Au matin.
Ses pas sont humides sur les carreaux frais, gris pâle.
Il est sorti de la douche, le corps dans un peignoir, gris.
Par la fenêtre, soudain, un rayon de soleil vient. Il traverse l’espace. Il trace une voie de lumière. La poussière flotte, tremblée.
Tant de joie en un seul instant.
Il esquisse un pas de danse. Une offrande au jour.
Donne-nous chaque jour …
Miracle renouvelé de la lumière donnée.
Besoin de tomber à genoux. Pour dire merci. Le haut de sa tête vient toucher le sol, frais. Tout son être est ployé.
Le soleil parti, le gris s’impose.
Il se relève. Sa main part en gestes quotidiens. Saisir la bouilloire, la remplir d’eau. Faire chauffer l’eau. Saisir la tasse. Le thé. Rechercher le pain, le beurre.
Assis à la table de cuisine, il mange, les yeux baissés.
Ses yeux se posent sur la lettre, restée là, posée, ouverte.
Il relève la tête.
En face de lui, par la fenêtre, l’arbre.
Le haut de ses feuillages est en mouvement dans l’air. Sans lumière.
Son esprit se balance à la cadence des feuillages. Douceur, et du gris, du vert, dans ses yeux, ouverts.
L’arbre est habité.
Le souffle passe, subtilement, de l’arbre à lui.
Il est envahi par un fin silence.
Il se verse un verre d’eau.
Il dit : « Dieu » …
La lumière revient.
Elle est, cette fois, en haut de l’arbre. Elle s’accroche aux feuilles, démultipliée par elle.
Et comme chaque feuille, dans l’arbre, se voit prise d’un tremblement léger, soudain, là, dans l’espace de sa cuisine, la lumière se met aussi à trembler.
Lui est au vif de ce tremblement.
Au profond de lui la lumière tremble, comme à travers une feuille.
Alors il se lève.
Il laisse tomber le peignoir gris sur les carreaux.
Il élève les bras dans la lumière.
Matthieu 5.8 : « Heureux ceux qui ont le cœur pur car ils verront Dieu ! »