« Ne me parle plus de Jésus ! » Sa remarque m’a percé profondément. J’aimais tant cette voisine, Michelle*. Notre histoire d’amitié avait commencé quelques années auparavant.
Un jour, après avoir sympathisé avec elle depuis un certain temps, je l’avais invité chez moi pour prendre un café. Elle en était ravie. Par la suite, nous avons fait beaucoup de promenades ensemble en forêt. J’avais à cœur de lui faire connaître l’Évangile et de lui démontrer l’amour du Christ.
À l’approche de Pâques, j’ai invité Michelle à un culte spécial. Elle a accepté sans hésitation. Ce soir-là, une jeune mère assise à côté d’elle lui a passé son bébé. Le petit a accueilli Michelle à sa manière, en vomissant trois fois sur elle ! Je me suis dit alors qu’elle ne reviendrait jamais, mais j’avais tort. Elle a voulu revenir de temps en temps, exprimant son appréciation pour les prédications et l’accueil chaleureux. « C’est une bonne thérapie ! »
Cependant, un jour, elle m’a annoncé une nouvelle très soudainement : « Je me suis convertie à l’Islam ! » Sachant qu’elle était musulmane d’origine, j’étais confuse. Elle m’a fait comprendre qu’un ami lui avait convaincue qu’elle devrait être beaucoup plus pratiquante. C’était à ce moment-là qu’elle m’a ordonné de ne lui parler plus de Jésus. Je lui ai rappelé que Jésus vit en moi : elle ne pouvait pas passer du temps avec moi sans qu’il soit aussi présent. Elle n’a fait que de hausser les épaules et de marcher dans le silence. Quand je suis rentrée après cette promenade, mes prières pour Michelle furent marquées de sanglots. Pendant quelque temps, elle s’est dévouée à la lecture du Coran et à la prière. Toutefois, quand elle a discuté plus longuement avec le monsieur qui l’avait incité à le faire, Michelle s’est rendu compte qu’il avait comme mobile de faire d’elle (une femme mariée) sa deuxième femme. Cette révélation lui a fait perdre le goût pour l’Islam. J’ai redoublé mes prières pour son salut.
En 2018, je suis partie en congé missionnaire. Quelques semaines plus tard, Michelle m’a écrit en disant qu’elle avait envie de revoir les frères et sœurs de mon église. Encouragée, je lui ai mis en contact avec la jeune femme qui logeait chez moi. Par la suite, elle et Michelle ont bien sympathisé. Un jour, cette sœur m’a fait savoir que Michelle avait pris la décision de mettre sa foi en Jésus ! J’étais ravie de cette nouvelle, tout en restant prudente afin de ne pas présumer trop vite que cette profession est authentique. Je savais qu’il fallait attendre pour observer des fruits de la repentance.
Effectivement, nous avons pu constater un changement radical chez Michelle. Son amour pour la Parole, son désir pour ses proches de connaître Jésus, et son attitude par rapport au péché nous ont quasiment convaincus de sa nouvelle naissance. Mais malheureusement, cette croissance n’a duré que quelques mois. Petit à petit, les fruits ont disparu. « Dans une grande affliction, le cœur angoissé, avec beaucoup de larmes » et avec l’aide d’une autre sœur, j’ai exhorté Michelle à s’attacher à Christ et à le suivre en tant que disciple (2 Corinthiens 2.4). Malgré cela, elle a endurci son cœur. Quelques jours plus tard, elle m’a écrit en disant, « Je ne reviendrai plus jamais à l’église. J’ai terminé avec ta religion. Je préfère être comme j’étais auparavant. » Jusqu’à ce jour, elle reste loin du Seigneur.
