En Occident, l’idéologie du genre fait son chemin et se met à convaincre progressivement tout le monde : on le voit dans les organisations internationales et le monde politique, dans les médias et la culture, ou encore dans les écoles et les hôpitaux. Bon nombre de chrétiens estiment que la pression se fera toujours plus forte sur les chrétiens et les Eglises et que cette pression pourrait un jour se transformer en persécution. N’est-ce donc pas possible de s’entendre avec les lobbies LGBTQI+ ? Ne pourrait-on pas envisager de mettre un peu d’eau dans notre vin et de tolérer quelques compromis ? L’idéologie LGBTQI+ et le christianisme sont-ils vraiment deux visions du monde incompatibles ? Nous allons essayer de répondre à cette question sous deux angles : l’angle du schéma « création-chute-rédemption » dans cet article, et l’angle de l’identité dans un deuxième article.
La différence sexuée n’est pas une construction sociale
La Bible, qui demeure le fondement intemporel sur lequel les chrétiens basent leur éthique, commence par le commencement : la création. Dieu a créé l’homme et la femme en tant que créatures égales, mais avec une identité et des rôles différents. L’humanité est composée de deux types distincts : un type masculin et un type féminin. La différence sexuée est capitale dans le récit de la création, et Adam et Eve ont ainsi été constitués avec des caractéristiques différentes, que l’on ne peut pas effacer. Et puis, ajoutons que dans la vision biblique, le corps est une part essentielle de ce que je suis et qu’il ne m’est donc pas permis de dissocier ce corps de mon « être intérieur ». Faire confiance au Créateur, c’est voir ces distinctions et voir le corps qu’il m’a donné non pas comme des contraintes étouffantes, mais comme quelque chose qui révèle la beauté du plan de Dieu : l’unité dans la diversité, telle qu’on la trouve au sein de la Trinité.
La différence sexuée entre l’homme et la femme n’est donc pas une « construction sociale », mais un donné créationnel intangible.
La différence sexuée entre l’homme et la femme n’est donc pas une « construction sociale », mais un donné créationnel intangible. L’essence même de l’idéologie transgenre s’oppose à cette vision des choses, par une remise en question fondamentale de ce que signifie être homme ou femme. Il s’agit d’un refus de laisser le Créateur parler de sa création, et c’est un choix idéologique que l’on pourrait qualifier d’anti-réaliste et anti-Dieu, qui prend facilement une tournure religieuse.
La chute : un désir d’autonomie… y compris en lien avec la sexualité
Mais la Bible explique bien comment il est possible qu’on en soit arrivé là, en parlant du deuxième temps de notre schéma « création-chute-rédemption » : la chute. L’essence même du péché, auquel succombent nos premiers parents, Adam et Eve, s’apparente à un désir d’autonomie : l’homme et la femme veulent s’affranchir de l’ordre créationnel. Genèse 3 décrit, entre autres conséquences de ce choix, la détérioration des relations entre l’homme et la femme et un refus de se soumettre aux rôles dévolus par Dieu. Poussé à l’extrême, ce désir d’indépendance conduit à vouloir nier non plus seulement les rôles et la différence sexuée, mais l’existence même d’hommes et de femmes. Le premier chapitre de l’épître aux Romains décrit ce à quoi conduit l’autonomie de la raison « libre » dans le domaine de la sexualité et des relations entre hommes et femmes.
Dans une perspective chrétienne, la chute a touché tous les aspects de notre être. Le cœur, siège de la personne, n’est plus orienté vers Dieu, mais vers la satisfaction de ses propres désirs, vus non pas comme devant être réfrénés, mais assouvis. L’intelligence et la pensée sont impactées elles aussi, de sorte que Paul pourra dire des païens qu’ils « marchent selon la vanité de leur intelligence. Ils ont la pensée obscurcie » (Ephésiens 4,17). La réflexion devient biaisée.
Comment expliquer la « dysphorie de genre » ?
Enfin, les corps sont eux aussi touchés par la chute. Cela explique l’existence de cas (extrêmement rares !) de ceux que l’on appelle aujourd’hui « intersexes » et qui, loin de justifier l’idée selon laquelle la sexualité serait non-binaire, démontrent plutôt l’enseignement de Genèse 3. Il est possible, et même probable, que la chute ait aussi eu des conséquences quant à la manière de percevoir son identité. On appelait autrefois cela un « désordre de l’identité de genre », on en parle aujourd’hui sous l’appellation « dysphorie de genre ».
Cela peut exister… mais la multiplication exponentielle du nombre de personnes se reconnaissant sous cette appellation ces dernières années nous amène à penser que l’omniprésence de ce sujet dans le discours du lobby LGBTQI+ contribue largement à susciter chez nos contemporains, en particulier chez les jeunes, des questionnements qui n’ont pas lieu d’être. Et puis surtout, dans une perspective chrétienne, la dysphorie du genre n’appelle pas, comme solutions, à un changement de prénom, à la prise d’hormones et à des opérations chirurgicales, mais à une saine compréhension de la rédemption – troisième temps de notre schéma « création-chute-rédemption ».
Une espérance pour nos corps, nos désirs et notre intelligence
Au sens large, le mot « rédemption » est à peu près synonyme de « salut » : la rédemption renvoie à la vie et à l’œuvre de Jésus-Christ, venu pour rétablir ce qui a été abîmé par la chute. Cette rédemption est à la fois future et présente. Future, parce que certains effets de l’œuvre de Christ sont encore attendus : le corps glorifié n’est pas pour tout de suite, mais il y a une certitude que toutes les maladies, toutes les fragilités et tous les inconforts de notre corps présent seront défaits.
Mais la rédemption est aussi présente et déploie ses effets sur le cœur, les désirs et l’intelligence. Celui qui est « en Christ », c’est-à-dire qui s’est repenti de ses péchés et a mis sa foi en Jésus-Christ seul pour son salut, devient une nouvelle créature. Son cœur est transformé, il n’est plus tourné vers l’idolâtrie, la satisfaction du « moi » et de ses désirs, mais vers le Dieu créateur, auquel il désire désormais se soumettre. L’intelligence est transformée, renouvelée, de sorte que les pensées de celui qui est au bénéfice de la rédemption sont restaurées pour penser comme Dieu pense.
Pas la fin des tentations, mais la foi que le changement est possible
La rédemption ne garantit pas la fin des tentations ou des combats, mais elle garantit d’une part que tous peuvent être déclarés justes par la repentance et la foi en Christ, et d’autre part que tous ceux qui sont ainsi déclarés justes peuvent marcher sur le chemin de la sainteté.
Christ déclare qu’il ne jettera pas dehors celui qui vient à lui (Jean 6,37). Tout être humain, quel qu’il soit, peut ainsi être au bénéfice du pardon de Dieu, recevoir une nouvelle identité et voir son cœur, ses désirs et ses pensées être transformés. La rédemption ne garantit pas la fin des tentations ou des combats, mais elle garantit d’une part que tous peuvent être déclarés justes par la repentance et la foi en Christ, et d’autre part que tous ceux qui sont ainsi déclarés justes peuvent marcher sur le chemin de la sainteté (1 Corinthiens 6,9-11).
Le christianisme affirme ainsi que le déterminisme n’existe pas ! L’amour chrétien véritable n’encourage pas son prochain à emprunter un chemin qui s’opposerait à l’ordre créationnel, il annonce la bonne nouvelle selon laquelle l’Evangile est capable de sauver et de transformer n’importe qui. Non pas pour le rendre plus malheureux, mais plus heureux.
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