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Pour les passionnés de l’histoire de l’Église, le nom Justo González vous sera sûrement familier. Son œuvre à deux volumes, L’Histoire du christianisme, est fréquemment lue dans les séminaires et les écoles bibliques. González, cubano-américain, est un historien méthodiste qui a beaucoup écrit au cours des trois dernières décennies. Plus récemment, il a écrit un petit livre intitulé : « Brève Histoire du dimanche : Du Nouveau Testament à la Nouvelle Création. »

González n’écrit pas une histoire du sabbat, ni de comment le sabbat a évolué pour devenir le Jour du Seigneur, mais une histoire du premier jour de la semaine. Il analyse la manière dont les chrétiens, du premier au 21e siècle, ont appréhendé le dimanche. Il présente l’évolution du concept de repos tel qu’il a été développé dans l’histoire de l’Église et montre comment l’Occident a embrassé et à la fois rejeté la liturgie dominicale de l’Église.

Voici sept choses que nous apprenons sur le premier jour de la semaine :

1. L’importance du premier jour commence dans les Écritures.

Les Écritures rapportent que l’Église du Nouveau Testament se réunissait pour célébrer le culte le dimanche (Actes 20.7 ; 1 Cor 16.2; Apoc 1.10). Mais les Écritures n’utilisent pas le mot « Dimanche », nom associé au culte du soleil (12-14). Au lieu de cela, l’Église primitive a parlé du dimanche comme le premier jour de la semaine, ou le premier jour à partir du Sabbat.

2. L’Histoire Ancienne du culte n’est pas la même que nos traditions du dimanche matin.

Les Juifs décomptent la journée “d’un coucher du soleil à un autre.” Par conséquent, alors que nous pourrions supposer que les Églises qui se réunissaient le jour du Seigneur se réunissaient le dimanche matin, Actes 20.7 précise que les disciples du Christ se sont rencontrés la nuit “le premier jour de la semaine » — souvenez-vous du pauvre Eutychus qui s’est endormi tard dans la nuit et qui est tombé de la fenêtre ! Selon le calendrier juif, les Églises se réunissaient le samedi soir et non le dimanche.

Il n’a pas fallu longtemps avant que l’Église ne se réunisse le dimanche matin, mais il convient de se rappeler à quel point nous pouvons facilement superposer nos traditions ecclésiales aux Écritures.  Nous faisons bien d’apprendre ce que l’Église primitive pratiquait réellement. Dans les premiers jours, le culte consistait à observer le sabbat et à célébrer la résurrection sur deux jours différents. Au fil du temps, le premier a reculé et le second a persisté, mais comme l’a souligné González, « la notion selon laquelle le dimanche a pris la place du sabbat est notablement absente de la littérature chrétienne primitive ».

3. Le dimanche avait une signification typologique.

Si le dimanche n’a pas remplacé le sabbat, que pensaient les premiers chrétiens de ce jour ?  González énumère trois facteurs théologiques pour le culte du dimanche. Premièrement, c’était le jour où le Christ est sorti de la tombe. Voilà ce qui fait du dimanche le Jour du Seigneur (Domingo) et pourquoi l’Église du Nouveau Testament s’est réunie ce jour-là. Deuxièmement, c’était le premier jour d’une nouvelle création. Tout comme 2 Corinthiens 5.17 a identifié les croyants comme de nouvelles créations en Christ, ainsi le premier jour après le sabbat aurait été, selon la Genèse, un jour de (nouvelle) création. Troisièmement, le dimanche était également le huitième jour, un jour qui était à la fois lié à la circoncision et aussi “le dernier jour de repos et de joie éternels”.

En définitive, l’Église primitive considérait le dimanche comme un jour plein de symbolisme. Le repos physique conforme à la loi mosaïque ne faisait toutefois pas partie de ce symbolisme. La résurrection et la nouvelle création quant à eux en ont fourni la substance typologique.

4. Le dimanche devint un jour de repos sous le règne de Constantin.

Pendant les trois premiers siècles de l’Église, il n’y avait  » pas d’attente particulière à se reposer de son travail pendant le Jour du Seigneur « . Les esclaves romains devaient travailler ce jour-là. Il a fallu attendre que la chrétienté façonne le commerce pour que le dimanche devienne un jour de repos.

Il a fallu attendre que la chrétienté façonne le commerce pour que le dimanche devienne un jour de repos

La première mention du repos dominical a été émise par Constantin. González cite un décret rédigé en Mars 321 (Codex Justinianus 3.12.3) : « Que lors du vénérable jour du Soleil, les magistrats et les habitants des villes se reposent, et que tous les ateliers soient fermés « . Il démontre que la chrétienté initiée par Constantin aboutit à la célébration du sabbat le dimanche.

Cette preuve met au défi les Sabbatariens de considérer la manière dont l’histoire du dimanche et du christianisme en tant que religion parrainée par l’État a influencé leur vision du Sabbat.