Peut-être vous avez aussi connu une telle déception parmi vos voisins, vos amis ou vos proches. Nous n’en sommes pas les premières. Quand Dieu a fait comprendre à Samuel qu’il regrettait d’avoir établi Saül pour roi à cause de sa désobéissance, « Samuel fut irrité, et il cria à l’Éternel toute la nuit » (1 Samuel 15.11). Son amertume au sujet de Saül fut si grande que Dieu l’a même repris en disant, « Quand cesseras-tu de pleurer sur Saül ? » (1 Samuel 16.1) L’apôtre Paul a été tellement déçu de son jeune apprenti Jean-Marc qu’il s’est séparé du bien-aimé Barnabas à cause de lui. « Paul jugea plus convenable de ne pas prendre avec eux celui qui les avait quittés depuis la Pamphylie, et qui ne les avait point accompagnés dans leur œuvre » (Actes 15.38). Fort heureusement, la fin de l’histoire de Jean-Marc et Paul termine bien (2 Timothée 4.11), mais l’apôtre mentionne d’autres qui l’ont abandonné en cours de route, telle que Phygelle et Hermogène (2 Timothée 1.15). Quant à Démas, il a quitté l’apôtre par amour pour le siècle présent (2 Timothée 4.10).
Personne ne connaît mieux cette peine que notre Sauveur lui-même, qui fut trahi par un de ses disciples, Judas, et abandonné par tous les autres
Personne ne connaît mieux cette peine que notre Sauveur lui-même, qui fut trahi par un de ses disciples, Judas, et abandonné par tous les autres (Matthieu 26.56). Jésus aimait le peuple de Dieu, pleurant sur eux et intercédant pour eux même dans son agonie sur la croix (Luc 23.34). Mais la plupart des siens ne l’ont pas reçu (Jean 1.11). Il nous a prévenus dans la parabole du semeur que quelques-uns reçoivent la Parole aussitôt avec joie, mais que leur foi sans racine ne portera pas de fruit durablement (Matthieu 13.20-21). Beaucoup de gens font des professions de foi, mais ceux qui sont prêts à renoncer à soi-même, à porter leur croix et à devenir un vrai disciple sont rares (Luc 14.25-33).
Même si nous savons ces choses, quand nous vivons le genre de « fausse-couche spirituelle » que j’ai vécu avec Michelle, nous souffrons terriblement. Comment survivre une telle déception ?
« Fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ. » (2 Timothée 2.1)
En notre Sauveur, nous avons un souverain sacrificateur qui compatit à nos faiblesses. Son trône, c’est un trône de grâce où nous trouvons secours (Hébreux 4.16). Même quand personne d’autre ne nous vient en aide, quand tout le monde nous tourne le dos, il nous assiste et nous fortifie (2 Timothée 4.16-17).
Lors de son avènement et de son royaume, il ne nous demandera pas, « Combien de gens ont fait une prière avec toi ? » Ce qui compte pour lui, c’est que nous avons proclamé sa Parole fidèlement, « en toute occasion, favorable ou non »
Pourquoi faut-il être « sobre en toutes choses, supportant les souffrances, faisant l’œuvre d’un évangéliste, remplissant bien notre ministère » (2 Timothée 4.5) ? Certes, il faut rester ferme parce que les hommes détourneront l’oreille de la vérité (2 Timothée 4.3-4). Mais avant tout, nous persévérons parce que nous serons bientôt devant Dieu et devant Jésus-Christ (2 Timothée 4.1). Lors de son avènement et de son royaume, il ne nous demandera pas, « Combien de gens ont fait une prière avec toi ? » Ce qui compte pour lui, c’est que nous avons proclamé sa Parole fidèlement, « en toute occasion, favorable ou non » (2 Timothée 4.2). Il sondera notre ministère pour savoir si nous avons pris au sérieux notre devoir de faire de vrais disciples (Matthieu 28.18-20).
J’ignore encore la fin de l’histoire de Michelle. Nous ne savons pas – et nous ne contrôlons pas – comment les gens répondent à notre témoignage. Que le Seigneur nous aide à lui être fidèles. Un jour, il essuiera toute larme de nos yeux (Apocalypse 21.4).
*nom d’emprunt
Les articles de la série :
- Comment aimer votre voisine intimidante ?
- Comment aimer la voisine qui vous dérange ?
- Comment aimer la voisine qui porte une burqa ?
- Comment aimer la voisine qui te brise le cœur ?
L’auteure, membre de l’équipe de rédaction, est missionnaire en France depuis douze ans. Son désir c’est d’être un parfum de Christ pour ses voisins et voisines, même ceux qui sont les plus difficiles.