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Le scénario suivant vous rappelle-t ’il quelque chose ?

Votre bien-aimée vous parle de ses difficultés actuelles. Après qu’elle ait commencé à parler, vous réalisez rapidement que vous savez déjà ce qu’elle devrait faire pour se prendre en main. Alors vous attendez (et attendez encore) qu’elle finisse de parler, repassant mentalement le conseil que vous voulez lui donner afin de ne pas l’oublier. Vous hochez poliment la tête, , mais votre impatience à parler gonfle en vous comme un ballon plein d’eau sur le point d’éclater. Après ce qui vous semble être une éternité, elle s’arrête (enfin !) et vous donnez votre avis. « Mission accomplie ! », pensez-vous.

Si vous vous retrouvez dans cette histoire, vous n’êtes pas seul. Si ce n’est pas le cas, vous faites probablement partie d’une minorité. Comme l’a fait observer Stephen Covey : « La plupart des gens n’écoutent pas avec l’intention de comprendre, mais avec l’intention de répondre ». La norme dans notre monde veut que les gens s’adressent aux autres plutôt qu’ils ne se parlent entre-eux. Ils conversent pour exprimer leur propre opinion plutôt que pour comprendre véritablement l’autre personne.

Cette tendance devient particulièrement problématique lorsqu’il s’agit d’interagir avec un proche qui souffre. Nous appelons souvent ces personnes des « réparateurs ». En effet, elles semblent plus intéressées par leurs conseils sur la manière de redresser une situation que par le fait d’écouter, de comprendre et de compatir avec la personne qui a mal. La mentalité du « réparateur » peut souvent être blessante et contre-productive. Pourtant, ne jamais partager nos pensées et nos recommandations semble également problématique. Alors, comment savoir quand donner un conseil et quand écouter ?

Prompt à écouter, lent à parler [conseiller]

Le conseil, en soi, est une chose positive. La plupart du temps, lorsque quelqu’un en donne un, il souhaite le bien de la personne à laquelle il s’adresse. Pourquoi, alors, un conseil est-il souvent blessant ? Qui n’aimerait pas recevoir des recommandations sur la manière d’améliorer sa situation ?

Souvent, le problème ne réside pas dans le conseil lui-même, mais dans la manière dont il est donné ou le moment auquel il arrive.

Souvent, le problème ne réside pas dans le conseil lui-même, mais dans la manière dont il est donné ou le moment auquel il arrive. Certes, certains conseils peuvent être tout simplement mauvais. Mais ce qui les rend généralement nuisibles, c’est ce qui les précède, ou, mieux encore, ce qui ne les précède pas, c’est à dire l’écoute et la compréhension. Conseiller sans écouter au préalable, c’est comme conduire une voiture sans huile dans le moteur : cela ne fonctionnera pas, et même si c’est le cas, cela causera probablement des dommages.

Lorsque nous cheminons aux côtés d’êtres chers qui souffrent, nous devons avoir à cœur les paroles de Jacques : « Que chacun soit prompt à écouter, lent à parler … » (Jacques 1.19). Que nous donnions ou non un conseil, notre première priorité doit toujours être d’écouter et de comprendre (et non de « réparer »). Examinons quatre problèmes liés à l’approche « résoudre d’abord » (c’est-à-dire donner la priorité à la « réparation » plutôt qu’à l’écoute et à la compréhension) et ce qui fait la supériorité de l’approche « écouter d’abord ».

1. L’approche « résoudre d’abord » est souvent orgueilleuse , et stupide.

Chaque fois que nous donnons un conseil avant de prendre le temps d’écouter l’autre personne, nous lui disons : « Je suis tellement sage que je n’ai même pas besoin de t’écouter pour savoir ce dont tu as besoin ». Ce sentiment n’est pas seulement arrogant, il est également stupide. Selon Proverbes 18.2 : « Ce n’est pas à l’intelligence que l’homme stupide prend plaisir, c’est à l’étalage de ses pensées ». Proverbes 18.13 répète le même refrain : « Celui qui répond avant d’avoir écouté fait un acte de folie et se couvre de honte ».

