En cette période de préparatifs de Noël, qui n’a pas entendu cette célèbre expression : « C’est la magie de Noël » ? Cette expression « générique » se saisit de bon nombre de personnes et véhicule un positivisme contagieux… comme si une vapeur, un nuage d’étincelles flottantes, de guimauve toute légère ou de musiques apaisantes venait changer le monde et ramener la paix sur terre. Pour le commun de nos contemporains, la « trêve des chocolats » est une période toute spéciale dans laquelle tout le monde prépare de bons plats, décore sa maison, offre des cadeaux et aime son prochain. Vive cette baguette magique de décembre qui nous fait claquer la carte bleue, oublier les régimes et rêver de paysages enneigés ! Vu sous cet angle, on pourrait effectivement parler de « magie ». Mais la réalité est tout autre : dans la vraie histoire de Noël, il n’est pas question de « magie ». Il est question de réalité. De tangible. De chair. D’incarnation.
Parce que Noël, ce n’est pas un papa imaginaire qui arrive en quelques heures à livrer des cadeaux chez tous les enfants sages de la terre (même quand ils n’ont pas de cheminée). Noël, ce n’est pas une trêve de la faim dans le monde, un arrêt des conflits, la guérison des cancers ou la fin des pluies diluviennes qui écorchent tant de vies ! Le malheur ne se met pas subitement en mode « pause », le mal ne freine pas sa course, les hôpitaux ont toujours des services saturés et des gens meurent encore en décembre… Il n’y a en fait pas de magie dans Noël. Mais dans Noël, il y a quand même quelque chose de très particulier, une réalité palpable et tangible, celle d’un autre Père qui offre le plus précieux des cadeaux : son fils unique, incarné un jour J de l’histoire humaine, dans un pays P du globe terrestre, à l’heure H qu’il avait déterminée. Alors, même si nos rêves d’enfant nous portent vers des sapins scintillants, des biscuits craquants ou des hymnes envoûtants, laissons notre pensée s’arrêter un instant sur cet événement semble-t-il tout banal du premier siècle de notre ère, celui d’un bébé couché dans la mangeoire, parce qu’il n’y avait plus de place dans le village pour accueillir sa venue. Posons-nous quelques instants pour réfléchir à l’incarnation du Dieu vivant, celle qui prit place à la Nativité… et se poursuivit jusqu’à la Pâque…
Il n’y a en fait pas de magie dans Noël. Mais dans Noël, il y une réalité palpable et tangible, celle d’un autre Père qui offre le plus précieux des cadeaux : son fils unique, incarné un jour J de l’histoire humaine, dans un pays P du globe terrestre, à l’heure H qu’il avait déterminée.
1. La naissance de Jésus s’inscrit dans la réalité
Les Écrits de l’Ancien Testament n’étaient pas avares de détails : plusieurs centaines d’années avant, les prophètes avaient donné des informations précises sur la venue du Messie : sa conception miraculeuse (Esaïe 7.14), sa lignée ‘de sang’ (Matthieu 1.1ss), son lieu de naissance (Michée 5.1) … Et les choses se sont produites comme annoncé : une naissance dans une petite ville de Judée, une maman issue d’un milieu humble, un beau-père charpentier… Et même si l’apparition des anges et celle de l’étoile dans le ciel ont donné à cet événement un caractère supranaturel, il n’en demeure pas moins que la venue sur terre du Très-Haut a été enrobée de paille, teintée de fraîcheur nocturne, couverte d’odeurs de moutons certainement puis, plus tard, d’encens et de myrrhe. Le Dieu Tout-Puissant, créateur de l’univers, a fait le choix d’habiter le ventre d’une jeune femme pendant 9 mois, d’attendre plusieurs mois avant de marcher seul sur ses deux jambes, il a accepté de dépendre d’adultes autour de lui pour remplir son estomac ou avoir ses langes changés, il a bien voulu exprimer sa pensée avec des balbutiements avant de pouvoir parler « normalement » et a supporté la contrainte d’un séjour en Egypte pour échapper à la mort décrétée par un roi jaloux. L’incarnation du Très-Haut n’a pas sauté les étapes ni outrepassé les lois de la nature pour gagner en efficacité et en facilité. Non. Dieu a décidé de revêtir une pleine humanité, du stade d’embryon à l’âge adulte. On est bien loin là de l’histoire du bonhomme rouge transporté allègrement dans les cieux par des rennes bien dociles capables de faire le tour de la terre en moins d’une nuit…
2. La vie de Jésus s’inscrit dans la réalité
Les évangiles ne sont pas avares de détails concrets, de précision de lieux, d’histoire, de noms. Rares sont les historiens qui nieraient l’existence de Jésus-Christ, cet homme qui a foulé les terres de Judée, de Galilée et de Samarie. Et même si les nombreux miracles qui ont accompagné ses trois ans de ministère ont un caractère supranaturel – et ils devaient l’avoir pour attester de la singularité de Sa Personne, homme et Dieu à la fois – il n’en demeure pas moins qu’il a marché, mangé, ri, pleuré. Il a eu faim, soif, il a connu l’angoisse. Le vrai héros de la Nativité a, Lui, su passer du temps avec les humains qu’il côtoyait. Il a choisi ses disciples « pour les avoir avec lui » (Marc 3.14). Il a passé des heures à supporter les foules, tout en s’assurant qu’elles aient du ravitaillement. Il a connu la poussière du désert et le froid du lac en furie. Il a touché le lépreux, pardonné au rejeté, posé son regard sur le mal-aimé, pris du temps au bord d’un puits pour offrir une eau désaltérante à l’infini à une femme en mal d’amour. Il a laissé les petits enfants venir à Lui, stoppé sa marche pour écouter la vieille dame bien malade. Il a même rendu une fête de mariage encore plus festive en offrant un vin de qualité. C’est de Sa Personne qu’il a constamment donné. Et c’est de cette personne dont plusieurs ont envisagé de se débarrasser… On est bien loin là du père rondouillet monté sur son traineau qui n’a le temps le 24 décembre que d’avaler lait et biscuits laissés par les enfants impatients. Pas de rencontre avec l’humain dans cette histoire qui vole Noël, pas de risque de rejet…
