Je suis venu à Christ en hiver 1998 alors que j’étais étudiant. Les mois qui suivirent ma conversion n’étaient que béatitudes. Je voyais la gloire de Dieu partout, Jésus-Christ m’était précieux, le peuple de Dieu faisait tout mon bonheur, et la sainteté personnelle était devenue ma nouvelle passion.
Cependant, Dieu dans sa mystérieuse providence, m’a rapidement dirigé vers une saison d’agonie spirituelle. Malgré le fait que j’étais dans une école réputée pour sa communauté pleine de vie et pour sa fidélité à la Bible, ma forte tendance à l’introspection et mon souci grandissant du péché personnel se liguaient pour créer cette tempête. Deux ans seulement après avoir fait mon entrée à l’université, je décidai de prendre un semestre sabbatique, car j’étais convaincu d’avoir commis le péché irréparable. J’étais pris dans un tourbillon spirituel qui allait durer pendant quelques années.
Dans sa bonté, Dieu m’a sorti de ce bourbier petit à petit après près de cinq ans de lutte intense. Pendant cette période, j’ai souvent demandé à Dieu une restauration immédiate, mais ce n’était pas son plan. Il devenait au contraire de plus en plus clair que Dieu était en train de m’enseigner quelques leçons vitales pour ma stabilité dans la foi. Si vous vous trouvez dans une de ces périodes, lisez donc ces exhortations, douces, mais sincères.
(1) Restez ancré dans la Bible
Lorsque l’obscurité de la dépression spirituelle pèse sur vos épaules, vous ne vous sentez souvent pas attiré vers les Écritures. Asseyez-vous tout de même à votre table. La lecture intentionnelle de la Bible n’est pas le seul instrument que Dieu utilise pour se révéler, mais elle est indispensable, et doit s’associer aux autres moyens. Souvenez-vous de David, qui a crié à Dieu plus d’une fois dans des situations profondément désespérées. Il confesse aussi que la Parole de Dieu « restaure l’âme » (Psaume 19:7). Chercher un chemin pour sortir de votre détresse spirituelle en dehors des Écritures vous conduira, soit à de plus grands problèmes, soit vers une vie instable. Restez ancré dans la Bible.
(2) Restez dans l’Église
Je me souviens d’un frère, qui, lorsque je marchais dans l’épais brouillard de ma dépression spirituelle, qui a partagé avec moi des luttes similaires aux miennes et m’a informé qu’il avait prévu de partir plusieurs semaines en randonnée pour être seul avec Dieu. Même si l’idée me paraissait excellente à l’époque, je peux aujourd’hui dire avec assurance que ce frère était dans l’erreur et que son projet était dangereux. Bien sûr, passer du temps seul avec Jésus est essentiel, mais notre Sauveur n’a sûrement pas prévu de régler nos problèmes en nous retirant de la communauté des croyants. Au contraire, il nous a donné des frères, des sœurs et des pasteurs pour notre joie et pour nous aider à persévérer dans la foi (Philippiens 1:27, Hébreux 3:12-15). Restez dans l’Église.
(3) Immergez-vous dans l’Évangile
Quand je parle de s’immerger dans l’Évangile, je pense d’abord à deux choses. Premièrement, tout faire pour enraciner son intellect et son cœur dans la doctrine de la justification. Plongez-vous dans des livres tels que Une vie centrée sur la croix de C. J. Mahaney ou The God who justifies (Le Dieu qui justifie) de James White. Lisez jusqu’à ce que vous soyez convaincu que votre droit à vous tenir devant Dieu vient de Christ seulement et que Dieu justifie le pécheur (Romains 4:5). Vos problèmes spirituels risquent fortement de stagner si vous ne vous reposez pas sur cette vérité fondamentale.
Deuxièmement, cherchez à comprendre la doctrine du péché qui habite en nous. Quand je me suis converti, la profondeur et l’omniprésence du péché me frappaient souvent. Colossiens 3:1-11 ainsi que de solides exhortations de John Owen ont apporté un réconfort durable à mon âme. Voici la vérité que j’avais besoin d’entendre : la régénération m’apporte une nouvelle force pour lutter contre le péché et non pas une éradication instantanée de toute ma corruption intérieure. Si vous ne saisissez pas clairement cette vérité, vous êtes sans cesse balloté par la tentation et vos nombreuses inclinaisons au péché.
