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À ceux qui ont de la répugnance pour la Religion, il faut commencer par leur montrer qu'elle n'est point contraire à la raison ; ensuite qu'elle est vénérable, et en donner le respect ; après la rendre aimable, et faire souhaiter qu'elle fût vraie ; et puis montrer par les preuves incontestables qu'elle est vraie.

Blaise Pascal est un brillant mathématicien et physicien français du XVIIe siècle. Il s'est converti au christianisme de manière radicale et a par la suite dédié la plupart de ses pensées au christianisme et à la philosophie. Il avait commencé à rassembler ses notes qu'il souhaitait compiler dans un livre intitulé La défense de la religion chrétienne, mais il est décédé deux mois avant son 39e anniversaire et le livre n'a jamais été écrit. Ces fragments ont cependant été publiés dans Les pensées, une des œuvres chrétiennes les plus connues de la littérature.

La citation ci-dessus est l'une des plus intéressantes des Pensées. Pascal y réfléchit de manière holistique sur la façon de présenter le message chrétien aux non-croyants. Il commence par décrire la psychologie du non-croyant, affirmant que les gens ne sont pas neutres face à la religion (ici, le christianisme). Ils sont réticents et ne veulent pas qu'elle soit véridique, tout en craignant qu'elle le soit. Certains d'entre eux sont de bons penseurs, qui voient de bonnes raisons pour que le christianisme ne soit pas vrai. D'autres n'ont pas vraiment réfléchi à la question, mais critiquent ou caricaturent. Mais personne n'est neutre. Chacun sait instinctivement que si le christianisme est véridique, il perdra le contrôle et ne pourra plus vivre comme il le souhaite. Les gens se persuadent que ce n'est pas vrai et acceptent plus que volontiers ce qu'ils entendent et qui dénigre la foi.

Comment les chrétiens sont-ils supposés réagir à cela ? Pascal pense qu'il faut passer par trois étapes avant d'amener quelqu'un sur le chemin de la foi. Premièrement, désarmer, surprendre. La plupart des gens pensent que le christianisme n'a aucun sens. Ils aiment entendre comment certains chrétiens affirmés sont extrêmes dans leurs positions, irrationnels ou hypocrites, car cela les conforte dans leur position de non-croyants. Mais lorsque la foi chrétienne, ou simplement le caractère du chrétien, est décrit comme bien informé, attentionné, sensible, ouvert d'esprit, serviable et généreux, les stéréotypes sont renversés et cela force au respect.

Ensuite, Pascal affirme que nous devrions être plus proactifs. « Après, la rendre aimable, et faire souhaiter qu'elle fût vraie. »

On pourrait émettre des objections à propos de ce « rendre » et suggérer que le christianisme est déjà attractif, mais ce serait mal comprendre ce que Pascal cherche à dire. De toute évidence, il n'est pas en train de dire que nous devrions faire du christianisme ce qu'il n'est pas. Au contraire, nous devrions révéler, pointer du doigt et exposer ses caractéristiques existantes. Mais la phrase « faire souhaiter qu'elle fût vraie » montre que cela demande de la persévérance. Nous avons à connaître notre culture et ses espoirs et montrer que seul Christ peut remplir les aspirations, résoudre les problèmes de nos vies et proposer une fin heureuse.

Je suis heureux de voir que Pascal parle de cela, car dans nos conversations avec les autres, nous souhaitons évidemment parler du péché et de la barrière qu'il crée entre Dieu et nous. Pascal n'essaie pas d'argumenter contre cela. Il ne nous dit pas de cacher cette partie du discours. Mais prenons-nous assez de temps pour mentionner les incroyables bénédictions qui découlent abondamment du salut ? Pour expliquer la nouvelle naissance, notre nouveau nom, notre nouvelle identité, l'adoption dans la famille de Dieu, l'expérience de son amour et la gloire du Christ à venir, le changement lent, mais radical de notre caractère, la libération grandissante des liens passé et la paix du présent, la force et le sens de la souffrance, l'appartenance à une nouvelle communauté universelle, multiraciale, contre-culturelle, la mission d'accomplir la justice et la charité sur terre, la communion personnelle avec Dieu notre guide, les relations d'amour qui durent pour l'éternité, la promesse d'une perfection future et d'une glorieuse beauté, la confiance complète face à la mort, les nouveaux cieux et la nouvelle terre, un monde matériel parfaitement restauré ?

En nous suggérant de faire cela, Pascal nous donne un objectif à viser. Si nous parlons de cela de manière efficace, certains diront (peut-être pas tous) : « Si le christianisme pouvait vraiment faire cela, ce serait merveilleux. Oui, j'aimerais que ce soit vrai. Mais bien sûr, ça ne l'est pas. Dommage ! »

C'est seulement à ce moment-là que la plupart des gens accepteront d'écouter n'importe quelle présentation des preuves et des raisons de croire à la vérité du christianisme. Pascal dit : « Montrer qu'elle est vraie ». S'ils ne sont pas passés par les étapes 1 (être désarmé et surpris par les vies et le discours des croyants) et 2 (voir les merveilleuses promesses de Dieu en Christ), leurs yeux resteront dans le vague lorsque vous commencerez à parler des preuves de la résurrection de Christ. Ils s'attendront toujours à ce que le christianisme soit au mieux inutile et au pire, une menace. Mais si le christianisme a commencé à avoir un sens émotionnel et culturel, ils seront plus ouverts à une discussion sur la logique et le rationnel. Par « sens émotionnel », je veux dire que le christianisme doit être présenté comme comblant les brèches et répondant aux questions, être un phénomène personnel, intérieur qui concerne la gouvernance du cœur. Par « sens culturel », je veux dire que le christianisme doit être présenté comme ayant les ressources pour faire face à nos problèmes sociaux et pour expliquer le comportement social humain.

Lorsque leur imagination est stimulée, la plupart des gens sont prêts à écouter les arguments en faveur de la vérité du christianisme. Faisons appel à l'imagination aussi bien qu'à la raison lorsque nous parlons de notre foi en Jésus.


Traduction : Myriam Legrand

Note de l'éditeur : Cet article a été publié dans la newsletter de l'église Redeemer Presbyterian Church.

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