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Nous qui sommes nées au XXe siècle, nous avons beaucoup de peine à lire ce passage en Genèse 2.18 sans avoir tous les poils du corps qui se hérissent, ce goût amer d’indignation dans la bouche et nos pensées qui se révoltent contre ce sentiment d’infériorité qui nous envahit.

Nous sommes nées dans une culture post mouvement féministe qui s’est battue pour le droit des femmes à l’égalité tant dans la société et le monde du travail que dans la sphère familiale.

Et pourtant…… les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes à qualifications égales et tristement la violence conjugale est la forme de violence la plus courante subie par les femmes dans le monde. En France au cours de l’année 2014, 118 femmes sont décédées, victimes de leur compagnon ou ex-compagnon (un décès tous les 3 jours !)[1]. Il y a décidément encore beaucoup à faire.

Comment Dieu peut-il vouloir faire de nous une simple aide pour l’homme ? Ne valons-nous pas mieux que ça ? Sommes-nous condamnées à n’être que cette moitié de l’humanité de second rang, le faire-valoir de l’autre moitié ?

D’un autre côté, comment ne pas être interpellées par ce que la télévision nous montre tous les jours au travers des films ou des séries que, pour certain(e)s, nous aimons beaucoup regarder en famille. Au travers de personnages féminins qui nous sont rendus sympathiques, nous assistons avec tellement peu de recul à leurs luttes quotidiennes dans tous les domaines de leur vie. Nous rions et pleurons avec elles au travers de leurs mésaventures et sommes totalement gagnées à leur cause même lorsque la moralité est mise de côté.

 

Nos enfants regardent certaines séries faites pour les ados où il est sans cesse question de la lutte des sexes, les uns humiliant les autres pour se hisser dans l’échelle sociale de la reconnaissance et de l’épanouissement personnel, et vice versa. Tout cela est évidemment fait avec humour et nous rions des situations cocasses que cela engendre.

Et pourtant… Les médias sont le meilleur moyen pour faire passer lentement mais sûrement les valeurs défendues par notre société.

 

Nous sommes immergés par ces héros du quotidien qui se battent pour leur liberté individuelle quelquefois au détriment des autres et toujours pour être le plus fort, le plus estimé, le leader sur qui tous les yeux sont braqués… Mais certainement pas cette pauvre aide semblable qui agit dans l’ombre, que personne ne remarque et à qui on ne fait pas attention !

Pourquoi Dieu a-t-il dit cela ? Pourquoi a-t-il fait de la femme cette aide semblable ?

Lorsque nous nous posons cette question ou lorsque nous nous indignons à la lecture de ce verset, nous oublions non seulement qui est Dieu mais également qui nous sommes.

 

Dieu a créé l’homme et la femme à son image (Genèse 1.26-27). Homme et femme, nous reflétons notre Dieu trinitaire, nous sommes à son image. Cela implique donc une parfaite égalité dans la valeur, la dignité et l’importance de ce que nous sommes en tant qu’homme et femme aux yeux de Dieu.

De plus, à la croix, le même prix a été payé pour l’homme et la femme par Dieu le Fils, Jésus-Christ, pour nous racheter et faire de nous ses cohéritiers du royaume éternel.

La Bible ne parle nulle part d’infériorité ou de supériorité de la femme ou de l’homme d’un point de vue divin. Et c’est bien là l’important : ce qui compte pour nous c’est ce que Dieu pense de nous et non pas ce que la société pense de ce que nous devrions être ou pas !

Dès lors que nous prenons le temps de nous souvenir de tout cela, la question devrait donc plutôt être : pourquoi je n’arrive pas à comprendre le dessein de Dieu ?

Certes, une partie de la réponse se trouve dans notre société. Nous sommes tellement imprégnées par la culture ambiante de notre siècle que notre intelligence est obscurcie.

 

Mais une autre partie de la réponse se trouve dans notre cœur pécheur. Tout comme Ève a écouté la voix du serpent dans le jardin d’Éden, nous continuons d’écouter sa voix qui instrumentalise notre orgueil et qui nous pousse à être notre propre maître et juge : « Dieu a-t-il réellement dit ? ». Nous décidons d’être aveugles et sourds à la voix de Dieu et prétendons savoir mieux que Lui ce qui est bien pour nos vies. Ce que je ressens prend plus d’importance que ce que Dieu dit.

 

Nous appartenons à un Dieu trois fois saint, juste, rempli de compassion et d’amour pour son peuple au point de se sacrifier lui-même à sa place. Franchement, est-ce que ses desseins peuvent être mauvais pour moi ?

Prenons donc le temps de comprendre ce que ce verset de Genèse 2.18 peut signifier?

Nous avons appris, au cours de nos études, à étudier et analyser un texte et cette approche vaut aussi en partie pour la Bible. Nous devons comprendre le sens des mots et l’utilisation des mots dans leur contexte afin de comprendre la signification de la phrase dans son ensemble.

