les responsables offre un cadre aux velléités de la personne en toute-puissance et surtout, elle protège le plus faible.
Protéger le plus faible
Poser le cadre avec amour, c’est prendre soin de l’ensemble du troupeau.
« Prenez soin les uns des autres » est une expression fréquente dans le Nouveau Testament pour qualifier les relations entre les membres de l’Église. (1 Tm 3.5) ; (1 Th 2.7) ; (Jn 21.15) ; (Ac 20.28) ; (1 P 5.2) (Lc 10.34) ; (Jn 13.14) ; (Ac 27.3) ; (1 Co 12.24) ; (Col 3.13)
Poser le cadre
Avouons-le, il est très difficile de mettre un cadre ou des limites à une personne qui fonctionne dans la toute-puissance, qui impose sa façon de faire et se rend incontournable.
Néanmoins, la discipline exercée dans l’amour par le pasteur et les anciens, permettra de contenir la personne en toute-puissance.
La discipline exercée avec amour est un service rendu à l’Église toute entière !
Comment comprenons-nous la toute-puissance de Dieu ?
Il y a un fossé énorme entre la toute-puissance divine et la toute-puissance humaine.
Parler d’un Dieu tout-puissant est une notion qui nous dépasse. Car que comprenons-nous de la toute-puissance divine ?
Nous sommes limités dans notre vision du monde, limités dans notre vision de Dieu, limités dans l’extraordinaire amour de Dieu pour les Hommes, limités dans notre relation avec Dieu.
Bien que nous ne saisissions pas grand-chose ou si peu de la toute-puissance de Dieu, nous savons néanmoins que Christ est tout-puissant pour nous sauver de notre nature pécheresse et nous rendre purs.
Jésus était Roi et Serviteur
Jésus était Roi-Serviteur. Il est notre exemple parfait. De Dieu Tout-Puissant, il s’est fait serviteur afin que nous puissions être réconciliés avec le Père par l’expiation de nos péchés à la croix.
Bien que tout-puissant car Fils de Dieu, il a revêtu l’humilité.
C’est à cela que nous sommes appelés en tant qu’enfants de Dieu. Son amour inconditionnel pour chacun d’entre nous l’a conduit à offrir sa vie pour nous. Il est mort à la croix pour nos péchés, il s’est chargé de nos iniquités afin que nous ayons la vie en abondance.
Conclusion
Repérer, puis traiter la problématique de la toute-puissance dans l’Église par l’exercice d’une discipline pratiquée dans l’amour et la bienveillance est un vaste programme !
Mais c’est aussi l’effort à faire pour que la joie, la sécurité grandissent.
Prendre Christ comme modèle d’humilité dans nos relations réciproques est l’exemple parfait à suivre !
Je termine par une parole d’un chant chrétien connu :
« Et le monde saura que nous sommes chrétiens par l’amour dont nos actes sont empreints ».
