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Cette pandémie a été rude pour le témoignage évangélique. Il est possible de faire une croix sur certaines églises en raison du coût de la mise en conformité. Nous n’avons pas été aussi actifs ni aussi visibles dans nos communautés que nous le souhaiterions normalement, et cela, dans l’intérêt de la santé publique. Notre Église par exemple, a un ministère dans plusieurs établissements de soins de longue durée mais ce ministère a été stoppé en bonne et due forme dès le début de la pandémie. C’était le bon choix, mais il a eu un coût regrettable. C’est l’une des activités pour lesquelles nous étions connus dans notre communauté locale. Nous étions cette Église qui, le dimanche après-midi, envoyait de gentils jeunes hommes et leurs familles dans les maisons de retraite pour « faire l’Église » avec les résidents et les personnes confinées.

Mais qui sommes-nous maintenant ?

Nous ne sommes plus que cette église qui accueille les plus grands rassemblements publics actuellement autorisés dans notre ville. Nous ne sommes que cette église dont le parking est « dangereusement » plein le dimanche matin.

Alors comment pouvons-nous reconstruire ?

Pour commencer, nous pouvons faire tout notre possible pour minimiser les dégâts et cela signifie NE PAS faire de vagues concernant la question du port du masque ou non. Pour être clair, je n’ai pas d’opinion arrêtée sur l’impact que le port du masque peut ou non avoir sur la propagation de la COVID19. J’ai lu sur Facebook des arguments très forts de la part de personnes avec qui je jouais au baseball et qui sont convaincues que cela ne fait rien du tout et qu’il ne s’agit là que d’une technique de toilettage utilisée par des politiciens despotiques pour ouvrir la voie à une approche plus autocratique du gouvernement. D’un autre côté, la plupart des médecins de notre Église semblent raisonnablement convaincus que le port du masque devrait être quelque peu utile pour ralentir le taux d’infection, permettant ainsi aux hôpitaux d’éviter d’être submergés par l’afflux de nouveaux patients.

Comme je suis titulaire d’un diplôme de premier cycle en études classiques et religieuses et d’une maîtrise en théologie, j’ai décidé de me tenir à l’écart de ce débat.

Je suis toutefois préoccupé par le coût que cet argument peut avoir en termes de témoignage chrétien. Aujourd’hui, un article a été publié sur le site web de la CBC sous le titre : « Comment les extrémistes de droite, les libertaires et les évangéliques ont construit le mouvement québécois contre les restrictions de COVID19. »

Ce n’est pas un titre utile ; l’article lui-même est encore pire.

Chaque fois que nous sommes mis dans le même sac que les « extrémistes de droite », nous devons procéder à une rapide analyse « coût – profit ».

Je peux souffrir d’être traité d’extrémiste si c’est le prix à payer pour croire que le salut ne s’obtient que par le Christ seul ; je peux souffrir d’être traité d’extrémiste si c’est le prix à payer pour continuer à croire en l’inerrance plénière des Écritures, mais c’est un prix bien trop élevé à payer pour prouver que j’ai raison sur la question des masques.

Il est temps de laisser tomber.

Il s’agit actuellement d’un « trou dans notre seau », trou que nous pouvons très facilement boucher, ce qui nous laisse plus de temps et d’énergie pour restaurer ce que cette pandémie a volé. À cette fin, pour reconstruire notre témoignage chrétien dans le monde de la COVID19, je vous propose les suggestions suivantes :

(1) Soyez fortement investis dans les pauvres

Dans son commentaire sur Galates 2:10 Martin Luther disait de façon remarquable :

« Après la prédication de l’Évangile, la fonction et la charge d’un pasteur vrai et fidèle est d’être attentif aux pauvres. »[1]

Vu le montant massif de la dette contractée par nos gouvernements au cours de cette pandémie (au niveau fédéral et municipal), il semble raisonnable de supposer que l’espace réservé aux opérations caritatives chrétiennes dans nos communautés locales devrait augmenter au cours de la prochaine génération.

Saisissons chaque centimètre carré de cette opportunité !

Même avant la pandémie, les chrétiens faisaient généralement un très bon travail dans ce domaine. Une étude récente suggère que les chrétiens injectent jusqu’à 67,5 milliards de dollars dans l’économie nationale chaque année (NDLR : chiffres du Canada). Ce sont des chiffres incroyables. Je dis qu’il faut doubler cette somme. Sagement, prudemment, durablement et « évangélistiquement » – doublons cette somme.

