Saviez-vous que le roi David avait organisé un concours de « Miss Israël » ?
Cet épisode nous est rapporté en 1 Rois 1. Nous y trouvons le grand roi David sur le déclin. Cet homme aux mille vies passe désormais ses journées alité. Et malgré les couvertures dont on le couvre, « il ne parvient pas à se réchauffer » (v. 1). C’est alors que ses serviteurs lui soumettent une idée… pour le moins étrange !
Le concours de « Miss Israël »
Les serviteurs de David lui suggèrent de trouver « une fille jeune et belle » pour « coucher à ses côtés » : « Ainsi, [notre] seigneur le roi se réchauffera », lui disent-ils (v. 2). Leur idée semble étrange, mais il s’agissait d’une pratique courante à l’époque. C’était une sorte de « test de virilité » : si même une belle jeune fille ne parvient pas à réchauffer le sang du roi, son impuissance sexuelle sera le signe de son incapacité à régner[1].
Les dispositions sont prises, et c’est finalement la « top-model » Abishag qui est désignée « Miss Israël ». Nous apprenons qu’elle « était très belle », mais que David « n’eut pas de relation sexuelle avec elle » (v. 4). Ce qui n’est pas tant une remarque sur la probité morale de David que sur sa santé physique déclinante. Pour être clair : ce n’est pas que David ne voulait pas avoir de rapport avec elle, mais qu’il ne pouvait pas ! David est vieux et usé. Manifestement, il n’est plus apte à régner.
Dieu a un Plan !
En fait, David semble n’avoir plus goût à rien. Il paraît déprimé et déconnecté des affaires du royaume, comme si la bonne marche d’Israël ne l’intéressait plus… Au point que, lorsque Bath-Shéba –l’amour de sa vie– vient l’avertir que les deux prétendants au trône, Adonija et Salomon, menacent de plonger le royaume dans une guerre civile, David ne lui répond que par deux syllabes. Comme si chaque mot était une torture, il lui demande juste : « Qu’as-tu ? » (hb. mah-lāk̲, v. 16).
Qu’est-ce qui plonge David dans une telle déprime ? Il semble avoir oublié les projets de paix que Dieu avait formés pour lui et sa descendance. Des années plus tôt, Dieu lui avait promis un fils : « Salomon, voilà son nom, et je ferai venir la paix sur Israël pendant sa vie… Il sera pour moi un fils et j’affermirai pour toujours [son] trône » (1 Chroniques 22.9).
Arrivé au terme de son existence, David est déprimé car il a oublié que Dieu a un Plan glorieux qui dépasse sa petite vie. En effet, dès que Bath-Shéba évoque les promesses faites au sujet de Salomon, à l’instant David retrouve la parole et toute sa vigueur : « L’Éternel… est vivant ! Je vais agir aujourd’hui… C’est ton fils Salomon qui régnera après moi ! » (v. 28-30).
Une belle pomme bien véreuse
Mais Adonija est bien décidé à contrecarrer ce Plan. Cet autre fils de David possède tout ce que son père n’a pas. Jeune, entreprenant et ambitieux : il a tout pour être roi ! « De plus, » 1 Rois 1.6 nous dit qu’« Adonija était très beau ». Mais quelque chose nous dit que cette « belle pomme » est véreuse…
Nous apprenons, en effet, que « son père ne lui avait pas adressé un [seul] reproche de sa vie », si bien qu’Adonija est gonflé « d’orgueil » (v. 5-6). Tout comme Saül et Absalom, les deux seuls autres rois d’Israël vantés pour leur apparence physique, Adonija se croit trop beau[2]. Mais là où l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, Dieu, lui, regarde au cœur (1 Samuel 16.7). Et le cœur d’Adonija est mauvais. Le fruit est pourri !
Dieu a un Ennemi !
Dans son orgueil, Adonija veut usurper le trône d’Israël : « C’est moi qui serai le roi, » dit-il (v. 5). Il organise donc son propre couronnement et invite tout son entourage à y participer. Tout le monde est invité, sauf… Salomon, le roi choisi par Dieu ! Ce qui est bien la preuve qu’Adonija s’oppose consciemment au Plan de Dieu. Pas étonnant, dès lors, que le lieu choisi pour son couronnement soit « la pierre de Zohéleth » (v. 9), ce qui peut se traduire par « la pierre du Serpent[3] » !
