Cet article est extrait de « Le dessein de Dieu pour l’Église » dans lequel Conrad Mbewe qui, puisant dans trois décennies de travail pastoral en Zambie, vise à équiper les pasteurs et les responsables d’église avec des principes bibliques adaptés.
Le système matrilinéaire africain concernant l’héritage est assez intéressant. Lorsqu’un chef de clan ou un gouvernant décède, le successeur n’est pas son fils, mais le fils de sa sœur. Logiquement, c’est la seule façon de s’assurer que la direction du clan ou de la tribu reste dans la lignée familiale. En effet, la femme d’un chef de clan aurait pu lui être infidèle et concevoir un enfant avec un homme en dehors du clan ou de la tribu. Ainsi, l’héritage du clan ou de la tribu pourrait, à l’insu de tous, être transmis aux mauvaises personnes. En revanche, la sœur d’un chef de clan ou d’un gouvernant vient de la même mère que lui. Il est très difficile de se tromper là-dessus. Par conséquent, toute sa descendance est en parenté directe avec son frère. Transmettre le flambeau au fils de sa sœur garantit qu’il reste dans la même lignée. C’est ainsi que l’Afrique a toujours veillé à ce que l’héritage clanique ou tribal reste dans la famille bien avant l’invention des tests ADN. C’était vital à une époque antérieure au système étatique, lorsque clans et tribus étaient souvent en guerre les uns contre les autres. Il était important d’assurer l’allégeance du dirigeant. Dans le cas contraire, cela pouvait conduire à la trahison et à la perte permanente de vies et de biens tribaux.
S’il était si important pour un clan ou une tribu de s’assurer que seules les personnes ayant la qualité d’héritiers devaient être considérées pour l’héritage, il l’est d’autant plus important pour l’Église, qui est « la maison de Dieu » (1 Ti 3.15). C’est une erreur de compter parmi ses membres des individus qui ne sont pas des enfants de Dieu. Ceci est d’autant plus grave que quiconque n’est pas enfant de Dieu est un enfant du diable, l’ennemi juré de Dieu. C’est pire que d’avoir un chef de clan ou un gouvernant qui n’est pas vraiment de votre lignée familiale. Cela revient à avoir un chef issu d’une famille qui veut voir votre clan ou votre tribu exterminés !
Chaque Église devrait avoir un processus de demande d’adhésion. Le fait que quelqu’un fréquente l’Église ne fait pas nécessairement de lui un membre
Chaque Église devrait avoir un processus de demande d’adhésion. Le fait que quelqu’un fréquente l’Église ne fait pas nécessairement de lui un membre. En effet, chaque berger est appelé à connaître ses brebis, même lorsqu’elles se mêlent à des brebis appartenant à un autre berger. Les dirigeants de l’Église sont invités à connaître leurs membres, parce qu’ils devront rendre compte d’eux à Dieu. C’est ce qui ressort d’Hébreux 13.17 : « Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes dont ils devront rendre compte. » Qui sont ceux qui fréquentent votre Église, et devraient obéir et se soumettre à votre autorité ? Qui sont ces âmes sur lesquelles vous veillez et dont vous rendrez compte ? Il ne s’agit pas de toute personne fréquentant votre Église, mais uniquement des personnes qui ont le statut de membres dans votre Église. Cela étant dit, qui donc est qualifié pour devenir membre ?
Les non-croyants ne peuvent pas être membres de l’Église
Sur la liste des membres d’une Église locale ne devraient figurer que ceux qui sont régénérés et qui, par conséquent, se sont personnellement détournés du péché pour mettre leur confiance dans le Seigneur Jésus-Christ, leur Sauveur. Pour bien saisir cette vérité, examinons un instant l’état des non-croyants. L’apôtre Paul a décrit cet état de la façon suivante :
Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Nous tous aussi, nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres… (Ép 2.1-3.)
Nous voyons au moins cinq vérités dans ce passage qui disqualifient les non-croyants pour le statut de membres de l’Église :
- Ils sont spirituellement morts.
- Ils sont asservis au monde.
- Ils sont réduits en esclavage par le diable.
- Ils sont asservis à leur nature pécheresse.
- Ils sont sous la colère de Dieu.
