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Les Américains de ma génération se souviennent de l’incroyable image des empreintes des premiers pas humains sur la lune. En 1969, les États-Unis célébraient une des plus grandes réussites technologiques de l’histoire humaine. La mission Apollo 11 emmena l’homme dans l’espace, le fit alunir sur notre satellite et le ramena en sécurité. Moins d’une décennie avant ce moment historique de juillet 1969, le Président John F. Kennedy annonçait que l’idée d’aller sur la lune devait être le but de la nation. Déclarer que cela devait arriver et le faire advenir sont, cependant, deux choses fondamentalement différentes – et les États-Unis l’ont fait. La réussite coupe toujours le souffle.

Comparons cela aux développements récents dus à la crise sanitaire actuelle: quelques mois seulement après la détection du virus COVID-19 et son entrée dans notre vocabulaire, un vaccin efficace a été mis au point. En décembre 2020, la Food and Drug Administration (FDA) a accordé une autorisation d’urgence pour le vaccin Pfizer contre le coronavirus.

Il s’agit d’un événement sans précédent dans l’histoire de la médecine. En termes de technologie, cela rappelle la mission lunaire Apollo.

Le développement de ce vaccin a été mené sous les auspices d’Operation Warp Speed. Généralement, il faut compter des années pour développer un vaccin qui fonctionne, et encore si jamais un vaccin est développé. La science et le développement médical ont toutefois fait voler en éclats ces attentes habituelles. Non seulement un vaccin a été créé en un temps record, mais d’autres ont suivi et reçu la même autorisation. La campagne vaccinale a pu débuter.

C’est la première étape pour mettre fin à la pandémie de COVID-19 en Amérique, et elle a été réalisée dans un délai sans précédent avec des résultats probants.

Mais, que devraient penser les chrétiens des vaccins et de leur utilisation ? Quelles sont les questions éthiques et théologiques qui surgissent ? Les vaccins contre la COVID-19 posent-ils des questions morales uniques ? Qu’est-ce que la vision chrétienne du monde a à dire sur l’ensemble de ces questions ?

Permettez-moi de vous proposer sept points de réflexion.

Premièrement, les chrétiens ne croient pas au non-interventionnisme médical.

Nous croyons plutôt à la légitimité morale du traitement médical. Une vision chrétienne du monde autorise les traitements – et nous le faisons dans le prolongement de la doctrine de la création et de la domination que Dieu a données à l’humanité, comme le révèle le premier chapitre de la Genèse. Lutter contre les maladies et les virus fait partie de notre mandat. Le traitement médical est une extension de la grâce commune de Dieu et les chrétiens l’ont toujours compris ainsi. C’est pourquoi, tout au long de l’histoire, là où vous trouviez des chrétiens, vous trouviez des hôpitaux et l’église soignant les malades.

Donc, il n’y a aucun mal pour les chrétiens à prendre des mesures pour éviter de tomber malade ou d’attraper le virus. Il n’est pas mauvais de prendre le vaccin contre la COVID-19.

Rappelons le contexte évangélique américain en prenant l’exemple de Jonathan Edwards, qui est mort le 27 mars 1758 d’une inoculation mal administrée. Ce qui est important de noter est qu’Edwards ait reçu l’inoculation, démontrant ainsi la légitimité des vaccinations, basées sur l’affirmation de la vision chrétienne du monde. Selon cette dernière, la science et la médecine sont fondées sur la conviction que le monde est ordonné et intelligible – parce que le Créateur l’a conçu de cette façon.

Les chrétiens considèrent la prévention et le traitement des maladies comme un mandat biblique.

Dieu merci, nous avons parcouru un long chemin depuis la science médicale de 1758, mais le point essentiel demeure : les chrétiens considèrent la prévention et le traitement des maladies comme un mandat biblique.

Deuxièmement, nous devons considérer l’origine du vaccin lui-même

Quel type de technologie a été impliqué dans le développement d’un vaccin ? Comme c’est le cas pour de nombreux vaccins et dans le contexte des traitements médicaux, de nombreuses avancées proviennent de lignées cellulaires qui posent un problème moral. Cela nous amène bien sûr à la question de l’avortement et à celle des cellules humaines ainsi que des tissus prélevés sans consentement.

Dans la plupart des principaux vaccins COVID-19, il a été utilisé des lignées de cellules fœtales, connues sous le nom de HEK-293. Les cellules originelles de cette lignée ont été prélevées sur des tissus provenant d’un avortement fait aux Pays-Bas dans les années 1960. La lignée cellulaire s’est développée vers 1972. Il y a aussi la lignée HeLa qui remonte à 1951. Ces cellules ont été prélevées sur une femme afro-américaine, Henrietta Lacks, qui souffrait d’un cancer en phase terminale. Les cellules ont été prélevées sur son corps sans son consentement et sans qu’elle en ait eu connaissance. L’utilisation des cellules de cette lignée est donc une question complexe en matière d’éthique médicale.