3. La mort de Jésus s’inscrit dans la réalité
Trois ans. Trois ans de ministère rapportés par 4 auteurs différents. Des observations diverses d’un seul et même homme, familier au travail du bois et habitué au bois de la barque. Et c’est sur du bois qu’il a rendu un dernier souffle. Les récits de la crucifixion sont frappants de détails. Pas besoin d’aller voir le film « La Passion du Christ » pour imaginer ces scènes sanguines et violentes. Le cuir du fouet a lacéré le dos innocent, l’eau de Pilate a mouillé les mains de la lâcheté, le bois a blessé les épaules, le sang a coulé, le fer de l’épée a transpercé le côté droit, l’orage a grondé, le voile s’est déchiré. La voix des accusateurs s’est fait entendre, les pleurs des femmes ont raisonné, les coups de marteau ont retenti. Et même si des phénomènes supranaturels tels la nuit en plein jour ou la déchirure de l’énorme rideau du Temple ont accompagné la crucifixion, il n’en demeure pas moins que la mort de Jésus s’inscrit dans la réalité. Elle a été transmise par le biais de témoins oculaires qui l’ont évoquée oralement et couchée par écrit. Le détail du sang mêlé d’eau qui a jailli du corps de Jésus n’échappe pas aux médecins qui voient en cela une mort attestée. Le Très-Haut a rejoint l’Humanité dans la simplicité de la naissance mais aussi dans l’intransigeance de la rencontre de la mort. Le cœur de Jésus a cessé de battre. Il est mort. Réellement mort. Et son corps meurtri a été posé dans le tombeau. On est bien loin là du retour au Pôle Nord du petit papa Noël qui s’apprête à relancer la machine à fabriquer des cadeaux pour l’année qui suivra…
4. La résurrection de Jésus s’inscrit dans la réalité
Mais Dieu n’a pas dit son dernier mot. Parce que Jésus était parfait et sans défaut, il ne pouvait pas être retenu prisonnier de la mort. Et là, on assiste à un phénomène supranaturel : les cellules ayant perdu le souffle de vie se rassemblent, s’entrechoquent, respirent et se meuvent dans le corps de Jésus : en ce dimanche de Pâques béni, Jésus revient à la vie. Les bandelettes qui entouraient le cadavre sont posées par terre, l’autre linge est soigneusement plié plus loin. Ils ont été par la suite plus de 500 à l’avoir vu dans ce corps ressuscité. Thomas même a mis son doigt sur les plaies du crucifié. L’incarnation arrive au bout de sa route terrestre, Emmanuel, Dieu parmi nous, Jésus va encore passer quelques jours auprès des humains, prenant le temps de discuter, partager, préparer même un bon repas de poissons grillés… puis il va remonter au ciel retrouver la Gloire qu’il a laissée toutes ces années… mais il ne part pas en cachette : il promet son retour et envoie Son Esprit qui viendra habiter 24h/24 dans le cœur de ceux qui croient. On est bien loin là de l’histoire du Père Noël qui, après avoir accompli sa mission, s’éclipsera pendant 11 mois…
La magie de Noël procure du plaisir mais ne rassasie pas. La magie de Noël fait rêver de mieux et étouffe le mal mais ne le guérit pas.
Alors, oui, il y a en décembre quelque chose de particulier. J’ai des étoiles dans les yeux quand je vois un sapin illuminé. Oui, mon palais se réjouit au goût des papillotes et mes oreilles s’extasient au son des hymnes joviaux. Mais ces sensations ont la particularité d’envahir notre quotidien quelques jours et de fondre comme neige au soleil dès janvier. La magie de Noël ne nourrit pas l’âme, elle creuse le puits sans fond de l’attente du prochain Noël qui, une fois passé fera attendre le Noël suivant. La magie de Noël procure du plaisir mais ne rassasie pas. La magie de Noël fait rêver de mieux et étouffe le mal mais ne le guérit pas. Dans cette expression devenue si populaire, ce n’est pas le mot « magie » que je veux retenir. Mais le mot « Noël » parce qu’il signifie « naissance », « bébé », « chair et os », « incarnation ». Il est là le côté incroyable : Dieu qui s’humilie à venir sous forme humaine. Dieu qui s’abaisse à quitter la gloire du ciel pour revêtir les habits du fils du charpentier, Jésus, sauveur du monde. Dieu éternel et esprit qui vient habiter parmi les humains. C’est ce geste incroyable qui illumine les yeux de mon cœur, apaise les inquiétudes de mon esprit et apporte espérance à mon âme. Je souhaite cette même expérience à toute personne qui reconnaîtra en Jésus non pas un poupon dans la crèche vivante du village, pas seulement un modèle de vie de piété, pas qu’un corps souffrant pendu au bois… mais un Dieu éternel qui s’abaisse, s’offre, souffre et surpasse la mort pour réconcilier l’humain avec Lui. On est bien loin là de l’homme à la barbe blanche…