« Le SEIGNEUR est près de ceux qui ont le cœur brisé et il sauve ceux qui sont écrasés dans leur esprit. » (Psaume 34:18 ESV)

Qu’on puisse dire la même chose de nous, chrétiens, pour voir un autre aspect de la COVID19.

(2) Soyez fortement investis dans les plus âgés

Chaque génération offre aux disciples de Jésus-Christ une occasion particulière de se distinguer du monde incroyant qui les entoure. Pendant l’horrible peste qui a balayé l’Empire romain au IIIe siècle après J.-C., les chrétiens se sont distingués de leurs voisins païens en allant dans les villes ravagées par la maladie pour soigner les malades et les mourants. Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, les chrétiens de Grande-Bretagne et d’Amérique se sont distingués en étant les premiers à s’opposer à l’horrible institution de l’esclavage humain et ce sont ceux dont la voix a été la plus forte. Dans le monde post-COVID du XXIe siècle, les chrétiens auront l’occasion de se distinguer en s’occupant des personnes âgées et des personnes vulnérables.

Étant donné l’impact particulier de la COVID19 sur les foyers de soins de longue durée dans ce pays, je pense qu’il y a fort à parier qu’il y aura une large porte d’entrée pour les Églises désireuses d’investir de l’argent et du personnel dans la modernisation et dans le remplacement de programmes et d’installations obsolètes. La vague des baby-boomers est sur le point de s’abattre comme un tsunami sur notre société et les Églises qui sont prêtes à se mouiller et à mettre la main à la pâte vont avoir plus d’autorisations et d’espace de fonctionnement qu’elles ne sont en mesure de supporter.

Néanmoins, cela nécessitera un changement fondamental de nos valeurs.

Nous sommes encore en train de nous remettre du choc provoqué par la façon blasphématoire dont nous, Églises, avons été pointés du doigt.

Les experts en croissance des Églises n’ont jamais dirigé un séminaire sur la façon de remplir l’Église avec des personnes âgées à revenus fixes, qui sont trop fatiguées pour servir et qui exigent de la part des autres membres un temps et une attention démesurés. Si ce séminaire a été proposé, je n’ai certainement jamais reçu d’invitation.

Pendant la plus grande partie de ma carrière de pasteur (qui a débuté en 1994), l’Église a cherché à atteindre les familles d’âge moyen et leurs enfants. Au cours des dix dernières années, l’accent a été mis sur les milleniaux et la génération Z. Personne de sensé n’a ciblé les personnes âgées.

Pour être clair, je ne dis pas que nous devrions cibler les personnes âgées, je dis que nous devrions nous occuper des personnes âgées, parce qu’elles sont sur le point d’être considérées comme superflues et coûteuses par la plupart des autres groupes démographiques de notre culture. Soyons connus comme ces gens vraiment gentils qui vont régulièrement rendre visite à leur grand-mère. C’est une réputation à laquelle nous devrions aspirer.

(3) Soyez fortement investis dans la famille

J’ai entendu beaucoup de bavardages au sein de la classe pastorale sur la simplification de notre approche du ministère en cette période de COVID19. Pour être clair, je pense qu’il y a beaucoup à dire à ce sujet. Chaque fois qu’il y a une pause, il incombe à l’Église de faire une purge importante. Nous faisons probablement une demi-douzaine de choses que nous pourrions complètement arrêter sans grande perte pour le royaume.

Mais je ne pense pas que le ministère auprès des familles soit l’une de ces choses.

Les familles sont soumises à un stress énorme du fait de cette pandémie. Les parents font la queue pendant 4 à 5 heures pour passer un test COVID afin que leur enfant de 8 ans qui a le nez bouché puisse retourner en classe le lendemain.