 

5. L’ambiance et les pratiques du dimanche ont changé au fil du temps.

Dans l’Église primitive, le Jour du Seigneur célébrait la résurrection du Christ et l’aube d’une nouvelle création ; au Moyen Âge, il ressemblait davantage à un enterrement. Le culte du dimanche a perdu son caractère joyeux et a été motivé par « la peur de l’excommunication ».

À la même époque, la législation recommandant l’arrêt du travail s’est poursuivie. Les chefs spirituels encouragèrent la prière en ce jour-là, mais dans la réalité, les danses et autres formes de réjouissances explosèrent. Beaucoup de ceux qui ont célébré la Messe ont également participé à de telles festivités – faisant du dimanche un jour plutôt confus de « prière et de jeu.”

Lorsque la réforme a atteint l’Église, de grands progrès ont été faits pour changer les pratiques du culte, calendrier compris. Cela dit, González observe comment les réformateurs ont peu agi pour récupérer les pratiques dominicales de l’Église primitive. Au contraire, ils ont continué à célébrer le culte le dimanche davantage par  » complaisance  » que par conviction théologique. De même, ils ont importé un nouveau symbolisme dans cette journée. Pour certains, le jour de repos rappelait qu’” aucune œuvre humaine ne peut mériter la grâce de Dieu  » ; pour d’autres, c’était un moyen de protéger les travailleurs de l’exploitation. Dans l’ensemble, la relation entre le quatrième commandement et la pratique du dimanche différait considérablement.

6. Le sabbatarianisme a façonné l’histoire du dimanche.

Dans l’Angleterre puritaine, l’idée du Sabbat était appliquée au dimanche. Pendant cette période, la nation entière a ralenti son activité le dimanche et trois raisons théologiques sont apparues pour soutenir cette pratique. Premièrement, il y avait un accord selon lequel un “lien entre le Sabbat et la création” impliquait un “précepte moral auquel tous doivent obéir.” Deuxièmement, sous la nouvelle alliance, ce n’était pas le jour de la semaine qui importait mais la pratique du repos elle-même. Et troisièmement, un repos digne de ce nom exigeait « une législation détaillée et rigoureuse ».

Tant dans les confessions de l’Église que dans les lois nationales de l’Angleterre, il y avait une adhésion stricte à la pratique du repos le dimanche. Naturellement, cette pratique a conduit à toutes sortes de débats, mais dans la chrétienté anglaise, le sabbatarianisme l’a emporté et les “lois bleues” [NDE : les « loies bleues » sont des lois qui, jusqu’au 20è siècle ont garanti le respect du repos dominical dans certains pays Anglo-saxons] sont devenues la norme en Angleterre. Puis, en raison de l’influence de l’Angleterre dans la fondation de l’Amérique, ces mêmes pratiques sont apparues en Nouvelle-Angleterre, qui à son tour a façonné le christianisme américain.

Il est donc impossible de comprendre le dimanche en Occident sans voir comment le christianisme a façonné ce jour-là, à tort ou à raison. Aujourd’hui encore, les « lois bleues » prévalent dans certains endroits. Et bien que le dimanche ait connu une grande sécularisation, l’Église elle-même a cherché à restituer ce jour comme un jour mis à part pour le Seigneur.

7. La langue joue un rôle important dans la mise en application des Écritures.

Au fil du temps, les langues européennes ont conservé des noms de jours païens, mais “dans la plupart des langues romanes, le nom consacré au septième jour de la semaine renvoie au Sabbat juif”. Par exemple, les Puritains anglais n’avaient aucun problème linguistique à transférer le Sabbat au dimanche, mais les hispanophones ne pouvaient pas effectuer une telle transition. Comment le sabbat a-t-il pu se transformer en dimanche alors que le samedi est appelé sábado et Dimanche domingo?

Voici un rappel important pour les personnes d’expression anglaise : il est nécessaire de lire les personnes d’expression non-anglophones. Si un natif anglais ne voit aucun inconvénient à ramener le sabbat à dimanche, c’est uniquement en raison de son contexte linguistique. Bien que l’Écriture demeure l’arbitre ultime, dans les débats sur le sabbat, la langue de chacun jouera un rôle considérable.

Considérez leurs façons de faire. Imitez leur Foi.

Quelle que soit la position de chacun sur la question du sabbat, le livre de González intitulé Brève histoire du dimanche est fort utile. Alors que les lecteurs à l’esprit théologique peuvent partir frustrés de ne pas évaluer l’histoire avec une loupe théologique, son livre relève des points clés de l’histoire du dimanche, que les théologiens doivent prendre en considération.

En effet, le grand avantage de ce livre est qu’à notre époque séculière, il nous enseigne que nous devons protéger le dimanche. Pourquoi ? Pour mettre en œuvre des liturgies culturelles « épaisses » afin de permettre aux disciples d’adorer Dieu en esprit et en vérité. Même si nous ne retrouverons jamais un sabbatarianisme puritain, nous devons réserver un cadre et du temps pour nous rassembler afin d’adorer et de faire des disciples.

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