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La mission n’est pas terminée quand un groupe a été atteint

Jésus a donné son grand ordre missionnaire à l’Église il y a près de 2000 ans. Il nous a clairement demandé de faire des disciples de toutes les nations, de les baptiser et de leur apprendre à obéir à tout ce qu'il a commandé. Après tout ce temps, plus de la moitié des peuples du monde n'est toujours pas atteinte, ce qui représente plus d'un tiers de la population mondiale. Le défi d'atteindre tous les peuples le plus rapidement possible résonne dans nos cœurs et nos prières, et se répercute dans les conférences missionnaires. Nous devons atteindre ceux qui ne l'ont pas encore été car personne ne peut être sauvé sans l'Évangile.

Mais les questions qui suivent nous divisent et nous détournent facilement de nos entreprises pour obéir à cet ordre missionnaire. Que signifie atteindre ceux qui ne le sont pas encore ? A quoi ressemble un groupe atteint par l’Évangile ? Un groupe atteint a-t-il encore besoin de missionnaires ? Dois-je me sentir coupable ou à côté de la plaque si je crois que Dieu m'appelle dans un groupe que certains considèrent comme atteint ? Les discussions sur de telles questions deviennent souvent plus émotionnelles que missiologiques.

La définition que les missiologues utilisent souvent pour décrire l'expression « non-atteints » est de l'ordre de celle de ces groupes ethnolinguistiques dont la population est moins de 2 pour cent évangélique, ou pour les groupes ayant une présence d'églises bibliques insuffisante, ou là où les chrétiens en faible nombre ne peuvent poursuivre l’œuvre sans aide extérieure. Ce pourcentage métrique a été conçu par les missiologues simplement pour avoir un point de référence, communément adopté, qui les aide à parler de niveaux de christianisme évangélique dans divers contextes de missions. Cependant, il a été rapidement et largement adopté comme un moyen utile de discerner quels groupes avaient le moins de présence chrétienne et les cibles prioritaires pour les missionnaires. En effet, certains l'ont même utilisé pour décider où les missionnaires doivent aller, et à quel moment d'autres doivent quitter leurs ministères pour se redéployer ailleurs.

Certes ces groupes ayant une population évangélique de moins de 2 pour cent doivent entendre l'Évangile, et nous devrions nous dépêcher de les atteindre. Selon Carl F. H. Henry, l’Évangile n'est une bonne nouvelle que si elle arrive à temps. Malheureusement, ce n'est chaque jour pas le cas pour environ 50 000 personnes des groupes non atteints.

Questions et réponses cruciales

Pourtant, de nombreuses questions restent en suspens. Si un groupe a plus de 2 pour cent d'évangéliques, ne faisant donc plus partie des non-atteints, devons-nous pour autant l'appeler « atteint » ? « Atteint » veut-il dire que les missionnaires ne devraient plus y être, que le travail est considéré comme terminé et qu'il doit être remis aux chrétiens du pays ? Qu'en est-il des populations saturées pendant des siècles par l'animisme, ou une fausse religion, et qui embrassent ensuite l'Évangile ? Haïti me vient à l'esprit : quoique la majorité se dit être croyante, une plus grande majorité pratique encore le Vaudou. On pense encore au Rwanda qui avait plus de 90 pour cent de chrétiens baptisés lorsque le pire génocide de notre époque a éclaté; près de 1 million de personnes ont été massacrées par d'autres chrétiens “atteints”. La tâche du discipulat, qui dure toute la vie, doit en effet être remise à l'église nationale, mais seulement après qu'elle ait été correctement enseignée.

Tous conviendront certainement qu'obéir fidèlement au grand ordre missionnaire et d'atteindre les non-atteints demande plus que l’annonce simple de la Bonne Nouvelle puis de recommencer ailleurs. Mais combien plus ? Jésus a répondu à cette question. Il a dit de les enseigner à obéir à tout ce qu'il a commandé. Cette déclaration ne doit pas être écourtée. La tâche du grand ordre missionnaire n'est pas comme courir à travers un grand bâtiment sombre, allumant quelques interrupteurs en annonçant qu'ils ont maintenant la lumière, alors que des milliers d'autres pièces laissent la plupart des gens dans les ténèbres. Si atteindre les non-atteints n'est compris qu'ainsi, alors nous devons convenir que la grande tragédie du monde d'aujourd'hui n'est pas qu'il n'est pas atteint, mais qu'il est incorrectement enseigné.

Nous avons involontairement fait correspondre mission et atteindre les non-atteints. Si nous ne faisons qu'allumer des interrupteurs et nous presser d'aller dans la prochaine pièce non éclairée, ce n'est pas le grand ordre missionnaire ; c'est seulement la moitié de ce qui nous a été commandé de faire. Jésus a dit que nous devons les enseigner à observer tout ce qu'il a commandé.

