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« Je crois Seigneur, viens au secours de mon incrédulité » (Mc 9.24).

Nous ignorons le nom de l’homme – ce père de famille – qui a adressé ces paroles mémorables à Jésus, alors que son fils mourrait sous ses yeux. Mais peu importe son identité, car il a exprimé à la perfection le cri de l’âme de nombreux croyants à travers les âges.

Ne vous est-il vous-mêmes jamais arrivé de douter de l’existence de Dieu – ou tout du moins de sa bonté alors que vous traversiez une période difficile ? Ne vous est-il jamais arrivé de douter de la véracité de l’évangile ou de la réalité de votre conversion ? Ne vous êtes-vous jamais demandé : sur quoi repose ma foi ? Ne suis-je pas en train de me bercer d’illusions en croyant ce que la Bible dit ?

Si cela vous est déjà arrivé, rassurez-vous : vous n’êtes pas seul ! Comme l’explique très justement Martin Lloyd-Jones : « Les exemples ne manquent pas, à la fois dans l’Écriture et l’histoire de l’Église, de grands hommes de Dieu ont souvent été assaillis par le doute. Si quelqu’un n’a jamais été troublé par le doute, j’ose même dire qu’il ferait peut-être bien d’examiner les fondements de sa foi et de s’assurer qu’elle ne se repose pas sur une fausse paix et une certaine crédulité fumeuse. »

Mais savoir que vous n’êtes pas seul à éprouver des doutes ne vous rassure peut-être pas ! Et les questions se bousculent dans votre esprit : Est-il normal, pour un chrétien, de douter ? D’où viennent mes doutes ? Et comment dois-je les gérer ? Peut-être avez-vous peur de parler de vos doutes autour de vous, dans l’église, par crainte des réactions que vous pourriez rencontrer…

Si tel est le cas, cet article (et le suivant) devrait vous donner quelques clés pour comprendre le doute et comment y faire face au quotidien.

Qu’est-ce que le doute ?

La Bible répond de façon équilibrée à cette question. En fait, la compréhension qu’elle offre du doute est si équilibrée, si nuancée, qu’elle en est absolument unique. En effet, face au doute, les gens optent généralement pour une de ces deux attitudes bien contraires : soit ils doutent de tout, soit ils ne doutent de rien !

Dans la société en général, les gens doutent de tout, par principe : « On ne peut être sûrs de rien, » pensent-ils. Nous vivons à « l’ère du scepticisme », où tous les points de vue se valent (à chacun sa vérité!) et où la seule certitude que nous puissions avoir, c’est qu’il n’y a pas de certitude ! Voilà quel est l’esprit de notre temps : on doute de tout !

Dans l’église, en revanche, souvent le moindre doute émis est très mal perçu : en surface, on ne doute de rien. Combien de fois ai-je entendu quelqu’un poser une vraie question (dans le cadre d’une étude biblique ou du groupe de jeunes d’une église), émettre un doute sincère, à propos de la Bible ou de ce qui était enseigné, pour s’entendre dire : « Pourquoi est-ce que tu doutes ? Crois seulement. Ne réfléchis pas trop. Il faut avoir la foi ! »

Jésus et Jean-Baptiste

Mais remarquez que Jésus ne répond pas ainsi aux doutes exprimés par ses contemporains, comme Jean-Baptiste par exemple.

En Matthieu 11, Jean-Baptiste croupit en prison, dans l’attente d’être exécuté, quand soudain une pensée lui traverse l’esprit : Et s’il s’était trompé ? Des faux-messies, il y en avait beaucoup en Israël à cette époque … et si Jésus n’en était qu’un de plus ? Sa seule mission avait été de préparer le chemin du Seigneur. S’il s’était trompé là-dessus, sa vie entière aurait été vaine ! On imagine combien cette pensée devait lui être insoutenable. Il envoie donc ses disciples demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (v. 3)

La réponse de Jésus aux doutes de Jean-Baptiste est saisissante ! En effet, Jésus ne dit pas : « Comment oses-tu douter ? Après tout ce que Dieu t’a révélé de moi ! » Non, Jésus répond plutôt aux envoyés : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent… » (v. 4). D’une part, donc, Jésus comprend la question de Jean-Baptiste, il entend ses doutes et il les reçoit.

Mais d’autre part, Jésus ne cautionne pas le doute, ni ne l’encourage. En effet, il ne se contente pas d’entendre la question de Jean-Baptiste, il y répond ! Il lui dit en quelque sorte : « Regarde Jean ! Ouvre les yeux et réfléchis : les boiteux marchent, les sourds entendent ! Ne sont-ce pas là des preuves que je suis celui qui doit venir ? »

En bref, Jésus montre une attitude à l’égard du doute beaucoup plus équilibrée que ce que nous rencontrons d’habitude, dans la société en général ou dans l’église. Il ne voit pas le doute d’un œil aussi positif, ni aussi négatif, que nous – il est plus nuancé. Comment l’expliquer ?

Marie et Zacharie

La raison pour laquelle Jésus est si nuancé, c’est parce que le doute peut être le signe d’un esprit ouvert, comme il peut être le signe d’un esprit fermé ; il peut être une marque de foi (une foi vacillante, certes, mais une marque de foi quand même!), comme il peut être une marque d’incrédulité.

