Cet article est la suite de : Christianisme et LGBTQI+ : deux visions du monde incompatibles ? (1)
Est-il possible pour les chrétiens de s’entendre avec les lobbies LGBTQI+ ? Ne pourrait-on pas envisager de mettre un peu d’eau dans notre vin et de tolérer quelques compromis ? L’idéologie LGBTQI+ et le christianisme sont-ils vraiment deux visions du monde incompatibles ? Dans un premier article, nous avons essayé de répondre à cette question sous l’angle du schéma « création-chute-rédemption ». Dans ce deuxième article, nous allons l’aborder sous l’angle de la notion d’identité.
« Les personnes trans sont qui elles disent être » (Emma Watson)
Les partisans de l’idéologie du genre affirment souvent les choses ainsi : « Je suis gay. Je suis transgenre. C’est mon identité, ou c’est l’identité que je veux endosser ». A priori, cela apparaît comme un argument indiscutable : qui suis-je pour remettre en question ce que tu es ? Considérer l’homosexualité ou le changement de genre comme un péché, c’est s’en prendre à l’identité même d’une personne, crime d’une grande gravité dans notre société.
L’homophobie et la transphobie sont mises sur le même plan que le racisme : déclarer à une personne transgenre qu’elle ne devrait être trans est considéré comme aussi grave que dire à une personne de couleur qu’elle ne devrait pas être noire. L’actrice Emma Watson avait ainsi déclaré, dans le cadre d’une controverse sur la question du genre : « Les personnes trans sont qui elles disent être et méritent de vivre leur vie sans être constamment remises en question ou qu’on leur dise qu’elles ne sont pas qui elles disent être ». Que répondre ?
Nos désirs sexuels font-ils partie de notre identité ?
La Bible affirme que tout comportement qu’elle condamne (et c’est le cas de l’homosexualité et du transgenrisme) relève d’un choix.
Sur ce point, la Bible n’est pas politiquement correcte. Elle affirme que tout comportement qu’elle condamne (et c’est le cas de l’homosexualité et du transgenrisme) relève d’un choix. Il existe certes toutes sortes de facteurs contribuant à amener quelqu’un à embrasser un mode de vie homosexuel ou une transition de genre. Et puis les désirs peuvent parfois remonter assez loin dans l’histoire de vie d’une personne. Mais il en va de même pour chaque être humain : les tentations ne sont pas les mêmes pour chacun, et certaines manières de penser semblent à ce point ancrées en nous qu’elles paraissent parfois faire partie de notre identité. Or notre société, loin de condamner certains désirs, les valorise et encourage à les suivre, à tel point qu’on parle aujourd’hui « d’orientation sexuelle » et « d’identité sexuelle ».
À l’opposé, le message biblique ne dit pas « Suis tes désirs », mais « Aligne tes désirs sur les désirs de Dieu ». Selon la Bible, il n’existe pas d’orientation ou d’identité sexuelle, comme le relève cet article paru sur Evangile 21 (https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/ne-devrions-utiliser-lexpression-orientation-sexuelle/). Il n’y a pas d’orientation sexuelle au sens que l’individu « est » transgenre ou « est » une femme dans un corps d’homme. On n’est pas homosexuel ou transgenre, on le devient.
Le véritable amour ne laisse pas quelqu’un dans l’erreur
La Bible nous dit au moins deux choses par rapport à notre identité : d’abord, nous avons une identité de créature de Dieu ; ensuite, nous pouvons avoir une nouvelle identité en Christ. Quelle est donc notre identité de créature de Dieu ? Eh bien, chaque être humain demeure, malgré la chute, une personne créée à l’image de Dieu, pour la gloire de Dieu. Voilà ce qu’elle « est ». Ce qu’elle fait n’affecte en rien ce qu’elle est. Tout le défi consiste à accepter et recevoir cette identité. Et tout le défi, pour les chrétiens, consiste à encourager chacun à endosser cette identité sexuée plutôt qu’à la combattre.
