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Note de l'éditeur : 

Cet article a été publié pour la première fois le 1 avril 2019

De tous les nombreux personnages hauts en couleurs de la Bible, il n’y en a pas de plus exaspérants que les amis de Job. Hérode peut bien vous couper la tête, et Judas vous poignarder dans le dos, mais Eliphaz, Bildad, et Tsophar vous blesseront à coup de versets bibliques.
Le récit des pertes réelles de Job occupe deux brefs chapitres (Job 1–2), mais le tortueux dialogue qui suit s’étire sur 35 chapitres (Job 3–37). Je me demande ce qui a le plus tourmenté Job : ses souffrances initiales ou la mise en accusation étendue qui suivit ?

Le problème avec les consolateurs de Job n’est pas qu’ils aient été des hérétiques. Une bonne part de ce qu’ils disent est vrai. Le problème réside dans la vision du monde moralisatrice qui dirige leurs relations avec Job et qui les pousse à raisonner en remontant en arrière depuis la souffrance de Job jusque au péché.

Il est facile de critiquer les amis de Job, mais soyons honnêtes : Nous pouvons tous être comme eux. En fait : un bon test au papier de tournesol quant à l’alignement de nos cœurs avec l’évangile – pour déterminer si, de manière concrète, nous croyons au monde de la grâce ou au monde du karma – est de voir comment nous répondons quand un Job croise notre chemin. La souffrance attire notre théologie réelle comme un aimant.

Voici quatre choses en particulier qu’il nous faut éviter avec quelqu’un qui souffre. Réfléchissez-y comme si c’étaient quatre façons par lesquelles nous, comme les amis de Job, pouvons mettre des charbons ardents sur les têtes de ceux qui sont déjà assis sur la cendre.

1. Faire trop rapidement appel à la souveraineté de Dieu.

La Bible nous enseigne que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien » pour ceux qui sont en Christ (Rom. 8:28) et que Dieu peut se servir du mal pour en tirer un bien (Gen. 50:20). Toutefois, le fait que ce soit biblique ne signifie pas que ce soit toujours plein de tact ou utile pour aider, de le dire.

« Dieu l’a voulu pour le bien » cela est dit parJoseph des années après sa souffrance, non pas à Joseph durant sa souffrance. Imaginez l’angoisse et la frustration de Joseph si ses frères réunis autour de la citerne avaient voulu lui crier à titre d’encouragement : « Ne te tracasse pas, Joseph ; Dieu veut cela pour le bien ! »

De la même manière, peu après qu’il nous ait enseigné que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien », Paul nous exhorte à « pleurer avec ceux qui pleurent » (Rom. 12:15). Avant de citer le premier verset, soyons sûrs que nous sommes d’accord pour pratiquer le dernier.

2. Se lancer dans le récit de la façon dont Dieu a utilisé vos propres souffrances.

Il est dans la nature de l’homme de relier les expériences d’autrui aux nôtres. Nous ne pouvons pas nous empêcher de voir le monde par nos propres yeux. Mais une marque de maturité est d’apprendre à entrer authentiquement dans le monde d’un autre, plutôt que de filtrer son histoire au travers de la nôtre. C’est spécialement important de le faire avec ceux qui souffrent pour deux raisons.

Premièrement, l’histoire de chacun est différente. Peut-être Dieu nous a-t-il donné une maison meilleure après que notre première ait été consumée par le feu, ou peut-être avons-nous été capables de voir le bon côté de la trahison d’un ami. Mais dans ce monde déchu et dans la confusion, il est tout à fait possible que votre ami souffrant ne puisse jamais en arriver là dans cette vie. Certaines peines dureront jusqu’au ciel. Aussi nous ne connaissons réellement pas assez de choses pour être capables de dire : « Tu seras heureux de ce que cela te soit arrivé. »

Deuxièmement, même si nos histoires sont similaires, notre ami souffrant peut ne pas avoir besoin d’entendre cela juste maintenant. Une bonne question à se poser est : « Est-ce que le fait de partager mon histoire n’est pas destiné plus à servir mon propre besoin, qu’à servir celui de mon ami ? » À tout le moins, nous devrions écouter soigneusement les nuances de l’histoire de quelqu’un qui souffre avant de faire des comparaisons.

