Je suis un pasteur de la vieille école. Plus précisément, de la vieille école du dimanche.
À mon époque, les leçons de l’école du dimanche pour les enfants suivaient trop souvent un schéma distinct : présenter un personnage biblique, discerner sa boussole morale et en tirer des leçons de vie pratique que nous pouvons imiter. Prenons l’exemple de Noé, modèle d’obéissance, dont l’entreprise de construction d’une arche a été un exercice de confiance radicale envers le commandement de Dieu. La morale pour nous : être comme Noé en faisant confiance et en obéissant.
Un changement s’est produit lorsque le monde évangélique a adopté une lecture de l’Ancien Testament centrée sur le Christ. On ne sait pas exactement quand il a débuté, mais il a commencé à se faire sentir au début des années 2000, lorsque des ouvrages tels que La Bible te raconte Jésus ont transformé notre façon d’aborder les récits bibliques.
Qui est le héros ?
Au lieu de nous considérer comme les héros de ces récits, nous avons commencé à voir le Christ comme l’accomplissement ultime de chaque personnage. Nous ne nous voyions plus comme David terrassant nos Goliaths. Au lieu de cela, nous avons reconnu que, comme l’a dit de manière remarquable Tim Keller, « Jésus est le vrai et le meilleur David. Sa victoire devient celle de son peuple, bien que dernier n’ait jamais lancé une seule pierre pour l’obtenir ».
Une telle lecture christologique reste un correctif bienvenu au moralisme du « mieux faire » qui a souvent affecté l’ancienne approche. Pourtant, comme le fait remarquer Mitch Chase, le fait de voir Jésus sur chaque page de l’Écriture ne nous empêche pas de tirer de ces récits une sagesse morale et pratique.
Le fait de voir Jésus sur chaque page de l’Écriture ne nous empêche pas de tirer de ces récits une sagesse morale et pratique.
Les auteurs du Nouveau Testament eux-mêmes utilisent l’Ancien Testament non seulement pour mettre en évidence le Christ, mais aussi pour instruire et édifier les croyants dans leur marche dans la foi. Nous le voyons très explicitement dans Hébreux 11, le chapitre des « héros de la foi », qui rappelle la foi et les actions des personnages bibliques afin d’encourager et d’inciter les croyants à vivre d’une manière qui plaise à Dieu.
Cinq principes pour défendre cette approche biblique
C’est la raison fondamentale pour laquelle nous ne devrions pas abandonner l’ancienne approche — la Bible elle-même invite les lecteurs à apprendre de la vie de ses personnages. Mais pour éviter les erreurs du passé, notamment en ce qui concerne les programmes de l’école du dimanche, nous devons suivre certains principes.
1. Présentez les personnages tels qu’ils sont décrits dans la Bible.
Un problème courant de l’ancienne approche était de présenter les personnages bibliques comme des modèles de justice unidimensionnels plutôt que comme des figures complexes souvent confrontées au péché et à l’échec. Une représentation fidèle résonne davantage avec la condition humaine et fournit des exemples concrets qui peuvent inspirer les croyants. Les défauts des personnages bibliques ne les disqualifient pas en tant qu’exemples moraux. Au contraire, ils offrent une représentation réaliste de la grâce de Dieu à l’œuvre dans la vie des personnes imparfaites.
2. Croyez que Dieu savait quels détails il fallait faire connaître.
Les récits bibliques sont riches en expériences humaines et en personnages qui font à la fois preuve de vertu et de vice. En examinant la vie de ces personnes, les croyants peuvent se faire une idée de la nature du bien et du mal, de la sagesse et de la folie. Dans le passage de 1 Corinthiens 10. 1-5, Paul nous fournit un modèle explicite d’utilisation des récits de l’Ancien Testament pour l’enseignement moral. Il reprend le récit de l’exode et donne, point par point, les leçons morales que nous devrions tirer du (mauvais) comportement des Israélites.
Et, pour être sûr de ne pas passer à côté de son propos, il déclare directement au verset 6 que « ces faits sont arrivés pour nous servir d’exemples, afin que nous n’ayons pas de mauvais désirs comme eux en ont eu. » Cela démontre qu’il y avait un objectif pédagogique derrière le témoignage de ces vies, et que nous pouvons apprendre des défauts et des péchés de ces « héros » ce qu’il ne faut pas faire.