De nombreuses familles ont essayé de trouver un moyen de remplacer les cours de musique et les activités sportives par l’enseignement à domicile, le tout avec un budget réduit en raison du ralentissement de l’économie mondiale. Ce n’est pas le moment pour les Églises d’offrir moins de soutien aux familles locales. Trouvons un moyen d’en faire plus. Réfléchissons à des solutions en dehors des sentiers battus. Pourquoi ne pas monter un club de ballon prisonnier gratuit pour les enfants de 10 à 12 ans ? Qui a-t-il de mieux pour favoriser la distanciation physique que la menace d’une balle en caoutchouc se déplaçant à grande vitesse vers votre visage ? Les enfants peuvent faire de l’exercice en conservant les distances appropriées et entendre à la fois un message de l’Évangile partagé par un jeune adulte ou un parent qui aime Jésus.

Inscrivez-moi !

Inscrivez-mon enfant aussi !

J’ai une fille qui sauterait sur l’occasion en un clin d’œil.

Et que dire des cours de musique subventionnés ?

La plupart des Églises ont la plus forte densité de pianistes au mètre carré de toute la planète. Mettons ces gens à profit. Que diriez-vous de 5 dollars par leçon, l’Église couvrant le reste des frais ? De cette façon, seuls les enfants qui le souhaitent s’inscriront et l’argent pourra servir à acheter un livre de partitions de culte (si de telles choses existent encore) que l’enfant pourra emporter chez lui pour s’exercer.

Ou encore un club de devoirs après l’école ?

Nous avons beaucoup de personnes intelligentes qui pourraient nous aider à faire tous ces devoirs de mathématiques que tant de parents de notre communauté ont du mal à faire avant la première série de mi-trimestre en novembre.

Ce sont peut-être des idées effrayantes – je n’ai pas été pasteur pour la jeunesse depuis plus de dix ans- mais si ce sont des idées effrayantes, alors envoyez-moi de meilleures idées, parce qu’une opportunité se présente à nous pour prendre soin des familles fatiguées et les soutenir. Je dis que nous devons trouver un moyen de relever ce défi.

(4) Soyez fortement investis dans les hommes

Si vous voulez vous distinguer de la culture environnante, il n’y a guère de moyens plus faciles de le faire qu’en exprimant votre intérêt et votre préoccupation pour les hommes. Les hommes sont les méchants dans presque toutes les histoires que notre culture raconte actuellement et, apparemment, les hommes les ont écoutées. Le taux de suicide des hommes dans ce pays est trois fois plus élevé que celui des femmes, selon les chiffres du gouvernement canadien.

Nous ne devons pas permettre à Jordan Peterson (NDLR : un psychologue clinicien canadien défenseur de la masculinité) d’être la seule voix dans notre culture pour parler aux jeunes hommes et les encourager. L’Église doit trouver un moyen de valoriser les hommes et de favoriser leur développement sans encourager en aucune façon des comportements violents ou abusifs envers les femmes.

C’est tout à fait envisageable et nous devons avant tout nous engager à le faire.

Soyons connus comme étant cet endroit de la ville qui semble produire des HOMMES forts, responsables, fiables, courageux, qui sont de bons employés, des voisins serviables, des mentors dignes de confiance, des maris fidèles et des pères engagés.

Soyons le lieu où les femmes célibataires viennent trouver des conjoints potentiels. Je n’ai absolument aucun problème à ce que cela fasse partie de notre réputation – c’était le cas dans l’Église primitive, du moins à l’inverse. Rodney Stark, dans son livre The Triumph Of Christianity (Le triomphe du christianisme), parle de ce qu’il appelle les « conversions secondaires ». Il dit : « Les conversions secondaires des maris étaient très courantes dans le christianisme primitif. Et la raison principale était la grande prévalence des mariages mixtes, dus au grand surplus de femmes chrétiennes dans un monde souffrant d’une pénurie de femmes païennes d’âge à être mariées  ».[2]

Dans l’Église primitive, on avait toutes les femmes susceptibles d’être mariées, donc les païens devaient venir à l’Église ! Beaucoup d’hommes suivaient des cours de catéchisme uniquement pour avoir le droit de se fiancer à une éventuelle épouse chrétienne. L’Église était assez mercenaire en agissant de cette manière et nous pourrions l’être nous aussi à l’avenir. Si nous avons tous les hommes aptes au mariage, nous pourrions trouver une grande opportunité d’évangélisation en offrant des cours de christianisme de base aux femmes intéressées.