3. Minimiser les mauvaises actions qui ont causé la souffrance.

Je ne suis pas sûr de savoir pourquoi nous avons tendance à faire cela, mais nous le faisons. C’est cet instinct du karma. Nous allons dire des choses comme : « Je suis sûr qu’ils voulaient bien faire, » ou « Cela ne peut pas avoir été aussi mal, » ou « Bien, mais dans tout conflit il y a des torts des deux côtés. »

Mais la vérité est que nous ne savons pas si quelqu’un avait cette bonne intention. Il est possible que non. Nous ne savons pas que cela n’était pas aussi mal. Peut-être que cela l’était. Et les torts ne sont pas toujours répartis à 50/50. Parfois le rapport est de 80/20. Et parfois même de 100/0. Cela semble le verdict de Dieu sur Job et ses amis (Job 42:7).

Quand vous vous asseyez avec quelqu’un qui souffre, ne minimisez pas le péché qui a contribué à sa souffrance. Une reconnaissance honnête du mal – sans aucune excuse ou échappatoire – sera, dans leur peine, comme de l’eau donnée à un homme desséché par la soif.

4. Insister sur la formation du caractère en négligeant la consolation et la compassion.

Si le Nouveau Testament souligne quelque chose au sujet de la souffrance, c’est que Dieu l’utilise pour produire en nous un caractère pieux (par exemple : Rom. 5:3–5; Jacques 1:2–4). Et pourtant, quand quelqu’un est dans la souffrance, ce n’est probablement pas le point à souligner – spécialement si nous n’avons pas établi auparavant une relation de confiance avec l’autre. Si la question devait quand même être traitée à un moment, elle devrait l’être en équilibrant cela avec des paroles de consolation et de compassion.

Dans un cas de souffrance sévère, il peut être meilleur d’éviter ces mots ou de les adoucir. C’est difficile à réaliser. Nous avons tendance à partager l’instinct d’Eliphaz : « Qui peut se retenir de parler ? » (Job 4:2). Mais notre ami dans la peine a besoin probablement plus de notre amour et de notre présence que de nos interprétations et de nos idées. Il est bien plus utile de nous tenir simplement à son côté que de chercher à le relever ou même de comprendre sa souffrance. Entrez dans les ténèbres avec lui. Accrochez-vous à lui dans ce moment-là, dans cet espace, dans cette peine.

Les larmes d’Aslan

De cette manière nous pouvons être comme Jésus pour celui qui souffre, car c’est ainsi que Jésus est envers nous. Il ne nous protège pas de la souffrance dans cette vie, ni ne nous offre des paroles banales quand les ténèbres descendent. Il nous promet que quand cela viendra, il sera avec nous. En fait nous le trouvons bien plus réellement quand nous avons le cœur brisé :

  • « Le SEIGNEUR est près de ceux qui ont le cœur brisé. » (Ps. 34:18)
  • « Il guérit ceux qui ont le cœur brisé. » (Ps. 147:3)
  • « il m’a envoyé pour panser ceux qui ont le cœur brisé. » (Ésa. 61:1)

Il y a une scène dans The Magician’s Nephew (Le neveu du magicien) où un petit garçon appelé Digory rencontre Aslan. Sa mère est malade, et il veut demander l’aide d’Aslan, mais il est effrayé. Lewis écrit :

Jusqu’alors il n’avait regardé que les grands pieds antérieurs du Lion et les grandes griffes qu’ils portaient ; mais ensuite, dans son désespoir, il regarda sa face. Ce qu’il vit le surprit plus que tout ce qu’il avait vu dans toute sa vie. Car la face du fauve était penchée tout contre la sienne et (merveille des merveilles) de grandes larmes brillantes se voyaient dans les yeux du Lion. C’était des larmes tellement grosses et brillantes comparées à celles de Digory que pour un instant il sentit que le Lion semblait être plus en souci que lui-même au sujet de sa mère. « Mon fils, mon fils, » disait Aslan. « Je connais cela. La peine est grande. Il n’y a que toi et moi dans ce pays qui connaissons cela maintenant. Soyons bons l’un envers l’autre. »

Quel monde de consolation s’ouvre à ces mots : « Je connais cela. » Christ est proche de ceux qui souffrent parce qu’il est le Grand Souffrant. Il est le Job suprême, frappé par une calamité imméritée ; le Joseph ultime, trahi par ses frères même. Sur la croix, Jésus prit sur lui nos péchés et reçut la pleine piqûre de la justice à notre place, s’enfonçant dans les profondeurs de l’enfer et de l’abandon. Personne n’a jamais souffert plus que lui ; personne ne le pourrait jamais. Une telle profondeur d’amour peut rencontrer notre besoin dans les temps de peine.

Pour ceux qui souffrent et que nous rencontrons dans nos vies, puissions-nous être moins semblables aux amis de Job et plus semblables à Jésus-Christ.

Traduit de : www.thegospelcoalition.org/article/how-not-to-help-a-sufferer/

 

 

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