Malheureusement, ces histoires sont monnaie-courante :
Le pasteur qui, après 40 ans de ministère, reçoit une retraite de 600€ par mois.
Le jeune pasteur qui ne reçoit même pas le SMIC, salaire justifié car l’Église le loge, même si c’est dans un appartement en mauvais état et dont il doit quand même payer une partie du loyer.
Le pasteur qui reçoit une augmentation de quelques dizaines d’euros par mois…après 10 années de service.
Le pasteur à qui l’Église refusait l’achat d’une imprimante à cause du coût du papier.
Le pasteur accusé de ne pas bien « remplir sa part du contrat », alors qu’il n’est même pas rémunéré par l’Église.
Il ne faut pas aller très loin pour trouver ces exemples. Demandez aux pasteurs autour de vous, vous en entendrez les échos.
Je n’écris pas cet article par intérêt personnel ni par frustration envers une Église locale. Comme de nombreux pasteurs, j’ai réussi à m’organiser financièrement pour être relativement autonome. Mais ce modèle n’est pas accessible pour tous, alors voici quelques encouragements…avant qu’il ne soit trop tard pour la prochaine génération.
Soyez généreux pour honorer le pasteur dans son travail
Le travail pastoral a toujours été complexe, car la Bible est profonde et l’humain est compliqué. Mais, de nos jours, un pasteur doit porter des dizaines de casquettes différentes. On peut ainsi dans la même journée officier pour des funérailles, faire un peu de code HTML pour le site web, effectuer des recherches pour l’achat d’un nouveau système sono, chercher un logement pour un étudiant, être sollicité pour écrire un article de blog, tout en préparant sa prochaine prédication pour dimanche. Les opportunités dans le ministère sont belles et multiples, et souvent les pasteurs font des heures de cadre.
Le ministère pastoral dans sa diversité peut être extrêmement satisfaisant. Il reste néanmoins un travail stressant et exigeant, avec de nombreuses responsabilités, dont la santé d’âmes d’individus !
Nous voyons beaucoup les termes « pasteur » et « burn-out » côte à côte ces derniers temps. Être généreux envers son pasteur permet d’honorer le travail remarquable de nombreux hommes de Dieu, et de donner un peu plus de répit dans au moins un domaine qui peut aussi gérer du stress : les finances.
Soyez généreux pour donner de la flexibilité au couple pastoral
Les attentes envers les couples pastoraux sont nombreuses et diverses, parfois équilibrées, parfois moins. Les conjoints sont souvent parmi les membres les plus impliqués de l’Église. Et même si l’épouse du pasteur peut souvent se rapprocher d’un mi-temps « volontaire » pour l’Église, il est rare qu’elle soit reconnue ou rémunérée pour cela.
Dans certains cas, l’épouse gagne plus que le mari et finance en partie son engagement dans l’Église. Dans d’autres, le couple vit dans la précarité. Certains couples trouvent un équilibre, d’autres finissent par se décourager et quitter le ministère à cause d’attentes improportionnelles au salaire.
Faire preuve de générosité envers le pasteur lui permet d’être le gagne-pain de sa famille et de libérer son épouse pour mieux servir dans l’assemblée, lorsqu’elle en est capable et est disposée pour cela. Si le fonctionnement de chaque couple pastoral ne peut pas être généralisé ou idéalisé, leur donner de la flexibilité financière les rendra plus épanouis et mieux disposés au service.
Soyez généreux pour encourager la prochaine génération au ministère
La dernière génération était visionnaire et pionnière, faisant souvent de nombreux sacrifies pour l’avancée de l’Évangile. C’est louable. Mais lorsque j’entends l’histoire de certains pasteurs qui, après 30 à 40 ans de pastorat, partent à la retraite avec 500-600€ de retraite, cela me brise le cœur. Oui, le ministère est pour ceux qui sont prêts à faire des sacrifices, mais l’Église qui mûrit doit aussi en faire. Sans cela, la relation est unilatérale et laisse entendre une certaine hypocrisie.
Beaucoup de jeunes sont découragés de s’engager dans le ministère à plein-temps, car ils ne voient pas comment ils pourraient en vivre. Aujourd’hui, la crise des vocations nous frappe en plein visage, et j’ai peur que nous en soyons en grande partie coupables à cause de notre manque de libéralité. Dans 10 ans, nous serons en manque de 1000 pasteurs, il est grand temps de se réveiller pour rendre le ministère pastoral un minimum attractif.