 

Faisons cela ensemble !

 

La traduction assez littérale de la proposition aide semblable qui se trouve dans nos bibles serait aide (ou appui/secours) comme/ en face de / lui (en un seul mot en hébreu) [2]. La traduction Darby qui est une traduction assez littérale de la Bible traduit la proposition ainsi : « Une aide qui lui corresponde ». Le manuel du traducteur[3] souligne la notion de complémentarité dans une relation de partenariat et met en garde contre une traduction du terme ezer (aide) qui tendrait à induire une notion d’esclave ou de servante au service d’un maître. Il est ici intéressant de prendre plusieurs traductions françaises et dans d’autres langues que nous maitrisons pour avoir une idée de l’étendue des traductions faites de ces deux mots.

 

La première chose qui peut être relevée est que l’aide soit en face de, pas en dessous, pas au-dessus mais en face ! Là encore nous ne pouvons que souligner la parfaite égalité de la femme et de l’homme dans le dessein de Dieu pour l’humanité. Dans son commentaire sur la Genèse, Thomas L. Brodie nous rappelle qu’aucune religion ou loi ancienne n’a dépeint de façon aussi claire sur les premières pages de leur texte, le principe basique de l’égalité des sexes. Ici le fondement de la création à l’image de Dieu ne dépend ni du sexe, ni du genre, ni de la nationalité ou autre différentiation[4]. Elle dépend uniquement de la décision parfaitement juste et impartiale du Dieu créateur et trinitaire.

 

Dans les anciens mythes mésopotamiens décrivant la création de l’humanité par des dieux païens, celle-ci n’est créée que pour assouvir les moindres caprices des divinités, ballotée au gré des humeurs ou désirs de ceux-ci[5].

 

À la différence de ces autres textes (peu nombreux et fragmentaires) de la même époque, la Bible nous parle du Dieu Créateur de toutes choses qui crée l’être humain non seulement à son image mais qui en fait l’intendant de sa création et qui le place dans un lieu paradisiaque ou tout est harmonie et parfait tant sur le plan des relations de l’être humain avec son Créateur que sur le plan des relations entre les humains, hommes et femmes. Bien plus, Dieu, dans les premiers chapitres de la Genèse, prend la peine de nous décrire la création de l’humanité. Plus spécifiquement ce passage en Genèse 2.18ss est le seul récit complet de la création de la femme à notre disposition[6] dans toute la littérature du Proche Orient ancien.

 

Et quelle que soit la signification que nous lui donnons, nous ne pouvons que constater que l’homme est tiré de la poussière et la femme est tirée de la côte de l’homme. Ce détail est cependant suffisamment important et significatif pour que des milliers d’années plus tard, dans le Nouveau Testament, Dieu prenne la peine de rappeler la différence créationnelle entre l’homme et la femme (1 Corinthiens 11.8-9).

 

Nous résultons de l’intention de notre grand Dieu. Mais plus encore, la création de la femme résulte de la constatation de Dieu lui-même qui dit que la solitude de l’homme n’est pas bonne. Depuis le début du récit de la création, c’est la première fois que Dieu constate que sa création n’est pas bonne. Jusqu’à maintenant, à la fin de chaque étape créatrice, Dieu déclare bon ce qu’il a fait. Ici, non ! « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Genèse 2.18) nous dit Dieu mais l’homme et la femme ensemble sont une création de Dieu qu’Il juge très bonne.

 

Au sein de la relation homme-femme originelle, le rôle plus spécifique que Dieu donne à la femme est celui de l’aide. Afin de bien comprendre le sens de ce mot, il est important de voir toutes les fois qu’il est utilisé dans le livre de la Genèse et dans l’Ancien Testament.

 

Ce qui est surprenant est que ce mot ezer utilisé dans la Genèse pour décrire le rôle de la femme est également celui utilisé dans l’Ancien Testament pour parler du secours, de l’aide que Dieu apporte à l’être humain (Exode 18.4 ; Deutéronome 33.7, 26, 29 ; Psaumes 20.2, 33.20 ; 70.6 ; 89.20 ; 115.9-11, 121.1-2 ; 124.8 ; 146.5 ; Esaïe 30.5 ; Ézéchiel 12.14, Daniel 11.34).

 

Cette occurrence revient 21 fois dans l’Ancien Testament et sa racine apparaît 128 fois. Lorsque nous prenons le temps de lire les 21 passages utilisant ce mot ezer, il est dans la majorité des cas question du secours, de l’aide que l’Éternel Dieu apporte à son peuple ou à l’être humain. Dieu vient assister l’être humain dans ce qu’il vit, il supplée au besoin de l’être humain ou de son peuple, il secourt, il soutient. Nous voyons même que parfois son peuple refuse ce secours (Osée 13.9) : Dieu ne s’impose pas, il laisse Israël courir à sa ruine.

