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L’espèce humaine est fondamentalement et résolument religieuse. La Bible et la tradition chrétienne affirment cette vérité, même si nous savons que l’élan religieux peut si aisément se transformer en idolâtrie.

Même le regard le plus superficiel sur les cultures du monde indiquera la ferveur religieuse qui caractérise l’humanité. Les seuls observateurs qui semblent être choqués par ce phénomène universel sont les laïcs et les prophètes de la théorie de la sécularisation qui étaient absolument certains que la foi et la ferveur religieuses allaient disparaître dans le monde moderne.

Il va sans dire que ce n’est pas ce qui s’est passé. La théorie de la sécularisation est devenue l’ombre de ce qu’elle était. Des partisans de premier plan de cette théorie comme Peter Berger, de l’université de Boston, reconnaissent aujourd’hui que la thèse de la sécularisation n’était pas une prédiction exacte du sort des croyances religieuses dans le monde moderne. Le monde moderne n’est pas sécularisé. En effet, bon nombre des conflits les plus violents dans le monde d’aujourd’hui impliquent des croyances conflictuelles. Comme Berger l’a dit dans ses commentaires, il s’avère que quelques nations européennes et les élites intellectuelles américaines sont les exceptions, plutôt que la règle.

Et pourtant, les élites intellectuelles ne sont pas aussi sécularisées qu’elles le pensent. Il se trouve que leur religion n’est peut-être pas théiste, mais que c’est tout de même une religion.

Ce fait est confirmé dans un article récent, publié dans The Chronicle of Higher Education. Stephen T. Asma, un professeur de philosophie à Columbia College, à Chicago, argumente que la nouvelle religion de bien des personnes laïques est l’écologie. Comme l’explique Asma, de nombreux types de laïcs souffrent de « culpabilité verte ».

Dans son livre « Green Guilt, » (La culpabilité verte) il écrit :

À l’heure actuelle, le monde laïc doit encore donner du sens à son drame psychologique invisible – en particulier, ses sentiments de culpabilité et d’indignation. L’environnementalisme, comme substitut pour la religion, est venu à son secours. L’argument de Nietzsche qui porte sur un Dieu idéal et la culpabilité peut être reproduit sous une nouvelle forme : Nous avons besoin de croire en un environnement vierge parce que nous devons être cruels envers nous-mêmes en tant qu’êtres inférieurs, et nous avons besoin de cela parce que nous avons ces instincts agressifs qui ne peuvent être laissés de côté.

Asma note avec justesse que Friedrich Nietzsche, le nihiliste célèbre pour sa déclaration que Dieu est mort, comprit que la religion, elle, n’était pas morte du tout. Il « fut le premier à relever que les sentiments religieux, comme la culpabilité et l’indignation, sont toujours présents en nous, même si nous ne sommes pas religieux. »

Ces « sentiments religieux » y compris la culpabilité, expliquent pourquoi tant de gens cherchent du secours dans les thérapies ou les traitement de diverses sortes. La thérapie remplace la théologie ; l’analyste remplace le ministre du culte ; les médicaments psychotropes deviennent les sacrements ; et confesser ses méfaits à Oprah Winfrey [1] se substitue à la confession du péché. Certains des individus les plus évidemment religieux sur terre sont ceux qui insistent authentiquement sur le fait qu’ils sont dégagés de toute croyance religieuse.

Asma n’est pas le premier à relever le caractère profondément religieux de l’environnementalisme radical, mais son analyse de la structure de ce système religieux est profondément pertinente.

Il explique :

Au lieu de péchés religieux qui affligeraient notre conscience, nous avons maintenant les transgressions que sont les faits comme laisser l’eau couler, laisser les lampes allumées, ne pas recycler et utiliser des sacs d’épicerie en plastique au lieu de papier. En plus de cela, le juste plaisir d’être plus orthodoxe que votre voisin (dans ce cas : d’être plus vert) peut toujours être obtenu – les nouvelles hérésies comprennent le refus de composter ou de se convertir au bio. Le vitriol qui était autrefois réservé à Satan peut désormais être déchargé contre les chefs d’entreprise malfaisants et les conducteurs de véhicules énergivores. La peur apocalyptique prenait auparavant la forme du repentir ou du brûlement en enfer, mais elle est maintenant recyclée ou consumée dans le trou de la couche d’ozone. En fait, il est intéressant de considérer la direction que prend l’environnementalisme quant aux aspects apocalyptiques du récit religieux traditionnel. L’idée que la fin est toute proche est tout à fait centrale dans le Christianisme traditionnel – c’est un appel à un réveil brutal pour se mettre sur le droit chemin. Et nous constatons que de nombreux environnementalistes paniquent tout aussi sérieusement sur le changement climatique et le réchauffement de la planète.

Il est intéressant de relever qu’Asma commence son article par une anecdote au sujet de son fils de six ans, qui réprimanda son père pour avoir laissé l’eau couler trop longtemps. Ce garçon était clairement « stressé et anxieux » au sujet des « péchés de l’environnementalisme. » Le garçon avait été manifestement endoctriné dans le système religieux de l’environnementalisme — quelque chose qui est commun chez les enfants et adolescents d’aujourd’hui.

L’essai de Stephen Asma est important pour de multiple raisons. C’est une excellente analyse du caractère religieux de l’ environnementalisme, qui est parachevée par un ensemble complet de doctrines et de pratiques religieuses. C’est aussi une excellente étude de la nature religieuse de l’être humain. Asma comprend bien les prétentions de la pensée laïque et il voit aussi l’élan religieux qui trace sa voie jusqu’à faire surface dans les obsessions modernes qui tournent autour de la santé, la forme physique et un ensemble toujours plus grand de péchés « laïcs ».

Au même moment, il écrit d’un point de vue apparemment laïc – du moins en mettant en garde contre le fait que nous n’avons pas besoin d’une autre « religion sans humour ». Il est également identifié comme l’auteur de Why I am a Buddhist (Pourquoi je suis bouddhiste). Il semble par dessus tout désirer une moindre ferveur religieuse de la part des environnementalistes. Il écrit : « Sauvons la planète, par tous les moyens. Mais admettons aussi en nous-mêmes que nous avons une propension naturelle à la culpabilité et à l’indignation, et que ce fait tempère notre ferveur à des niveaux plus raisonnables. »

Nous n’avons pas la moindre idée de ce qu’Asma considérerait comme des « niveaux plus raisonnables », mais son essai offre un rare aperçu du caractère religieux de la foi, plutôt nouvelle, de l’environnementalisme, avec son « potentiel de zèle et d’obsession dogmatiques ». Son essai met un accent intelligent sur la nouvelle religion du vert.

[1] Oprah Gail Winfrey, communément appelée Oprah, née le 29 janvier 1954 à Kosciusko, est une animatrice et productrice américaine de télévision et de cinéma, actrice, critique littéraire et éditrice de magazines. (Wikipédia).

Traduit de : Thinking Green — The New Religion

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