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Les liens essentiels de l’amitié missionnaire

Un ministère non soutenu par l’amitié n’est ni durable ni souhaitable. L’élan pour partir seul dans un ministère, que ce soit près de chez soi ou tout autour du globe, peut avoir l’apparence d’une bravoure remplie de foi, mais c’est bien plus probablement une bravade téméraire. Malheureusement, notre culture fait l’éloge du self-made et de l’autosuffisance, puis donne en spectacle leur inévitable autodestruction.

Le joueur vedette qui porte l’équipe à bouts de bras et l’amène à la victoire est un héros. Mais on ne demande jamais aux serviteurs de Dieu de porter le royaume du Christ à bouts de bras. Au contraire, l’Évangile va de l’avant et porte du fruit sur toute la terre grâce à des hommes et des femmes fidèles qui travaillent en réseaux d’amitiés étroites et d’adhésion à une église locale. Un exemple de cela peut être observé dans les vies entrelacées de William Carey et de ses amis. L’étude de la correspondance de Carey ainsi que des lettres de personnes qui le soutenaient, telles Andrew Fuller, nous donne un aperçu intime de la joie et de la nécessité des amitiés dans le ministère.

Tenir les cordages

L’Angleterre du XVIIIème siècle fut le berceau du mouvement évangélique, avec ses grands réveils et mouvements spirituels, ainsi qu’avec la naissance de l’œuvre moderne des missions. Les Baptistes anglais en particulier, nous présentent un beau tableau des liens d’amitiés interconnectées qui propulsèrent un ministère fidèle et fructueux jusqu’aux extrémités de la terre.

La vie et l’œuvre de William Carey (1761-1834) sont bien connues. (Michael Haykin a recensé plus de 70 biographies de Carey.) Mais combien connaissent les noms de John Ryland Jr, John Sutcliff, Samuel Pearce et Andrew Fuller ? Tout comme Aaron et Hur ont soutenu les bras de Moïse, ce groupe de frères s’est soutenu, servi, défendu, a plaidé et prié les uns pour les autres jusqu’à leurs derniers jours.

L’élan pour partir seul dans un ministère peut avoir l’apparence d’une bravoure remplie de foi, mais c’est bien plus probablement une bravade téméraire.

Ryland était celui qui baptisa Carey en 1783. Sutcliff, qui était le pasteur de Carey, adressa en 1784 un appel à la prière pour « la diffusion de l’évangile jusqu’aux parties les plus éloignées de la terre habitée. » Lorsque l’enthousiasme de Carey pour les missions fut freiné lors d’une réunion de pasteurs en 1785, Fuller l’encouragea à persévérer malgré la résistance des autres. Ces trois hommes ont participé à l’ordination de Carey en 1787, ont collecté des fonds pour soutenir son équipe, puis ont prêché et écrit au nom de son équipe, affirmant et défendant la compréhension théologique qu’avait Carey du Mandat missionnaire.

Ensemble, ces hommes ont contribué à la formation de la « Baptist Missionary Society » [Société baptiste missionnaire] en 1792, puis ont envoyé leur cher ami en Inde par le biais de cette société l’année suivante. C’est à ces chers amis que Carey a dit de façon célèbre : « Je descendrai dans la fosse, si vous tenez les cordages ». Ils ont accepté et, par la grâce de Dieu, ils sont restés fidèles à leur parole.

Un lien spécial

Le soutien que ces amis montrèrent envers Carey commença bien avant qu’il ne parte pour l’Inde. Quand, enfin, ils furent séparés par des milliers de kilomètres, ils se sont tournés vers le moyen de communication qu’ils avaient utilisé pendant de nombreuses années auparavant : la lettre. Heureusement, une grande partie de leur correspondance si pleine d’amour a survécu.

