Cet article est extrait de « Le dessein de Dieu pour l’Église » dans lequel Conrad Mbewe qui, puisant dans trois décennies de travail pastoral en Zambie, vise à équiper les pasteurs et les responsables d’église avec des principes bibliques adaptés.
L’Évangile est également important pour la vie de l’Église ; son rôle détermine la croissance des chrétiens dans leur foi la plus sainte. Nous commençons notre vie spirituelle de croyants en entendant et en croyant l’Évangile. Nous acquérons une forte assurance de notre salut à mesure que nous saisissons les implications de ce que Jésus a fait pour nous sauver du péché. Nous développons notre vie spirituelle en entendant et en croyant l’Évangile. Les chrétiens ne doivent jamais s’éloigner de l’Évangile. S’ils le font, ils finissent par vouloir plaire à Dieu sur la base de leurs propres efforts, plutôt qu’en se reposant sur l’œuvre accomplie par Christ en leur faveur.
Paul a dit aux Colossiens :
Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâces. Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les principes élémentaires du monde, et non sur Christ (Col 2.6-8).
Paul craignait que les croyants de Colosses ne stagnent dans leur foi en Christ, par laquelle ils étaient parvenus au salut. Il les a exhortés à poursuivre leur marche avec lui en étant enracinés et édifiés en lui. Les vérités qui les ont conduits au salut étaient aussi celles sur lesquelles ils devaient bâtir leur vie. Il semblerait que Paul ait eu vent d’enseignements populaires à Colosses qui se basaient sur les traditions humaines et non sur Christ. Plus loin, dans le deuxième chapitre de l’épître aux Colossiens, il devient évident que certains de ces enseignements n’étaient que du légalisme. Paul a donc averti les croyants de veiller à ce que personne ne soit la proie de telles philosophies et tromperies dénuées de substance. Conscient que ces enseignements ne pouvaient aider les gens à atteindre une sainteté durable et authentique, il a écrit : « Ils ont, en vérité, une apparence de sagesse, en ce qu’ils indiquent un culte volontaire, de l’humilité, et le mépris du corps, mais cela est sans valeur réelle et ne sert qu’à satisfaire la chair » (Col 2.23). Seule l’œuvre du Saint-Esprit peut véritablement sanctifier le peuple de Dieu. La matière première que le Saint-Esprit utilise pour ce faire est l’Évangile du Seigneur Jésus-Christ, c’est pourquoi nous devons garder le message de l’Évangile. Nous en avons besoin pour grandir dans la sainteté. Toute autre chose fera simplement de nous des hypocrites moralisateurs, comme les pharisiens à l’époque du Seigneur Jésus-Christ. Jésus a décrit les pharisiens tels des tombeaux blanchis à la chaux : beaux extérieurement, mais pleins d’ossements de cadavres à l’intérieur (Mt 23.27,28) ! C’est ce que nous devenons sans l’Évangile.
L’épître aux Romains nous livre un autre exemple de l’importance de l’Évangile dans la croissance spirituelle d’un chrétien. Au début du chapitre 12, Paul écrit : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable » (Ro 12.1). On pourrait aussi traduire ce passage ainsi : « Et donc, chers frères et sœurs, je vous supplie de donner vos corps à Dieu en raison de tout ce qu’il a fait pour vous. » Notre engagement envers le Seigneur doit être une réponse de gratitude pour tout ce qu’il a fait pour nous. Dans les premiers chapitres de Romains, Paul explique que nous sommes tous sous la colère de Dieu à cause de notre impiété et de notre injustice. Il montre ensuite comment nous sommes sauvés par grâce, par la rédemption qui est nous a été offerte par Jésus-Christ. Paul développe : notre position devant Dieu en tant qu’objets de sa grâce est basée sur l’œuvre accomplie par Christ. Il parle avec éloquence en disant : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Ro 8.1). Dans ce chapitre, il dit également que « nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Ro 8.28). Puis il termine sur une note difficile à égaler. Après avoir évoqué les épreuves douloureuses que les chrétiens seront amenés à traverser dans cette vie, il écrit :
Mais dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur (Ro 8.37-39).
