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Note de l'éditeur : 

Cet article est la suite de : 1. Toute une vie de repentance 2. Qu’est-ce que se repentir ? 3. Comment se repentir ?

Après avoir vu en quoi consiste la repentance et ce qui doit nous y pousser, posons-nous une dernière question : Pourquoi est-il si important de développer cette pratique de la repentance dans votre vie ?

En une phrase, voilà la réponse : c’est parce que si votre vie entière n’est pas une vie de repentance, vous allez votre vie entière faire pénitence !

Si votre vie entière n’est pas une vie de repentance, vous allez votre vie entière faire pénitence !

Revenez avec moi la veille au soir de la mort de Jésus. Cette nuit-là, ils sont deux à l’avoir renié, à l’avoir trahi – Pierre et… Judas ! Et c’est très instructif de comparer leurs deux histoires, car voilà ce qu’il nous est dit de Judas, en Matthieu 27.3-4 : « Alors, Judas, qui l’avait livré, voyant qu’il était condamné, se repentit, et rapporta les 30 pièces d’argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens, en disant : ‘J’ai péché, en livrant le sang innocent.’ Ils répondirent : ‘Que nous importe ? Cela te regarde.’ Judas jeta les pièces d’argent dans le temple, se retira, et alla se pendre », rongé par les remords et les regrets ! Est-ce que vous voyez ce qui s’est passé ici ? Judas s’est repenti, mais à la différence de Pierre, il ne s’est pas vraimentrepenti !

Repentance ou pénitence ?

Comment expliquer cela ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’il y a une différence entre la repentance et faire pénitence, ou entre la « repentance évangélique » et la « repentance religieuse ». Quelle est la différence ? Tim Keller l’explique de façon très claire dans un article, intitulé « All of Life is Repentance1 », duquel je me suis grandement inspiré pour rédiger ces articles :

« Il est important de considérer comment l’Évangile affecte et transforme l’acte de repentance. Dans la ‘religion’, l’objectif de la repentance consiste essentiellement à contenter Dieu, pour qu’il continue de me bénir et de répondre à mes prières. Cela signifie que la ‘repentance religieuse’ est a) égoïste, b) propre-juste, et c) amère de fond en comble. Mais dans l’Évangile, le but de la repentance est de puiser constamment dans la joie de notre union avec Christ, afin d’affaiblir notre désir de faire ce qui est contraire au cœur de Dieu. »

Pour comprendre ce que cela veut dire, analysons brièvement les trois caractéristiques de la « repentance religieuse » selon Tim Keller.

La pénitence est égoïste

D’abord, la « repentance religieuse » (ou pénitence) est égoïste. Qu’est-ce à dire ?

Eh bien, imaginez la situation suivante. Voilà des semaines que vous entretenez de la jalousie, ou de l’amertume, envers un ami. Et, tout à coup, au détour d’une conversation, vos paroles trahissent l’état de votre cœur pécheur : vous laissez échapper quelque chose qui montre votre ressentiment – et vous vous sentez condamné ! Que faites-vous ? Plutôt que de venir en larmes au Seigneur en disant : « Seigneur, ça fait des semaines que je dois te demander pardon pour mon amertume ! Pardon, Seigneur, mon cœur n’est pas à la bonne place ! » Au lieu de ça, vous êtes peut-être en larmes et désespéré, mais parce que vous pensez : « Qu’est-ce que j’ai fait ? Mais pourquoi j’ai dit ça ? Qu’est-ce qui va se passer maintenant ? »

Autrement dit, vous êtes contrit, mais pas par votre péché, uniquement en raison des conséquences de votre péché (votre péché est venu à la lumière et vous vous sentez condamné). Ce n’est pas la repentance, ça ; c’est faire pénitence ! La vraie repentance est fondée sur l’Évangile, qui nous dit que le péché ne peut pas nous condamner : « Grâces soit rendues à Dieu… Il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus » (Rm 8.1). Et ce qui m’afflige alors, ce n’est pas que le péché soit venu à la lumière (les conséquences), mais c’est que le péché soit dans mon cœur – c’est le péché lui-même qui m’attriste, parce que je vois combien mon péché brise le cœur de Dieu.

La pénitence est propre-juste

Ensuite, la « repentance religieuse » (ou pénitence) est propre-juste, ce qui veut dire qu’elle devient une forme « d’expiation » pour mon péché.

Imaginez à nouveau la situation suivante. Voilà que je me suis mis en colère et que j’ai à nouveau eu des paroles dures et blessantes envers ma femme. Plutôt que de me précipiter aux pieds du Seigneur, tel que je suis, en disant : « Seigneur, je te demande pardon pour ma colère ! », je me fais souffrir un moment, je m’apitoie en essayant de me sentir le plus misérable possible (« Oh, mais comme je suis nul ! Pourquoi est-ce que je suis comme ça ? »). Et quand j’estime que je me suis assez auto-flagellé, assez fait souffrir, pour mériter d’être pardonné… alors je demande pardon à Dieu ! Dans son excellent livre sur la repentance, John Miller explique que c’est là l’attitude d’un chrétien « préparationniste », c’est-à-dire, un chrétien qui est sans cesse en train de se préparer pour recevoir la grâce.[2]

La vraie repentance, fondée sur l’évangile, prend pour point de départ le fait que Jésus a souffert, Il a été misérable et flagellé pour mon péché.