Dans une lettre datée du 2 février 1787, moins d’une semaine après le décès d’Elizabeth, la femme de Ryland, Fuller écrit : « J’ai souvent souffert pour vous, depuis que je vous ai vu ; mais Dieu est bon, et il vous soutiendra. » Il poursuit : « Dieu vous a longtemps éprouvé, mon frère, par une série d’épreuves ; c’est au sein de ces épreuves que vous avez eu un frère qui partageait vos sentiments. Le Seigneur, peut-être, l’a enlevée [=Elizabeth], afin que vous puissiez avoir un recours plus direct à lui. » Puis, réfléchissant à la perte de sa propre fille, Fuller se tourne vers l’espérance de la résurrection : « Oh, quelle belle rencontre aurons-nous enfin ! »

Dans son journal daté du 21 janvier 1788, Ryland écrit : « Les frères Fuller, Sutcliff, Carey et moi-même avons jeûné ce jour-là en privé, dans mon bureau ». Ils ont lu des textes de la Bible et de la littérature chrétienne à haute voix, « et chacun a prié deux fois ­ Carey avec un élargissement singulier et remarquable. Notre principal objectif était d’implorer un renouveau de la puissance de la piété dans nos propres âmes, dans nos églises et dans l’église en général. »

Des souvenirs comme ceux-là et les liens spirituels forgés dans la communion, se révélèrent cruciaux car ils soutenaient les amitiés et les succès dans le ministère. Dans une lettre datée du 3 décembre 1793, après le départ de Ryland pour aller diriger la Bristol Baptist Academy [université baptiste de Bristol], Fuller lui écrivit car il sentait la peine évidente de son ami éloigné : « Je n’ai pas d’autre raison de vous écrire que d’exprimer mon désir sincère que votre important déménagement soit pour le bien. Je suis convaincu que vous êtes dans la voie du devoir ; sur cette considération, je suis prêt à me séparer de vous. J’aimais Carey, mais j’ai mieux aimé la cause du Christ ».

J’aimais Carey, mais j’ai mieux aimé la cause du Christ.

En tant que missionnaire, Carey semblait ressentir la peine de la solitude de façon plus aiguë. Dans une lettre adressée à Sutcliff le 16 janvier 1798, Carey écrit : « Vous faites partie du nombre de mes chers amis dont je mentionne souvent les noms dans mes pauvres prières à Dieu, et, permettez-moi de le dire, vous êtes l’un de ceux auxquels mon cœur est vraiment attaché dans l’Évangile. »

Tout au long de leur correspondance, il devient évident que ces hommes avaient un intérêt sincère à la fois pour les détails apparemment banals de la vie et pour le travail spirituel important effectué de part et d’autre du globe. Leur communication constante était une source d’encouragement et de conseils spirituels l’un pour l’autre. Grâce à ces lettres, les liens d’amitié se sont avérés suffisamment forts pour résister aux kilomètres et aux années.

Liés ensemble

Si nous louons Carey comme père des missions modernes, nous devons également apprécier les oncles du mouvement, disparus depuis longtemps. Et nous devrions considérer leur amour fraternel et leur amitié profonde comme dignes d’être imités. Une telle amitié est belle et éminemment souhaitable.

John Collett Ryland, le père de John Ryland Jr, a défini ce type de compagnonnage fraternel de cette façon : « L’amitié spirituelle est l’union des âmes au moyen de la sainteté vivante ». C’est ce que nous trouvons dans les ministères de William Carey et de ses amis.

Si de telles relations spirituelles ne sont pas seulement désirables mais aussi essentielles pour une vie chrétienne qui a du sens, alors elles sont certainement nécessaires pour un ministère chrétien sain. Nombreux sont les exemples modernes de la dévastation causée par les francs-tireurs dans le ministère et les dirigeants autoritaires qui échappent à tout contrôle. Mais les lumières les plus brillantes de l’histoire chrétienne, y compris nos héros missionnaires, ont été intensifiées par une illumination mutuelle. Nous nous souvenons de leurs noms, non seulement pour ce qu’ils ont fait en tant qu’individus, mais aussi pour ce qu’ils ont fait en tant que personnes en communion avec d’autres.

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