Le mouvement évangélique a connu une magnifique croissance ces dernières décennies en France, mais nos centres de formation peinent à se remplir. La Bible est claire : nous sèmerons ce que nous récoltons. Si nous voulons une croissance continue de l’Évangile, nous devons rendre le ministère plus accessible.
Le mouvement évangélique a connu une magnifique croissance ces dernières décennies en France, mais nos centres de formation peinent à se remplir. La Bible est claire : nous sèmerons ce que nous récoltons. Si nous voulons une croissance continue de l’Évangile, nous devons rendre le ministère plus accessible.
Les pasteurs doivent souvent faire preuve de beaucoup d’ingéniosité pour vivre normalement. Et alors que les pasteurs bi vocationnels sont en hausse, l’Église doit être d’autant plus attentive. Un temps plein ou un mi-temps dont la rémunération est « le minimum syndical nécessaire » reflètent autant une petite vision qu’une pauvre attitude.
Soyez généreux pour valoriser les bonnes formations
Il y a quelques années, un sondage auprès d’unions d’Églises révélait qu’une grande partie des pasteurs commençaient leur ministère avec seulement l’équivalent d’une année de formation. Seulement, les attentes envers les pasteurs en termes d’enseignement, de connaissances, de leadership, de diplomatie, de counseling, de communication (et plus encore) témoignent que des formations plus complètes ont réellement leur place.
Les études pastorales si bénéfiques peuvent être très coûteuses pour les étudiants, en temps, en ressources, en énergie. Dans le monde du travail, un lien existe en général entre la durée des études et le salaire, ce qui valorise les études et encourage la formation continue. Lorsque nous sous-payons les pasteurs, nous méprisons les sacrifices qu’ils ont faits pour leurs études et les décourageons de poursuivre des études supplémentaires.
Soyez généreux envers votre pasteur si vous voulez qu’il soit généreux
Il est important d’être généreux envers son pasteur car, sans ressources, il ne peut pas être généreux à son tour. Ceci est problématique, car la Bible appelle les responsables de l’Église à l’hospitalité (1Tim 3.2). Un pasteur qui ne peut pas lui-même exercer la générosité parce qu’il se serre constamment la ceinture pourra difficilement être un exemple en la matière pour le reste de l’assemblée. Priver le pasteur d’un revenu convenable, c’est priver l’assemblée entière de grandir dans ce domaine.
La question du salaire du pasteur est autant une question de foi que de sagesse : sagesse pour choisir des personnes qualifiées, et foi pour donner de manière qui honore Dieu.
« Mais on ne voudrait pas qu’il aime l’argent », dira-t-on. Les personnes les plus généreuses que j’ai rencontrées dans ma vie étaient souvent des pasteurs et des missionnaires. Un pasteur dont l’attitude reflète les qualifications d’un leader biblique « non attiré par le gain » (1 Tim 3.3, 8) fera fructifier les ressources qui lui sont données. La question du salaire du pasteur est autant une question de foi que de sagesse : sagesse pour choisir des personnes qualifiées, et foi pour donner de manière qui honore Dieu.
Soyez généreux pour investir dans « L’Église une »
Aucune Église locale ne possède toute la connaissance, toute la sagesse et tous les dons. Nous avons besoin des richesses des uns et des autres, et nous ne pouvons sous-estimer la valeur de pasteurs ayant mûri leurs dons spirituels dans leur Église locale qui ont un peu de temps et de ressources pour rayonner vers l’extérieur.
Investir dans un pasteur au service du Seigneur est bien plus que « faire tourner » une Église locale. C’est une richesse pour tous.
Conclusion
Le sujet des finances et de la libéralité est complexe, sensible, et demande beaucoup de sagesse. Tous les points ci-dessus sont à évaluer au cas par cas. Mais je crains que l’Église d’aujourd’hui n’ait pas seulement besoin de sagesse sur la question, elle a aussi besoin de repentance. Si nous voulons des Églises stables pour demain, nous devons investir dans des ministères stables.
Sans tomber dans les mensonges et les déséquilibres de l’Évangile de la prospérité, nous devons réaliser que la libéralité est un mode de vie dans lequel nous devrions tous progresser encore et encore.
Je suis conscient que de nombreuses Églises ont réalisé les déséquilibres du passé et souhaitent grandir en maturité en la matière. Je conclus avec l’exhortation de l’apôtre Paul aux Thessaloniciens :
Maintenant donc, frères et sœurs, vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et c’est ce que vous faites ; de même nous vous le demandons et nous vous y encourageons dans le Seigneur Jésus : progressez encore. (1 Thess 4.1).