Mais ce n’est pas la repentance, ça ; c’est faire pénitence ! La vraie repentance, fondée sur l’Évangile, prend pour point de départ le fait que Jésus a souffert, Il a été misérable et flagellé pour mon péché. Je n’ai pas besoin de souffrir pour obtenir le pardon : il m’est offert ! Et en fait, ne pas venir « tel que je suis » trouver le pardon en Christ, c’est comme dire à Jésus : « Je n’ai pas besoin de toi ! » Cela revient à mépriser le sang de Christ, ce qui est très grave (cf. Hé 10.29-31).

La pénitence est amère de fond en comble

Enfin, la « repentance religieuse » (ou pénitence) est amère de fond en comble, parce qu’elle ne produit aucun vrai changement. Et à chaque fois que je tombe dans le péché, je dis : « Seigneur, je te demande pardon ! Je te promets, je ne recommencerais plus ! » Et deux jours plus tard, je retombe dans le même péché, et encore, et encore. Et je deviens amer. Vous savez pourquoi ? Parce qu’à chaque fois où que je dois me repentir, ça détruit un peu plus l’image de la bonne personne morale que j’aime tant avoir de moi !

La « repentance évangélique », elle, n’est pas amère. Parce que l’Évangile me dit que je suis plus pécheur et imparfait en moi-même que je ne pourrais jamais le croire, et en même temps, que je suis plus aimé et accepté en Jésus-Christ que n’oserais jamais l’imaginer ! Et, du coup, la repentance est douce, parce que je peux reconnaître mon péché. Je sais que je suis pécheur : s’il y a bien une chose qui n’est pas une surprise, c’est ça ! Je le sais, tout ce que je fais est empli de péché…

Mais… ça ne change rien à l’amour que mon Père céleste me porte en Jésus. Uni par la foi au Fils de Dieu, j’entends cette même voix du ciel que Jésus a entendu lors de son baptême me dire, à moi : « Tu es mon fils (ou ma fille) bien-aimé(e), en qui j’ai mis toute mon affection » ! Voilà ce que Dieu vous dit, à vous aussi (si, comme moi, vous êtes unis à Jésus par la foi), alors même que vous continuez de pécher, au moment-même où vous péchez. Sa bonté envers vous ne change pas ! Et plus vous serez conscient de cette bonté de Dieu envers vous, plus il sera facile de laisser de côté vos excuses pour reconnaître les vraies dimensions de votre péché et y renoncer…

Voilà pourquoi se repentir : parce que la vraie repentance, au contraire de la pénitence, est le moyen par lequel Dieu produit un vrai changement durable, dans nos vies.

De la joie dans le ciel

En conclusion de ces articles, j’aimerais attirer votre attention sur une promesse que Jésus fait à ses disciples en Luc 15.10.

Vous l’avez peut-être entendu dire par d’autres chrétiens, ou l’avez peut-être vous-mêmes dit…  Quand une personne se repent et vient à la foi en Jésus – qu’elle se convertit – des chrétiens disent parfois que « les anges dans le ciel se réjouissent ». Vous avez déjà entendu ça ?

Savez-vous sur quel passage biblique ils se basent ? Ils se basent sur Luc 15.10 où Jésus dit quelque chose qui y ressemble, mais qui n’est pas tout à fait pareil. Écoutez bien : Jésus dit : « Il y a plus de joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance. »

C’est d’abord et surtout Dieu lui-même qui se réjouit quand l’un de nous se repent !

Vous avez remarqué ce que Jésus dit ? Sans doute que les anges se réjouissent quand quelqu’un se repent. Mais ce que Jésus dit précisément, c’est qu’il y a de la joie « devant les anges ». Qui se tient devant les anges de Dieu dans le ciel ? C’est Dieu ! C’est d’abord et surtout Dieu lui-même qui se réjouit quand l’un de nous se repent !

Sachant cela, qu’attendons-nous pour faire de la repentance une pratique habituelle dans nos journées ? Qu’attendons-nous pour venir à Dieu admettre notre péché – les larmes aux yeux peut-être, mais le cœur en joie ? En effet, nous savons qu’au moment même où nous venons souillés par notre péché nous repentir devant Dieu, il y a une fête dans le ciel. Et c’est le sourire de Dieu qui nous répond !

Alors que Dieu fasse, pour vous et pour moi, que notre vie entière soit une vie de repentance.


[1]Timothy J. Keller, « All of Life is Repentance », Redeemer Report, novembre 2004, https://www.redeemer.com/uploads/RedeemerNewsletter-2004-11.pdf, consulté le 20 octobre 2020.

[2]John Miller, O Dieu pardonne-moi : la repentance, pour la vie, Chalon-sur-Saône, Europresse, 1996, p. 20.

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