Soyons connus comme étant une serre pour les hommes pieux. Si nous faisons cela – et si nous sommes ouverts, sans chercher d’excuses à notre démarche- alors nous aurons fait un grand pas vers le rétablissement de notre statut de sel et de lumière au sein de nos communautés.

(5) Soyez fortement investis dans la Bible

L’erreur du christianisme qui se souciait des gens en recherche durant les années 1980 et 1990 a été de penser que si nous disions le même genre de choses qu’Oprah Winfrey (NDLR : Oprah Winfrey est une animatrice de télévision américaine dont le talk-show a été le programme le plus vu de toute l’histoire de la télé américaine), il devrait être plus facile de faire venir les gens à l’Église le dimanche matin. Le problème était que les gens qui aimaient écouter Oprah Winfrey pouvaient le faire à 16h30 l’après-midi sur leur téléviseur dans le confort de leur canapé – pourquoi alors se lever à 8h le dimanche matin pour entendre le même message répété à l’église ?

Il nous a fallu près de deux décennies pour constater cette faille assez évidente dans notre stratégie.

Ne répétons pas la même erreur.

Et voilà que tout à coup, le pasteur chrétien moyen se pare d’une forte ressemblance à Sean Hannity sur Fox News (NDLR : Sean Hannity est un célèbre commentateur politique américain, animateur d’un talk-show radio). Je ne sais pas s’il s’agit-là d’une stratégie intentionnelle ou d’une réponse fortuite au traumatisme provoqué par la perte d’influence culturelle, mais ce dont je suis sûr, c’est que cette stratégie est terriblement inutile.

Arrêtons cela.

Lorsque les gens viennent à l’église, assurons-nous de leur donner quelque chose qu’ils ne sont pas susceptibles d’entendre ailleurs : l’Évangile de Jésus-Christ tiré de chaque page de l’Écriture Sainte.

Soyons connus comme étant des personnes qui parlent constamment de la Bible !

Je suis tellement las d’entendre les chrétiens partager leurs opinions sur la politique, la médecine, la philosophie et les théories économiques. Je ne dis pas que ces sujets sont sans importance, je dis simplement qu’ils ne doivent pas être dominants dans notre discours public. Je ne veux pas être connu comme étant pour ou contre un parti politique particulier. Je ne veux pas être connu comme étant pour ou contre le capitalisme. Je ne veux pas être connu comme étant pour ou contre le marxisme. Pour être clair, j’ai des opinions sur toutes ces choses et si vous m’offrez une tasse de café, je vous mettrai sur la voie de ces questions et d’une demi-douzaine d’autres questions importantes, mais elles ne domineront pas mon discours public et ne dicteront pas non plus mes prédications depuis la chaire.

Si vous prêchez tout le conseil de Dieu à partir de l’Écriture Sainte vous serez finalement accusés de :

  • Communisme (Actes 2:45)
  • Capitalisme (2 Thessaloniciens 3:10)
  • Féminisme (Galates 3:28)
  • Chauvinisme (1 Timothée 2:12)
  • Isolationnisme (1 Thessaloniciens 4:11)
  • Colonialisme (Matthieu 28:19-20)
  • Pacifisme (Matthieu 5:39)
  • Militarisme (Matthieu 10:34)
  • Nihilisme (Ecclésiaste 1:2)
  • Utopisme (Ésaïe 11:6)
  • Pessimisme (Luc 18:8)
  • Triomphalisme (Habakuk 2:14)
  • Individualisme (Jérémie 31:30)
  • Socialisme (1 Jean 3:17-18)

Je peux vivre avec ça. Mais si nous adoptons en bloc l’une de ces idéologies inférieures, nous aurons perdu notre vocation et capitulé devant l’esprit du monde.

Ne faisons pas cela.

Soyons connus comme « les gens de la Bible ».

Alors que la confusion et le chaos règnent à l’extérieur, cela pourrait devenir notre qualité la plus attrayante dans les mois, les années et les décennies qui suivront la COVID19.

Encore et toujours, nous disons : « Viens Seigneur Jésus ! »

[1] Martin Luther, Commentary On Galatians Modern English Edition, (Grand Rapids: Fleming H. Revell, 1988), 79.

[2] Rodney Stark, The Triumph of Christianity, (New York: HarperOne, 2011), 134.

Note de l'éditeur : 

Traduit de Rebuilding Our Christian Witness in a COVID19 World

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