 

Ce qu’il est important de souligner ici, c’est la collaboration, la coopération qui existe entre celui qui aide (Dieu) et celui qui est aidé (l’être humain dans son individualité ou le peuple de Dieu) quand ou parce que les moyens ou les ressources de celui qui est aidé ne sont pas suffisants. Mais il est également important de noter que celui qui est au premier plan, celui qui agit et prend les décisions est celui qui décide de recevoir l’aide ou pas. Même si Dieu est Dieu, lorsqu’il vient au secours de l’humanité il ne prend pas l’ascendant sur son peuple, il le laisse libre de choisir d’être aidé ou pas.

Voilà l’aide, l’appui, le secours que nous devons imiter dans le rôle que Dieu nous donne. Notre modèle n’est autre que Dieu lui-même : Sommes-nous à la hauteur de ce divin modèle ? Là est la vraie question ?

Nous sommes là pour coopérer, collaborer avec notre conjoint. Nous soutenons, nous encourageons, nous secourons, nous assistons dans la vie que nous menons ensemble, mais la décision finale, la responsabilité des choix fait par le couple que nous formons revient à celui qui est aidé dans son rôle d’homme, premier né de la création : notre conjoint.

 

Dans les rôles différents que Dieu a donnés à Adam et à Ève, il n’existe aucune échelle de valeur en termes de supériorité et d’infériorité. Les deux sont égaux car créés à l’image de Dieu mais les fonctions qu’ils remplissent sont différentes tout comme notre Dieu trinitaire est pleinement Dieu qu’Il soit Père, Fils ou Saint-Esprit mais a des fonctions différentes selon qu’Il agit en tant que Père, Fils ou Saint-Esprit.

 

Peut-être diriez-vous que nous vivons de ce côté-ci de la chute et que vous n’êtes pas mariées à Adam, du moins pas à celui qu’il était avant la chute ! Je vous rassure, moi non plus ! Mais Dieu ne nous demande pas d’endosser le rôle qu’Il nous donne à condition que notre conjoint soit ceci ou cela[7]. Homme et femme nous luttons avec notre humanité pécheresse et notre responsabilité est de se soumettre à la volonté de Celui qui est Dieu, notre Créateur, qui a des plans parfaits et qui est venu en Jésus-Christ rétablir ce que la chute avait brisé (Romains 5.12-21, 8. 3-11). Seul Jésus-Christ opère en nous cette œuvre de restauration à son image (2 Corinthiens 3.17).

 

C’est seulement lorsque nous avons pleinement saisi et compris que nous sommes le fruit de la volonté de Dieu qui nous a créées à Son image que nous pouvons endosser le rôle d’aide/secours/appui pour le vis-à-vis que Dieu nous donne. Si nous ne comprenons pas ou plutôt si nous n’arrivons pas à nous approprier cet aspect primordial de notre identité en Christ, alors nous nous sentirons menacées voir dénigrées dans le rôle d’aide semblable.


[1] https://www.memoiretraumatique.org/violences/violences-faites-aux-femmes.html

[2] www.dailydoseofhebrew.com

www.gardetonhebreu.com/club-des-hebraisants/notes-sur-la-torah/notes-interlineaires-sur-genese/

Swanson, J. (1997). Dictionary of Biblical Languages with Semantic Domains : Hebrew (Old Testament) (electronic ed.). Oak Harbor: Logos Research Systems, Inc.

Gesenius, W., & Tregelles, S. P. (2003). Gesenius’ Hebrew and Chaldee lexicon to the Old Testament Scriptures (pp. 619–620). Bellingham, WA: Logos Bible Software.

Jenni, E., & Westermann, C. (1997). Theological lexicon of the Old Testament (pp. 872–874). Peabody, MA: Hendrickson Publishers.

[3] La Genèse: Manuel du traducteur: commentaire linguistique et exégétique de la Bible. William D. Reyburn, Evan Mc G. Fry, René Péter-Contesse. Villiers-le-Bel, Alliance biblique universelle 2006, Vol. 1.

[4] Genesis as dialogue : a literary, historical and theological commentary. Thomas L. Brodie. New York, Oxford University Press, 2001.

[5] http://l-unite.ning.com/group/arameens-hebreux-etc-peuples-et-textes-anciens/forum/topics/enki-et-ninhursag-textes-sum-riens-datant-de-3-000-ans-av-j-c

[6] Archéo : la bible second 21 avec notes d’études archéologiques et historiques. Société biblique de Genève, 2015.

[7] Il est évident que je ne parle pas ici de ne pas dénoncer les violences physiques et psychologiques que peuvent vivre et subir certaines femmes de la part de leur conjoint et cela même malheureusement au sein de couples chrétiens. Il faut non seulement dénoncer mais aider et sortir les femmes de ces situations et le rôle de l’église est important ici car nous ne pouvons ni fermer les yeux, ni nous taire ou cautionner de telles situations.

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