De temps en temps, Kevin DeYoung essaie de publier des articles courts comme celui-ci, qui constituent une brève introduction à un sujet de théologie systématique. L’objectif est la clarté. L’approche est la concision. L’idée qui la conduit est de présenter de grands concepts théologiques dans un format d’environ 500 mots (parfois 1000).
L’expression extra Calvinisticum signifie que dans l’incarnation du Fils, le Logos divin est pleinement uni à la nature humaine, mais qu’il n’est jamais entièrement contenu dans celle-ci.
Ce terme était à l’origine une étiquette péjorative donnée par les théologiens luthériens dans leurs débats avec les théologiens réformés sur la présence réelle du Christ dans la Cène. Alors que les luthériens affirmaient la présence physique du corps du Christ dans, avec et sous les éléments, les théologiens réformés parlaient d’une présence spirituelle réelle. Pour maintenir leur position (appelée plus tard consubstantiation), les luthériens ont soutenu que l’attribut de l’omniprésence devait être attribué non seulement à la nature divine du Christ, mais aussi à sa nature humaine.
Les théologiens réformés, en revanche, s’en tenaient à une compréhension différente de la communicatio idiomatum (la communication des idiomes), insistant sur le fait que ce qui peut être dit de l’une ou l’autre nature peut être dit de la Personne du Fils, mais ne peut pas être automatiquement prédit à l’autre nature. Par conséquent, le Logos divin est omniprésent, mais le corps humain du Christ ne l’est pas. En d’autres termes, le Fils, même dans son état incarné, est capable de vivre une vie divine en dehors (extra) de sa nature humaine. Ou comme le dit le Catéchisme de Heidelberg : « Puisque la divinité n’est pas limitée et est présente en tout lieu, il est évident que la divinité de Christ dépasse les liens de l’humanité qu’il a endossée, mais, dans un même temps, il conserve sa divinité et demeure personnellement uni à son humanité » (Q/R 48).
Bien que cette doctrine puisse sembler être une querelle doctrinale inutile et trop précise, l’extra Calvinisticum est crucial pour protéger une compréhension classique de l’incarnation. En fait, certains ont préféré le terme extra Catholicum, car même si la doctrine est attribuée à Jean Calvin, elle était clairement la position de pères de l’Église comme Augustin d’Hippone (350-430 ap JC), Cyrille d’Alexandrie (376-444 ap JC), Athanase d’Alexandrie (296-373 ap JC) et a été enseignée tout au long du Moyen-Âge. L’extra est une doctrine importante en ce qu’elle garantit la transcendance de la nature divine du Christ (c’est-à-dire qu’elle ne peut être contenue) et l’authenticité de la nature humaine (c’est-à-dire qu’elle ne possède pas d’attributs réservés à la divinité).
L’extra nous rappelle également que dans l’incarnation « le Fils n’a pas cessé d’être ce qu’il avait toujours été » (Stephen J. Wellum, God the Son Incarnate, p. 332). Il a continué à soutenir l’univers (Col 1:15-17 ; Hé 1:1-3) et à exercer ses attributs divins avec le Père et l’Esprit. Lorsque Marie a conçu un enfant par la puissance de l’Esprit Saint, la nature divine n’a pas subi de changement essentiel. Il vaut mieux dire que la Personne du Fils s’est incarnée que de dire que la nature divine a pris une chair humaine (car cette dernière expression suggère que la nature divine a été modifiée dans ses propriétés essentielles).
Tout cela signifie – parce que la nature divine n’a subi aucun changement essentiel – qu’en venant sur terre, le Fils de Dieu n’a pas abdiqué son pouvoir, mais l’a étendu. Cela signifie également – parce que la nature humaine n’a pas été engloutie par la nature divine – que l’obéissance terrestre du Fils était libre et volontaire. En bref, l’extra protège la compréhension chalcédonienne de l’incarnation, selon laquelle les natures divine et humaine du Christ étaient indissolublement unies, mais « sans confusion » et « sans changement ».