Cet été [N.d.T. : l’article original date de 2011], cela fera 10 ans que Dieu m’a sauvé des erreurs pernicieuses du théisme ouvert. En 2001, j’ai rendu visite à un ami dans une faculté chrétienne. C’est là que j’ai découvert les idées de Gregory Boyd. De retour chez moi, curieux de connaître sa théologie de combat à l’encontre des conceptions traditionnelles de la connaissance divine qu’il estimait erronées, j’ai commandé son ouvrage de référence sur le sujet, God of the Possible [le Dieu des possibles].
Quelques jours plus tard, j’ai reçu le livre de Boyd et je m’y suis plongé. L’impression que m’a fait ce livre est encore manifeste lorsque je feuillette ses pages, soulignées et annotées de mes propres commentaires.
En tant que jeune chrétien avide de la Parole, mais sans aucun repère théologique, la (fausse) lecture de l’Écriture proposée par Boyd a emporté mon adhésion. À ce moment-là, j’étais démuni face à ses arguments. De plus, en tant que celui qui m’introduisait au sujet de la prescience de Dieu, Boyd a tiré parti de mon penchant naturel pour l’autonomie et l’a poussé au-delà des limites de l’orthodoxie chrétienne. J’ai été emmené en eaux profondes sans avoir la moindre idée de la dangerosité de ma situation.
Pendant les six mois qui ont suivi, j’ai milité en faveur du théisme ouvert, en l’intégrant dans les études bibliques que je conduisais. Mais Dieu, dans sa parfaite prescience, savait que ce mauvais virage serait renversé avant la fin de l’été. À la fin de l’année scolaire, je déménageai à Virginia Beach, en Virginie. Là, avec 60 autres étudiants, j’ai participé à un « Summer Project » organisé par Jeunesse pour Christ. C’est là que Dieu m’a envoyé un canot de sauvetage et m’a ramené sur le rivage.
En repensant à cet été, je me souviens d’une grande perplexité en moi. Il y a eu l’appel téléphonique à mon pasteur, dont la réponse bibliquement insipide m’a laissé sans repères. Il y a eu des débats houleux entre colocataires et des conversations au bord de la piscine avec les équipiers de JPC. Et il y a eu l’étude matinale de la Parole de Dieu, qui n’avait rien d’un « temps calme ».
Au cours de l’été, Dieu m’a ouvert sa Parole pour me montrer qu’il déclare la fin depuis le commencement (Ésaïe 46.9-10) et que sa divinité est prouvée par sa connaissance exhaustive et méticuleuse de tous les évènements à venir. Sur le moment, l’angoisse de mon âme était grande, mais rétrospectivement, je me souviens de ces jours d’été avec tendresse, car Dieu m’a providentiellement conduit des ténèbres à la lumière. Il a dirigé mes errances au travers du désert du théisme ouvert pour me faire découvrir la beauté des doctrines de la grâce. Ce que le théisme ouvert avait l’intention de démolir, Dieu l’a utilisé pour le construire. Il n’a pas simplement imposé sa volonté à la mienne, comme on le caricature souvent. C’est tout le contraire ! Il a placé dans ma vie, avec amour et délicatesse, des personnes qui ont pointé du doigt mes erreurs et qui m’ont conduit à la vérité. Avec le recul, je retiens quatre moyens de grâce particuliers, et je les partage aujourd’hui avec tous ceux qui se débattent avec les questions de doctrine. Je prie pour qu’ils soient utiles au voyageur et à celui qui corrige et enseigne fidèlement tout le conseil de l’Écriture.
De bons amis
Premièrement, il y a eu deux amis qui se sont tenus à mes côtés et m’ont poussé à lire la Bible, me mettant au défi de voir ce que Dieu dit au sujet de sa souveraineté, de sa prescience et de son élection. Dieu s’est servi d’eux deux pour répondre à mes questions et m’inciter à une compréhension d’ensemble de la souveraineté de Dieu et de la responsabilité de l’homme.
Rétrospectivement, ces deux amis ont fait preuve du tempérament décrit par Paul en 2 Timothée 2.24-25 : « Or, il ne faut pas qu’un serviteur du Seigneur ait des querelles ; il doit, au contraire, être affable pour tous, propre à enseigner, doué de patience ; il doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité ». Avec patience et persévérance, ces hommes ne m’ont pas seulement enseigné les doctrines de la grâce, ils ont aussi donné l’exemple de la grâce.
De bons livres
Deuxièmement, Dieu a utilisé des livres et des articles fondés sur la Bible pour m’aider à me débattre avec la Bible. Ces livres n’étaient pas inventifs, mais ils avaient le mérite de la clarté. Ils compilaient un texte après l’autre pour montrer comment mon point de vue sur Dieu provenait d’une lecture incomplète de l’Écriture.
Dans ma lecture personnelle de la Bible, certains passages ressortaient en effet beaucoup tandis que d’autres demeuraient inconnus. Sans le vouloir, la première catégorie de textes avait évincé la seconde, me laissant avec un point de vue tronqué sur Dieu. Associés à mon expérience dans le domaine de la prise de décision, les arguments en faveur de la coopération et de la participation de l’homme à son propre salut avaient plus de poids. Tout cela était vrai pour moi jusqu’à ce que ces livres saturés des Écritures mettent ma pensée erronée à l’épreuve.