Seuls les croyants peuvent être membres d’une Église
Il faut que les dirigeants de l’Église gardent jalousement la porte de l’adhésion à l’Église locale ! Seuls ceux qui se repentent de leurs péchés et croient au Seigneur Jésus-Christ sont autorisés à intégrer l’Église, car la repentance du péché et la foi en Christ sont la preuve qu’une personne est née de l’Esprit de Dieu. C’est ce que nous lisons dans le livre des Actes. Au moment où Pierre finit de prêcher l’Évangile le jour de la Pentecôte, les gens s’écrient : « Que devons-nous faire ? » Il leur dit de se repentir et de se faire baptiser. La Bible rapporte : « Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples augmenta d’environ trois mille âmes » (Ac 2.37-41). Notez que seuls ceux qui ont reçu l’Évangile et qui ont été baptisés ont été ajoutés à l’Église. Vers la fin de ce chapitre, nous lisons : « Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés » (Ac 2.47). Remarquez, une fois de plus, que Dieu a ajouté à l’Église uniquement ceux qui étaient sauvés du péché. C’est le schéma que nous observons tout au long du livre des Actes.
Comment savoir s’ils sont sauvés ? Il existe au moins deux tests simples.
1. Ils doivent comprendre et recevoir le message de l’Évangile.
Personne ne devient chrétien en pensant que Dieu l’accepte sur la base de ses propres efforts moraux ou religieux. En tant que fruit de la régénération, le Saint-Esprit ouvre l’esprit des pécheurs pour leur permettre de comprendre les vérités spirituelles. Ils commencent à saisir ce que la Bible enseigne : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Ro 3.23), et tous sont condamnés à l’enfer en raison de leurs offenses contre Dieu. Tous nos efforts en vue d’une transformation morale ou religieuse ne valent rien. Notre justice est comme un « vêtement souillé » aux yeux de Dieu (És 64.5). C’est la mauvaise nouvelle qui sert de toile de fond à l’Évangile. L’Évangile fait son entrée et nous annonce que Dieu, par son grand amour et sa grâce, a envoyé son Fils unique, le Seigneur Jésus-Christ, pour vivre la vie que nous avons totalement ratée, et mourir ensuite à notre place, prenant sur lui le châtiment de tous nos péchés. Il est devenu notre substitut. Trois jours plus tard, il est ressuscité d’entre les morts, parce qu’il a pleinement satisfait aux exigences de la loi de Dieu. C’est cela l’Évangile, la bonne nouvelle céleste. Quiconque ne connaît pas et ne comprend pas cette bonne nouvelle n’est pas un chrétien. Nous sommes appelés à nous détourner de tout péché conscient, à croire en Jésus et à reposer dans l’œuvre qu’il a accomplie pour nous. C’est la seule bonne façon de recevoir cet Évangile. C’est la réponse que l’Évangile lui-même exige : demander pardon à Dieu et croire au Seigneur Jésus-Christ (Ac 2.38 ; 16.31 ; 20.21). Le cas échéant, Dieu pardonne tous nos péchés. Dans les cercles théologiques, on parle de « justification par la foi seule ». Quiconque pense que Dieu lui pardonne sur la base de ses propres efforts visant à lui plaire devrait être instruit dans cet Évangile biblique au lieu d’être accueilli comme membre de l’Église. Comme l’a dit Jésus, ceux qui se repentent et croient en cet Évangile devraient être baptisés publiquement et accueillis parmi les membres de l’Église. Ceux qui doivent être accueillis dans l’Église sont uniquement ceux qui peuvent dire :
Nul besoin d’autre raison,
Nul besoin d’autre parade ;
Jésus est mort, c’est suffisant
Qu’il soit mort pour moi[1].
2. Ils doivent témoigner d’une vie morale transformée.
En d’autres termes, ils doivent manifester de la repentance. C’est le deuxième test. Quand quelqu’un se convertit, Dieu change son cœur tant sur le plan moral que spirituel. C’est un fruit de la nouvelle naissance, et il est instantané. L’apôtre Paul a écrit ceci aux Corinthiens, qui avaient toléré l’immoralité et d’autres formes de mal dans l’Église :
Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les homosexuels, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le royaume de Dieu. Et c’est là ce que vous étiez, quelques-uns d’entre vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Dieu (1 Co 6.9-11).
