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À travers ce livre, Pierre Berthoud, professeur émérite à la Faculté Jean Calvin et président du conseil de la Faculté, pose ouvertement la question : Genèse 1-11 : mythe ou histoire réelle ? L’auteur opte pour l’historicité des évènements bibliques. Le but étant de mettre en évidence la place de Genèse 1-11 dans le plan du salut de Dieu pour l’humanité sur le schéma création-faute-rédemption : « Dieu a choisi de révéler, de communiquer, dans les catégories du langage humain, son projet de salut et de restauration, qui s’articule autour du motif radicalement nouveau : création-faute-rédemption. » (p 35)

Genèse et la science

Le lien avec la science n’est pas le centre du propos, même si l’auteur adopte une position ouverte vis-à-vis des découvertes récentes de l’archéologie, tout en en soulignant les limites :

« Les discours de la foi et de la science se situent à des niveaux différents et [il] n’est guère possible de les harmoniser » (p. 181)

« Nous avons remarqué jusqu’ici qu’il ne fallait pas forcer l’évidence archéologique pour lui faire dire ce qu’elle ne peut pas dire et qu’il fallait bien distinguer entre son apport direct et indirect » (p. 34)

Pour l’auteur, l’enjeu est surtout de rappeler l’historicité d’Adam et Eve, l’historicité du déluge et l’historicité de la tour de Babel, c’est-à-dire l’historicité des personnages et des faits. Ceci en rapport avec la révélation : « En effet, étant donné le caractère incarné de la religion d’Israël, la question de l’historicité de la révélation et de l’intervention divines dans l’espace et le temps est d’importance cruciale. » (p. 27)

S’agissant des 7 jours de la création, l’auteur met surtout l’accent sur l’aspect littéraire, sans entrer trop dans le débat (littéralisme, évolutionnisme), car cela n’est pas le centre du propos. De même, pour les âges avancés des patriarches, l’auteur semble accepter que ces âges ne soient pas forcément à lire de manière littérale.

Pourquoi l’historicité est-elle si importante ?

Si les textes devaient relever de la mythologie, si Adam, le déluge et la tour de Babel ne sont pas des personnages et des éléments historiques … alors Jésus-Christ n’est pas un personnage historique non plus !

Ainsi, toutes les doctrines de l’incarnation, de la substitution pénale, de l’imputation n’ont plus aucun sens. Le péché de l’homme en Eden est historique. Le salut et la rédemption en Jésus le sont également.

Selon l’auteur, Genèse 1 à 11 contient donc de l’histoire au sens moderne du mot. Le plan de salut divin s’inscrit dans cette histoire.

Du reste, le N.T. plaide en faveur de l’historicité des faits. L’auteur fait remarquer que Paul était un juif du premier siècle et comme tous les juifs autour de lui, il reconnaissait l’historicité d’Adam : « Refuser la dimension historique des propos de Paul ou les attribuer à une tradition erronée et dépassée, c’est en fait les rendre scandaleux parce que discriminatoires ! (…) Toute la force du propos de Paul repose sur l’existence historique des deux protagonistes : Adam et Jésus-Christ, le second Adam. » (pp. 166, 169)

Le péché d’Adam qui entraine sa mort est mis en parallèle avec le don divin du salut et la résurrection de Jésus d’entre les morts. Deux événements historiques (Ro 5.12-15; 1 Co. 15.21-22).

Enfin, l’auteur met les textes bibliques en comparaison avec d’autres textes profanes. Certains historiens ou philosophes veulent mettre la Genèse au même rang que certains récits Suméro-Babylonniens, plus vieux que les écrits du Pentateuque, qui eux aussi comportent des récits des origines de l’homme et d’un déluge : « … Sumériens, Babyloniens, Sémites de l’Ouest (Amorrites et ancêtres d’Abraham) avaient déjà différentes traditions relatives à des sujets primitifs d’intérêts communs… » (p. 117)

Mais s’il est parfois possible d’établir des parallèles entre la poésie hébraïque présente en Genèse 1.1 à 2.4 et la mythologie de l’époque, fait intéressant, les faits historiques ne sont pas niés.

On est face à deux genres littéraires différents. La Genèse possède une particularité littéraire et philosophique unique face aux récits contemporains de l’époque. Les buts des auteurs bibliques et profanes sont donc bien différents : « La Bible contient de l’histoire, des pensées humaines, des images où les hommes apparaissent bien pareils aux autres hommes ». (p. 48)

Aussi, le genre littéraire des chapitres 1 à 11 de la Genèse indique la nature littérale intentionnelle du récit. Pour l’auteur, il existe bien une seule histoire de l’humanité et de son origine et on la trouve dans la Genèse, tandis que les récits des cultures du bassin mésopotamiens ont été des tentatives polythéistes mythologiques d’une humanité qui ne connaissait pas et rejetait le créateur.

Un rappel nécessaire au 21è siècle

Aujourd’hui, certains affirment qu’Adam et Eve ne sont pas des personnages historiques. Le jardin d’Eden raconterait l’histoire bien réelle des premiers hommes qui ont choisi de s’éloigner de la volonté de Dieu et par lesquels le péché est effectivement entré dans le monde, mais sans plus. Dans ce modèle, et d’autres que nous ne pouvons pas évoquer dans cette recension, les vérités spirituelles essentielles sont conservées : l’homme est pécheur, responsable de son péché. Mais leurs historicités sont niées.

Le mérite du livre est de rappeler l’historicité d’Adam et Eve dans le contexte de la création. Le déluge et la tour de Babel également. Il y a eu une faute historique, mais dès le départ, Dieu a mis en marche son plan de rédemption dont l’aboutissement final a été le sacrifice historique de Jésus.

La chute et le plan de salut passent par des hommes et des événements concrets, historiques. Si on abandonne cela, le risque est grand de mettre alors la crucifixion de Jésus-Christ au rang de la mythologie et d’établir une théologie du salut purement intellectuelle et spéculative.

En effet, si Adam n’est pas un personnage historique, mais simplement mythologique alors qu’en est-il de l’incarnation et de la résurrection de Jésus-Christ ? La résurrection physique et non mythologique de Jésus n’est-elle pas le pivot et le fondement de notre foi chrétienne ?


Pierre BERTHOUD, En quête des origines, Aix-en-Provence, Kerigma&Excelsis, 2008

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