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Bénignité, quel mot ! Plus personne ne l'utilise, nos traductions bibliques ne l'emploient plus fréquemment. Alors pourquoi donc avoir choisi ce terme tiré des pages obscures des dictionnaires pour parler d'un autre trait de caractère important de l'apologète ?

Ce n'est pas si grave… 

Tout d'abord, qu'est-ce que la bénignité ? Ce terme assez rare dans le Nouveau Testament peut recouvrir des notions comme la bienveillance, la bonne disposition (de cœur). Faire preuve de bénignité, c'est donc montrer une attitude de bonté envers les autres, c'est ne pas soupçonner le mal à la moindre occasion, c'est être prompt à pardonner et à servir.

La bénignité, c'est par exemple cette bienveillance de Paul envers les chrétiens de Rome qu'il ne connaissait pourtant pas : « Pour ce qui vous concerne, mes frères, je suis moi-même persuadé que vous êtes pleins de bonnes dispositions, remplis de toute connaissance, et capables de vous exhorter les uns les autres. » (Romains 15.14). Bien sûr, avoir de bonnes dispositions peut se démontrer de plusieurs manières, faisant de cette bénignité la démonstration d'une vie en cours de transformation.Cela ne nous dit toujours pas comment, au quotidien, faire preuve de bénignité. Petit exemple. Vous connaissez l'expression : « N'en fais pas toute une montagne ! » ? Alors vous savez ce qu'est la bénignité. C'est avoir une bonne disposition de cœur et savoir quand quelque chose est bénin, c'est à dire sans gravité.

Un petit exemple

cereals-228726_640Comme tout fruit de l'Esprit, la bénignité n'est pas facile à pratiquer. Elle demande une attitude dirigée par l'Esprit. D'ailleurs, si vous pensez que manquer de bénignité est le signe d'un grave problème spirituel, laissez-moi vous donner un exemple de deux grands apologètes et missionnaires qui ont, à un moment de leur ministère, manqué de cette partie du fruit de l'Esprit. D'autant plus que vous connaissez ces deux évangélistes car il ne s'agit de nul autre que de Paul et Barnabas !

On se rappellera des débuts de la mission chrétienne dans le livre des Actes des apôtres : après les débuts avec Pierre envoyé vers des Juifs et des Gentils (Actes 10-11), la mission prit un tournant important par l'ouverture aux non Juifs (Actes 15). À ce moment-là, au moment où l'avenir même de cette première église était compromis par ceux qui exigeaient la circoncision pour tous, Paul, Barnabas et les autres apôtres parviennent à maintenir l'unité chrétienne autour de la grâce donnée en Christ (Actes 15.11).Tout semble aller pour le mieux. Et pourtant, quelques versets plus loin, dans ce même chapitre 15, nous voyons la première « division » de la mission néo testamentaire :

« 37 Barnabas était décidé à prendre aussi avec eux Jean, appelé Marc ; 38 mais Paul estimait ne pas devoir prendre avec eux quelqu'un qui les avait quittés depuis la Pamphylie et qui ne les avait pas accompagnés dans leur œuvre. 39 Le conflit devint tel qu'ils finirent par se séparer. »

Barnabas prit Marc, et Paul, quant à lui, prit Silas. Bien sûr nous pourrions nous dire que Paul a eu raison : il ne pouvait pas faire confiance à Marc. Et pourtant, ce même Marc est l'un de ceux qui se trouvent avec Paul emprisonné à Rome (Colossiens 4.10) ainsi qu'aux côtés de Pierre (1Pierre 5.13), démontrant que Paul s'était probablement trompé sur son compte.En fait, il semble que Barnabas et Paul ont fait de l'attitude de Marc « toute une montagne » : Barnabas obstiné dans sa volonté de prendre avec lui son cousin, Paul convaincu que Marc ne pouvait vraiment pas être compté comme membre de son équipe. Oui, ils en ont vraiment fait toute une montagne…

Une vie apologétique

Pourquoi la bénignité est-elle importante pour l'apologète ? Laissez-moi mentionner plusieurs raisons importantes :

  • Elle nous permet tout d'abord de promouvoir l'unité chrétienne. On pourrait croire que l'apologétique est un domaine qui rassemble les chrétiens. Après tout, nous pourrions croire que la défense de la foi nous unit. Mais ce n'est pas le cas. Même les apologètes ont tendance à créer des divisions entre eux.
  • Elle encourage ensuite notre humilité. C'est lorsque nous pensons avoir accompli le plus dur que nous sommes en danger de diviser l'Église (ou l'apologétique) parce que nous pensons avoir accompli une « grande chose » par nous-mêmes. C'est à ce moment-là que notre orgueil, qui était « en veille », revient sur le devant de la scène. Considérer quelque chose comme « bénin » (sans grande importance), c'est donc avoir l'humilité de reconnaître que nous ne sommes pas indispensables au témoignage de l'évangile.
  • Elle nous demande aussi de considérer les autres comme plus importants, supérieurs à nous-mêmes. Nous l'avons déjà dit, mais le fruit de l'Esprit doit se démontrer dans le service, faisant de l'apologète un serviteur bienveillant, y compris envers ceux qui ne sont pas encore frères de Christ.
  • Elle exige enfin que nous puissions discerner quels sont les domaines non négociables, quels sont les choix qui affectent directement l'évangile.

Conclusion

L'apologète (le missionnaire, l'évangéliste) est donc par excellence celui qui considère que l'unité que nous avons en Christ est cruciale à notre témoignage. Il est donc celui qui se doit, toujours et encore, de discerner où et quand l'évangile lui-même est dénaturé. En dehors de ces rares occasions, l'apologète doit considérer que les désaccords sont « bénins », car sans gravité pour l'intégrité et la force libératrice de l'évangile. Il n'est pas question d'être toujours d'accord avec tout le monde, mais de savoir quand taire nos désaccords. Il faut une grande force de caractère pour pouvoir considérer que notre opinion personnelle, même si elle est correcte, surtout lorsqu'elle est correcte, ne doit pas dominer les autres mais servir, y compris en considérant nos désaccords comme « sans gravité ».

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