Paradoxalement, ce n’est pas la sagesse qui pousse quelqu’un à prodiguer des conseils sans avoir d’abord écouté ; c’est le manque de sagesse. Ceux qui parlent vite sont souvent traités de fous (cf. Proverbes 10.8 ; 10.19 ; 17.28). Mais l’inverse est également vrai. Ceux qui sont lents à parler sont régulièrement appelés sages (cf. Proverbes 10.8; 10.19 ;19.20). Considérez la formulation inverse qu’on peut faire de Proverbes 18 :2 : « Le sage prend plaisir à comprendre, et pas seulement à exprimer son opinion ».

Voulez-vous grandir en sagesse et en humilité ? Cherchez d’abord à comprendre, puis à être compris. Apprenez à « prendre plaisir à comprendre » et pas seulement à exprimer votre opinion. 1

2. L’approche « résoudre d’abord » conduit souvent à un conseil mal avisé[1].

Vous est-il déjà arrivé qu’un médecin vous coupe la parole et vous donne son ordonnance avant même que vous ayez fini de lui faire part de vos symptômes ? N’est-ce pas frustrant ? Vous ne pouvez pas lui faire confiance, car il n’a pas écouté et recueilli toutes les informations nécessaires.

Mais imaginez que le médecin se soit défendu en disant : « Je ne suis là que pour réparer ! Je n’ai pas le temps d’écouter ! ». Ce serait absurde, n’est-ce pas ? Vous pourriez lui dire : « L’écoute ne s’oppose pas à la réparation (ou à la guérison) ; elle en est un élément essentiel ! »

Il en est de même pour les conseils que nous donnons aux autres. Si nous conseillons sans d’abord écouter, nous risquons de donner une solution non adaptée, ce qui est dangereux. En revanche, lorsque nous prenons le temps d’écouter et de comprendre l’autre personne, nos recommandations sont plus éclairées et ont plus de chances de conduire à une véritable guérison. Si notre désir ultime est vraiment le bien-être de l’autre personne (sans aucune arrière-pensée nous écouterons attentivement avant de proposer une solution.

3. L’approche « résoudre d’abord » empêche les autres de se sentir suffisamment en sécurité, écoutés et aimés pour suivre nos conseils.

Même lorsque les « réparateurs » donnent le bon conseil (une prouesse rare quand l’écoute est absente), les personnes qui les entourent les écoutent rarement. L’adage est vrai : « Les gens ne s’intéressent pas à ce que vous savez tant qu’ils ne savent pas si vous vous intéressez à eux. »

Chaque fois que nous traitons les autres comme des problèmes à résoudre plutôt que comme des personnes à encourager, nous les réduisons à l’état d’objet et les laissons généralement peu inspirés par nos paroles. Si vous n’êtes pas attentif lorsque quelqu’un vous parle, ne vous attendez pas à ce qu’il vous écoute en retour (et encore moins à ce qu’il applique vos conseils). En revanche, chaque fois que nous donnons la priorité à l’écoute et à la compréhension, sans juger ni corriger immédiatement, nous établissons une relation de confiance.[2]

Le moment où une personne partage quelque chose de douloureux est l’une des occasions les plus importantes pour établir la confiance et l’influence. Si votre réponse immédiate à une situation difficile est : « Tu devrais peut-être… » ou « Voilà pourquoi je t’ai dit de… », la personne aura l’impression que vous traitez sa vie comme vous traiteriez un simple problème mécanique. En revanche, des réponses telles que « Dis-m ’en plus » ou « Je suis vraiment désolé » (et on pose ensuite une question) établissent un climat de sécurité et de confiance. Plus vous écoutez et cherchez à comprendre, plus la personne se sentira en sécurité, entendue et aimée, et sera réceptive à vos commentaires. Vous gagnez le droit d’intervenir dans la vie des autres en commençant par bien les écouter. [3]

