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Chaque pasteur est une personne unique avec ses propres dons, sa propre personnalité, ses propres forces et faiblesses ; mais la plupart des pasteurs ont aussi des choses en commun. La plupart d’entre nous ressentons de l’insécurité. Bien trop souvent nous sommes des bourreaux du travail et des perfectionnistes. Nous nous inquiétons du regard des autres (même si nous avons tendance à le nier, surtout en parlant avec d’autres pasteurs). Nous faisons face au découragement. Nous n’aimons pas les lundis.

Et si nous avons été dans le ministère depuis un bout de temps, nous avons probablement déjà pensé à tout lâcher pour faire quelque-chose d’autre— n’importe quoi d’autre—de nos vies. J’ai eu un ami pasteur qui était devenu tellement déprimé qu’il a essayé de convaincre sa femme de l’aider à se disqualifier délibérément du ministère. Par la grâce de Dieu j’ai pu le convaincre de l’absurdité de son projet.

Quant à moi, il y avait un moment en particulier où j’ai voulu tout laisser tomber.

Je venais de terminer ma troisième année dans mon premier poste de pasteur à plein temps. Dire que l’année avait été infernale serait un euphémisme. Un dimanche matin, à ma grande surprise, un ancien à demandé à l’assemblée de tenir un vote de confiance à mon égard. Il m’a traité de leader raté. Les personnes présentes n’ont pas coopéré mais ma famille, installée au deuxième rang, a assisté à toute la scène. C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, menant à ma démission quelques jours plus tard.

J’ai juré à ma femme que j’en avait fini avec le ministère. Comment est-ce qu’un leader raté pouvait-il être appelé à prendre soin du peuple de Dieu ?

Mais j’ai fait la seule chose que je pouvais faire : j’ai lu les Psaumes. J’ai lu 2 Corinthiens tellement de fois que j’en ai mémorisé une grande partie. Et j’ai prié plusieurs heures chaque jour.  Par la grâce de Dieu, je suis resté dans le ministère pastoral toutes ces années, mais qu’est-ce qu’un pasteur prie quand il est prêt à jeter l’éponge ? En voici six sujets.

1) Que Dieu m’aide à voir à long terme

Satan se sert souvent de nos émotions contre nous. Ceci semble être doublement le cas pour les pasteurs. Je ne compte plus le nombre de lundis, surtout pendant mes premières années en tant que pasteur, où je me suis demandé si je ne serais pas meilleur dans un autre domaine. Parfois c’est ma prédication qui était tombée à plat, ou alors quelqu’un m’avait fait entendre toutes ses critiques à la porte ou par mail après le culte.

Si le ministère m’a enseigné une chose, c’est la leçon que Jésus a enseigné en Marc 4.26-29 : ce n’est pas moi qui contrôle et rien de bon n’arrive du jour au lendemain. Rapidement il m’est devenu clair que je ne devais pas prendre la décision hâtive de démissionner en me fondant simplement sur mes émotions. Avec le temps, le projet de Dieu deviendrait plus clair. Ainsi je suis passé au sujet numéro 2.

2) Pour des éclairages providentiels

Que me disaient les faits ? D’autres églises étaient-elles intéressées à ce que je les rejoigne ? Y avait-il des occasions de prêcher en tant qu’invité dans d’autres chaires ? Est-ce que des jeunes pasteurs voulaient encore entendre mes conseils ? Plus je pensais à quitter le ministère, plus les portes s’ouvraient dans chacun de ces domaines. Après avoir démissionné de mon église, je me trouvais à prêcher quelque part quasiment tous les weekends.

Un groupe de mon ancienne église voulait implanter une église avec moi. C’était une mauvaise idée, mais j’espérais qu’elle était révélatrice. Deux autres églises m’ont demandé de soumettre mon CV pour des postes pastoraux. Une autre m’a appelée, organisé un entretien et, en l’espace d’une semaine, m’avait proposé le rôle de pasteur principal.  Je n’avais pas vraiment eu le temps d’y réfléchir et de prier donc j’ai refusé, mais l’opportunité m’a aidé à clarifier les choses. Je priais que Dieu me montre ce que je devais faire et il le faisait. Puisqu’à plusieurs occasions, dans sa providence, il m’a éclairé, j’étais donc loin d’en avoir fini avec le ministère pastoral.

3) Que Dieu change mon attitude de cœur envers le ministère

Je voulais être attiré vers une autre vocation. À un moment j’ai failli prendre un travail séculier dans ma ville natale. C’était bien payé. Je connaissais mon employeur potentiel depuis toujours. Ça m’aurait apporté de la sécurité, un abri de la pluie continue de critiques et une forteresse contre ceux qui attendait impatiemment que j’échoue. J’ai également pensé à retourner dans le journalisme, ma vocation avant que je ne me lance dans le ministère.

