« Ne pas déranger le St-Esprit pour si peu ! »
C’est au cours d’un synode que j’ai entendu cette formule et, depuis, elle me trotte dans la tête. L’objet du débat synodal est sans importance. « Ne pas déranger le St-Esprit pour si peu » peut s’appliquer à bien des sujets : vous en connaissez autant que moi.
Cette phrase traduit, à coup sûr, un réel souci de respect et d’humilité. Respect pour la personne de la Trinité qui est présence de Dieu en nous ; respect et, par là-même, affirmation de son existence. Humilité, aussi, devant la majesté et la puissance de Dieu.
J’envie ces attitudes. J’ai beau savoir que grâce à Jésus-Christ, je suis le « temple du Saint Esprit », je n’ignore pas combien de fois, et gravement, j’offense Dieu en agissant – en paroles et en actes – comme s’il n’existait pas. Mon MOI se veut grand et fort alors qu’il ne l’est justement que lorsque je suis petite et faible… c’est-à-dire lorsque c’est l’Esprit qui agit à ma place, lorsque c’est Lui qui décide ce que mon bras doit faire, et qu’il le guide.
Bien exact, n’est-ce pas ? Alors, y aurait-il des cas où « il ne faut pas déranger le Saint-Esprit » ? Si oui, comment les discerner ? S’il existe vraiment des affaires grandes et petites pour nous, sommes-nous assures que notre classement est bien celui de Dieu ? Ne nous arrive-t-il pas de temps à autre de nous apercevoir qu’un événement anodin en apparence s’est trouvé lourd de conséquences, et vice versa ?
Aussi, ne puis-je m’empêcher de me demander comment il est possible de faire tellement confiance à son propre jugement… alors que, depuis la chute, notre volonté est entachée de péché, est « polluée » pour reprendre un mot à la mode. Comment être certain, en effet, que celle-ci est dans le droit chemin, sans l’aide de l’Esprit ? Impossible. Le Christ l’a dit : « Hors de moi, vous ne pouvez rien faire ». Et puisque nos cheveux sont comptés, ne nous laissons pas prendre au piège de la fausse humilité et efforçons-nous de laisser la direction au Saint-Esprit. Pensons à L’appeler à l’aide en toutes occasions, grandes et petites… J’allais dire qu’il est là pour ça… !
Pluralisme
Bien des Églises chrétiennes se disent pluralistes. Qu’est-ce à dire ? Au risque de trop simplifier, je vais tenter une explication.
Dans ces Églises, toutes les idées sur Jésus sont admises : Jésus le Nazaréen ou Jésus le Christ ; Jésus, le fils du charpentier Joseph, ou Jésus le Fils de Dieu fait homme, Jésus, le révolutionnaire, ou Jésus, le vainqueur de Pâques… Cependant, malgré l’apparence, une Église pluraliste n’est pas aussi ouverte et tolérante qu’on pourrait le croire. Pour être vraiment à sa place dans une telle Église, pour y être à l’aise, il faudrait, en effet, que chacune des convictions personnelles concernant Jésus ne soit pas exclusive d’une autre : il serait nécessaire que toutes renoncent à la prétention d’être l’expression de la Vérité.
Une Église pluraliste ne saurait pas admettre sans se contredire que certains de ses membres affirment connaître pleinement la Vérité. Ne pouvant accepter d’être jugée sur son manque, non pas de certitude, mais de connaissance, elle pose une limite à son ouverture : sous réserve de ne pas s’arroger le monopole de la Vérité, tous les crédos sont permis, tolérés, souhaités même. Les conceptions relatives à Jésus, les plus humanistes comme les plus spiritualistes, ont toutes droit de cité car elles contiennent toutes une part de Vérité, si grande ou si minime soit-elle. Et cette parcelle doit avoir sa place reconnue par tous.
Voilà pour le principe. Car, en fait, ces vérités parcellaires étant insuffisantes aux yeux de chacun, tous cherchent à les élargir. Et c’est ainsi que, dans les Églises pluralistes, les chrétiens sont en état permanent de recherche, non pas tant d’un témoignage plus fidèle – jugé nécessaire, naturellement – que d’une connaissance moins partielle de Jésus. Toujours en marche vers un but jamais atteint, comme s’il était humainement inaccessible.
Notons, d’ailleurs, qu’assez vite cette attitude conduit bien des quêteurs hors des murs de l’Église et c’est, de l’aveu même de ceux qui y restent, le début d’un vagabondage spirituel, certes émouvant, mais finalement décevant et, somme toute, bien inquiétant.
Oui, la Vérité existe
A l’évidence, notre temps a un goût pour la fausse humilité. Sous prétexte qu’il est de mauvais ton – surtout lorsqu’on est occidental – d’être sûr de quelque chose, on paraît se complaire dans l’incertitude. Comme le soleil derrière les nuages par jour de grand vent, la Vérité ne serait perceptible que par bribe, partiellement. Alors que la Bible nous La fait connaître pleinement et nous habilite à en rendre compte sur le mode affirmatif. Comment imaginer que Dieu, le Maître du monde et de l’histoire, pour qui mille ans sont comme un jour, aurait pu nous laisser incomplètement informés de ce qui, à Ses yeux, est essentiel pour nous ?
Il y a 2000 ans, des Juifs – dont la culture n’était donc pas la nôtre – ont annoncé avec autorité, et de façon ô combien affirmative, aux peuples divers habitant autour de la Méditerranée cultures et des mentalités, sans en minimiser aucune, sans en préférer aucune, toutes, en effet, étant soumises au péché.
La diversité humaine est assurément une richesse dans les Églises aussi bien qu’au dehors. Grâce à elle, chacune des diverses facettes de la Vérité reçue dans sa totalité essentielle sont mises en relief pour l’édification de tous les membres de l’Église. Et la Vérité à recevoir dans sa totalité, c’est celle qui est attestée par l’Écriture : Jésus, le seul nom qui ait été donné aux hommes par lequel ils puissent être sauvés. L’Église doit confesser cette Vérité unique et objective qui ne doit rien à nos subjectivités particulières. Elle a le devoir de la confesser dans la diversité des témoignages de ses membres. Le puzzle n’existe donc pas au niveau de la Vérité qui est une. Il se situe dans les modes du témoignage et, dans cet ordre d’idées, nous savons bien, n’est-ce pas, que la main ne vaut pas mieux que le pied ou l’œil ?
Ainsi, prenons garde – avec l’aide du Saint-Esprit – de ne pas taire, par fausse humilité, qu’il existe une Vérité objective, nettement déterminée. Cette Vérité nous est extérieure : si nous en vivons, nous pouvons aussi en parler en toute assurance… car nous n’y sommes strictement pour rien. C’est Dieu qui l’a voulu ainsi et qui a commis la folie, à nos yeux, de la confier aux vases d’argile que nous sommes.
Certes, Dieu ne peut pas être enfermé dans des mots, mais Il nous a donné un langage pour que nous Le louions et que nous disions nettement ce qu’il a fait pour nous… C’est tellement simple ! Folie selon les hommes mais sagesse selon Dieu. Qui sommes-nous pour contester ?
Note éditoriale : Fausse humilité, Ichthus N° 43, mai 1974, pages 16 à 17
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