4. La mentalité « résoudre d’abord » manque une occasion en or de refléter le cœur du Christ.

Si quelqu’un n’a jamais eu le droit de « réparer » les gens sans d’abord les écouter, c’est bien Jésus. Il savait tout (Jean 16.30), y compris ce qui se trouvait dans les cœurs des hommes et des femmes (Jean 2.5). Il n’avait donc techniquement pas besoin de poser de questions. Pourtant, poser des questions était l’une des formes préférées du ministère de Jésus. Les évangiles à eux seuls rapportent que Jésus a posé plus de 300 questions ! Pourquoi cela ? Pourquoi Jésus posait-il tant de questions (et prenait le temps d’écouter) s’il avait déjà toutes les réponses ? Pourquoi ne serait-il pas simplement entré en scène et n’aurait-il pas commencé à « soigner » les gens ?

Jésus considérait que la mission de sa vie allait bien au-delà de la réparation et que le but de l’écoute allait au-delà de la collecte d’informations. Il a utilisé l’écoute et les questions pour persuader les autres (cf. Matthieu 6.25-34), les attirer, communiquer l’amour et aider les gens à se comprendre eux-mêmes (cf. Matthieu 9.27-31 ; 16.13-20 ; Marc 9.14-29 ; Jean 5.1-9 ; 11.21-27). Si vous rencontriez Jésus aujourd’hui, comment se déroulerait la discussion ? Il s’intéresserait à votre vie. Il vous poserait des questions. Il vous écouterait attentivement. Il vous regarderait dans les yeux. Il vous sourirait. Il vous ferait sentir qu’il vous voit, qu’il vous écoute et qu’il vous aime.

Jésus n’est pas un dentiste insensible qui ne se préoccupe que d’enlever la plaque dentaire de votre vie. Il est l’Époux qui vous connaît, vous aime et vous sauve pour que vous le connaissiez et l’aimiez en retour. Jésus est mort sur la croix non seulement pour nous guérir mais aussi pour nous amener à lui (1 Pierre 3.18).

Aimer en écoutant

Jésus excellait dans le ministère de l’écoute et l’une des meilleures façons pour nous de communiquer le cœur et l’amour du Christ est de bien écouter ceux qui nous entourent.

Bien entendu, Jésus ne s’est pas contenté de nous écouter ; il a aussi agi pour nous sauver. Jésus n’est pas seulement quelqu’un qui écoute ; il est aussi celui qui guérit et il utilise régulièrement des paroles pour apporter la vie et la guérison. Dans le prochain article, nous verrons comment utiliser nos mots et nos conseils pour refléter le Christ et transmettre les paroles de vie.

Pourtant, si le ministère de Jésus ne se limite pas à l’écoute, prenons un moment aujourd’hui pour apprécier le fait qu’il ne s’agit pas de moins que cela. Même si personne dans votre vie ne semble vouloir vous écouter, Jésus le fait. Réjouissez-vous aujourd’hui de l’amour et de l’écoute de votre Seigneur !

 


1. C.S. Lewis a observé que l’écoute est l’un des indicateurs les plus sûrs d’une personne humble. Il note que lorsque vous quittez une conversation avec une personne vraiment humble, vous ne dites pas : « Oh, il a fait preuve d’autodérision », mais plutôt « Il semblait être un type joyeux et intelligent qui s'intéressait vraiment à ce que [je] lui disais ». Source : Les fondements du Christianisme. Les italiques sont textuels.
2. Il existe bien sûr des mises en garde. Par exemple, les parents de jeunes enfants doivent parfois corriger un mauvais comportement immédiatement.
3. Comme l’a dit Dietrich Bonhoeffer : « Nous devons écouter avec les oreilles de Dieu pour pouvoir dire la parole de Dieu ». Source: Life Together: The Classic Exploration of Christian Community
Note de l'éditeur : 

Note : Cet article s’est concentré sur certains des dangers liés au fait de donner des conseils. Si vous souhaitez en savoir plus sur la manière d’utiliser les mots pour donner la vie aux autres, consultez cet autre article.

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