On se figure trop souvent que la conscience fonctionne comme une sorte d’engin à radar incorporé signalant à l’homme les embûches que recèle une certaine ligne d’action.
Ou bien, on la décrit comme la voix de Dieu dans l’homme, comme l’élément transcendant qui vit en lui. Selon cette opinion, la conscience, c’est simplement « Dieu dans tout homme », un « instinct divin », comme dit J.-J. Rousseau. Autre notion moderne répandue : on définit la conscience comme étant une norme imprimée par la société dans l’esprit de l’individu de manière à façonner les valeurs personnelles de celui-ci. Agir contre la conscience, ce serait alors agir contre les valeurs de la société. Ceci, évidemment, est inacceptable pour le chrétien ; en effet, ainsi que le fait remarquer Calvin, la conscience d’un homme ne se rattache qu’à Dieu seul et à Sa loi : « Quand il n’y aurait aucun homme vivant sur la terre, je suis tenu en ma conscience de garder cette loi ». Enfin, une erreur à laquelle les chrétiens se laissent quelquefois prendre, c’est d’envisager la conscience comme une faculté morale à part qui aurait échappé
à la corruption de la Chute, et constituerait ainsi un guide sur lequel compter lors d’une décision éthique.
Qu’est-ce donc alors que la conscience ?
La Révélation et la conscience
Ce sont les écrits de Paul, et en particulier l’important passage de Romains 2 :12-16, qui nous aident le mieux à définir exactement la| conscience. Nous aurons donc intérêt à déterminer le sens de ces versets avant de parler des divers états de la conscience : bonne, mauvaise ou faible. Ces paroles de Paul ont pour contexte général le juste jugement qu’exerce Dieu sur les hommes situés hors de la révélation spéciale de Dieu en Christ. Ce que l’apôtre montre au v. 14, et qui découle de l’idée du v. 12, c’est que les païens, tout en étant démunis de révélation spéciale, donnée sous forme de loi écrite, n’en connaissent pas moins d’une autre façon la loi de Dieu. Ils sont « une loi pour eux-mêmes », ayant « l’œuvre de la loi écrite dans leur cœur » (v. 15). C’est pourquoi ils font par nature et en toute spontanéité « ce que prescrit la loi » (v. 14). A remarquer ici que, selon l’affirmation de Paul, ce n’est pas la loi même qui est écrite dans leur cœur, mais « l’œuvre (to ergon) de la loi ». Ce qui semble indiqué en ce lieu, c’est le fait que les païens accomplissent des actions concrètes qui sont en conformité avec les exigences de la loi, sans pourtant y être incités par la révélation spéciale. C’est la même loi que celle de Moïse qu’ils accomplissent, mais ils sont motivés par une autre révélation que celle qui fut faite aux Juifs. Ceci doit signifier, comme l’affirme le Professeur John Murray, que « les prescriptions de la loi sont inscrites sur ce qui est le plus profond et le plus déterminant dans leur être moral et spirituel, et y sont incorporées dès l’origine [1] ». Ceci définit la conscience, laquelle se manifeste, chez les païens, dans leurs pensées qui les excusent ou les accusent, selon les actes qu’ils accomplissent (v. 15).
Cet auto-jugement est un témoignage rendu au fait de la conscience. La conscience est alors la fonction morale discriminante qui établit l’unité de la pensée et de l’action humaines. Elle sert de témoin entre la norme d’action placée par Dieu en l’homme, et les actes qu’accomplit ce dernier. C’est ce qui crée l’unité de la personnalité humaine. Plus loin, Murray affirme que la conscience est « la personne fonctionnant dans le domaine de la discrimination morale ». De là il s’ensuit que si vraiment l’homme possède, gravé dans sa conscience morale, un sens de l’obligation qui le mène à connaître le bien et le mal agir, alors l’adjonction de la loi à la connaissance humaine sous forme de commandements écrits devrait donner plus de vigueur aux fonctions de la conscience.