Paul considérait que ceux qui étaient membres légitimes de l’Église de Corinthe s’étaient repentis de leur mode de vie pécheur antérieur. Ils avaient été lavés et sanctifiés par l’Esprit de Dieu. De même, l’apôtre Jean a dit : « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui ; et il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu » (1 Jn 3.9). Nous ne devons jamais faire de compromis à ce sujet. Seules ces personnes sont « son ouvrage, ayant été créées en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance » (Ép 2.10). Bien des gens ont une connaissance cérébrale de l’Évangile pour l’avoir entendu maintes fois, sans pour autant lui avoir permis de les transformer sur le plan moral. Intellectuellement, ils connaissent la vérité, mais ils la trahissent en menant une vie qui n’est pas conforme à cette vérité. De telles personnes ne sont pas encore converties et devraient être continuellement invitées à se tourner vers Christ pour le salut de leur âme, au lieu d’être accueillies dans l’Église dans l’espoir d’un changement futur, ce qui arrive très rarement, en réalité. La plupart de ces gens pensent que les sermons appelant les pécheurs à se repentir sont réservés à ceux qui visitent l’Église et non à ceux qui en sont déjà membres. Ils continuent à vivre dans le péché, et l’Église est de plus en plus corrompue et sujette aux scandales.
Les dirigeants de l’Église devraient se garder de conclure que si quelqu’un fréquente régulièrement l’Église depuis quelques mois, cela en fait automatiquement un membre. Il ne faut pas accepter que les gens deviennent membres simplement parce qu’ils appartiennent à la tribu majoritaire dans cette Église et parlent la même langue. Il faut instaurer un processus de demande d’adhésion au cours duquel les dirigeants de l’Église doivent questionner les personnes qui souhaitent être identifiées comme membres. Les responsables de l’Église doivent poser le genre de questions qui leur permettent de discerner le niveau de compréhension du message de l’Évangile dans l’esprit des aspirants au statut, et de constater s’il y a eu un changement moral et spirituel dans leur vie. S’ils ne répondent pas correctement aux questions, ces individus ne seront pas accueillis comme membres de l’Église. Ils seront plutôt encouragés à sonder sérieusement leur cœur pour voir s’ils sont vraiment chrétiens. Il est vital de les supplier affectueusement de chercher le salut en Christ. Voici quelques questions à poser éventuellement :
- Comment êtes-vous devenu chrétien ?
- Qu’est-ce qui vous fait penser que vous êtes chrétien ?
- Est-ce que vous (ou l’un de vos proches) avez observé des changements dans votre vie depuis le jour où vous avez confessé que vous êtes devenu chrétien ? Si oui, quels sont ces changements ?
- Avez-vous été baptisé depuis que vous vous êtes détourné du péché et que vous avez mis votre confiance en Christ pour votre salut ?
- En bref, qu’est-ce que l’Évangile ?
- Supposons que je ne sois pas chrétien et que je veuille le devenir ; que me diriez-vous de faire ?
- Si vous étiez sur le point d’entrer au ciel et qu’un ange vous demandait pourquoi il devrait vous laisser entrer, quelle serait votre réponse ?
Au XIXe siècle, il y avait en Amérique un célèbre évangéliste nommé Dwight L. Moody. Converti en mai 1855, il s’est fait baptiser et a intégré l’Église Mount Vernon à Boston, dans le Massachusetts, lieu de sa conversion. Ses premières tentatives de convaincre les anciens de cette Église quant à l’authenticité de sa conversion se sont soldées par un échec. À la question « qu’est-ce que Christ a fait pour vous, et pour nous tous, qui mérite particulièrement notre amour et notre obéissance en retour ? », il a répondu : « Je pense qu’il a fait beaucoup pour nous tous, mais je ne vois pas ce qu’il a fait en particulier. » Cette réponse n’a pas permis à Moody d’être admis comme membre. En revanche, il a été entouré de chrétiens matures qui lui ont offert une formation de disciple pendant un certain temps. L’année suivante, en mars 1856, il s’est présenté de nouveau devant les anciens de l’Église pour se soumettre à leurs questions. Cette fois, il a réussi ; il est donc devenu membre de l’Église. Il a été le plus grand évangéliste américain du XIXe siècle. Cela nous apprend qu’en l’absence de réponses satisfaisantes lors de l’examen d’une conversion, nous ne rejetons pas l’intéressé. Nous voulons simplement nous assurer que nous sommes vraiment convaincus de son salut. Nous pouvons ainsi demander à d’autres personnes de l’aider à mieux comprendre la voie du salut. Nul besoin de précipitation pour lui faire repasser une entrevue d’adhésion ; en effet, c’est le salut éternel d’une âme qui est en jeu. Si la personne est vraiment sauvée, elle reviendra malgré tout, parce qu’elle tient réellement à faire partie du peuple de Dieu, comme c’était le cas pour Moody.
Le processus pour devenir membre d’une Église locale devrait également inclure le baptême. Je développerai les sujets du baptême et de la sainte cène au chapitre 8. Il convient toutefois de le mentionner ici en raison de sa pertinence pour le sujet de l’appartenance à l’Église.