BOUM. BOUM. BOUM. Le bruit reprend à l’étage. Je suis plutôt habituée à supporter la musique des gens dans l’immeuble, mais cela fait une semaine que ma voisine à l’étage supérieur met sa musique à fond chaque jour dès 8h. Je suis missionnaire et mon bureau est à la maison. C’est impossible d’échapper à ce concert de rock. Jour après jour, le bruit fait trembler les murs. Je commence à m’énerver. Julie* n’a-t-elle pas de respect pour les autres ?
J’essaie de me distraire en faisant de la cuisine. Et là, entre deux étapes de la recette, le Saint-Esprit m’interpelle. « Si Julie met sans cesse la musique, il y a forcément une raison. Peut-être le bruit dans son âme est encore plus assourdissant ? » Ma frustration s’évapore, faisant place à la compassion. Je sais qu’il faut monter à l’étage.
Pendant quelques minutes, je lutte dans mon esprit. « Seigneur, elle m’a toujours évité ! Elle ne va même pas m’ouvrir la porte ! Et si elle m’ouvre, que vais-je lui dire ? » Mais j’ai appris par le passé combien ça coûte de résister au Saint-Esprit. Je monte à l’étage.
Julie ouvre la porte brusquement. Son regard n’est guère accueillant.
– Oui ? Vous voulez quoi ?
– Je me demandais si vous avez peut-être perdu quelque chose.
– Moi ? Non, rien… mais si vous voulez discuter, entrez. Je fais la cuisine et je ne peux pas laisser le petit seul là-bas.
Nous rentrons. Julie se remet au fourneau. Je sens qu’elle attend mon explication. Je fais monter une prière « flèche » avant de reprendre la parole.
– En fait, je me demande si vous n’auriez pas perdu…la paix.
Julie s’arrête soudainement. Elle se tourne vers moi, les yeux remplis de larmes.
– Comment l’avez-vous su ?
Je suis bouche bée. Rapidement, Julie me résume sa triste histoire. Son copain vient d’être arrêté par la police. Elle n’a pas le droit d’amener leur fils le voir en prison. C’est très, très dur.
– Je connais quelqu’un qui peut vous donner la paix : il en est le prince même. C’est Jésus-Christ.
– Je suis musulmane…normalement je n’ai pas le droit d’en parler. Ma mère va bientôt arriver pour le repas. Est-ce que vous pouvez revenir samedi ?
Je reviens la voir le samedi suivant comme prévu ; cependant, elle ne m’invite pas à rentrer. Je suis déçue, mais je remets la situation au Seigneur. Quelques mois plus tard, j’entends la sonnette. C’est Julie.
– Pourrais-je me servir de votre téléphone fixe ? La police a confisqué le nôtre.
J’hésite un peu, mais finalement j’accepte et je l’invite à rentrer. Une fois son coup de fil terminé, je l’invite à prendre un café. Elle s’installe sur le canapé. C’est enfin le moment propice de lui annoncer l’Évangile, et elle m’écoute attentivement. Sa dernière question me montre qu’elle a bien compris l’essentiel.
– Donc, si je veux m’approcher de Dieu, il faut passer par Jésus-Christ ?
Encouragée par cette discussion, j’espère pouvoir arroser la bonne semence. Hélas, peu de temps après, elle déménage sans me dire au revoir. Un an plus tard, on se croise au parc, mais elle se détourne le visage avant que je ne puisse la saluer. J’ignore aujourd’hui où est Julie. Cependant, je reste confiante qu’elle n’oubliera jamais que Jésus seul peut lui donner la paix.
Julie n’est pas la seule voisine dérangeante que j’ai dû supporter. Sans doute vous en avez eu aussi. Peut-être les siens se plaignent de vos enfants, ou ils laissent leurs animaux salir votre entrée. Il se peut qu’ils trafiquent des drogues ou qu’ils fassent des travaux sans cesse. Quand il était nourrisson, le fils de mes voisins actuels a eu des coliques. Jamais je n’aurais cru qu’un être si petit puisse pousser des cris aussi forts ! Parfois nos voisins sont tellement difficiles à supporter qu’ils deviennent nos ennemis. Comment les aimer alors, sachant que notre Dieu nous le demande ?
Une comparaison qui mène à la compassion
Si comme moi, vos voisin(e)s vous font parfois souffrir, je vous invite à comparer vos souffrances avec les siennes, s’ils ne sont pas en Christ.
Quand vous souffrez, vous avez l’accès direct au trône de la grâce pour être secouru dans vos besoins (Hébreux 4.16). Mais pour votre voisine, cette porte est marquée encore « Privé. »
Quand vous souffrez, vous pouvez faire connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Dieu vous donne alors sa paix qui surpasse toute intelligence (Philippiens 4.6-7). Les prières de votre voisine seront toujours vaines, jusqu’à ce qu’elle se repente de ses péchés. La paix lui échappe complètement. « Il n’y a point de paix pour les méchants, dit l’Éternel » (Ésaïe 48.22).
Quand vous souffrez, vous êtes consolée par le Père des miséricordes, le Dieu de toute consolation (2 Corinthiens 1.3-4). De plus, vous pouvez expérimenter le soulagement dans l’amour et la communion d’esprit de vos frères et sœurs en Christ (Philippiens 2.1). Les seules sources de consolation de votre voisine, ce sont des gens qui ne sont pas animés par l’Esprit de Dieu.
Quand vous souffrez, vous avez une perspective éternelle sur votre douleur. Vous savez que votre souffrance vous permet de mieux connaître Christ (Philippiens 3.11). Quelle que soit votre peine ici-bas, vous pouvez la comparer avec la gloire à venir et la trouver « légère » (2 Corinthiens 4.17). En dehors du Christ, les souffrances de votre voisine n’ont fait que de commencer.
Que le Seigneur nous donne une profonde compassion pour les gens autour de nous, y compris pour ceux qui nous dérangent quotidiennement. Nous étions autrefois ennemis de Dieu, mais aujourd’hui, nous avons la paix avec Lui par notre Seigneur Jésus-Christ. Que les « Julie » de notre voisinage goûtent de cette paix.
« Car Il est notre paix… » Éphésiens 2.14
*nom d’emprunt
Les articles de la série :
- Comment aimer votre voisine intimidante ?
- Comment aimer la voisine qui vous dérange ?
- Comment aimer la voisine qui porte une burqa ?
- Comment aimer la voisine qui te brise le cœur ?
L’auteure, membre de l’équipe de rédaction, est missionnaire en France depuis douze ans. Son désir c’est d’être un parfum de Christ pour ses voisins et voisines, même ceux qui sont les plus difficiles.