Nous voyons donc que c’est la présence de la loi qui provoque le fonctionnement de la conscience humaine, que ce soit la loi écrite sur des tables de pierre, ou l’œuvre de la loi écrite dans le cœur. La loi exprime la sainteté et la bonté de Dieu [2]. L’homme, créé pour glorifier Dieu, est guidé dans sa tâche par la présence de normes auxquelles il se conforme en discernant le bien et le mal. La conscience exerce son action en relation avec la loi de Dieu, révélée à la fois dans la nature créée de l’homme, et dans des propositions manifestées de façon spéciale. L’idée de conscience présuppose toujours une réaction à la révélation de Dieu. La conscience de l’homme, c’est le jugement que l’homme rend sur lui-même d’après le jugement rendu par Dieu sur lui. A noter qu’en aucun des deux cas ce jugement n’est rendu indépendamment des normes saintes et justes que Dieu a établies dans Sa loi. Tout ceci nous conduit à penser qu’il n’existe aucun antagonisme entre ce qu’on pourrait appeler l’éthique générale et l’éthique révélée, tout comme nous ne trouvons pas de tensions entre la révélation générale et la révélation spéciale dans l’enseignement de l’Écriture. La parole parlée de Dieu est donnée dans le monde qu’Il a créé ; la loi exprimant la volonté de Dieu s’adresse à l’homme qui est l’image de Dieu.
La conscience déchue
Cependant quelques questions premières doivent être soulevées ici quant à la nature de la conscience. La conscience est-elle une entité immuable et stable appartenant à l’homme, une possession innée, et qui serait la voix de Dieu « fonctionnant » dans l’homme ? Ou bien est-elle susceptible de se détériorer, au point même de disparaître, quand l’homme, volontairement, résiste à la loi de Dieu ?
Pour répondre à cette question, il importe de se rendre compte que la conscience n’est pas quelque chose qui aurait commencé à opérer après la chute de l’homme, comme pour réfréner la corruption qui le sépare de Dieu. Si nous acceptons l’idée que la conscience est le discriminant moral fonctionnant chez l’homme en relation avec la loi de Dieu, il s’ensuit alors que, lorsque Dieu ordonna à Adam de ne pas toucher à l’arbre du paradis, Adam savait qu’il serait mal de désobéir. Obéissant au commandement divin, Adam eût agi en bonne conscience. Aussi, lorsqu’il pécha, Adam sut, par le témoignage subséquent de sa conscience, qu’il avait désobéi à Dieu, et il se cacha loin de Lui. Avant la Chute, l’homme connaissait le bien en termes d’obéissance à la loi de Dieu, et la conscience agissait dans un sens purement positif. Après avoir péché, Adam connut non seulement le bien mais aussi le mal (Genèse. 3 :22). La conscience se vit dorénavant sollicitée de façon plus extensive. Dès lors, elle ne se borne plus à rendre témoignage au bien ; elle accuse aussi le mal. Elle examine l’homme en tant que ce qu’il est, et d’après les normes fixant ce qu’il devrait être.
Cependant, il ne faut point croire que la conscience ait échappé aux ravages de la Chute. Mieux vaut dire que la conscience, telle que nous la connaissons, est elle-même dépravée, et sujette à la corruption. Une conscience accusatrice se porte témoin de notre dépravation. En fait, c’est précisément parce que quelque chose ne va pas chez l’homme que la conscience fait fonction d’accusatrice. Mais si, alors, la conscience excuse ou accuse l’homme déchu, il ne faut pas pour autant la prendre pour guide infaillible du bien. Elle n’est pas la voix de Dieu en nous, une inexorable « lumière naturelle », mais dans chacune de ses activités, elle est une réaction humaine. Comme telle, elle est aussi peu sûre que n’importe quelle autre activité de l’homme corrompu. Si elle persiste dans l’incrédulité, notre conscience peut devenir « flétrie » comme au fer rouge (1 Timothée. 4 :2). Elle peut à tort dénoncer comme péché ce que n’interdit pas la loi de Dieu ; les hommes peuvent s’en servir comme excuse dans la recherche de leurs propres fins ; elle peut être affaiblie par des idées fausses (1 Corinthiens. 8 :7), blessée et souillée par l’incrédulité (Tite 1 :15).
Tout ceci indique que la conscience peut même être réduite au silence, si le pécheur incrédule persiste dans son refus d’en reconnaître la fonction. C’est ainsi que lorsque la vérité de la loi est dépréciée et rejetée, la conscience va cesser de remplir sa fonction d’accusatrice. Lorsqu’il n’existe plus de normes reconnues de justice, la conscience ne garde pas sa fonction spécifique. De cela résultent inévitablement le déclin et l’effondrement de l’existence humaine (cf. Romains. 1 :18s), l’homme étant abandonné à son péché. Le suicide fournirait un exemple approprié de ce qui peut arriver lorsque l’homme fuit la loi de Dieu, et que sa conscience perd sa fonction.