Nous ne pouvons pas encourager quelqu’un à se conforter dans l’idée d’une fausse identité. Andrew Walker écrit ceci dans son livre Dieu et le débat transgenre (BLF Editions 2021) : Serait-il sage et bon de dire à une personne qui souffre d’anorexie que la perception qu’elle possède d’elle-même (être en surpoids) est correcte… simplement parce que c’est comme cela qu’elle se voit ? Ou encore, face à une personne qui pense que sa vie ne vaut pas la peine d’être vécue et qui perçoit ses émotions comme raisonnables, serait-il sage de lui dire que ce qu’elle ressent et ce qu’elle pense est juste et qu’elle devrait effectivement agir en conséquence ? Absolument pas ! Ceci serait cruel et la manifestation d’un manque d’amour ! ».
Une nouvelle identité est offerte à ceux qui sont en Christ
Il faut ensuite rappeler que ceux qui sont en Christ reçoivent une nouvelle identité, une identité « réparée » : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Corinthiens 5,17). Redisons-le : le déterminisme n’existe pas. Si j’étais conditionné par mon « identité sexuelle », je n’aurais aucune raison de vouloir changer. Mais si, en revanche, tout style de vie est un choix, cela signifie aussi que ce style de vie peut être remplacé par un autre style de vie. Celui qui devient chrétien, et donc une nouvelle créature, est rendu capable de vivre pleinement selon sa nouvelle identité en Christ, selon des désirs, une volonté et un comportement transformés.
Peut-on être gay et chrétien ?
Cette identité n’est donc pas compatible avec une « identité homosexuelle » ou une « identité transgenre » : on ne peut pas être homosexuel et chrétien, au sens de se définir comme ayant une orientation ou une identité transgenre, et même au sens de considérer des désirs allant dans ce sens comme légitimes. Si Jésus est mon Seigneur, si je m’identifie à lui, je dois me laisser modeler par lui et je ne peux pas ajouter une identité supplémentaire, celle de « gay » ou « transgenre ».
Il faut par contre préciser, et c’est important, que la nouvelle identité en Christ ne supprime pas les tentations : il arrive que la lutte continue, et les tentations resteront parfois vives pendant longtemps. Il suffit de lire l’excellent ouvrage de Sam Alberry, Dieu est-il homophobe ? (BLF Editions, 2017), pour en être convaincu.
Que penser des « thérapies de conversion » ?
Un mot encore à propos des « thérapies de conversion », un sujet qui fait débat aujourd’hui, puisque les gouvernements occidentaux sont toujours plus zélés à les interdire. Que faut-il en penser ? Trois remarques. D’abord, il ne faut jamais chercher à convertir un homosexuel à l’hétérosexualité, ou un transgenre au cisgenrisme, mais à Christ. Le but, c’est qu’il comprenne l’Évangile et soit sauvé, comme n’importe qui d’autre. Si cette conversion à Christ se produit, celui qui aura ainsi endossé sa nouvelle identité en Christ en viendra « naturellement » (selon sa nouvelle nature) à tirer les conséquences qui s’imposent en matière d’éthique sexuelle.
Ensuite, la conversion ne peut pas être forcée : c’est Dieu qui touche les cœurs, pas nous. Enfin, si l’on a admis que les notions d’orientation sexuelle ou d’identité sexuelle ne sont pas bibliques, si l’on a admis qu’il n’existe aucun déterminisme, alors on comprend qu’une « thérapie de conversion » ne s’en prend pas à l’identité d’une personne, mais qu’elle offre simplement un autre regard sur un mode de vie et des choix de vie.
Nous posions la question : christianisme et LGBTQI+ sont-ils deux visions du monde incompatibles ? La réponse semble assez claire… Les pressions risquent donc de s’accentuer sur les Églises et les chrétiens. Mais nous pouvons y répondre avec joie et confiance, parce que la Bible apporte des enseignements pleins d’espérance quant à notre identité de créatures de Dieu et l’identité nouvelle et restauratrice que tout homme et toute femme peut recevoir en Christ.