La justification par le travail
Dans la vision biblique du monde, le travail est seulement une manière de servir Dieu. Le repos en est une autre. Le travail comme le repos sont tous deux pour la gloire de Dieu.
Ce qui compte, c’est Dieu et sa gloire. Ce qui compte, c’est ce que Dieu a fait pour nous : il nous a rendus justes par la mort de Jésus. Mais avec la sécularisation de la société, Dieu est écarté de l’équation.
Aujourd’hui, c’est le travail qui donne un sens à notre vie.
Notre sentiment d’être une personne de valeur ne provient plus de notre relation avec Dieu, mais de notre travail. Autrement dit, nous cherchons inconsciemment à trouver notre justification au travers des fonctions laïques que nous occupons. Il suffit de penser à la manière dont les gens répondent à ces questions : « Que faites-vous dans la vie ? » et « Que valez-vous ? » La plupart des gens répondent en donnant le titre de leur poste et le montant de leur salaire. Pour beaucoup, le travail est devenu le moyen d’évaluer qui ils sont. Nous nous identifions à notre travail : au poste que nous occupons et à la valeur que nous en retirons. Et c’est cela qui nous pousse à rechercher la réussite. Notre identité en dépend. À bien des égards, la révolution de l’information a aggravé cette situation. Pour beaucoup, le travail est devenu bien plus intéressant. Nous n’en sommes plus au travail à la chaîne, à répéter sans cesse les mêmes gestes. Et c’est une bonne chose. De plus en plus de personnes exercent des métiers plus intéressants.
Mais cela a aussi créé des attentes encore plus grandes : nous voulons un travail épanouissant. La valeur du travail se mesure en fonction du sentiment d’épanouissement personnel qu’il procure. La génération précédente était fière de travailler, même à des tâches monotones, parce que c’était le moyen de subvenir aux besoins de sa famille et de servir la communauté au sens large. Le travail était alors évalué en termes de service rendu à autrui.
Mais actuellement, tout tourne autour du « moi ». Le travail est évalué en termes de service rendu à « moi », celui qui travaille. Nous recherchons le « salut » (au sens d’épanouissement et de dignité) au travers d’emplois « gratifiants ». Les gourous du management ne nous apprennent pas simplement à présider efficacement une réunion ou à concevoir un bon produit. À présent, ils vous promettent de libérer votre potentiel intérieur pour que vous puissiez trouver un sens à votre vie et vous épanouir. Ils offrent un salut qui vient de l’intérieur. De nos jours, les entreprises utilisent un langage religieux : elles parlent d’identité, de sens, de mission et de valeurs. Ce n’est pas une coïncidence.
Le travail centré sur l’Évangile
TIM CHESTER
Le travail, c’est bien plus que 35 heures dans la semaine.
Vivre pour travailler, ou travailler pour vivre? De nombreux chrétiens se préoccupent peu de l’influence que leur foi a sur leur vie professionnelle. Et pourtant, l’Évangile est partout et touche tous les aspects de la vie!
Dans Le travail centré sur l’Évangile, vous découvrirez comment la bonne nouvelle de Jésus transforme notre vision du travail de manière pratique et surprenante.
En effet, nous servons un Dieu qui lui-même travaille ! Seul ou avec un groupe d’amis ou de collègues, découvrez comment la foi chrétienne transforme les problèmes que nous rencontrons au travail, et comment notre lieu de travail peut être un lieu de témoignage efficace sur le long terme.
Ce guide pratique vous apprendra à faire le lien entre le dimanche matin et le lundi matin.
Si nous faisons du travail notre salut, c’est-à-dire le moyen de découvrir notre identité et de nous épanouir, alors un échec professionnel aura sur nous un effet dévastateur.
Ce sera inévitable puisque mon identité dépend de mon « succès ». Dans les bons jours, nos résultats nous rempliront d’orgueil. Nous serons persuadés d’avoir réussi par nos propres moyens uniquement : nous imaginerons être des « self-made men ». Dans les mauvais jours, nous serons anéantis, car notre « moi » tout entier sera menacé.
La justification par la grâce
Nous qui sommes juifs de naissance, nous ne faisons pas partie de ces « pécheurs » que sont les païens. Cependant, nous avons compris qu’on est déclaré juste devant Dieu, non parce qu’on accomplit les œuvres que commande la loi, mais uniquement par la foi en Jésus-Christ. C’est pourquoi nous avons, nous aussi, placé notre confiance en Jésus-Christ pour être déclarés justes par la foi et non parce que nous aurions accompli ce que la loi ordonne.
Car personne ne sera déclaré juste devant Dieu parce qu’il aura accompli ce qu’ordonne la loi.
Galates 2.15-16
Par « les œuvres que commande la loi », Paul désigne les devoirs religieux propres aux Juifs. Mais le même principe s’applique à notre vision moderne du travail. Personne n’est déclaré juste parce qu’il se met « à l’œuvre ». Au contraire, nous sommes justifiés uniquement par la foi en Christ. Cela signifie que nous sommes justifiés par la foi en l’œuvre que Christ a accomplie sur la croix. Puisque nous sommes ainsi unis à lui par la foi, sa mort est notre mort, sa vie est notre vie, son approbation devant Dieu est la nôtre.
Trouver notre identité en Christ nous délivre de l’insécurité. Nous sommes enfants de Dieu, et cela indépendamment de nos réussites professionnelles, de nos erreurs ou de nos échecs. Quand nous recherchons notre identité dans notre travail, cela a tendance à affecter négativement nos relations professionnelles. Mais quand notre identité est fermement établie en Christ, nous pouvons travailler en toute honnêteté et transparence. C’est ce dont une équipe compétente a besoin pour bien fonctionner. Cela nous permet de nous poser librement des questions comme celles-ci : « Notre collaboration est-elle efficace ? » et « Comment pourrions-nous nous améliorer ? », sans nous sentir accablés en découvrant certains dysfonctionnements.
Quand votre travail est intéressant et épanouissant, réjouissez-vous de cette bénédiction. Mais n’en faites pas le fondement de votre identité. Si vous trouvez que votre emploi est banal et ennuyeux, réjouissez-vous d’être un enfant de Dieu par la foi en Christ et accomplissez votre travail pour sa gloire.
Réfléchir
L’insécurité est souvent à l’origine de tensions sur le lieu de travail, en particulier lorsque c’est le responsable d’équipe
ou le patron qui a peur pour son poste ou sa réputation.
Cela peut l’amener à se montrer :
- autoritaire : il presse ses équipes pour qu’elles soient
toujours plus performantes ; - sur la défensive : il rejette toute critique ;
- inefficace : il refuse de mettre ses collaborateurs face à leurs responsabilités.
Laquelle de ces tendances observez-vous chez vos collègues ?
Et en vous-même ? Comment l’Évangile nous délivre-t-il de cette insécurité, pour nous permettre de bien faire notre travail ?