Dans l’état où elle existe chez l’homme déchu, la conscience peut lui dire qu’il y a une distinction entre le bien et le mal, mais elle ne lui dira pas, dans tous les cas, ce qu’est le bien et comment le faire. Seule, la parfaite loi de Dieu peut fournir aux fonctions de la conscience une direction et un contenu. Sans les commandements spécifiques de l’Écriture en tant que règle infaillible de conduite, la conscience n’est qu’un guide au mieux défaillant et au pire inexistant.
Elle est incapable de nous faire voir notre culpabilité devant Dieu, elle ne peut combler l’abîme entre la sainteté et le péché, et, tandis qu’elle peut nous conduire à rejeter un méfait, elle ne peut nous détacher du péché. Seul le Saint-Esprit peut donner au pécheur la véritable repentance.
Bonne et mauvaise conscience
Si nous acceptons ce que notre analyse a jusqu’ici montré, à savoir que la conscience fonctionne en relation avec la connaissance qu’a l’homme de la loi de Dieu en tant qu’engageant sa conduite, alors nous n’aurons guère de mal à définir ce que veut dire « avoir bonne ou mauvaise conscience ». On sera excusé par sa conscience lorsqu’on agira en accord avec ce que l’on comprend être la volonté de Dieu révélée dans la loi, et l’on sera accusé par elle lorsqu’on violera ce que l’on comprend être cette volonté. Ici, toutefois, il importe d’insister sur le fait qu’étant donné la possibilité de comprendre de façon incorrecte la loi sur tel ou tel de ses points, la fonction de la conscience peut être mal orientée.
Prenons un exemple pour illustrer ce point. Le chrétien qui croit que le quatrième commandement renferme une obligation permanente aura mauvaise conscience, tant avant qu’après son acte, s’il viole ce qu’il entend être la loi de Dieu en assistant par exemple à un match le dimanche ou en achetant de l’essence en chemin. Réciproquement, le chrétien qui n’entend pas ainsi la loi peut n’éprouver aucun tracas en commettant l’une ou l’autre de ces actions. Sa conscience l’excusera, vu qu’il ne croira pas avoir enfreint le commandement de Dieu. Les deux hommes, qui professent tous deux être chrétiens, ont tous deux bonne conscience, alors qu’ils agissent de façon contraire. Pourtant la loi de Dieu ne se contredit pas elle-même, et l’un d’eux doit par conséquent agir à tort. L’un des deux hommes est, en fait, abusé par sa conscience, et la racine de la méprise, c’est son incompréhension du commandement en question.
Pour que la conscience agisse comme il faut, on doit acquérir une exacte compréhension de ce qu’enseigne toute l’Écriture, sur un sujet donné, et l’on doit en faire une sage application aux circonstances particulières, sous peine de se trouver dupé par sa conscience. Ainsi de même, dans tout ce qui touche aux « questions secondaires », la conscience ne doit pas être prise pour guide exclusif. Il est indispensable, en premier lieu, de comprendre le rapport qu’a la Parole de Dieu avec le sujet mis en question (par exemple, l’usage de l’alcool ou du tabac, s’habiller d’une certaine façon, etc.).
Les viandes sacrifiées aux idoles
Cette question relative à la conscience vient en discussion dans les instructions de Paul concernant la viande sacrifiée aux idoles. Deux parties sont ici en présence : ceux dont la conscience autorise à y toucher, et ceux qui, ce faisant, sont blessés dans leur conscience. Il n’est pas possible que les deux parties trouvent une sanction biblique à leurs idées, et l’une des deux doit en fait être dans l’erreur. C’est pourquoi Paul parle de ceux dont la conscience est faible (1 Corinthiens. 8 :7 ; cf. v. 12 ; 10 : 25, 27-29). Ici, l’expression « faible » s’explique en termes de manque de connaissance. Ces frères, naguère idolâtres, doivent encore saisir dans la pratique le fait qu’« il n’y a qu’un seul Dieu » (1 Corinthiens. 8 :4-7). S’ils sont dans l’erreur, c’est qu’ils n’ont ni « cette connaissance », ni une volonté suffisamment forte pour appliquer ce qu’ils savent de l’inexistence des idoles à la question de la libre consommation de la viande. Néanmoins, il ne faut pas heurter leur conscience faible, car le doute est péché devant Dieu, ce doute qui est l’incapacité d’agir selon ce qu’on croit juste aux yeux de Dieu (cf. Romains. 14 :23). Par conséquent, ceux dont la plus grande connaissance a fortifié la conscience ne doivent pas écraser ceux qui sont faibles (1 Corinthiens. 8 :1), mais plutôt édifier leurs frères dans la charité. En choisissant d’agir ainsi, le fort sera sans doute à même d’aider le faible à grandir dans la compréhension de ce qu’implique l’éthique révélée.