Comment les chrétiens doivent-ils alors envisager tout cela ? Tout d’abord, nous devons condamner dans les termes les plus forts l’utilisation de tout tissu provenant de bébés humains avortés. Il s’agit d’une question non négociable pour les chrétiens lorsque nous considérons les progrès et les traitements médicaux. Cependant, il existe des complexités dans l’examen par les chrétiens de ces très sérieuses questions morales.

Plus précisément, en ce qui concerne le vaccin COVID-19, les chrétiens doivent comprendre qu’aucune étape de la production de ces vaccins n’a été directement liée à l’avortement d’un seul enfant. Il y a aussi la question de la proximité. Plus on avance dans l’histoire, plus il est difficile de maintenir clairement une culpabilité dans ces événements moralement significatifs. Cela dit, la bonne nouvelle concernant les vaccins COVID-19 est que même si ces cellules (surtout des HEK-293) ont été utilisées pour créer la forme de base du vaccin, aucuntissu fœtal n’a été utilisé.

Dans le même temps, cependant, la structure du vaccin reposait sur la lignée cellulaire HEK-293, qui provenait d’un fœtus avorté. C’est une tragédie de l’histoire. Un mal horrible a été commis – mais cela ne signifie pas qu’un bien ne puisse pas découler de ce mal, même s’il s’agit d’un bien entaché par les réalités d’un monde pécheur. Cette idée s’exprime, pour les chrétiens, comme la doctrine du double effet. Certaines actions ont plus d’un effet. Pour les chrétiens, l’intention première doit viser la vertu et le bien. L’intention qui se trouve derrière un acte ne doit jamais rechercher ni le mal, ni le préjudice, ni toute réalité morale et tout résultat contraire à la volonté de Dieu. Nous ne devons jamais être complices d’une intention de pécher, et cela s’applique certainement à toutes les dimensions de l’avortement. Mais le chrétien reconnaît aussi un double effet potentiel, car tout acte moral peut entraîner des conséquences non voulues, mais inévitables. Si l’avortement d’un seul bébé humain était nécessaire pour ce vaccin ou si des matériaux dérivés de l’avortement étaient inclus dans le vaccin, les chrétiens seraient à juste titre indignés. Ce n’est pas le cas. Le vaccin peut être pris par les chrétiens pro-vie en toute légitimité.

Si l’avortement d’un seul bébé humain était nécessaire pour ce vaccin ou si des matériaux dérivés de l’avortement étaient inclus dans le vaccin, les chrétiens seraient à juste titre indignés.

Le troisième principe moral que les chrétiens doivent prendre en considération a trait à l’efficacité et à la sécurité du vaccin.

À ce stade, la communauté médicale fait preuve d’une énorme confiance dans le vaccin. Aux États-Unis, la FDA n’exige pas seulement qu’un vaccin soit sûr, mais aussi qu’il soit efficace. Bien entendu, certaines personnes, en particulier celles qui présentent un profil allergique spécifique, peuvent avoir à réfléchir soigneusement à l’opportunité de recevoir un vaccin quelconque. Pour la plupart, cependant, le vaccin est à la fois sûr et efficace. Il ne s’agit certainement pas d’une question fermée – lorsqu’il s’agit de traitement médical, il y a très peu de questions fermées. Dans le cas d’une maladie grave, nous devons souvent préférer tel traitement à tel autre, telle chirurgie à telle thérapie. Dans un monde déchu, rien n’est jamais facile. Nous devons, selon les circonstances, faire ce qui semble être le plus juste, le plus sûr et le meilleur.

Le quatrième enjeu est la question de savoir si un traitement médical doit être rendu obligatoire ou non par une autorité gouvernementale.

Compte tenu de la réalité et du contexte politiques aux États-Unis, ainsi que des limites constitutionnelles du gouvernement fédéral, je pense qu’il est peu probable que les Américains soient confrontés à un vaccin rendu obligatoire par le gouvernement fédéral. Cela étant dit, le gouvernement fédéral peut utiliser certaines politiques coercitives. Par exemple, le gouvernement fédéral possède le pouvoir de décider qui peut ou ne peut pas entrer aux États-Unis. Il a le pouvoir de décider qui (autre que les citoyens) peut rester dans le pays. Le gouvernement fédéral a autorité sur le commerce et les transports interétatiques – y compris sur les personnes qui prennent le train ou l’avion. Ainsi, il existe des domaines importants dans lesquels le gouvernement fédéral pourrait effectivement promulguer une vaccination obligatoire.