Il m’a providentiellement été présenté un certain nombre d’auteurs cet été-là. Wayne Grudem (Théologie systématique), John Piper (Prendre plaisir en Dieu et d’innombrables articles sur Internet) et Bruce Ware (God’s Lesser Glory [La moindre gloire de Dieu]) m’ont dessillé les yeux pour que je contemple la gloire de Dieu obscurcie par le théisme ouvert. Ces compagnons de route fidèles, ces pères dans la foi m’ont guidé à travers la Bible, m’ont fait découvrir des horizons de sa gloire jamais entrevue auparavant.
Avec le recul, je peux dire que God of the Possible m’avait subjugué par son argumentation en faveur d’un Dieu ouvert. Je n’avais toutefois pas alors détecté la manière dont l’exégèse de Boyd était forcée et dont ses présupposés définissaient ses termes. Mais Grudem, Piper et Ware l’ont fait et m’ont ainsi lancé la bouée de sauvetage qu’il me fallait.
Le bon livre
Troisièmement, le moyen de grâce le plus important cet été-là a été la Bible. La Parole de Dieu m’a lumineusement montré que derrière chaque action humaine se cache le Dieu souverain. Il m’est devenu de plus en plus évident dans les Écritures que Dieu gouverne l’univers et qu’il est le Seigneur du salut. Toute la vie fait écho à ses décrets éternels.
Jusque-là, des termes comme « élus » et des expressions comme « avant la fondation du monde » étaient négligés et angoissants. Mais grâce à l’éveil personnel qui eut lieu cet été-là, ces vérités bibliques sont devenues passionnantes et source d’humilité lorsqu’associées à l’amour de Dieu. En fait, je me souviens du moment précis où cela s’est produit. Je lisais Romains 8.29-30. La logique de Paul était irrésistible : ceux qui sont appelés sont justifiés ; ceux qui sont justifiés sont glorifiés. Sachant que tous ne sont pas glorifiés (parce que l’enfer existe), il faut bien que tous ne soient pas appelés, et donc que Dieu choisisse à juste titre certains et en laisse d’autres de côté. En un instant, le mystère des desseins électifs de Dieu, ainsi que sa prescience, ont été éclairés d’une lumière qui m’a fait m’émerveiller de la sagesse éternelle de Dieu.
Un Dieu bon et omniscient
Enfin, je crois que c’est cette sagesse qui a organisé ma chute dans le théisme ouvert, afin que Dieu puisse plus tard me sauver. Avant God of the Possible, je me contentais de croire que Dieu m’avait sauvé parce que je l’avais choisi comme sauveur. Je me souciais peu de ce qui se passait en coulisses. J’avais lu Romains 1 à 8, mais pas Romains 9 à 11. Je savais seulement que l’autodétermination semblait faire partie de mon histoire. Par conséquent, j’étais tout à fait ouvert aux erreurs du théisme ouvert. J’ai mordu à l’hameçon et je me suis fait prendre.
L’ironie de la chose, c’est que le God of the Possible a été sciemment utilisé par Dieu pour me convaincre de sa prescience exhaustive et méticuleuse. Bien sûr, le livre ne l’a pas fait par son contenu, mais plutôt par le rôle qu’a joué ce livre pour me conduire souverainement aux amitiés, aux livres et à la Bible, de la manière mentionnée ci-dessus. En effet, avant la fondation du monde, Dieu savait que ce livre serait une étape essentielle pour me conformer à l’image de son Fils. Dieu n’est pas simplement un dieu aux multiples possibilités ; il est le Dieu qui sait comment faire l’impossible.
Une réflexion pour conclure
Aujourd’hui, je parcours les pages de God of the Possible et j’y trouve des erreurs qui portent atteinte à la gloire de Dieu, écrites de ma propre main. Cela me donne à réfléchir et m’avertit que je suis encore enclin à l’erreur aujourd’hui. Cela me rappelle que j’aurais pu suivre une autre voie, mais que Dieu, dans son infinie miséricorde et sa volonté secrète, a voulu m’envoyer, au cœur de mon erreur, des messagers pour me conduire à sa vérité.
Réfléchir à cet épisode m’incite à être plus patient, comme l’ont été mes conseillers, avec d’autres personnes qui sont maintenant dans des erreurs manifestes. Cela m’invite à prier davantage pour que l’Esprit les conduise à la vérité, et à plaider devant Dieu avec ardeur et confiance qu’il accomplisse ses desseins. Cela souligne l’importance des bons livres et du fait que les écrivains qui s’efforcent de défendre la foi — et qui souvent ne voient pas le fruit de leur labeur — sont d’une valeur inestimable pour ceux qui sont tentés de croire en de fausses doctrines.
Je prie pour que nous soyons tous d’humbles serviteurs de la Parole de Dieu, faisant davantage confiance au Dieu de la Parole qu’à notre capacité à convaincre. Soyons lents à désespérer, sachant que Dieu connaît toutes les choses passées, présentes et futures, et que, comme le dit Pierre, « le Seigneur sait délivrer de l’épreuve les hommes pieux » (2 P 2,9). Dieu est le Dieu sage au plus haut point, et parfois il nous conduit dans les ténèbres pour nous montrer la lumière !