De temps en temps, j’essaie de publier des articles courts comme celui-ci, qui constituent une brève introduction à un sujet de théologie systématique. L’objectif est la clarté. L’approche est la concision. L’idée qui la conduit est de présenter de grands concepts théologiques dans un format d’environ 500 mots (parfois 1000). Aujourd’hui nous allons considérer la religion.
L’étymologie du mot « religion » n’est pas claire. Au fil des ans, beaucoup se sont ralliés à Cicéron (106-43 av. J.-C.) qui a tiré religio de relegere, un mot latin signifiant rassembler ou relire. Selon lui, la religion est l’étude minutieuse des choses relatives à Dieu. D’autres ont préféré l’explication donnée par le père de l’Église Lactance (vers 250-325), qu’Augustin (354-430) a adoptée, selon laquelle religio vient de religare, qui signifie attacher ou lier. Selon cette étymologie, la religion est l’attachement ou le rattachement de l’homme à Dieu.
Dans le langage contemporain, le terme « religion » est souvent interprété de manière tout à fait péjorative. Même pour les chrétiens, la religion est censée être le contraire d’une relation avec Dieu. Ou bien la religion consiste à essayer de gagner les faveurs de Dieu. Ou encore, la religion est un système abrutissant de rituels, de dogmes et de structures. Le problème de cette interprétation dépréciative de la « religion » est triple.
(1) Cette façon de parler est relativement nouvelle pour les chrétiens. Jean Calvin a écrit L’institution de la religion chrétienne. Jonathan Edwards a écrit sur Les Affections religieuses. Les pasteurs et les théologiens, en particulier à l’époque des réveils, ont souvent écrit sur la « religion » ou la « vraie religion » ou la « religion réelle ». Nos ancêtres étaient bien conscients de l’hypocrisie religieuse et des faux systèmes religieux, mais ils n’assimilaient pas la « religion » à la justification par les œuvres.
(2) Le mot « religion » apparaît cinq fois dans la Bible Segond 21 et est, en soi, un mot neutre, traduisant soit deisidaimonia (révérence pour les dieux), soit threskeia (culte religieux). La religion peut se référer au judaïsme (Actes 26:5) ou à la foi judéo-chrétienne (Actes 25:19). La religion peut être mauvaise lorsqu’elle est fabriquée par l’homme (Col. 2:23-NdT : traduit en français par « culte volontaire ») ou qu’elle ne parvient pas à dompter la langue (Jacques 1:26). Mais la religion peut aussi être bonne lorsqu’elle prend soin des veuves et des orphelins et qu’elle pratique la pureté morale (Jacques 1:27). Il n’existe aucune raison biblique de faire de la pratique de la religion un phénomène uniformément négatif.
(3) En fustigeant la « religion », nous nous déchargeons peut-être de plus de bagages que nous ne le pensons. Les gens ont tendance à assimiler les commandements, les doctrines, les structures et les rituels à la religion. C’est pourquoi les gens veulent être « spirituels mais pas religieux ». Pourtant, le christianisme est une religion qui croit aux commandements, aux doctrines, aux structures et aux rituels. En tant que Juif, Jésus le croyait. Jésus ne détestait pas la religion. Au contraire, il a assisté aux offices de la synagogue et a agi en respectant le cadre du système juif concernant la pureté rituelle (Marc 1:21, 40-45). Il a fondé l’Église (Matt. 16:18) et a instauré la discipline dans l’Église (Matt. 18:15-20). Il a institué un repas rituel et a demandé qu’il soit perpétuellement observé (Matt. 26:26-28). Il a dit à ses disciples de baptiser les gens et de leur enseigner à obéir à tout ce qu’il avait ordonné (Matt. 28:19-20). Il a insisté pour que les gens croient en lui et croient certaines choses à son sujet (Jean 3:16-18 ; 8:24).
En bref, nous donnons aux gens une fausse impression de Jésus et affirmons des idées non bibliques quant à la véritable spiritualité lorsque nous rejetons rapidement la « religion » comme étant contraire à l’Évangile et en contradiction avec la piété qui honore Dieu.