Cet épisode nous rappelle que Dieu a un Ennemi. Satan essaie d’empêcher que le Plan de Dieu ne se réalise, et il se sert d’Adonija pour parvenir à ses fins. Adonija n’est donc pas juste un « jeune coq » un peu trop prétentieux. Il est de la lignée du Serpent (Genèse 3.15). Anti-Dieu. Anti-Christ, même, puisqu’il s’attaque au Christ –au roi que Dieu a désigné par onction–, à savoir Salomon.
Un roi monté sur un âne
Il faut le courage de Nathan et Bath-Shéba pour avertir David du danger (v. 11-31). Comme un rappel que le Plan de Dieu s’accomplit toujours au travers d’hommes et de femmes fidèles. David ordonne alors d’asseoir Salomon sur son « âne » et de le faire parader aux cris de : « Vive le roi Salomon ! » (v. 32-40).
En apprenant la nouvelle du sacre de Salomon, Adonija est terrifié (v. 41-49). Sachant qu’il est coupable d’avoir rejeté Dieu et son Christ, il s’empresse d’aller « s’accrocher aux cornes de l’autel ». Il est coupable et il sait que quelqu’un doit payer : ce sera son sang, ou celui d’un sacrifice ! Voyant son attitude de repentance, Salomon lui fait grâce (v. 50-53). Il démontre de la sorte qu’il est, selon la promesse de Dieu, un homme de « paix ».
Dieu a un Sauveur !
Difficile de lire cet épisode sans penser au véritable « Prince de la paix » (Esaïe 9.5), dont Salomon n’est qu’une pâle figure. Quand Jésus est entré dans Jérusalem, monté sur un âne, les gens l’ont acclamé comme Roi-Sauveur : « Hosanna au Fils de David ! » se sont-ils exclamés (Matthieu 21.1ss). Par ces mots, ils reconnaissaient que Jésus est le véritable Fils de David, dont le trône est pour toujours affermi.
Mais quelques jours après l’entrée triomphale de Jésus, cette même foule a hurlé : « Qu’il soit crucifié ! » (Matthieu 27.22). Ils l’ont rejeté, car ils regardaient à ce qui frappe les yeux. Or, Jésus n’avait « ni apparence ni éclat » (Es 53.2-3). Méprisé et abandonné de tous, il s’est offert en sacrifice sur la croix. Il a payé par son sang le prix du péché de son peuple. Pour que tous ceux qui se saisissent de Lui par la foi, comme Adonija s’est saisi des cornes de l’autel, soient pardonnés.
Difficile de lire cet épisode sans penser au véritable « Prince de la paix », dont Salomon n’est qu’une pâle figure.
Le livre dont vous n’êtes pas le héros
C’est Jésus lui-même qui le dit : toute la Bible parle de lui (cf. Jn 5.39 ; Lc 24.44-47). C’est lui le véritable Héros de l’histoire. C’est pourquoi, lorsque nous lisons la Bible, nous devons résister à notre propension naturelle de nous identifier au héros ou aux personnages centraux du récit, sans quoi nous verserons rapidement dans une lecture moralisatrice.
Il est facile de tomber dans ce piège à la lecture d’1 Rois 1 ! Notre réflexe naturel est de lire ce chapitre relatant la fin de règne de David comme si nous étions David : nous voyons la résolution de David à couronner roi Salomon, et nous nous demandons si nous avons faibli dans nos bonnes résolutions pour le Seigneur. Une autre possibilité est de lire ce chapitre relatant le sacre de Salomon comme si nous étions ce dernier : nous voyons la compassion de Salomon, qui pardonne à Adonija son péché, et nous nous demandons quelles sont les personnes que nous devrions pardonner dans notre vie. Et ainsi de suite…
Lorsque nous lisons la Bible, nous devons résister à notre propension naturelle de nous identifier au héros ou aux personnages centraux du récit, sans quoi nous verserons rapidement dans une lecture moralisatrice.
Mais il n’est pas nécessaire de réfléchir longtemps pour comprendre qu’en réalité, nous ne sommes pas le Roi selon le cœur de Dieu (comme David), ou le « Prince de paix » qui offre sa grâce aux ennemis de Dieu (comme Salomon) ! Une autre personne correspond beaucoup mieux que nous à cette description. En fait, si nous devions nous identifier à un personnage d’1 Rois 1, ce serait plutôt à Adonija. Car notre cœur est mauvais comme le sien. Nous avons tous ce même désir pécheur d’être roi de notre propre vie à la place du Roi choisi par Dieu. Et Jésus a payé de sa vie pour que nous puissions être pardonnés de cela.
Dieu merci, la Bible nous parle de lui : le Héros que Dieu a envoyé selon son Plan, pour vaincre son Ennemi et accomplir notre Salut !