Quel crescendo ! Tout est « en Christ Jésus notre Seigneur ». Une véritable vie chrétienne implique une réponse à ces bienfaits glorieux qui nous ont été procurés par la mort, l’ensevelissement et la résurrection du Fils de Dieu. Cela illustre, une fois de plus, qu’une bonne compréhension de l’Évangile se traduit par un plus grand engagement envers Christ et son Église.
L’épître de Paul aux Éphésiens nous livre une autre illustration de la place vitale de l’Évangile dans la croissance chrétienne. Paul écrit à propos des « richesses incompréhensibles de Christ » (Ép 3.8), qu’il a prêchées aux païens. Il entend par là les richesses inépuisables de Christ en faveur de son peuple. Paul a toujours prié pour que tous les chrétiens puissent « comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte [qu’ils soient] remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu » (Ép 3.18,19). C’est à la lumière de cet amour que Paul exhorte les chrétiens à vivre des vies dignes de l’appel qu’ils ont reçu (Ép 4.1). C’est le moteur rempli d’essence qui propulse la voiture de sorte qu’elle avance sans qu’on ait besoin de la pousser. C’est aussi une nouvelle vision de cet amour de Christ qui ancre nos âmes, nous empêchant ainsi de faire marche arrière lorsque viennent les tentations et les épreuves. Nous sommes prêts à tout endurer plutôt que de délaisser le Dieu qui nous a tant aimés. L’auteur du cantique l’a si bien dit lorsqu’il a prié Dieu en disant :
Oh, combien je suis redevable à la grâce au quotidien !
Que ta bonté rattache mon cœur égaré à toi, tel un cordon ;
Enclin à errer, Seigneur, je le sens bien, enclin à quitter le Dieu que j’aime ;
Voici mon cœur, ô, prends un sceau ; scelle-le pour tes cours célestes1.
La compréhension des richesses de la grâce en Christ était aussi la pierre angulaire de la vie chrétienne personnelle de Paul. Il a écrit aux Galates :
Car c’est par la loi que je suis mort à la loi, afin de vivre pour Dieu. J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi. Je ne rejette pas la grâce de Dieu ; car si la justice s’obtient par la loi, Christ est donc mort en vain (Ga 2.19-21).
Ayant goûté à la vie d’un pharisien, Paul avait constaté son incapacité à parvenir aux niveaux de sainteté qu’il essayait d’atteindre. Il avait le choix : rester un hypocrite ou abandonner complètement cette poursuite. Il a choisi la deuxième option lorsque le Seigneur Jésus-Christ s’est révélé à lui sur le chemin de Damas. Ce n’était plus l’effort humain et la tentative de respecter la loi qui le dirigeaient. Au contraire, c’était désormais un amour pour Dieu qui l’animait. Comment ? Quand il s’est vu crucifié avec Christ, ce n’était plus lui qui essayait de vivre une vie impossible à vivre. C’était Christ, par son Esprit, qui vivait en lui et le propulsait dans la vraie sainteté. La vie qu’il menait était une vie dans laquelle il focalisait désormais ses regards sur Christ, qui, pour reprendre les propos de Paul, « m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi ». Ainsi, la vie chrétienne est une vie bâtie sur la grâce de Dieu, une grâce qui nous a été accordée par l’œuvre rédemptrice de Christ, et qui nous est transmise par l’Esprit de Christ. C’est la seule façon de vivre une vie qui plaise à Dieu. S’il était possible d’y parvenir par l’effort humain, Jésus n’aurait pas eu besoin de payer un prix aussi élevé en livrant sa vie pour nous sur la croix. C’était la logique de Paul dans le passage de l’épître aux Galates que nous avons cité. Aussi est-il vital que l’Évangile constitue le régime alimentaire principal dans l’Église.