Le meilleur exemple de cela se trouve en Luc 1. Ce chapitre nous rapporte deux récits quasiment identiques : l’annonce, par un ange, de la naissance de Jean à son père, Zacharie (v. 5-25) ; et celle de Jésus à sa mère, Marie (v. 26-38).

L’ange Gabriel se présente d’abord à Zacharie et lui annonce quelque chose d’improbable : sa femme Élisabeth, qui est stérile et très âgée aura un fils. Comment Zacharie réagit-il ? Il doute : « Comment saurais-je que cela est vrai ? » demande-t-il au v. 18. Et que fait alors l’ange Gabriel ? Il le condamne, en disant : « Voici : tu seras muet, et tu ne pourras parler jusqu’au jour où cela se produira, parce que tu n’as pas cru à mes paroles qui s’accompliront en leur temps » (v. 20). L’ange Gabriel condamne le doute de Zacharie !

Or, peu de temps après, le même ange se présente à Marie et lui annonce quelque chose d’impossible : elle qui est vierge va donner naissance au Fils de Dieu. Comment Marie réagit-elle ? Elle doute, elle aussi : « Marie dit à l’ange : Comment cela se produira-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? » (v. 34). Mais que fait l’ange Gabriel cette fois-ci ? Est-ce qu’il la punit, est-ce qu’il la condamne, comme Zacharie ? Non ! Il la récompense. Il lui dit, en quelque sorte : « Marie, écoute, voilà comment ça va se passer : le Saint-Esprit va venir sur toi ! Et fais-moi confiance, car rien n’est impossible à Dieu » (v. 35-37) ! L’ange Gabriel récompense le doute de Marie !

Pourquoi cette différence de traitement ? Simplement parce que le doute peut être le signe d’un esprit fermé comme il peut être le signe d’un esprit ouvert.

Zacharie a l’esprit fermé, incrédule. C’est un doute malhonnête, comme s’il disait à l’ange : « Quelle idée stupide ! Ma femme, enceinte, à son âge ! C’est impossible ! » Seulement, dire « C’est impossible ! C’est stupide », est une affirmation, pas un argument ! Et c’est justement ça le problème avec ces doutes malhonnêtes, ils ne cherchent pas de réponses, ils ne sont pas ouverts à la discussion.

Marie, elle, a l’esprit ouvert, humble. Elle demande en réalité des renseignements. Elle ne dit pas : « C’est impossible que ça se produise ! » Elle demande : « Comment est-ce possible que cela se produise ? » C’est un doute honnête, qui a pour point de départ la foi.

Doute et incrédulité

Cette histoire nous permet de faire une distinction absolument cruciale – entre doute et incrédulité. La Bible fait clairement la différence entre les deux, même si cette différence n’est pas toujours facile à cerner.

Qu’est-ce que le doute ? Douter, c’est se poser des questions ou exprimer des incertitudes, mais avec pour point de départ la foi. Vous croyez, mais vous avez des difficultés à croire, ou vous avez des questions quant à l’objet de votre foi. C’est pourquoi, le doute n’est pas forcément l’expression de notre péché, c’est parfois juste l’expression de notre finitude. Nous sommes des êtres humains, faibles et fragiles. Nous ne savons pas tout, nous ne comprenons pas tout, et nous avons parfois envie de dire, avec Marie : «Comment, Seigneur ? Pourquoi ? Je te fais confiance, mais je ne comprends pas… »

En revanche, qu’est-ce l’incrédulité ? On le voit avec Zacharie. L’incrédulité, c’est la décision de ne pas avoir foi en Dieu. C’est donc toujours l’expression de notre péché. En bref, nous pourrions dire avec Alister McGrath que « si la foi et l’incrédulité s’excluent mutuellement, foi et doute ne sont pas incompatibles. » Bien au contraire.

Imaginez un pilote de Formule 1 qui tremble de peur à l’idée de prendre un virage à plus de 200 km/h. Est-ce qu’on dirait de lui qu’il n’est pas courageux ? Non ! Pourquoi ? Parce que le propre du courage, ce n’est pas de ne pas avoir peur, mais c’est de dominer sa peur – dans son cas, en se rappelant que sa voiture est capable de rouler à cette vitesse, que ses mécaniciens sont fiables, etc. Avoir du courage consistera à dominer sa peur (et même à s’en servir!) pour passer le virage en prenant des risques calculés. Autrement dit, le contraire du courage ce n’est pas la peur, c’est la lâcheté !

Et de la même manière, le contraire de la foi ce n’est pas le doute, c’est l’incrédulité. On ne dira pas de quelqu’un qui a des doutes qu’il n’a pas la foi, puisque le propre de la foi, c’est précisément de dominer ses doutes et même de s’en servir pour que notre foi en sorte fortifiée ! Comme l’explique Os Guinness : « ce qui s’oppose à la foi et la détruit, ce n’est pas le doute, mais l’incrédulité. »

Conclusion

Nous avons vu que la Bible est nuancée dans son attitude à l’égard du doute, car il peut être une marque de foi et l’expression de notre finitude (comme dans le cas de Marie) ou une marque d’incrédulité et l’expression de notre péché (comme dans le cas de Zacharie).

C’est pour cette raison que, comme nous le verrons dans l’article suivant, nous ne devrions ni le condamner ni le cultiver.

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