Il est peu probable que les gouvernements des états des Etats-Unis mettent en place une vaccination obligatoire – mais, tout comme le gouvernement fédéral, le gouvernement d’un état a l’autorité, par exemple, sur qui peut ou ne peut pas fréquenter les écoles publiques. La politique d’état se rapprochant d’une vaccination obligatoire dépendra du fait que vous vous trouviez dans un état dominé par les Républicains ou les Démocrates.

Bien qu’une obligation universelle pour un vaccin soit peu probable, état par état et secteur par secteur, nous pourrions être confrontés à ce qui équivaut à une obligation. Les chrétiens devront juger ces politiques au fur et à mesure.

Le cinquième principe pour les chrétiens qui s’interrogent au sujet des vaccins porte sur la question du bien commun – la question de l’amour du prochain.

Certaines personnes peuvent envisager l’enjeu de la vaccination en termes très personnels. Une telle personne pourra dire : « Si un vaccin est disponible, alors qui le souhaite peut le recevoir. Je n’en veux pas. Je ne menace personne. Je ferai face aux conséquences de mes actes ».

Voici le problème que pose cette sorte d’équation morale : l’oubli des tierces personnes – celles qui ne peuvent pas recevoir le vaccin ou celles qui ne peuvent pas encore y avoir accès et qui peuvent être infectées par ceux qui refusent de le recevoir.

L’argument du bien commun est extrêmement puissant dans la tradition chrétienne. En effet, il s’agit du deuxième plus grand commandement énuméré par Jésus-Christ : aimer son prochain comme soi-même.

L’argument du bien commun est extrêmement puissant dans la tradition chrétienne. En effet, il s’agit du deuxième plus grand commandement énuméré par Jésus-Christ : aimer son prochain comme soi-même. Le principe général du bien commun se résume à la bienveillance, à l’amour, au souci des autres, à l’abandon des priorités personnelles au service des autres. Les chrétiens qui réfléchissent à la question du vaccin doivent prendre en compte ce principe biblique clé dans leur réflexion.

Le sixième principe porte sur l’intégrité de la famille et l’autorité des parents.

Nous devrions nous méfier de toute intrusion gouvernementale ou autre dans la structure familiale. Dans ce cas, nous devrions nous opposer aux politiques gouvernementales qui administrent des vaccins aux enfants et aux adolescents en dépit (ou à l’insu) des convictions de leurs parents.

Les partisans de la gauche avancent de plus en plus cette notion d’un droit absolu du consentement moral au nom d’enfants, même si ces décisions vont à l’encontre de l’autorité des parents de l’enfant. Certes, il y a des cas où le gouvernement doit intervenir, surtout dans les cas extrêmes où la vie d’un enfant est en danger. On n’a pas le temps de demander le consentement des parents lorsqu’un enfant a besoin d’une transfusion sanguine ou lorsqu’il se trouve dans une situation d’urgence. Il existe des cas dramatiques où l’autorité doit intervenir – mais encore une fois, ces cas sont extrêmes et doivent être rares.

Les chrétiens et les parents chrétiens raisonnables ne s’accorderont pas sur la nécessité de se faire vacciner ou non. Mais, à titre personnel, je me ferai vacciner dès que ce sera possible pour moi. Je l’accepterai non seulement pour ce que j’espère être le bien de ma propre santé, mais aussi pour les autres. Je chercherai à encourager les autres à se faire vacciner. L’encouragement est toutefois très différent de la coercition.

Le septième et dernier principe moral porte sur l’accessibilité et la priorité,

Ce qui en fait peut-être le plus facile à comprendre des sept. Ceux qui courent le plus de risques ou qui sont en sur le front de la lutte contre cette pandémie devraient être les premiers à recevoir le vaccin.

Nous sommes dans un moment absolument historique et crucial. Cette pandémie a causé des destructions indicibles et nous sommes, c’est ce que je demande dans la prière, dans les derniers mois de la progression mortelle de cette contagion. La création de vaccins en si peu de temps est une chose à célébrer. Et alors que les chrétiens commencent à décider s’ils doivent ou non se faire vacciner, il est important de comprendre les sérieuses complexités morales impliquées. Nous devons réfléchir de manière biblique à cette question vitale.

Ceci est notre première et principale responsabilité.

Note de l'éditeur : 

Un plus ample discussion sur ces enjeux peut être lue dans l’édition du 14 décembre 2020 de The Briefing, disponible ici (ENG).

Source : Vaccines and the Christian Worldview: Principles for Christian Thinking in the Context of COVI

 

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