Sans reproche devant Dieu
Ailleurs, et en particulier dans les épîtres pastorales, Paul parle de la conscience comme étant bonne ou mauvaise. Dans ces cas-là, une bonne conscience indique la rectitude des actions d’un homme en rapport avec les normes établies par Dieu. C’est ainsi qu’à l’égard de ses actions, Paul déclare : « Je ne me sens coupable de rien ; mais ce n’est pas pour cela que je suis justifié. Celui qui me juge, c’est le Seigneur » (1 Corinthiens. 4 :3-4 ; cf. 2 Corinthiens. 1 :12). Dans sa propre conscience, Paul est excusé ; cependant il sait que le jugement de la conscience humaine n’est pas final. Les cas où il est parlé de la bonne conscience sont souvent ceux où elle est opposée à l’hérésie (Tite 1 :15 ; I Pierre 3 :16).
Dans 1 Timothée 1 :3-5, Paul fait contraster les idées de ceux qui se sont fourvoyés dans la spéculation, avec la doctrine apostolique, qui a pour but « une charité venant d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère ». La bonne conscience est le privilège des croyants qui, agissant selon l’amour, font de la loi un usage approprié (v. 8). Un peu plus loin, l’apôtre établit le même contraste entre ceux « qui ont fait naufrage par rapport à la foi », et ceux qui ont gardé « la foi et une bonne conscience » (v. 18s.). Il est tout à fait naturel de voir ressortir constamment cet aspect « foi » à côté de la « bonne conscience », car là où se trouve la foi salutaire, on se souciera sans cesse d’avoir « une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes » (Actes 24 :16). La foi en Christ, en tant que Celui qui porte le péché selon les prescriptions de la loi, c’est ce qui libère la mauvaise conscience du fardeau du péché, et la met dorénavant à même de vérifier ce qui est bon aux yeux de Dieu.
La relation entre la bonne conscience et Christ en tant qu’Agneau du sacrifice, reçoit son développement le plus complet dans l’épître aux Hébreux. Les sacrifices de l’Alliance mosaïque « ne peuvent rendre parfait sous le rapport de la conscience celui qui rend ce culte » (9 :9), mais le sang de Christ « purifie la conscience des œuvres mortes » (v. 14), et son aspersion purifie les cœurs d’une « mauvaise conscience » (10 :22 ; cf. 10 :2) en donnant aux chrétiens une bonne conscience (13 :18). Une bonne conscience, c’est alors celle qui est libérée de l’esclavage du péché pour obéir à la loi de Dieu dans la foi. Lorsque l’obéissance à Dieu est rendue dans la foi, et est approuvée par une bonne conscience, la tranquillité d’esprit qui en résulte est un avant-goût de la paix et de la gloire de la vie future, lorsque la communion avec Dieu sera pleinement instaurée.
Si la bonne conscience est décrite dans le Nouveau Testament, la signification de la « mauvaise conscience » y est présente aussi. L’exemple le plus pertinent en est Tite 1 :15, où Paul dit que rien n’est pur pour ceux qui sont méchants et incrédules, car leur intelligence et leur conscience sont souillées. Ils font profession de connaître Dieu, mais leurs actions témoignent du contraire (v. 15-16). Ici, Paul fait évidemment allusion aux non-régénérés qu’il qualifie de vils et de réprouvés. Dans ces versets, nous voyons que l’esprit non-régénéré et la souillure de la conscience produisent la mauvaise conscience. Le rôle de la conscience est important ici, car, puisque les judaïsants possèdent la mauvaise sorte de connaissance (v. 10 s) à cause de leur esprit non-régénéré, leur conscience n’est pas capable de fonctionner de manière à prévenir des actes « détestables et rebelles ». Une fois de plus, la conscience est vue dans ce contexte comme le jugement pratique qui discerne si une action est bonne ou mauvaise par rapport à la norme donnée ; mais ici, la conscience est frappée d’incapacité, parce que la norme proposée pour guide de l’action est fausse. Les hommes sont incapables de juger droitement, parce que leur conscience flétrie est insensible, au point même de les rendre fous. Incrédulité et mauvaise conscience vont de pair.
