C’est aujourd’hui un vendredi spécial dans l’histoire de l’humanité…
Un vendredi saint, mis à part.
Un vendredi que l’on célèbre année après année depuis plus de 2000 ans.
Le souvenir d’une mort. D’une mort préméditée, violente, cruelle, sans pitié, injuste…
Le souvenir d’un massacre odieux, barbare, sanguinaire, intolérable…
Ils sont très peu sur la terre à réfuter le fait que le Christ soit mort le soir de la Pâque…qui peut remettre en question en effet la mort d’un individu, douter de sa disparition ? C’est le sort de toute l’humanité, on ne le niera pas.
Une arrestation de nuit, une tentative de sauvetage par un partisan zélé qui se solde par un échec, un abandon des amis, des procès hâtifs perpétrés par des dirigeants jaloux peu scrupuleux, des faux témoins, des coups de fouet, des soufflets, des humiliations, des crachats, des diffamations, des malédictions, des clous…
Et les autres humains qui, sans pitié, sans réflexion, sans considération, lui volent tout, à ce « mort à venir » : sa liberté, sa parole, ses amis, sa tunique, sa pudeur, sa santé, sa dignité, sa complicité avec Son Père, sa vie…
Et puis cette mort. Ce cri. Les ténèbres, le tremblement de terre.
Une mort très spéciale.
Ce vendredi est très spécial en ce sens-là : Dieu fait homme. Dieu fait homme qui prend ma place sur le bois.
Ce qui me frappe dans cette mort, entre autres, c’est que Dieu nous aime assez pour venir nous rejoindre dans notre humanité… dans ce destin inéluctable qui frappe tous les humains, cette victoire de l’ennemi que chaque accident de voiture, chaque faiblesse de cœur, chaque maladie ou chaque pandémie nous fait redouter : la mort.
Le Dieu de vie accepte d’être confronté à la mort. Pas la mort discrète de la nuit, générée par l’usure d’un corps fatigué. Pas la mort précipitée par une maladresse de conducteur dans un virage mal amorcé. Pas la mort tragique d’une maladie incurable. Pas la mort prématurée dans la chaleur du corps maternel. Pas la mort angoissante d’une attaque d’un méchant virus.
Le Dieu du temps et des circonstances accepte d’être confronté à la mort. Cette mort qui coupe la relation avec le Créateur bienveillant. La mort lancinante dans les lames d’un étouffement progressif, la mort humiliante dans le mépris d’un affichage collectif, la mort inéquitable dans la prononciation d’un verdict hâtif, la mort cruelle dans un traitement abusif…
J’ai embrassé la foi chrétienne en partie parce que ce geste d’un Dieu aimant qui s’abaisse à devenir homme, du bébé dans le ventre d’une roturière à l’humiliation d’une mort entre deux criminels, est une preuve flagrante de Son profond amour pour les hommes, pour les femmes, pour les enfants, pour moi.
Aucun dieu d’aucune religion ne s’est donné cette peine-là.
Aucun dieu d’aucune religion n’a osé endosser cette faiblesse-là, accepter cette injustice-là, aimer jusqu’à ce point-là.
Ce vendredi est très spécial en ce sens-là : Dieu fait homme. Dieu fait homme qui prend ma place sur le bois. Dieu fait homme qui porte la peine et la punition de ma fierté, de mon orgueil, de mes jalousies, de mes médisances, de mes convoitises, de mes colères, de mes haines, de mon mépris, de mon égoïsme, de mon ingratitude, de mon incrédulité…
Ce vendredi, la misère du monde s’abat sur le Créateur du monde.
Ce vendredi, Jésus Lui-même se substitue à moi.
Sacrifice. Don de soi. Don du Roi.
Mais ce vendredi n’a de sens que parce qu’il est suivi d’un dimanche.
Un dimanche où Christ n’est pas resté mort, où Il a vaincu ce terrible ennemi.
Un dimanche où les dames ont rencontré le vide, croisé l’absence de la pestilence, caressé l’espérance : le corps n’est plus là ! Enfin, si, le corps est là, mais habité par la vie ! Pressées par cet espoir qui renaît, elles courent annoncer la nouvelle. Envahies par la vie qui resurgit, elles affrontent l’incrédulité des disciples, communiquent la joie du retour et encouragent les dubitatifs à constater que la mort n’a pas eu raison de Lui. Ce retour à la vie, cette victoire contre la mort va encourager les partisans apeurés : d’un isolement dans une chambre fermée, anéantis par l’horreur du vendredi, les voilà maintenant audacieux, téméraires, courageux, engagés et résolus, clamant la force de la défaite de la mort à qui veut l’entendre, à qui veut y croire…
Ce dimanche est très spécial en ce sens-là : Dieu a vaincu la mort. Il m’offre espérance et consolation.
Ils sont nombreux sur terre à nier le fait que le Christ soit ressuscité le matin de la Pâque… qui peut croire à ce regain de vie, cette note d’espoir, cette folie de cellules qui se rassemblent pour reconstruire ce que le péché avait détruit ?
J’ai embrassé la foi chrétienne également parce que ce geste d’un Dieu vivant capable de rendre la vie à celui qui l’a perdue, est une démonstration de la beauté de Sa personne, une preuve flagrante de Sa profonde puissance sur la mort, sur le mal, sur la souffrance, sur la peur, sur l’horreur, sur l’injustice, sur la perte, sur la violence, sur le chagrin… sur le péché.
Ce dimanche est très spécial en ce sens-là : Dieu a vaincu la mort. Il m’offre espérance et consolation.
On peut accepter le vendredi et rejeter le dimanche par scepticisme.
On peut accepter le dimanche et rejeter le vendredi par engouement et illumination.
Mais l’un n’a de sens que parce que l’autre est là. Et ces deux jours-là, il n’y a que par la foi qu’on peut les accepter.
Pleurons ce vendredi. Pleurons la monstruosité du péché de l’homme qui laisse mourir l’Innocent, pleurons le péché de l’homme qui a contraint le Juste à embrasser la mort.
Pleurons l’incrédulité qui fait douter du dimanche.
Mais dimanche est bel et bien là. Ô mort, où est ta victoire ?
Dimanche est bel et bien là. Ô mort, où est ton aiguillon ?
Dimanche est bel et bien là. Fêtons-le !
Célébrons cette victoire, honorons le Ressuscité !
Revêtons-nous de gratitude, enveloppons-nous de paroles d’espérance et mettons à nos pieds le zèle de l’Évangile de Paix ! Cette bonne nouvelle du salut se doit d’être partagée, efforçons-nous de la diffuser !
Cultivons la reconnaissance. Aimons avec persévérance.
Plus qu’hier et encore moins que demain.