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Toute Église a une liturgie. Les Églises traditionnelles ont un ordre du culte général, de même que les Églises contemporaines et les Églises branchées, artistiques. Les responsables d’Église n’ont pas le temps de réinventer leur culte chaque semaine. Et les assemblées ne sont pas capables d’apprendre de nouvelles formes, de nouveaux chants, ni de suivre un nouvel ordre chaque semaine. Même l’Église la plus spontanée et créative ne pourra pas fonctionner sans un minimum d’éléments qui reviennent de semaine en semaine. Même le pasteur le plus consciencieux finira par adopter un modèle de culte. Toute Église a une liturgie.

Mais toutes les liturgies ne sont pas aussi bonnes, ni aussi solides, aussi profondes, aussi bibliques, aussi centrées sur l’Évangile.

Si je ne me trompe pas, il y a une nouvelle liturgie évangélique qui est de plus en plus courante dans nos Églises. On la trouve dans des Églises baptistes, presbytériennes, réformées, libres et non-dénominationnelles. On la trouve dans des Églises rurales, urbaines, dans de petites ou grandes Églises. Elle n’a pas été mise par écrit. Aucune dénomination n’envisage de le faire. Elle n’est pas enseignée dans les facultés de théologie (ou probablement pas). Mais elle est devenue la liturgie par défaut. Elle ressemble à cela :

  • Accueil informel et annonces

  • 4-5 chants enchaînés

  • Courte prière pendant ces chants ou à la fin

  • Sermon

  • Chant final

  • Envoi

Je ne pense pas exagérer en disant que c’est la liturgie de base suivie par la plupart des Églises évangéliques. Bien sûr, il y a de légères variations. Les annonces peuvent être faites après la série de chants. Peut-être y a-t-il aussi une offrande, accompagnée de musique. Le culte sera légèrement modifié s’il y a un baptême ou la cène. Mais d’une manière générale, si je devais visiter 50 Églises différentes, c’est ce que je m’attendrais à trouver la plupart du temps.

La question que je veux poser est la suivante : cette nouvelle liturgie évangélique constitue-t-elle vraiment une amélioration ?

Comprenez-moi bien. Je ne parle pas du choix des instruments de musique ni du style de culte (même si la forme n’est pas sans importance). Et je ne dis pas que Dieu ne se réjouit pas quand son peuple l’adore en Esprit et en vérité à partir de toutes sortes de modèles. Je ne dis pas que les gens ne seront pas sauvés ou édifiés dans les Églises qui ont recours à la nouvelle liturgie évangélique. Je ne dis pas qu’ils n’apprécieront pas ce genre de culte. Ce que je dis, c’est qu’aucune considération biblique ou historique ne nous permet de conclure que la nouvelle liturgie évangélique constitue une amélioration par rapport à l’ancienne liturgie.

Qu’est-ce que j’entends par « ancienne liturgie » ? J’entends l’ordre du culte protestant traditionnel qui remonte à Calvin et Luther (malgré leurs différences importantes), en passant par les textes de Westminster, et que les Églises utilisaient par défaut. Est-ce qu’on tombait parfois dans la routine ? Bien sûr. Certaines Églises l’utilisaient-elles de manière trop rigide ? Sans aucun doute. Mais c’était aussi une meilleure liturgie par défaut.

Je parle d’un ordre du culte qui comprenait un appel à l’adoration, de nombreuses lectures bibliques, le chant des Psaumes (aussi bien que des hymnes anciens et de nouveaux chants), une bénédiction scripturaire, des éléments historiques comme le Symbole des apôtres et les Dix commandements, et de nombreuses formes de prière (par exemple, l’invocation, la prière d’adoration, la prière de confession, la prière d’intercession, la prière d’illumination). Je parle de ce que Mike Horton appelle « le drame du culte centré sur le Christ » ou ce que Bryan Chapell appelle « la re-présentation de l’Évangile » – une liturgie soigneusement construite, bien que flexible, qui suit une logique particulière centrée sur l’Évangile : adoration, confession, assurance, action de grâce, intercession, instruction, envoi et bénédiction. La liturgie protestante traditionnelle suit le mouvement d’Ésaïe 6. L’Évangile n’est pas simplement prêché ni même chanté, mais incarné dans l’ensemble de l’ordre du culte.

Quel que soit l’attrait que la nouvelle liturgie évangélique puisse exercer sur la culture américaine, et quels que soient les abus qui puissent être associés à une liturgie plus traditionnelle, je ne pense pas que l’on puisse argumenter, à partir de critères objectifs, que la nouvelle liturgie est supérieure à l’ancienne. Quelle liturgie donne le plus de place à la prière ? Laquelle a le plus de lectures bibliques ? Laquelle met le plus en relief le péché et le pardon ? Laquelle est le fruit de la réflexion théologique la plus solide ? Laquelle est la plus façonnée par l’Évangile ?

Je ne sais pas d’où vient la nouvelle liturgie évangélique. Peut-être a-t-elle ses origines dans les réunions de réveil. Peut-être remonte-t-elle au mouvement des Églises sensibles aux personnes en recherche. Peut-être reflète-t-elle la juvénilisation du christianisme américain. Peut-être les pasteurs ont-ils reproduit le modèle des conférences chrétiennes et supposé qu’il pourrait convenir comme ordre du culte. Quelles que soient ses origines, j’encourage les pasteurs et les Églises à se demander si cette nouvelle liturgie évangélique est ce que nous pouvons faire de mieux. Peut-être nous y sommes-nous habitués. Peut-être est-elle simple et populaire. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle constitue une amélioration.


Article publié initialement en anglais : https://blogs.thegospelcoalition.org/kevindeyoung/2013/08/01/is-the-new-evangelical-liturgy-really-an-improvement/

Traduction : Jean-Philippe Bru

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