En quoi consiste donc la mission ? C'est chercher à connaître Dieu et à le faire connaître. C'est atteindre les non-atteints et enseigner les disciples. Le rôle du missionnaire occidental est souvent considéré comme étant simplement d'atteindre les non-atteints, d'allumer les interrupteurs, puis de laisser la formation de disciples et l'enseignement à l'église nationale. Toutefois, lorsque l'église nationale n'a pas reçu une formation de disciples consistante, une éducation théologique et une formation pastorale, l'enseignement ne peut pas encore leur être remis. L'exhortation de 1 Timothée 3 qui dit qu'un pasteur doit être apte à enseigner ne signifie pas seulement qu'il sait comment enseigner, mais qu'il sait ce qu'il faut enseigner.

Enseigne-leur la saine doctrine

Dieu a grandement béni les églises de l'Occident avec des siècles de réflexion chrétienne sur la vérité révélée. Les théologiens et érudits bibliques occidentaux se tiennent sur les épaules de tous leurs prédécesseurs, ayant incorporé les pensées révélées et les leçons apprises des divisions et des hérésies du passé. Tout ce que Dieu a providentiellement permis ou envoyé, et la façon dont il a souverainement guidé l'église de l'Occident, a donné ce que nous, croyants occidentaux, comprenons être le christianisme évangélique. Une gestion sage de cet héritage ne le traitera pas à la légère, mais cherchera à le partager d'une façon bibliquement fidèle et culturellement appropriée afin que d'autres puissent le connaître. Le principe de base du discipulat est que celui qui sait enseigne celui qui ne sait pas (1 Tim 2:2).

Chaque peuple doit avoir la Bible dans une langue qu'il peut comprendre. Il devrait aussi avoir des pasteurs qualifiés et formés bibliquement. Il devrait avoir ses propres théologiens et des auteurs bien équipés pour réfléchir sur les Ecritures selon leur compréhension du monde et écrire avec leur langage familier. Mais ce monde idéal n'existera que si nous obéissons à notre mission de faire des disciples qui font des disciples, de former des formateurs, et d'enseigner des enseignants. Les ressortissants nationaux seront un jour les meilleurs enseignants, théologiens, auteurs et prédicateurs pour leur église nationale ; mais seulement après qu'ils aient été formés pour cela. Leur arrière-plan développé à travers des générations ancrées dans des compréhensions païennes du monde et des fausses religions ne s'évapore pas avec une prière pour le salut. C'est pourquoi Christ nous a ordonné d'en faire des disciples.

Vérité immuable dans une culture en mutation 

Mon grand-père a appris la vie à mon père; mon père a intégré cet enseignement, puis l'a amélioré en partie et l'a adapté à sa génération avant de me le transmettre. De même, j'ai reçu leurs valeurs et enseignements primordiaux, mais je les ai ajustés au monde dans lequel je vis afin de mettre fidèlement leur sagesse en pratique. Beaucoup de missionnaires ayant apporté l'Evangile en Europe avaient étudié les écrits des Pères de l'Église et appris des générations précédentes, mais ils ont ajusté cela aux nouveaux langages et compréhensions du monde rencontrés, sans changer l'Évangile. La musique et les liturgies que les missionnaires avaient appris dans leur passé étaient souvent inefficaces sur les nouveaux champs de mission. Le Christianisme venu vers le Nouveau Monde a continué à s'adapter et à se transformer, mais il est resté fidèle à la Parole originelle donnée aux saints une fois pour toutes.

Lorsque les missionnaires partagent des livres traduits, des sermons et des leçons avec des populations qui ont encore à produire les leurs, ils ne sont pas des impérialistes théologiques ou des personnes qui imposent leurs croyances particulières sur les autres. Ils partagent fidèlement la vérité qu'ils ont apprise en sachant que leurs auditeurs feront la même chose. Atteindre ceux qui ne le sont pas encore est un processus de longue haleine. Le missionnaire pionnier peut commencer le processus, puis adapter son approche pour répondre aux besoins en constante évolution durant le reste de sa vie, ou bien il peut démarrer une église et inviter d'autres personnes à venir après lui pour faire le travail en profondeur de discipulat et de formation pastorale. Enseigner ceux que nous atteignons n'est pas une option dans la mission. Quand Jésus a dit de leur enseigner tout ce qu'il a commandé, il dit, “Dites-leur tout ce que je vous ai prescrit.”

Les personnes perdues de ce monde doivent entendre l'Evangile pour être sauvées. Cela est vrai qu'elles soient dans un groupe non atteint ou pas. Les personnes perdues dans un groupe atteint sont encore perdues, et toutes celles qui meurent dans cet état iront en enfer pour l'éternité. Leur seul espoir est d'entendre l'Evangile et de se repentir. La tâche des missions ne consiste pas simplement à atteindre les groupes non-atteints, laissant chaque missionnaire définir pour lui-même ce que cela signifie; elle est d'atteindre les perdus et de leur enseigner à obéir à tout ce que le Christ a commandé.


Traduction : Benoit B.

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