(4) Cherchez des moyens, pas seulement des miracles
Je pense que demander à Dieu des solutions immédiates n’est pas une mauvaise chose, mais je suis persuadé qu’il est encore mieux de rechercher des moyens pour une restauration progressive. Cette approche est préférable, car le désir constant de voir des miracles peut nous éloigner du roc solide que sont les Écritures et de la discipline que Dieu utilise généralement pour nous faire grandir et entretenir notre foi. La plupart du temps, Dieu utilise de simples moyens pour nous tirer des affres de la dépression spirituelle. Par exemple un sommeil suffisant, un peu d’exercice, une alimentation équilibrée, une vie de louange et de communion régulière, la lecture de la Bible, de bons livres, du temps à l’extérieur, la fidélité dans nos responsabilités et un ministère.
(5) Cherchez l’obéissance, pas seulement l’introspection
Les personnes qui ont tendance à sombrer dans la dépression spirituelle sont souvent celles qui examinent continuellement la condition de leur cœur. S’examiner soi-même est une bonne chose et c’est biblique (2 Corinthiens 13:5), mais si l’on ne fait pas attention, cela peut risquer de se transformer en introspection sinistre, où l’on réévalue sans cesse nos motivations et nos attachements. Même si notre introspection peut sembler « superspirituelle », elle peut se substituer à l’obéissance. Au lieu de vous débarrasser de cette application gênante de votre iPhone et de confesser votre péché à un ami de confiance, vous vous tournez vers votre for intérieur et vous demandez, « Suis-je vraiment dans une attitude de repentance à propos de cette récente faiblesse pour la pornographie ? » Dieu vous garantit l’assurance non pas à travers l’introspection, mais à travers l’obéissance. En vous repentant activement des péchés que vous connaissez, vous trouverez plus d’assurance et de soulagement de votre dépression que si vous passez votre temps à chercher en vous-même des preuves que vous aimez vraiment Jésus.
(6) Continuez à travailler
J’ai souvent pensé pendant ma période de lutte que passer du temps seul à lire les Écritures, prier et me plonger dans les livres était la seule réponse à ma détresse. À cause de cela, j’ai considéré le travail comme un obstacle à ma santé spirituelle, et non comme ce qu’il est vraiment : un moyen donné par Dieu de me renouveler et de me stabiliser. J’ai même parfois demandé à mon employeur de me laisser partir plus tôt pour m’enfermer chez moi et méditer. C’est seulement au moment où j’ai été pris dans mon travail dans des situations qui ne me laissaient pas le loisir de me retirer dans mon monde théologique fantastique que j’ai commencé à y avoir plus clair. Le fait d’avoir trouvé de l’aide par le simple moyen d’une journée de travail efficace n’est pas un hasard. Dieu nous fait travailler et il nous permet de nous restaurer physiquement et intellectuellement en remplissant fidèlement nos responsabilités.
(7) Remplissez votre ministère
Le poids de la dépression nous incite souvent à nous replier sur nous-mêmes. Mais le remède à notre détresse est justement de se tourner vers l’extérieur : d’abord en ayant foi en Jésus et en l’Évangile, ensuite, en accomplissant de bonnes œuvres. Vous vous sentez peut-être incapable de servir dans le ministère à cause de vos problèmes spirituels. Laissez donc à votre pasteur le soin de prendre ces décisions et soumettez-vous à sa direction, engagez-vous à remplir votre ministère. Dieu vous a donné des dons spirituels pour le bien de l’Église (1 Corinthiens 12:7) et vous serez surpris de voir comment l’utilisation pertinente de ces dons vous conduit sur le chemin de la joie et de la stabilité dans la foi (lisez ce que dit Paul d’un dirigeant fidèle dans 1 Timothée 3:13).
(8) Ne vous arrêtez pas
Ceux qui ont tendance à la dépression spirituelle cherchent parfois une solution pour laquelle ils n’ont plus besoin d’agir. La lenteur de la guérison peut aussi être une raison de plus pour désespérer. Mais ces tendances voilent toutes deux le fait que la vie chrétienne ressemble à un marathon. À certains moments, on a l’impression d’avoir battu tous les records, mais souvent, on est submergé par le poids de nos fardeaux. Mais il faut persévérer, Dieu a prévu tous les ravitaillements dont nous avons besoin pour finir la course. Ne vous arrêtez pas.
Traduction : Myriam Legrand
