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Note de l'éditeur : 

Ichthus N°41 – Mars 1974 -Pages 25 à 28

MEDECINE & FOI CHRETIENNE

« Il existe des sciences médicales particulières, mais la Médecine, art de soigner les malades, est loin de constituer une science et ne saurait y prétendre tant qu’elle ignorera ce qu’est la vie ». (Docteur René Allendy)

La médecine du corps et la médecine de l’âme (ou psychologie) sont, en effet, liées respectivement à la connaissance de la vie et à celle de de l’âme ; elles se fondent, l’une et l’autre, sur des hypothèses qu’elles s’emploient à vérifier par l’expérience.

Le matérialisme scientifique

Ces hypothèses ont varié au cours des temps et ce n’est qu’à partir du 19e siècle que s’est constituée une doctrine gravitant autour d’une idée précise : le matérialisme scientifique. Celui-ci soutient que l’homme est un échelon supérieur d’une des lignées évolutives, son origine et sa ressemblance avec les animaux étant bien établies, et si une fonction particulière, l’intelligence, a pu prendre un essor capital chez lui, cela serait dû au jeu combiné de la sélection naturelle et de mutations imprévisibles. Le développement de cette fonction particulière lui aurait fait prendre de plus en plus de distance par rapport au monde animal et lui aurait permis d’accéder au stade de la réflexion, source de sa vie psychologique, dont un des aspects constituerait ce que les croyants nomment « vie spirituelle ».

Quant à l’origine de la vie et à sa finalité, si elle en a une, la Science estime que ce sont là des questions qui ne relèvent pas de sa compétence mais que son rôle à elle est d’élucider le « pourquoi immédiat » et le « comment » des phénomènes vitaux une fois ceux-ci mis en branle dans un être vivant et de parer aux défauts de fonctionnement de cette mécanique bien réglée. Des sciences particulières auxquelles le Docteur Allendy fait allusion ci-dessus ont alors vu le jour et se sont occupées plus spécialement, les unes du développement de l’œuf depuis ses tout premiers stades jusqu’à l’apparition de l’être constitué, les autres, de la structure microscopique des tissus et des organes ou de leur aspect grossier. D’autres, enfin, ont examiné les fonctions et les interrelations physico-chimiques de ces mêmes tissus et organes. Et tout cela dans deux contextes : l’état normal et l’état pathologique. D’où cette prolifération de disciplines qui, chacune, peut encore se subdiviser en n’envisageant chaque fois qu’un système ou qu’un ensemble de fonctions.

Les microbes

A la lumière des données fournies par ces sciences particulières, on a créé des schémas d’action visant à intervenir dans ces processus pour en rétablir le jeu normal ou pour en prévenir le mauvais fonctionnement. Un des sommets de cette manière d’envisager les choses se situe vers la fin du siècle passé, [NDE : il s’agit du 19è siècle] avec la découverte et l’isolement des microbes. Pour la première fois, on pouvait relier une affection bien déterminée et son agent causal ; et prouver expérimentalement cette relation en inoculant le microbe à un animal. Ainsi, la tuberculose était engendrée par un bacille découvert par Robert Koch, bacille que l’on pouvait isoler, cultiver sur une plaque de gélatine et qui sait ? Peut-être un jour, détruire spécifiquement. Ce jour est arrivé, vers le milieu du 20e siècle, avec la découverte des antibiotiques et des chimiothérapiques antituberculeux. Le chemin semblait sûr et les savants certains de trouver pour chaque maladie, le germe responsable et le remède adéquat.

Les affections psychosomatiques

Il serait stupide de sous-estimer l’importance de ces découvertes, mais voici qu’un autre aspect du problème apparut bientôt, et cela spécialement sous l’influence des découvertes de la psychologie, en particulier, des conceptions freudiennes. Souvenons-nous, toutefois, que Platon disait déjà quatre siècles avant notre ère : « L’erreur présente répandue parmi les hommes est de vouloir entreprendre séparément la guérison du corps et celle de l’esprit ».

Depuis quelques décades, en effet, l’aspect psychosomatique de nombreuses affections se révéla de plus en plus nettement et fut pris toujours davantage en considération. L’apparition de certaines affections du tube digestif fut mise en corrélation avec un état de tension intérieure parfois liée à des conflits non exprimés. Je me souviens d’avoir entendu dire, après la guerre, que Londres ne connut jamais autant d’affections de ce type que pendant la période où les V1 et les V2 allemandes faisaient régner un climat d’insécurité et de tension constantes sur les habitants de cette cité.

On a abondamment parlé, également, du rapport, chez certains hommes d’affaires, entre une vie pleine de « stresses » et de responsabilités, et la fréquence d’apparition chez eux d’infarctus du myocarde, à tel point qu’on a surnommé un temps cette maladie la « managers’ disease ». Moins connue du public est la relation qui peut exister, parfois, entre des conflits « enfant-parents » et certaines formes d’asthme infantile, par exemple. On en est venu aussi à parler du « langage des organes », ceux-ci exprimant à leur manière un conflit que le malade ne peut pas extérioriser autrement. Il serait facile d’allonger la liste et de passer en revue bien d’autres affections qui semblaient purement organiques, il y a quelques années encore, et dans lesquelles les médecins voient maintenant intervenir des mécanismes psychologiques déterminants.