3. Incluez une approche biblique globale de l’analyse du personnage.
Les personnages bibliques de l’Ancien Testament sont souvent intégrés dans des récits qui incluent des commentaires divins et les conséquences de leurs actions, ce qui permet des évaluations morales claires. Mais parfois, nous devons nous référer à d’autres parties de l’Écriture, telles que la littérature de sagesse des Proverbes, qui décrivent plus explicitement les résultats des comportements justes et mauvais. La révélation du Nouveau Testament peut également nous éclairer sur la manière dont nous devons comprendre les personnages de l’Ancien Testament.
En appliquant la règle basique et fondamentale de l’interprétation biblique -à savoir : ce qui est clair interprète ce qui est obscur- nous pouvons mettre en lumière d’autres passages pour comprendre les actions des personnages bibliques. Par exemple, les Proverbes mettent en garde contre la séduction de la femme adultère et les dangers de la luxure (Prov 5. 3-20 ; Prov 7. 25-27). Cela nous aide à comprendre les faiblesses de Samson qui, malgré sa grande force, n’a pas su garder son cœur et a finalement été conduit à la ruine par Dalila.
4. Utilisez cette méthode pour renforcer la vérité selon laquelle les justes ont obéi par la puissance de Dieu.
L’un des pièges de l’approche morale à éviter est de faire comme si Noé, David et d’autres héros de la foi avaient obéi par leurs propres forces. Mais la Bible indique clairement que ce qui les a distingués, c’est le fait qu’ils ont répondu à Dieu par la foi. C’est parce que « Noé trouva grâce aux yeux de l’Éternel. » (Gen 6. 8) qu’il pouvait obéir face à la méchanceté, et c’est parce que Dieu appela Abram et Moïse (Gen 12. 1-3 ; Ex 3. 1-6) qu’ils furent saints. Tout comme nous, aucun des saints de l’Ancien Testament ne pouvait être saint sans l’œuvre souveraine de Dieu dans leur cœur. Ils avaient besoin de la puissance de Dieu, tout comme nous.
5. Utilisez la méthode de l’exemple moral pour lire l’Ancien Testament d’une manière plus centrée sur le Christ.
De nombreux personnages principaux de l’Ancien Testament sont des modèles qui nous montrent ce que le Christ serait et ferait. C’est pourquoi la formule : « Jésus est le meilleur et plus grand que [insérer un personnage biblique] » est un raccourci typologique utile : leurs vies sont des panneaux indicateurs qui pointent vers l’exemple moral ultime que l’on trouve en Jésus.
Cependant, avant d’essayer de « lire » ces personnages bibliques d’un point de vue typologique, nous devons les considérer comme des êtres humains. Il ne s’agit pas de personnages de fiction ou d’abstractions de caractéristiques humaines, mais d’hommes et de femmes en chair et en os. En les comprenant pleinement en tant qu’agents moraux, nous comprenons et apprécions mieux Jésus, l’agent moral « meilleur et plus grand » qu’ils nous indiquent.
Des modèles de vertu aux modèles de grâce
Avant d’essayer de « lire » ces personnages bibliques d’un point de vue typologique, nous devons les considérer comme des êtres humains.
L’application cohérente de ces quatre principes nous aidera à éviter la tentation d’utiliser les personnages bibliques comme des modèles de vertu à imiter sans esprit critique. Ils serviront de garde-fous pour nous aider à reconnaître que ces vies, telles qu’elles ont été relatées sous l’inspiration du Saint-Esprit, fournissent un cadre pour comprendre les complexités de la marche dans la foi et l’obéissance à Dieu.
Lorsqu’elle est appliquée de manière réfléchie, cette pratique aide les élèves de l’école du dimanche – qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes – à voir que nous ne présentons pas des modèles de comportement irréprochables. Nous montrons des exemples du pouvoir transformateur de la grâce de Dieu dans les vies humaines et nous nous inspirons des expériences de personnages bibliques qui peuvent guider les croyants contemporains à vivre leur foi avec intégrité et authenticité. Ces figures bibliques servent de miroirs, de mentors et d’avertissements, dotant les fidèles d’une sagesse glanée dans le passé, applicable aux défis moraux et spirituels du présent.