Pour conclure
Nous n’avons pas examiné tous les passages scripturaires relatifs à la question de la conscience ; cependant, si cela était possible, ils tendraient davantage à confirmer notre conclusion qu’à l’infirmer. Cette conclusion, c’est que la conscience n’est pas une autorité morale absolue, et qu’elle ne fonctionne efficacement que lorsque l’autorité de Dieu en tant que juge et législateur est reconnue comme règle des pensées et des actions de l’individu. La fonction de la conscience dépend de ce que l’on comprend quant à l’importance de la loi tout entière pour l’homme tout entier ; c’est pourquoi on ne peut la considérer comme une faculté ou une illumination religieuse. Ainsi que le dit un réformateur anglais : « La conscience n’est pas une faculté unique, mais elle existe dans toutes les facultés de l’âme… dans l’entendement… dans la volonté… dans les affections… et ainsi elle parcourt l’âme tout entière. Elle n’est pas qu’une faculté ou deux, mais elle est située dans toutes les facultés »[3].
Reste une question importante : de l’homme non régénéré qui ne connaît pas l’Écriture, peut-on dire proprement qu’il n’a pas de conscience ? Il se trouve que, dans les passages examinés, l’homme en question est dit avoir une conscience flétrie et bâillonnée. Ces passages des épîtres pastorales se rapportent, en général, à ceux qui ont hérétiquement rejeté l’autorité du témoignage apostolique, et avec elle l’Évangile. Ils se sont retournés contre la parole des apôtres, messagers de Dieu. Cependant, dans Romains 2:12-16, nous avons peut-être une réponse plus claire à cette question difficile. Là, comme nous l’avons noté plus haut, nous lisons que ceux qui ne connaissent pas la loi révélée de Dieu n’en ont pas moins une conscience qui est conduite à accuser ou à excuser leurs actes par l’œuvre de la loi écrite dans leurs cœurs. On voit la conscience à l’œuvre chez les non régénérés, bien qu’elle soit un guide au mieux débile et qu’elle puisse devenir inopérante si l’homme retient captive (Romains. 1 :18) la vérité qu’il devrait reconnaître parce qu’il est créé à l’image de Dieu.
Dans le cas de l’homme régénéré, la conscience fonctionne selon l’intelligence pratique que possède le chrétien de la portée de la loi de Dieu sur toute sa vie. Mal comprendre la loi de Dieu et l’appliquer de travers à des cas particuliers peut conduire à une faiblesse de la conscience, ce que Paul ne condamne pas comme répréhensible en soi. Au contraire, une compréhension correcte de la loi en tant que guide de l’action, est le stimulant d’une bonne et saine conscience. Mais en cas de désobéissance spécifique, et de péché contre les saintes directives de Dieu, le résultat sera l’horreur et la blessure de la conscience ; cependant, la délivrance et le réveil de l’âme montrent que les enfants de Dieu ne restent « jamais complètement dans la misère »[4].
Pour finir, nous devons répéter que, pour le croyant en Christ, la conscience ne doit pas être utilisée comme seul guide de l’action dans les situations où il faut prendre une décision éthique. C’est la loi de Dieu qui est le guide de l’action, et c’est d’après la carte de l’Écriture que le chrétien doit tracer sa route, dont le « radar » de la conscience attestera ensuite la rectitude.
[1] J. MURRAY, The Epistle to the Romans, I. p. 75.
[2] Dans le Judaïsme, loi (tôrâh) veut dire non seulement commandement (l’aspect légal ou mitzwâh) mais tout ce que Dieu a fait connaître de sa nature et son caractère avec ce qu’Il appelle l’homme à être et à faire.
[3] Richard SIBBES, Works, 3, p. 209.
[4] Confession de foi de Westminster, XVIII, 4.
Ichtus N°39 – Janvier 1974 -Page 24 à 25
DIEU ET LA CONSCIENCE DE L’HOMME
Par Paul Wells