Ichtus N°3 – mail 1970 – Page 1
Le thème de la « Semaine des Intellectuels catholiques » a été cette année : « oui au bonheur ! »
Tous les hommes cherchent le bonheur… Cette proposition, que beaucoup estimeront évidente, n’est pas également vraie pour toutes les époques et pour toutes les cultures. Cependant, elle l’était pour les Grecs d’avant le Christ et elle l’est à 100% pour nos contemporains.
Mais… qu’est-ce que le bonheur ? Obscurément, on sent qu’il y a plus dans le bonheur que dans le plaisir. Le bonheur semble lié à l’épanouissement, à l’accomplissement ; il fait surgir le rêve d’une réconciliation parfaite de l’homme avec son prochain, de l’homme avec la nature, de l’homme avec lui-même.
Tout cela reste vague, cependant. Aussi cherche-t-on de quelles conditions dépend le bonheur. Une conviction « rampante » nous habite tous et la publicité l’exploite : le bonheur dépend de ce que l’on a. Biens matériels, vertus morales, qualités intellectuelles, dons spirituels… porteraient en eux le secret du bonheur ! Aussi serait-il plus juste de dire que le bonheur dépend plutôt de ce que l’on a pas… On s’imagine que l’objet convoité apportera le bonheur et toujours le rêve recule.
En réalité, les moments vraiment heureux sont ceux où l’on ne cherche pas le bonheur, où l’on n’y pense même plus : on pense à l’autre aimé, on se donne à la cause choisie.
Jésus ne nous dit pas de chercher le bonheur. Le bonheur n’est pas le but de la vie. « Recherchez premièrement le Royaume de Dieu et Sa Justice » (Mat. 6.33), L’homme est fait pour glorifier le Seigneur.
Pourtant — et c’est le paradoxe — Jésus promet le bonheur. Ecoutez le premier mot du grand discours du Royaume : « Heureux… ! » Recherchez premièrement le Royaume et la Justice de Dieu et toutes ces choses vous seront données par surcroît : le bonheur aussi.
Le bonheur ne dépend ni de ce qu’on a, ni de ce qu’on n’a pas. Il dépend de Celui qui nous a, Jésus.
C’est vrai dès maintenant, en attendant la plénitude du bonheur dans la pleine manifestation du Royaume, à l’avènement glorieux du Roi. (Luc 14.15)