Mais le problème c’est que je voulais encore être pasteur. Dieu ne changeait pas mes désirs. Au contraire, l’absence de poste pastoral me donnait plus envie d’en avoir un. C’était pour moi une raison suffisante de continuer à lui demander de me montrer une porte ouverte.

4) Que Dieu m’aide à trouver mon identité en Christ et non dans le ministère

J’avoue que parfois je me demande si mon identité n’est pas uniquement liée au fait d’être celui qui dirige l’église et qui assure la plupart des prédications. Quand je travaillais comme journaliste, je cherchais de toutes mes forces à être le meilleur dans mon domaine, parfois en travaillant 70 à 90 heures par semaine. Si vous m’aviez demandé qui j’étais, j’aurais répondu « Je suis journaliste. » C’était le cœur de mon identité. Depuis j’ai examiné mon cœur et je pense que c’était une idole.

C’est facile de transformer des bonnes choses, comme le ministère pastoral, en des idoles qui se substituent à Dieu. Demande-lui donc d’examiner ton cœur et de t’aider à répondre honnêtement à cette question : Est-ce que je serais satisfait si à l’avenir je ne servais plus en tant que pasteur mais simplement en tant que membre fidèle d’une église solide ? Un mentor m’a posé cette question pendant que je m’interrogeais sur l’idée de rester ou non dans le ministère.  Depuis, j’ai toujours prié Dieu pour que je m’attache plus ferment à Christ qu’au ministère, que je trouve ma satisfaction et mon identité en Lui. Le ministère à temps plein ne fait pas un bon dieu.

5) Pour l’humilité et la sanctification

Robert Murray M’Cheyne est connu pour avoir dit : « Le plus grand besoin des membres de mon église c’est ma sainteté personnelle. » Au fil des années j’ai essayé, de manière imparfaite, de persévérer à tuer le péché et à prier Dieu qu’il plante et fasse pousser les fruits de l’Esprit en moi. Particulièrement pendant des moments de doute, j’ai demandé à Dieu d’utiliser les circonstances pour me rendre plus semblable à Jésus, plus saint.  Un des versets les plus effrayants de la Bible est Hébreux 12.14 : « Recherchez la paix avec tous, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. » Vois-tu en quoi c’est effrayant ? La poursuite de la sainteté est une question plus fondamentale et plus importante que la question « Suis-je réellement appelé au ministère ? »

Je suis convaincu que des périodes d’affliction et de doute dans le ministère servent d’opportunités pour gagner en maturité. Pour paraphraser John Piper, j’ai demandé à Dieu de ne pas gâcher mes souffrances et mes doutes, mais plutôt de les utiliser comme catalyseurs pour produire une récolte abondante de sainteté en moi.  Savons-nous toujours ce que fait Dieu quand nous souffrons ou doutons ? Bien sûr que non. Au contraire, je pense que nous ne savons généralement pas ce qu’Il fait en nous ou à travers nous car la vie chrétienne est une couse courue par la foi (Héb. 12.1-2). Mais nous pouvons être assurés qu’Il travaille de 10 000 manières que nos yeux ne perçoivent pas.

6) Pour préserver la grâce

Il est aussi important de prier pour préserver la grâce. Souvent nous pensons à la grâce de Dieu uniquement en termes de salut. Mais le Dieu qui nous sauve par grâce nous garde aussi par grâce. Le livre d’Hébreux dans sa totalité est une prédication sur la grâce qui persévère.

La doctrine de la persévérance des saints peut également être comprise comme étant la préservation des saints par Dieu (Ps. 31.23). Inscris ceci sur ton cœur : « Car vous avez besoin de persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis » (Héb. 10.36). Prie chaque jour que de nouvelles vagues de grâce s’écrasent sur les rives de ta vie et de ton ministère.

Si tu es pasteur suffisamment longtemps, tu douteras de ton appel. Ne gâche pas cette occasion de grandir. Laisse-la te mettre à genoux devant Dieu.

Note de l'éditeur : 

Traduction par Joshua Sims de l’article : How Should I Pray When I Want to Quit Ministry?

 

En difficulté pour persévérer dans le ministère ? Ne rate pas Courir avec persévérance : les défis du ministère pastoral (BLF 2020), édité par Colin Hansen et Jeff Robinson. Des pasteurs expérimentés s’attaquent à des difficultés qui menacent la longévité dans le ministère pastoral.

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