Pour reprendre l’exemple de la tuberculose pulmonaire, je viens de lire sous la plume d’un médecin américain que certains aspects psychologiques du problème ont été merveilleusement décrits par Thomas Mann dans son roman « La Montagne magique ». En ce qui concerne maintes affections, cette méconnaissance de l’aspect psychosomatique des troubles expliquerait certains échecs ou rechutes malgré une thérapeutique médicale ou chirurgicale par ailleurs bien appropriée.

La maladie et le péché

Mais que vient faire la foi là-dedans ? Faut-il reprendre la boutade célèbre : « Le cerveau sécrète la pensée comme le foie sécrète la bile » et affirmer que la vie psychologique de l’homme «sécrète » sa vie spirituelle ? C’est là le point de vue, presque unanime, de la psychologie scientifique freudienne en particulier et les rapports de la maladie et de la foi rentrent alors dans le cadre de l’aspect psychosomatique du problème.

Mais pour nous, croyants, qui ne faisons pas dériver le spirituel du psychologique mais bien plutôt le contraire, selon les données mêmes de la Révélation, il devrait exister un aspect spirituello-psycho-somatique de la maladie, aspect qui dépendrait alors de la position de l’homme face à Dieu. Cette position, qui devrait être celle d’une dépendance filiale dans un lien d’amour réciproque de la créature envers son Créateur, aurait été faussée par la Chute, l’homme acquiesçant à la suggestion de Satan d’être « comme un Dieu ». Ce déplacement du centre de gravité de Dieu vers l’homme ou péché expliquerait, toujours d’après la Révélation, l’origine de la maladie. Ce lien entre le péché et la maladie pourrait être direct et personnel, ou indirect et collectif, mais le plus souvent, les quatre facteurs interviennent ensemble à des degrés divers.

Il est de sens commun de dire que l’homme qui prend son ventre pour un dieu finit par creuser sa tombe avec ses dents, mais la relation entre le péché et la maladie peut être beaucoup plus subtile, plus profonde (voire subconsciente) et dépendre même presque toujours, comme on l’a dit, des liens de solidarité humaine dans le péché qui font que celui-ci ne peut être commis quelque part sans que les conséquences ne finissent par atteindre autrui. Faut-il rappeler l’exemple classique de l’enfant hérédosyphilitique ? Ou de certaines maladies de carence dans le tiers-monde, peut-être causées par nos politiques nationales et nos excès égoïstes ?

Il ne faut pas oublier, d’autre part, qu’une maladie déclarée état de crise n’est que la manifestation locale dans l’espace corporel et dans le temps d’un état de désordre profond beaucoup plus général et qui se manifestera, éventuellement, par une baisse de la résistance aux agressions de toute nature. Il faut se souvenir également que notre constitution et nos prédispositions morbides dépendent de plusieurs facteurs : hérédité, contexte ou environnement vital actuel et passé et, également, d’après la Bible, de notre position face à Dieu. L’importance de l’hérédité et du contexte vital actuel et passé fait ressortir l’aspect « solidarité dans le péché » dont nous parlions tout à l’heure, l’enfant étant le « produit » de ses deux parents et de la société où il vit et a vécu ; il ne peut se développer seul, indépendamment de tout contact, de toute influence, en un mot, de tout contexte.

La vie avec Dieu

Précisons ici que notre « position face à Dieu » comprend aussi bien notre conception de Dieu, notre relation personnelle avec Lui et avec notre prochain que notre relation avec nous-même. Lorsqu’un pharisien demanda à Jésus : « Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes ». (Matt. 22 : 37-40). N’oublions pas, non plus, une autre conséquence du péché qui consiste dans l’inobservation des lois naturelles tant dans le domaine de la vie physique (le boire, le manger, l’activité, le repos, etc.) que dans le domaine de la vie sociale et morale (professionnelle, conjugale, etc.). L’apôtre Paul n’a-t-il pas dit : « Marchons honnêtement, comme en plein jour, loin des excès et de l’ivrognerie, de la luxure et de l’impudicité, des querelles et des jalousies » (Rom. 13 :13) ? D’ailleurs, la médecine naturelle a prouvé, par l’expérience, qu’un très grand nombre de maladies provenait de l’inobservation des lois naturelles.

Qui dira aussi le mal causé par un certain légalisme, ce joug pesant mis sur les épaules de pauvres êtres qui avancent dans la vie constamment traqués, accusés et dont les nerfs craquent un jour, à l’occasion d’un événement dont la portée semble sans rapport avec les conséquences. Inutile de dire qu’un traitement antidépressif ne pourra avoir là de valeur qu’en tant que thérapeutique symptomatique, mais ce « masquage » du problème profond ne le résoudra évidemment pas et il réapparaîtra sous la même forme ou d’une autre manière lors de la prochaine situation conflictuelle. Quels jougs, combien plus pesants que ceux du monde parfois, peuvent s’imposer ou se laisser imposer certains croyants ! Ne m’a-t-on pas rapporté l’histoire d’une prostituée repentie qui, par désespoir de ne pouvoir atteindre l’idéal de pureté parfaite qu’elle s’était forgé (d’elle-même ou sous la pression d’âmes certainement bien intentionnées) en était arrivée au suicide ? Quelle triste contrefaçon « satanique » de la perfection dans la liberté à laquelle nous convie notre Sauveur si nous voulons bien le laisser détacher nos yeux de nous-mêmes pour les porter constamment sur Lui !

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